On the ground I lay, Motionless in pain I can see my life flashing before my eyes

[Bon, il est temps non?]

Lionel n'en avait pas cru ses oreilles. Ginny? A l'hôpital? Quelle blague vraiment stupide. Il avait cru qu'un de bêtes types avec qui il trainait de temps en temps avait voulu jouer avec ses nerfs en l'appelant et en lui demandant de se rendre à l'hôpital. De toute façon, Ginny était dans un avion pour les Etats-Unis! Non! il était bête. Elle devait déjà être arrivée... Oui mais alors pourquoi n'avait-il pas de nouvelles?

il dut faire face à la réalité et admettre que ce n'était pas des amis qui lui faisaient une blague mais bien un infirmier qui tentait de joindre... "le père..."ce devait être ce que Ginny leur avait dit pour qu'ils le contactent. Mais... c'était il y avait deux jours déjà qu'il s'était dit au revoir! Il n'arrivait pas à croire qu'elle l'avait tenu éloigné d'elle aussi longtemps. Paniqué, inquiet, hors de lui, il arriva en trombe à l'hôpital.

"esia, slter!"

demanda-t-il à l'accueil avant que la dame derrière le comptoir ne le regarde d'un drôle d'air. Il reformula en articulant mieux!

"Genesia Weastler! je la cherche, elle est où, quelle chambre, où ça?"

La dame vit bien qu'il était paniqué et lui indique l'étage et la chambre sans en demander davantage. Le trajet en ascenseur parut durer des heures. Les gens le regardait de travers parce qu'il n'arrêtait pas de bouger. Il faillit plusieurs fois sortir au mauvais étage maudissant les gens qui prenaient l'ascenseur avec lui. Lorsqu'il y arriva enfin, il se rua sur la chambre de Gin qu'il ouvrit dans un grand fracas se fichant de savoir si elle dormait ou non, il voulait juste la voir en vie. Et quand il vit qu'elle vivait toujours il se jeta sur elle!

"BON SANG GIN!!"

cria-t-elle avant de la serrer contre lui et de lui embrasser le front. Elle allait bien c'était tout ce qui comptait, tout ce qui lui importait. Il s'en fichait du reste.

"Pourquoi je suis toujours le dernier que tu préviens, huh? Pourquoi? Tu te rends compte de ce que j'ai ressenti quand la mère de mon enfant était à l'hôpital!"

Il la serra une fois de plus contre lui, se fichait de savoir s'il l'étranglait ou pas. Elle était vivante! VIVANTE!

"Tu es supposée m'appeler en cas de problème... Je suis ton meilleur ami non?"

"ça va... bien sûr! tu pètes la forme, ça se voit! Bon, ben lors de ton prochain accident appelle-moi, je passerai en coup de vent!"

Bien sûr que c'était de l'ironie. Mais Lionel était à la fois sous le choc et en même temps extrêmement en colère contre Ginny. Elle ne l'avait pas appelé, elle n'avait pas demandé à ce qu'on le fasse. Il n'était donc rien pour elle...

*Le père de son enfant...
-c'est pas grand chose visiblement*

Il fronça les sourcils et s'éloigna d'elle commençant à tourner en rond dans les pièce, essayant de rassembler ses pensées... ce qui n'était pas gagné tant elles étaient diverses. Il finit par prendre une grande inspiration. Il fallait qu'il se calme. Ginny avait subi un grand choc, il ne fallait pas qu'il en rajoute davantage. Il soupira.

Il vint se poser près d'elle et glissa sa main dans la sienne. il la regarda avec intensité. Il sourit doucement. il vint ensuite caresser sa joue d'un revers de la main. Même ses blessures ne la rendait pas moins belle. Elle était toujours parfaite. Il déposa un court baiser sur sa joue.

"Ne me laisse pas dans le noir... J'ai... l'impression que tu m'en veux quand tu fais ça. Je me suis fais un sang d'encre."

ajouta-t-il en repensant à son cœur tambourinant contre sa poitrine et à la voix de l'homme résonnant dans sa tête lorsqu'il avait entendu que Ginny était à l'hôpital. Il aperçut un lit défait près de Gin.

