I'm a space bound rocketship

Une nuit horrible, terrible. Embarquée par l’ambulance à la va-vite, Jordan n’avait même pas son sac avec elle, ni son portable d’ailleurs, qu’elle avait laissés derrière elle. La jeune femme n’avait donc pas pu passer un seul coup de fil, et n’avait pu prévenir personne. Les infirmières s’étaient apparemment chargées de faire le nécessaire. JJ, de son côté, avait passé des heures à se morfondre, se demandant ce qui allait se passer maintenant. Elle se sentait coupable. Elle savait que son cousin se droguait, et pas qu’un peu ! Elle savait que c’était dangereux, elle sentait que ça allait finir comme ça >< Elle s’en voulait, donc, de ne pas avoir réagi avant. De ne pas avoir agi plus tôt.

Après plusieurs heures, les médecins étaient venus la prévenir que Shay était tiré d’affaires. La photographe avait éprouvé un intense soulagement, et d’apprendre que c’était grâce à elle, ça l’avait un peu réconfortée. Elle se sentait moins inutile. Cela, forcément, lui rappelle de terribles souvenirs, avec Kaori, mais Jordan sait qu’elle a fait ce qu’elle avait à faire. Tant pis si, comme sa colocataire, son cousin la repousse par la suite. Tant pis s’il la déteste, s’il lui en veut d’être intervenue… ! Elle sait qu’elle a bien fait. Elle en a l’intime conviction.

Épuisée, mais rassurée, la jeune femme avait fini par s’endormir dans un des fauteuils de la salle d’attente. Étrangement, dans son profond sommeil, c’est de lui qu’elle rêve. Une version plus jeune de lui-même, quand ils n’étaient tous les deux que des enfants, quand ils étaient si complices. Et puis, elle se réveillera doucement, en réalisant à quel point elle serait devenue folle s’il ne s’était pas accroché à la vie ce soir. Elle avait eu beau le détester pour tout ce qu’il lui avait fait subir, elle n’aurait pas supporté de le perdre.

Décidée à se réveiller avec un café, Jordan quitte le fauteuil qu’elle a envahi toute la nuit, et déambule dans les couloirs, à la recherche d’un distributeur de boissons. Elle est arrêtée dans sa lancée par un des médecins de Shay, qui lui propose de le voir.

Oui, oui, s’il vous plaît ><

Est-ce que je peux en savoir plus… ? Je sais qu’il est tiré d’affaires mais les autres médecins sont restés plutôt vagues >< Et comme on m'a dit que c'était tout de même grave…

Avant de la laisser entrer dans la chambre de Shay, le médecin donne quelques informations à Jordan. La jeune femme n’est guère surprise que son corps ait été endommagé. Elle l’avait vu se droguer, elle avait été là, près de lui. Elle avait remarqué, forcément, avec quelle facilité il prenait ces rails de coke, les uns après les autres. Par contre, quand il lui explique qu’il est possible que cela ait des répercussions sur son cerveau, JJ ne peut s’empêcher de s’inquiéter à nouveau. Sous le choc, elle reste un instant bouche bée, tout en essayant de se concentrer pour écouter la suite. Il ne faut pas qu’elle se laisse submerger par ses émotions, pas tant qu’elle n’a pas tout écouté avec attention.

A sa question, Jordan passe une main sur son visage, dans ses cheveux longs. Elle tremble légèrement. Toujours très faible elle-même, elle sent qu’elle ne va pas tenir longtemps sur ses pieds dans de telles conditions. Elle essaie pour autant de faire face.

Non, je… je ne sais pas ><

En fait, elle s’en voulait presque de ne pas savoir. D’être restée à l’écart. Sur le coup, elle se sent terriblement égoïste… ! Elle se dit qu’elle aurait pu faire plus. Tellement plus.

Si, nous sommes proches, mais je… enfin, oui, je pense qu’il faut qu’il voie quelqu’un parce que, vous savez, c’est pas le genre à se confier, il… il garde tout pour lui et moi j’ai… j’ai jamais compris pourquoi… Je sais même pas si j’ai vraiment essayé de comprendre, je… je m’en veux ><

Avoue-t-elle, soudainement très fragile, sentant aussitôt les larmes lui monter aux yeux. Elle tente une nouvelle fois de se reprendre, pour demander :

Je peux le voir, s’il vous plaît ?

