Don't panic [Terminé]

Jane était particulièrement stressée et les quatre cafés qu’elle s’était enfilée n’arrangeaient pas vraiment les choses. Assise sur une des chaises de la salle d’attente, la jolie serveuse garde les yeux braqués en direction du sol, espérant que tout se passerait bien. Sans savoir pourquoi, elle avait presque un sentiment de culpabilité. Peut-être avait-elle réagi trop tard ? Peut-être que ce serait grave ? >< Des quantités d’idées noires la submergeaient soudainement. Elle réalisait, à l’instant, la responsabilité qu’elle avait désormais en tant que baby-sitter, même s’il ne s’agissait pas d’un emploi à plein temps.

Et puis, soudain, elle voit Charlie arriver droit sur elle, et s’agenouiller devant elle, pour l’interroger. Le ventre noué, les mains serrées autour du gobelet vide, Jane prend la parole.

On m’a juste dit que tout allait bien se passer, je n’en sais pas plus ><

Souffle-t-elle, l’air visiblement très inquiet.

Je suis désolée…

Ajoute-t-elle, juste avant qu’un médecin ne fasse son apparition dans la pièce.

Vous êtes le père de Jaycee ?

Demande-t-il, avant que Charlie n’acquiesce. Aussitôt, Jane se relève, en espérant avoir des nouvelles, mais le docteur fait signe au père de venir discuter avec lui, seul à seul. Malheureusement pour Jane, elle n’est que la baby-sitter, et elle devra attendre u_u’

De là où elle se tenait, Jane ne pouvait pas écouter la conversation entre Charlie et le docteur. Elle ne les quittait pas des yeux cependant, essayant de décrypter les réactions du père de Jaycee, pour voir si ça n’était pas grave, ou bien l’inverse. Le visage de Charlie reste fermé et, soudainement, Jane croise son regard. Les bras croisés, nerveuse, immobile, elle reste dans la salle d’attente, même si elle meurt d’impatience de savoir ce qu’il en est. Heureusement, Charlie ne tarde pas à revenir vers elle et, contre toute attente, la prend dans ses bras. Aussitôt, la baby-sitter pose ses mains à plat sur le dos du journaliste, sans savoir si c’est bon signe, ou non. Heureusement, la phrase qu’il souffle à son oreille semble rassurante.

Jane reste immobile un instant, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte. Puis, elle met doucement fin à l’étreinte de Charlie, en fait juste assez pour pouvoir le fixer. Le regard de la jeune femme était, comme bien souvent, très expressif. Elle semblait inquiète, un peu perdue. Elle avait besoin de réponses.

Ça va aller, alors ?

Demande-t-elle, semblant encore inquiète. Même si l’attitude de Charlie était rassurante, Jane avait besoin de l’entendre de lui, clairement. Nerveuse, elle crispe ses mains sur le tee-shirt de son patron, sans le quitter du regard, le souffle court. Elle l’observait sans aucune gêne, cherchant, encore une fois, à décrypter les expressions de son visage, attendant avec impatience qu’il la rassure pour de bon.

Dis-moi qu’elle va bien ><

Ajoute-t-elle, l’air stressé.

Effectivement, Jane avait paniqué comme jamais en amenant la petite à l’hôpital. Elle avait peur d’avoir réagi trop tard, de ne pas avoir fait ce qu’il fallait et puis, avant toute autre chose, elle avait peur pour la petite. Elle n’aurait pas supporté que Jaycee soit gravement malade. Après une accolade, la jeune femme s’écarte légèrement de Charlie, juste ce qu’il faut pour le regarder dans les yeux et l’interroger. Son inquiétude est palpable et, comme pour la calmer, il l’embrasse sur le front une nouvelle fois, affectueusement, avant de la rassurer par les mots. La petite va bien. Jane a un poids en moins sur les épaules, elle se sent soudainement plus légère et affiche un sourire, avant que Charlie ne passe son bras autour d’elle, pour qu’ils aillent la voir.

