Eagle Blake Seymour [Fiche validée]

« Blake ? Oulah, je vous conseille de rester éloigné de cette nana. Cette fille c'est... Un prédateur déguisé en caniche, pour paraphraser l'autre là. C'est dans quel film qu'il y a ça ? Bref, là n'est pas la question. Ouais cette nana c'est un vrai roquet, vous voyez. Vu comme ça, elle paye pas de mine : pas bien grande, pas bien costaude, pas bien effrayante. Mais alors là faut voir ce qu'elle vous aboie dessus ! Dès que t'entres sur son territoire, tu peux être sûr qu'elle te tient à l'œil et qu'à la moindre incartade de ta part elle sera là pour te grogner dessus. Et te mordre si nécessaire – vous voulez voir une de mes cicatrices ? J'ai la marque de ces canines juste là, vous voyez, au creux de ma hanche, et ça, c'est ses incisives. Oh bien sûr ça finit par cicatriser et... quoi, qu'est-ce que vous voulez savoir ? Qu'est-ce que je lui avais dit pour la mettre en rogne ? Ben ça vous savez y'a pas besoin de grand chose pour la mettre en rogne... Là on avait juste eu un petit malentendu. Y'avait cette chaîne, à laquelle je tenais particulièrement et... elle avait disparue. Vous comprenez, c'est ma petite amie qui me l'avait offerte, et si je la retrouvais pas... J'étais franchement dans la m*rde. J'en ai parlé aux gars de la classe, et bon, logique, ils ont tous pointé du doigt la seule manouche du bahut. Franchement, j'ai pas tilté au début que c'était qu'une question de préjugés, je respecte les gens du spectacle moi ! Je pensais qu'ils l'avaient vraiment vue faire preuve d'un comportement un peu louche, tourner autour de mon casier, j'sais pas trop. J'ai voulu solder l'affaire gentiment, je suis allée lui causer... Et ça a mal terminé. Je crois que j'ai vraiment réussi à tomber sur le truc qui l'insupporte le plus, manque de bol. » Duncan Lee Fizgerald, camarade de classe.

« Non, non, Eagle n'est pas si méchante, c'est sûr que si vous avez eu l'avis de Duncan, il n'a probablement pas dû nuancer la chose ; ces deux là ont eu un différent. Comment ? Son prénom ? Son véritable prénom est Eagle, mais elle autorise très peu de personnes à la nommer de la sorte, la plupart des gens se contentent de l'appeler Blake. Agressive ? Oh oui, elle l'est un peu, j'imagine. Je crois qu'elle est obligée de se forger une coquille, elle souffre tellement des idées reçues... Oui, c'est cela, par rapport à son 'mode de vie'. Les adolescents sont idiots, vous savez. Comment je l'ai connue ? Hmm, on devait travailler ensemble pour un projet scolaire. J'avais un peu peur d'elle avant, elle avait un côté très renfermé, très introverti, un peu 'tu me touches, j'te bouffe' et quand j'ai su que je serais avec elle, j'ai eu peur qu'elle abuse de... son pouvoir d'intimidation, et me force à faire tout le boulot. En réalité, elle a été super aimable, bien plus que la plupart des autres gens. Je suis pas une canon, vous savez, je suis pas très populaire ni rien, et... Enfin, la plupart des gens en profitent pour me traiter comme leur chien. Mais pas elle. Après, c'est vrai qu'elle est spéciale, et tout le monde ne peut pas l'apprécier. Elle est... très naturelle, vous voyez ? Quand elle est venue à la maison pour travailler, je lui ai dit 'Fais comme chez toi !' parce que c'est ce qu'on dit dans ce genre de cas. Mais elle m'a vraiment prise au pied de la lettre, et s'est mise à se servir dans mon frigo et à fureter partout, posant les pieds sur les tables etc. Ça m'a perturbée au début, mais j'ai réalisé que c'était juste son tempérament, elle est... crûe, vive, sincère, directe. Très épanouie. Très elle-même. C'est comme si elle avait échappé à l'emprise de la société. Elle se sape comme elle le sent, se comporte comme elle en a envie, rote quand elle a envie de roter et ne se brosse pas les cheveux pendant un mois si elle a décidé qu'elle n'en avait plus rien à faire. Et surtout, surtout, elle dit toujours ce qu'elle pense. Sans pour autant toujours avouer ce qu'elle a fait. Oui, je fais référence au vol de la chaîne. C'était elle la coupable, j'en suis quasi-certaine. Elle n'en est pas à son premier délit, et je crois que sa conscience la laisse faire un peu tout ce qu'elle veut à ce niveau là. J'en ai discuté avec elle, une fois, et elle m'a dit que voler les voleurs ne lui posait aucun problème. À ses yeux, nous sommes tous des voleurs. À ses yeux, nous sommes tous des proies potentielles. » Mona Perkinson, camarade de classe.