En entendant les propos du médecin, JJ se sent un peu soulagée. L’homme semble être sûr de lui, et surtout, il semble vouloir aider Shay. Ce serait une bonne chose s’il y parvenait… ! Car Jordan savait à quel point son cousin était malheureux. S’il se droguait, ce n’était effectivement pas pour rien. Ce n’était pas pour s’amuser. C’était pour oublier. Oui, mais quoi ?

Merci, vraiment, Docteur.

Et merci de l’avoir sauvé.

Souffle Jordan, dans un regard terriblement reconnaissant. Sans le professionnalisme et la réactivité des médecins, Shay n’aurait pas survécu. Elle ne veut même pas y songer, car ça pourrait la rendre dingue. Elle préfère se focaliser sur la vie, à présent. Parce qu’il est en vie. Il va aller mieux. Il ne peut en être autrement. C’est pour cette raison, donc, qu’elle insiste pour le voir, sans tarder.

Le médecin lui ouvre la porte, et Jordan, intimidée, entre lentement dans la pièce, en écoutant vaguement les propos que l’homme derrière elle tient encore.

Oh mon Dieu…

Murmure la photographe, en le voyant sur ce lit d’hôpital. Il y avait des tubes partout autour de lui, des moniteurs, aussi, c’était très inquiétant. La jeune femme réalise seulement la gravité de son état en le voyant comme ça. Elle se précipite sur lui, en sentant ses genoux jouer des castagnettes. Son premier réflexe est de le toucher, comme pour s’assurer, peut-être, qu’il est bel et bien vivant. Sa main gauche se pose par-dessus la sienne, tandis que la droite vient caresser doucement son visage. Elle remarque ses sourcils froncés, et tente de l’apaiser, d’une petite voix toute douce, un peu tremblante :

Je suis là, Shay. C’est moi, JJ.

Jordan ne fait pas attention à la dernière phrase prononcée par le Docteur. Elle est choquée de voir Shay dans cet état et, bien qu’elle sache qu’elle est intervenue au bon moment, elle ne peut que croire que ce sont surtout les médecins qui l’ont sauvé. Elle, toute seule, elle n’aurait pas pu faire grand-chose. D’ailleurs, de songer au moment terrible où elle l’a trouvé, ça la chamboule une fois de plus. Elle préfère secouer la tête et se focaliser, encore une fois, sur la vie. Entre Anne qui avait perdu la sienne, Kaori qui avait voulu mettre fin à ses jours, Matt qu’elle avait failli perdre aussi, et maintenant Shay… Jordan ne savait plus trop quoi penser de la vie. Elle avait juste compris qu’elle était fragile. Extrêmement fragile.

Sa main est posée sur celle de son cousin. L’autre caresse son visage. Il est brûlant. Mais au moins, il n’est pas froid, il n’est pas dénué de vie. Il est là, avec elle. Endormi, mais il est là. Il n’est pas parti, il s’est accroché. D’ailleurs, pensant qu’il peut l’entendre, Jordan lui parle doucement.

Tu t’es accroché à la vie. Je suis fière de toi, tu sais…

Ça va aller maintenant, je… je suis là. Je te laisserai pas.

En sentant la main de son cousin trembler légèrement, Jordan a le réflexe de la regarder bouger, avant de refermer la sienne par-dessus, un peu plus franchement. En relevant les yeux dans sa direction, elle remarque l’expression sur son visage, et se met sur la pointe des pieds, pour se pencher au-dessus de lui.

Calme-toi.

Murmure-t-elle, en déposant un baiser sur son front.

Jordan avait dormi, plutôt paisiblement, en fait. Elle n’avait fait aucun cauchemar, pour une fois. Allez savoir pour quelles raisons. Après ce qu’elle avait traversé la veille, il était d’ailleurs plutôt étonnant que son sommeil ait été aussi calme. Enfin, de toute manière, ce ne sont plus des choses qu’elle cherche à expliquer. Elle a bien compris que c’était plutôt aléatoire, comme son appétit en fait. Elle avait déjà perdu pas mal de poids, ces dernières semaines.