Jane le suit avec plaisir et, en avançant dans les couloirs terriblement mornes et blancs de l’hôpital, la jeune femme réalise enfin. Ce n’est pas grave, tout va bien, la petite va s’en sortir. Elle est tellement soulagée >< Et, alors qu’ils arrivent justement devant la porte de la chambre, Jane s’arrête net, en se tournant vers Charlie. Elle n’avait jamais éprouvé de l’amitié ou de l’affection envers lui, auparavant, mais là, c’était un radical retournement de situation. Elle le regarde un court instant, puis vient se blottir furtivement dans ses bras, en soufflant quelques mots qui lui viennent soudainement :

Tu es un bon père, Charlie.

En le voyant avec Jaycee, Jane se souvenait de sa propre enfance. Sa mère l’avait abandonnée quand elle n’était qu’un bébé et c’était son père qui l’avait élevée. Elle n’avait jamais manqué d’amour. Et Charlie serait un bon père pour Jaycee comme le père de Jane l’a été pour elle…

Après ces paroles, la jeune femme s’écarte légèrement de Charlie, les joues rougies par le simple fait de lui avoir dit un truc aussi gentil. Sans oser le regarder, Jane pousse finalement la porte de la chambre 467 et entre à l’intérieur.

Jane finit par entrer rapidement dans la chambre. Elle n’avait pas pour habitude d’être sympathique avec Charlie, mais ils avaient quelque chose en commun, et c’était la petite dont ils se souciaient tous les deux, et pour laquelle ils étaient présents. A l’intérieur de la chambre, Jaycee est endormie. Quelques fils la relient à un moniteur, c’est assez difficile de la voir comme ça. Jane serre les dents, en l’observant. Ils ne pourront pas la prendre dans leurs bras. Alors, elle tend la main vers le berceau pour caresser la joue de la petite, avec le côté de son index.

La brune ne relève la tête que lorsqu’elle entend Charlie reprendre la parole. Il avait les yeux baissés et venait de lui avouer ce qui était arrivé à la mère de Jaycee. Jane se mord la lèvre, en pensant que ce serait certainement dur, pour elle, plus tard. Vivre sans une maman, c’est difficile… Sans regarder Charlie, mais en se focalisant sur Jaycee, Jane finit par lui répondre.

Je sais que ce n’est pas pareil mais ma mère m’a abandonnée quand je n’étais encore qu’un bébé. C’est mon père qui m’a élevée. Je sais ce qu’elle va ressentir, et je sais que ça ne va pas être facile pour elle…

Souffle Jane, avant de relever la tête.

Mais mon père était très présent. Et j’ai été très aimée.

Ce sera pareil pour Jaycee. Elle sera heureuse, j’en suis persuadée.

Murmure Jane, en baissant de nouveau les yeux vers la petite qui semblait dormir paisiblement.

Jane et Charlie échangeaient quelques confidences, pour la toute première fois. D’habitude, ils n’échangeaient que les banalités d’usage et Charlie ne lui parlait que pour lui donner quelques indications, avant de partir au travail. En retour, Jane lui racontait sa journée avec Jaycee, quand il rentrait. Et ça s’arrêtait là. Maintenant, ça semble soudainement différent. Comme si cet évènement les rapprochait. En fait, ils réalisaient l'un comme l'autre que ça ne servait à rien de se faire la guerre. Après tout, ils tiennent à la même personne tous les deux.

En apprenant la nouvelle, Jane relève la tête vers Charlie, en fronçant les sourcils.

Tu ne peux pas rester ?

Je suis persuadée que c’est possible. Demande-leur de t’installer un lit de camp, juste près d’elle. Ça doit bien être faisable… Tu devrais insister.

Dit-elle, sachant pertinemment que Charlie serait incapable de dormir loin de sa fille, surtout dans de telles conditions. Elle est tout de même à l’hôpital ><

Tu n’as qu’à rester avec elle, je vais demander si tu veux… ?

Propose la baby-sitter, en cherchant à capter le regard de son « patron ».