À l'évidence, la personnalité nébuleuse de Blake ne se limite pas à cela. Versatile, la jeune fille est difficile à décrire, difficile à expliquer, difficile à concevoir, mais, allez, pour vous, je vais essayer de faire un effort. Dans un premier temps, on peut aisément la qualifier d'intrépide et téméraire : le danger l'attire plus qu'il ne l'effraie, et a elle a la fâcheuse habitude de se fourrer dans des situations inextricables. Ce trait de caractère se combine à merveille avec sa curiosité dénuée de toute indiscrétion, elle aime découvrir pour le plaisir que cela lui procure, pas dans un quelconque but de commérage. D'ailleurs, elle ne révèle rien de ce qu'elle apprend au fil de ses allées et venues dans les différentes maisons d'inconnus qu'elle visite le plus illégitimement du monde. À savoir aussi que lorsqu'elle fouine de la sorte, elle ne s'attaque jamais à des gens qu'elle connaît, ou du moins des gens qu'elle estime. Sa conception de la morale lui est propre, mais elle la suit très rigoureusement et à défaut d'être très intéressée par les différents textes de loi existant, elle obéit tout de même à un Code qu'elle rédige elle même, mentalement, au gré de ses envies. C'est mieux que rien. Victime d'idées préconçues liées à son appartenance à une troupe de gitans, cela ne l'empêche pas moins d'être pleine de préjugés au sujet des gens et de se fier bien souvent aux apparences pour se faire un avis sur une personne. Elle ne s'en défend d'ailleurs pas, et est tout à fait capable de déclarer à quelqu'un qu'elle ne l'aime pas à cause de sa gueule. Espiègle, elle aime jouer des petits tours à sa façon et est toujours prête à se lancer dans la première compétition idiote venue, et ne recule jamais devant un défi, même si l'intitulé de celui-ci implique un combat à mains nues avec des dobermans et l'engloutissement d'une vingtaine de tarte aux pruneaux -et Dieu sait qu'elle a horreur des pruneaux pourtant.

S'inviter chez des gens le plus impoliment du monde – Squatter chez des riches partis en vacances – S'approprier une maison vide le temps d'une après-midi, vider le frigo et y faire le ménage, prendre un ou deux billets en compensation – Élever des mouches, parce qu'elle est persuadée qu'elle pourra gagner un fric monstre avec cela, le jour où on fera un remake du film La Mouche et qu'ils auront besoin de figurantes, ou n'importe quel autre projet nécessitant la présence d'une mouche bien dressée – S'occuper des animaux du cirque, veiller à ce qu'ils ne s'ennuient pas trop – Filmer – Inventer, que ce soit des jeux, des histoires, ou travailler à la conception d'objets insolites et plus ou moins inutiles - Veiller sur tous les intermittents, s'assurer qu'ils ont tous le moral au beau fixe et qu'il n'y ait aucune querelle entre eux – S'entraîner aux acrobaties – Gratter sa guitare, sans grande conviction - Regarder tous les Batman, une énième fois. Surtout celui avec Val Kilmer et ceux de Christopher Nolan – Jouer avec les lumières – Traîner – Collection des trucs qu'elle jettera une semaine plus tard – Faire connaissance avec des gens qu'elle se mettra à dos une semaine plus tard – Se mettre à dos des gens avec qui elle se réconciliera deux semaines plus tard – Personnaliser un peu tout ce qui lui passe sous la main – Récupérer tous les trucs que sa mère veut jeter et les garder précautionneusement – Jeter tous les trucs que sa mère veut garder – Insulter les passants avec une sale gueule – Dire gentiment bonjour aux mamies qui ont l'air sympa – Grimper sur les toits – Se prendre pour plus que ce qu'est elle. - Sculpter sur du bois, mais, pour être tout à fait honnête, bien souvent c'est très laid.