La jeune femme n’est pas réveillée par le jour qui se lève. Par contre, quand elle sent une main se poser sur sa tête, elle sursaute d’un seul coup. Sa position n’est pas normale, elle n’est pas chez elle, et ce n’est pas Matt qui la touche. Elle le sait, elle le sent, d’où ce réveil en sursaut. Quand elle voit son cousin, elle se souvient de tout, et se redresse d’un coup. Elle lit une certaine panique dans ses yeux, et ne fait absolument pas attention à l’infirmière qui était apparue dans la pièce.

Shay, Shay, ça va… !

Tu es à l’hôpital, tu… tu as fait une overdose. Mais ça va aller maintenant.

Murmure-t-elle, sans le quitter des yeux. Ce n’est qu’ensuite qu’elle comprend qu’ils ne sont pas seuls, mais elle s’en fiche. Sur l’instant, elle dévisage son cousin, heureuse, simplement de le voir en vie. Elle ne sait pas ce qui va se passer ensuite, et pense même qu’il va peut-être la haïr encore plus, exactement comme Kaori. En attendant, elle continue à faire preuve d’affection, en serrant sa main davantage dans la sienne.

Comment tu te sens ?

Jordan dévisage Shay, en attendant une réponse, quelque chose. Malheureusement, il semblerait qu’il ne parvienne pas à parler. Elle lit une certaine détresse dans son regard, puis vient serrer sa main un peu plus fort. L’infirmière intervient alors, et JJ tourne la tête dans sa direction, pour l’écouter. Cette femme savait visiblement de quoi elle parlait, et la rassure sans plus tarder. Apparemment, c’est normal… ! Seulement, en posant son regard sur son cousin, elle a vraiment l’impression qu’il souffre. Et elle déteste le voir comme ça.

J’ai l’impression qu’il souffre.

Est-ce que ça va… ? Tu veux peut-être quelque chose à boire ?

Demande-t-elle, à Shay, en éludant complètement la question de l’infirmière. Elle se moquait de lui répondre, et ne voyait pas ce que ça changeait qu’elle soit sa cousine, une amie, sa sœur ou sa petite-amie >< Elle était inquiète, et c’était tout ce qui comptait. D’ailleurs, elle n’arrive plus à détacher son regard de son cousin. Il n’a de cesse de l’observer lui aussi, et ça la trouble.

Shay, ça va aller, d’accord ? ><

Répète-t-elle, le cœur lourd, le sentant fragile. Il ne devait pas supporter d’être dans ce lit, dans cet endroit… ! En fait, elle comprend que, pour lui, cette situation doit être insupportable. Doucement, elle tend la main vers son visage, pour remettre en place une mèche de ses cheveux blonds, qui lui barrait le front, et les yeux. Elle ne peut que redoubler de tendresse, à défaut de pouvoir lui apporter mieux ><

Jordan n’aime pas cette infirmière, sans doute parce qu’elle donne l’impression de ne pas servir à grand-chose au final. Elle pose, en plus, des questions inutiles, et regonfle le coussin de Shay, alors que ça n’a pas d’intérêt, et qu’il a surtout besoin qu’on apaise sa douleur. Elle lui jette un regard plutôt sombre, avant qu’elle ne quitte la pièce. Elle sait que c’est injuste, elle sait qu’elle ne fait que son travail, mais ça avait été plus fort qu’elle. Cela dit, quand c’est sur son cousin qu’elle reporte son attention, JJ adopte une mine bien plus douce. Attentive, elle écarte une mèche de ses cheveux qui lui barrait les yeux, et lui demande s’il a soif. Dès qu’il acquiesce, elle se détache de lui, pour aller chercher à boire.

Je reviens.

Souffle-t-elle, en se tournant vers une table, à côté. Il y avait un verre, et un pichet d’eau. Elle s’empresse de le remplir, et revient aussitôt auprès de Shay. Avec beaucoup de douceur encore, elle vient glisser sa main sur sa nuque, pour lui redresser légèrement la tête. Dans l’autre, elle tient le verre, qu’elle penche légèrement pour le faire boire. Elle fait en sorte de laisser couler de toutes petites gorgées, pour qu’il n’ait pas de mal à les avaler.