Charlie était très tendre et très délicat envers Jaycee et c’est à peine s’il jette quelques regards à Jane pour lui répondre. La serveuse n’est pas vexée, elle comprend bien qu’il est toujours très inquiet pour la petite et qu’il tient à se montrer présent pour elle. De son côté, elle lui a proposé d’aller voir les médecins, et elle ne va pas tarder à y aller, pour les laisser, tout de même, un peu seuls. Elle s’apprête d’ailleurs à quitter la chambre quand Charlie souffle quelques mots et qu’il la remercie, une nouvelle fois. Etrangement, Jane sentait qu’il ne devait pas remercier facilement les gens, et ça la touche donc d’autant plus.

De rien, Charlie.

Murmure-t-elle, en poussant la porte de la chambre, pour rejoindre le couloir, et trouver un médecin, ou une infirmière. Comptez sur elle pour être très persuasive XD Avec son caractère de cochon, ça n’allait pas traîner ! D’ailleurs, quand elle rejoint la chambre de la petite, cinq minutes plus tard, c’est avec une bonne nouvelle. Elle esquisse un sourire en croisant le regard de Charlie.

Tu peux rester avec elle jusqu’à demain matin.

Dit-elle, avant d’ajouter :

Mais il faut qu’elle se repose, d’accord ? J’ai du leur dire que tu la toucherais pas pour qu’ils acceptent de te laisser rester alors… quand une infirmière débarque, fais comme si t’étais en train de lire un bouquin, ou un truc du genre.

Suggère Jane, dans un sourire, avant de reprendre son sac, qu’elle avait laissé sur une chaise de la pièce.

Par contre, ils veulent que je m’en aille, j’ai dû leur taper sur le système XD

Jane était contente d’annoncer à Charlie qu’il pouvait rester auprès de sa fille. Elle savait qu’il n’était pas capable de la laisser derrière lui maintenant, c’était quelque chose qu’elle pouvait tout à fait comprendre. Alors, elle avait défendu son bout de gras avec une infirmière qui, ayant sa claque d’entendre Jane déblatérer une foule d’arguments, avait décidé d’accepter sa requête. Mais pour la famille seulement… ! Et elle, elle n’était que la baby-sitter.

Charlie s’étonne, d’ailleurs, qu’elle doive s’en aller. La jeune femme esquisse un sourire désolé. Elle n’avait pas envie de partir, mais elle ne pouvait pas faire autrement.

Je ne suis que la baby-sitter.

Rappelle-t-elle, en baissant brièvement les yeux.

Et puis, tu me donneras de ses nouvelles, d’accord ?

Demande-t-elle, comme une faveur. Elle se voyait mal rester sans nouvelle de la petite, alors qu’elle s’était terriblement inquiétée pour elle jusque là. Heureusement, elle était en de bonnes mains, avec son père. Jane croise d’ailleurs son regard, une nouvelle fois et, après une hésitation, la jeune femme se mord la lèvre, puis se lance, en plongeant ses yeux dans les siens.

Il faut que je te parle de quelque chose.

Ajoute-t-elle, avec sérieux.

Enfin, je sais pas si c’est le bon moment ><

Jane acquiesce quand Charlie lui confirme qu’il lui donnera des nouvelles. C’était important à ses yeux car elle tenait beaucoup à la petite. C’était la personne avec laquelle elle passait le plus de temps, et elle adorait être avec elle ! C’était une gamine géniale. Jane était in love dès qu’elle était en sa compagnie. Elle devenait complètement gaga. Elle avait eu la peur de sa vie en la conduisant à l’hôpital et, maintenant, elle tenait à ce que Charlie la tienne au courant de l’évolution, en espérant que, dès demain, Jaycee pourra quitter l’hôpital sans difficulté.

La jeune femme finit par lui avouer qu’elle aimerait lui parler de quelque chose, mais imagine que le moment n’est pas le meilleur pour ça. Seulement, Charlie l’incite tout de même à le faire. Jane prend donc une profonde inspiration, en le regardant droit dans les yeux.