- Boyd Seymour. Un brave type qui a su passé le cap de la quarantaine la tête haute. Directeur d'un cirque itinérant, buveur invétéré mais, grâce à Dieu, tient bien l'alcool. Pas grand chose à dire à son sujet, si ce n'est qu'il s'agit probablement du plus respectable des gitans de la petite troupe, et qu'il sait se faire aimer d'à peu près tous, notamment grâce à sa diplomatie, sa bonhommie, et sa capacité à se délester de quelques responsabilités quand il sent que certains demandent à faire leurs preuves.
- Giovanna Seymour. Une femme sarcastique assez piquante, qui entretient des relations conflictuelles avec son entourage comme d'autres entretiennent leur jardin : avec soin et amour. Plantureuse et séduisante, elle a très tôt réalisé qu'avec son physique elle pouvait se permettre de se comporter aussi odieusement que possible sans que quiconque ne la vienne la blâmer pour autant, et elle a très certainement transmis le gène responsable de son caractère intraitable à ses filles.
- Gabriella Seymour. L'aînée des trois filles. Elle supporte difficilement de vivre avec l'étiquette "manouche" collée sur son charmant front, et cherche la plupart du temps à camoufler ce léger détail à ses connaissances. Très attirée par le glamour et les paillettes, elle n'aspire qu'à ressembler à ses semblables et mener un train de vie plus confortable.
- Josie Seymour. La petite dernière. Hyperactive, comme toutes les fillettes de son âge. Ressemble plus à Eagle qu'à Gabriella, même s'il est trop tôt pour tirer de trop grandes conclusions.

Après en avoir enfin terminé avec le lycée, Blake n'a pas jugé utile de s'enliser dans des études secondaires interminables qui lui auraient bouffé jusqu'à la dernière once d'envie de vivre qui lui restait. Très rapidement, elle s'est lancée sur le marché, et s'en est plutôt bien sortie pour une nenette de sa trempe avec son niveau d'études. Dans un premier temps, elle a été apprentie chez un mécano du coin où elle s'en tirait réellement à bon compte jusqu'à ce qu'une réduction d'effectif la pousse à prendre la porte. Par la suite, elle s'est retrouvé projectionniste dans un petit cinéma indépendant, tout en effectuant des petits boulots à côté - toujours des jobs très manuels, qui s'apprennent sur le tas plus que par de longs cours théoriques. À présent, ses connaissances assez poussées en éclairage l'ont poussé à postuler à la salle le "Warm" où son expérience grâce au cirque de son père et sa motivation inébranlable ont fini par jouer en sa faveur.