Doucement, voilà…

Murmure-t-elle, sans le quitter du regard. C’était pourtant anodin, et elle le faisait juste boire, mais elle était malgré tout plutôt soulagée, qu’il bouge, qu’il la comprenne, qu’il la regarde. D’ailleurs, dans son regard, elle lisait bien des choses… Surtout de la surprise, en fait. Mais pour Jordan, tout ça était plutôt naturel. Elle n’était pas capable de l’abandonner à son sort. Elle voulait l’aider, elle avait compris la veille qu’elle tenait beaucoup à lui. Plus qu’elle ne le pensait elle-même, pour tout avouer.

Jordan ressent en elle le devoir de s’occuper de son cousin. Ce n’est même pas parce que sa famille n’est pas présente pour l’aider, ou quoi, non. C’est juste, parce que c’est comme ça. Allez savoir, peut-être que si elle ne l’avait pas trouvé, les choses auraient été différentes. C’est en le voyant par terre, sans connaissance, que la jeune femme avait compris à quel point elle pouvait tenir à lui. Il lui avait pourtant fait du mal, il l’avait même parfois humiliée… mais la jeune femme avait balayé d’un coup ses mauvais souvenirs, pour se souvenir des choses qui faisaient qu’elle l’avait, aussi, longuement apprécié. Elle avait également pensé à la nuit qu’ils avaient récemment passée ensemble, l’un contre l’autre. JJ avait compris qu’elle tenait à lui, et qu’elle n’était pas prête à le laisser partir maintenant.

Après l’avoir fait boire un instant, Jordan repose le verre sur la table à côté, avant de se retourner vers Shay quand elle sent qu’il s’agite légèrement. Elle suit son regard, et voit alors un calepin, laissé sur le rebord d’un meuble. Aussitôt, elle comprend et quand il lui demande « s’il te plaît », la jeune femme ne tarde pas à agir, plutôt soulagée d’avoir entendu sa voix, même un bref instant.

Bien sûr… !

Murmure-t-elle, en allant prendre le calepin en question. Elle regarde tout autour d’elle, pour dégoter un crayon, puis revient au chevet de Shay. Elle a le réflexe de lui mettre le crayon dans la main, et le calepin dans l’autre, pour lui éviter trop d’efforts. Elle n’avait même pas pensé à ce qu’il puisse dessiner, à dire vrai, elle croyait qu’il voulait lui écrire, pour se faire comprendre. En tout cas, pour cette même raison, elle se montre très attentive à ce qu’il compte inscrire sur la feuille vierge du carnet.

Pensant que Shay cherche à communiquer avec elle, JJ se montre particulièrement attentive à ses faits et gestes une fois qu’il a le carnet entre les mains. Quand la mine du crayon atterrit sur le papier, elle réalise que son cousin souhaite, tout simplement, dessiner. Seulement, ça n’est pas aussi simple. Sa main dérape, et le crayon laisse une trainée sur la feuille vierge. Quand il relève les yeux vers elle, son air inquiet fait se resserrer son petit cœur. Aussitôt, Jordan prend sur elle, pour ne pas se laisser submerger par l’émotion, et tente de le rassurer avant toute autre chose.

Ne t’inquiète pas, c’est normal… !

Le docteur a dit que ton corps ne répondrait peut-être plus tout à fait comme avant, mais ce n’est que temporaire, et puis… tu es sûrement encore très faible…

Murmure-t-elle, en reprenant le carnet, et le crayon, pour les reposer à côté d’elle. Elle reporte ensuite rapidement son attention sur son cousin et a le réflexe de poser ses deux mains par-dessus la sienne. La photographe esquisse alors un léger sourire, qui se voudrait rassurant bien qu’en fait, elle soit elle-même encore très choquée par ce qui s’est produit la veille. D’ailleurs, un court instant, elle repense à la scène, et sent un terrible frisson la secouer légèrement. La belle brune déglutit nerveusement, avant de chercher à briser ce silence qui s’était brièvement installé.

Tu veux peut-être que je prévienne quelqu’un… ?