Voilà… On m’a proposé de faire des traductions, de temps en temps, de l’anglais au russe, ou vice-versa. Ça me rapporterait un peu de fric, mais pas suffisamment pour que je quitte mon job de serveuse. Et pourtant, Dieu sait que j’ai envie de le quitter ><

Par contre, si j’acceptais ces traductions, et qu’en plus tu me proposais de travailler pour toi, en tant que baby-sitter à temps plein, je pourrais vivre sans bosser à la Casa Bini… Et je pourrais en plus me remettre à l’écriture. En bref, ce serait l’idéal ! Je pourrais combiner mon plaisir de garder Jaycee tout en gagnant ma vie décemment, et en renouant avec la littérature.

Explique-t-elle, avec beaucoup de sérieux. Elle était un peu nerveuse à l’idée qu’il refuse >< Après tout, peut-être qu’il ne la voulait pas comme baby-sitter "officielle"… Elle n’en savait rien mais elle osait poser la question, plutôt que de ne rien dire et passer, peut-être à côté d’une bonne opportunité.

Jane esquisse d’abord un sourire rassuré quand Charlie lui avoue qu’il ne voudrait pas confier sa fille à quelqu’un d’autre qu’elle. C’était une gentille remarque, la preuve qu’il avait confiance en elle et ça, ça avait beaucoup de valeur pour la serveuse. Elle était consciente que tout le monde ne pouvait pas gagné la confiance de Charlie Thompson. Ce dernier, par contre, met immédiatement sur le tapis une donnée importante, le salaire de la jeune femme. Avant même qu’elle n’ait eu le temps de lui répondre, il lui avoue qu’il est prêt à accepter sa proposition. Sans tarder, Jane affiche un plus grand sourire encore.

J’ai… J’ai fait les calculs et je peux y arriver sans problème si tu continues de me payer comme maintenant ! J’ai pas besoin d’augmentation !

Avoue la jeune femme, avant de rester bouche bée. On dirait presque qu’elle a le souffle coupé. Ça fait des années qu’elle travaille à la Casa, et des années qu’elle a envie de s’en aller. L’occasion se présentait enfin. Elle pourrait garder Jaycee, et faire de la traduction en même temps, quand il le faudrait. En dehors de ce travail, elle pourrait se remettre à sa passion qui est l’écriture. C’est la combinaison parfaite ! Sa vie était soudainement en train de reprendre un sens.

Tu te rends pas compte comme ça va me rendre service… Je galère et je veux vraiment quitter mon job de serveuse pour me remettre à l’écriture…

Confie-t-elle, l’air reconnaissant.

Jane se sentait soudainement libérée. Depuis son départ de Longwood, la jeune femme avait l’horrible sensation de stagner, de s’ennuyer, d’être coincée dans son job de serveuse >< Elle n’en pouvait plus de cette vie qu’elle trouvait minable, pour laquelle elle peinait à se lever chaque matin. Elle avait enfin l’opportunité de renouer avec la littérature, avec l’écriture… ! Et, en même temps, de s’occuper d’une petite fille qu’elle adore. C’était parfait *__* Charlie lui répond, d’ailleurs, qu’il est ravi de pouvoir l’aider. Jane, quant à elle, ne le quitte pas des yeux et l’observe d’un regard reconnaissant.

Tu sais pas ce que ça signifie pour moi.

Souffle-t-elle, sérieusement, avant que Charlie ne lui colle une main aux fesses, qui la fait sursauter. D’abord, Jane lui lance un regard des plus sombres, en le poussant à l’épaule. Et puis, finalement, elle esquisse un sourire. Elle était trop heureuse qu’il décide de l’embaucher à plein temps, elle était trop contente de savoir que sa vie allait prendre un autre tournant. Elle était si ravie que rien ne pouvait gâcher sa joie, même pas les manies terriblement énervantes de son patron x)

Crétin.

Souffle-t-elle, tout de même, dans un sourire, avant de se mettre sur la pointe des pieds pour embrasser très furtivement sa joue. Elle lui devait une fière chandelle, tout de même ! Et puis, sans oser recroiser son regard, Jane finit par se retourner vers Jaycee, pour caresser son adorable petite bouille, avant de murmurer, pour elle :

Prends soin de toi, Jay’.

Et puis, elle esquisse un sourire en direction de Charlie, et quitte la chambre, sans plus tarder.