« On va et on vient, c'est comme ça, ça ne s'arrête jamais. Ça ne me dérange pas, je m'y suis habituée, ce train de vie est le mien, et c'est l'une des rares choses à laquelle je parviens à m'adapter. Parmi tous ces gens, je me sens à ma place. Je vogue à droite à gauche, mais c'est toujours au sein de la troupe que je viens ancrer mon navire. J'ai vu à peu près tous les coins habités de l'Australie, chose dont je ne suis pas peu fière, j'ai séjournée une dizaine de fois à Sydney, du moins selon mes souvenirs, mais je ne me fais pas vraiment confiance quand il s'agit de mémoire. Et au final, cette ville m'est complètement étrangère. Certains lieux m'évoquent des anecdotes, le lycée me rappelle quelques trucs, mais ça date d'il y a au moins cinq ans, et je crois que j'ai préféré oublier ce qui s'y est passé. Car je ne me suis jamais sentie à l'aise dans un établissement scolaire, et ce pour de nombreuses raisons. L'écart de mentalité avec les autres gosses, l'écart de niveau intellectuel, et l'écart au niveau des notes, surtout. Le fait que la plupart des gosses voyaient ces deux derniers écarts comme un seul et même écart était aussi un facteur déterminant dans le truc, si vous voyez ce que je veux dire. Mes notes étaient lamentables du fait de mon parcours morcelé, et on me considérait souvent comme une imbécile finie ; je ne vais pas m'en plaindre, je crois que je trouvais même une certaine complaisance dans ce rôle. Jouer l'abrutie agressive un peu sauvageonne, ça a fini par me plaire. En dépit de toutes les embûches semées sur mon chemin, je n'ai pas redoublé une seule fois. J'étais pas spécialement plus maligne que les autres, mais j'étais débrouillarde, et je voulais en terminer le plus rapidement possible avec ce calvaire.
Actuellement, je réside à Sydney donc. Le boulot que j'y ai trouvé me donne sérieusement envie de m'établir cette fois, mais je ne suis pas sûre de trouver la force de rester une fois que les gars plieront le chapiteau. J'ai passé toute ma vie avec eux, les bons comme les mauvais moments ; j'ai toujours pensé que ma vie était faite de changements perpétuels – changements d'horizon, de fréquentations, d'établissement scolaire – et j'ai soudainement pris conscience que le vrai changement serait de stopper net tout... tout ça. Repartir sur de nouvelles bases, sur quelque chose de complètement nouveau, et quitter cette routine de changements familiers. Enfin. J'ai encore le temps d'y penser. On verra bien comment ça se passera, pas vrai ? »

Blake se moque royalement de son physique, et celui-ci le lui rend bien. Taquine, sa chevelure redouble d'inventivité quand il s'agit de faire preuve d'un sens artistique innovant, bien qu'on puisse observer chez celle-ci une légère redondance liée à une affection trop marquée pour la déstructuration totale et les œuvres abstraites. La jeune fille a vaguement conscience du désastre capillaire qui loge juste au dessus de sa tête, mais ne s'en formalise guère. Pour le reste, elle reste aussi très insouciante, et serait bien en peine de décrire son propre visage -pas si propre que ça, d'ailleurs. A-t-elle le nez rond, légèrement busqué, en trompette ? Elle n'en a aucune idée. Et pour la simple et bonne raison qu'elle n'y a jamais vraiment prêté d'attention. Si certains pensent que briser un miroir conduit à sept années de malheur, Blake pousse le vice jusqu'à imaginer que le simple fait d'en regarder un lui portera préjudice.
Son style vestimentaire est, en lui même, assez banal. Jeans, T-shirts, elle va rarement chercher plus loin. C'est au niveau des accessoires qui lui arrive de faire des efforts ; elle adore les zigouigouis, les bidules, les trucs inutiles que vous jetteriez mais dont elle, elle saisit tout de suite l'utilité qui vous échappe, et elle est en permanence affublée de ces colifichets que le commun des mortels trouve ridicules mais qui, sur elle, ne détonnent pas tant que ça. Des perles un peu partout, que ce soit dans les cheveux ou les lacets, des rubans noués en nattes avec deux mèches de cheveux, des bouts de grillages transformés en bracelets stylisés ; ce sont les seuls petits détails qui la démarque des autres, et encore faut-il l'apercevoir. Du reste, elle apparaît comme banale ; pas vraiment laide, pas vraiment jolie, pas vraiment grande, pas vraiment petite, pas vraiment mince, pas vraiment dodue non plus.