Lui demande-t-elle, se disant qu’il n’avait peut-être pas envie que ce soit elle, qui reste à son chevet. Après tout, malgré la soirée et la nuit qu’ils avaient passées ensemble, la fois dernière, Jordan savait que leurs relations étaient plutôt tendues. Peut-être que son cousin aurait préféré que ce soit quelqu’un d’autre qui veille sur lui…

Ou que je te laisse te reposer ?…

Jordan essaie de rassurer son cousin, pour ne pas qu’il s’inquiète de trop d’être incapable de dessiner pour le moment. Son corps a été drôlement fragilisé par l’overdose, et il est normal qu’il prenne un peu de temps à récupérer. Les médecins le lui ont dit. Seulement, JJ n’ose pas parler d’éventuelles séquelles. Jusqu’à maintenant, il lui semblait aller plutôt bien… ! Enfin « bien »… pour quelqu’un qui a failli mourir, en tout cas. La jolie brune reprend le carnet de ses mains, puis lui propose naturellement de prévenir quelqu’un, ou de le laisser reposer. Le regard qu’il lui lance l’inquiéterait presque, et le jeune homme, rapidement, finit par prendre la parole, pour refuser. JJ acquiesce, donc, prête à rester avec lui le temps qu’il faudra. Cette idée ne la dérangeait guère, elle avait juste cru que, de son côté, il aimerait peut-être qu’elle le laisse tranquille…

Et puis, soudainement, il se redresse, pour reprendre le calepin qu’elle avait laissé à côté. En entendant son cri, Jordan frissonne de tout son être, et se dépêche de prendre le carnet à sa place.

Attends, attends.

Murmure-t-elle doucement, avant de le lui redonner, une fois qu’il a repris une position plus confortable. La jeune femme se met sur la pointe des pieds, puis tend les bras vers les fils qui pendaient autour de lui, pour les remettre correctement en place. Quand elle baisse les yeux vers Shay à nouveau, c’est pour lui donner un crayon. Elle se demande s’il va parvenir à dessiner quelque chose, et espère pour lui que ce ne sera pas trop difficile. La jeune femme n’a pas envie qu’il s’inquiète de ça, en fait, il serait sans doute plus judicieux qu’il se repose… ! Mais elle sait bien que Shay a son caractère, et qu’il n’en fera qu’à sa tête, so…

Est-ce que je peux faire quelque chose ?

Finit par demander Jordan, qui tenait à se rendre utile.

Jordan, après avoir redonné le calepin à Shay, ne peut s’empêcher de le regarder commencer à dessiner. Malheureusement, ça ne donne pas grand-chose… ! Mais la photographe est persuadée que ça va revenir. C’est une question de temps et puis, pour le moment, son cousin est bien trop faible pour pouvoir faire quelque chose de correct. Il faut qu’il soit patient. Elle, étrangement, elle l’est finalement très peu, puisqu’elle aimerait pouvoir en faire plus, et l’aider davantage ! JJ aimerait se rendre utile, car elle n’a pas l’impression d’avoir fait grand-chose jusqu’à maintenant… Et pourtant ! On lui a dit et répété que c’était elle qui avait sauvé la vie de son cousin… A croire que ça ne rentrait définitivement pas dans sa petite caboche. Sans doute parce qu’elle se sentait coupable de l’avoir laissé s’enfoncer à ce point, se laisser absorber par ce dangereux engrenage qu’est la drogue.

Enfin, contre toute attente, Shay lui demande finalement, et simplement, de rester avec lui. JJ s’attendait effectivement à autre chose et ne cache pas sa surprise en réalisant qu’il tient visiblement à ce qu’elle reste auprès de lui.

D’accord…

Elle tire de nouveau la chaise derrière elle, pour pouvoir s’y asseoir, et croise les mains sur le lit de son cousin, en posant son menton par-dessus ses doigts. Ses yeux fixent un instant le blondinet qui semblait encore très fragile, mais qu’elle se plaisait à voir bel et bien vivant. Quel soulagement.

Je reste avec toi, tu n’as pas à t’inquiéter.

Murmure-t-elle, l’air rassurant, avant de poser son attention sur le carnet qu’il tient encore dans sa main, fixant l’unique trait de crayon qu’il avait fait jusqu’alors.