"Tu étais avec quelqu'un?"

Demanda-t-il. Il croyait qu'elle avait eu l'accident en se rendant à l'aéroport. Il devait s'agir du lit d'une autre patiente. Il s'en fichait. il vint déposer un nouveau baiser sur son front, trop contente qu'il soit encore en un seul morceau. il sourit une fois de plus.

"Tu sais quoi? Je pense qu'il est temps qu'on commence à penser à un prénom"

Annonça-t-il fièrement en venant mettre un main sur le ventre de Ginny. quitte à faire la conversation tout seul autant qu'elle soit productive. Il leva les yeux au ciel comme pour réfléchir.

"J'avais pensé à Luca... Arthur peut-être..."

Genesia regarda Lionel avec un air morne. Il réagissait au quart de tour et s’énervait pour un rien. Elle savait que c’était uniquement parce qu’il était angoissé et que de la voir là, dans cet état devait le faire complètement paniquer. D’autant plus que Gin n’était pas des plus coopératives.

Elle ne le quitta pas du regard lorsqu’il commença à tourner en rond dans la chambre d’hôpital et à prendre de grandes respirations. Jusqu’à preuve du contraire, c’était pourtant elle qui avait subit un accident abominable et qui avait en plus la responsabilité de cet accident. Si elle était partie cinq minutes plus tôt, en partant dès que Thalia lui demandait. Ou si elle ne l’avait pas conduite à l’hôpital, rien ne serait arrivé. Gin serra sa main contre la barre du lit où elle se trouvait et la serra tellement fort que ses phalanges étaient livides.

Taylor revint à son chevet et glissa sa main dans celle de Gin. La jeune femme la retira, voulu dire quelque chose, mais ne fit rien. [cfr ma vidéoooo !!!] Il lui caressa son visage et lui parla plus doucement. Il lui demanda de lui parler, de ne pas le laisser dans le vide. Mais comment voulait-il qu’elle lui annonce que leur enfant ne naitrait jamais ?

Lionel remarqua le deuxième lit, vide, de la chambre et lui demanda si elle était avec quelqu’un. Elle eut envie de lui répondre sarcastiquement qu’elle était avec un de ses amants, mais n’en avait ni la force, ni le courage.

« Thalia. »

Souffla-t-elle simplement. Elle savait que cette réponse allait susciter d’autres questions et ça l’ennuyait d’avance.
Puis, d’un coup, Tay’ sembla plus joyeux. Il posa un baiser sur le front de Gin.

* Bah oui, à quoi tu t’attendais ma vieille ? Quand vous vous êtes quittés vous étiez un couple, mais c’était juste parce que t’allais partir. Il ne t’aimera jamais comme ça. *

tenta-t-elle de s’enfoncer dans le crane alors qu’un poignard s’occupait de son cœur. Il avait pensé à des noms pour son enfant. Pour leur enfant. Qui n’existait plus. Lorsqu’il cita Arthur son cœur se déchira et elle le regarda intensément. Arthur Weastler, c’était son père et Gin n’aurait jamais cru que Taylor souhaiterait que leur enfant s’appelle comme ça.

« Il n’y a pas d’enfant. Il est mort. »

Elle ne le quitta pas des yeux, elle savait qu’elle se nourrirait de la tristesse de Lionel pour nourrir encore un peu plus sa culpabilité et son désir malsain de vengeance.

Pourquoi ne parlait-elle pas? pourquoi ne criait-elle pas? c'était Ginny non? elle était supposée être dans tous ses états, maudire le chauffard, s'apprêter à entrer en guerre mais non, elle était toute morne, elle ne bougeait pas. même lorsqu'il lui prenait la main, même lorsqu'il tentait une approche, rien. C'était comme s'il avait cessé d'exister pour elle.

Il ne la comprenait pas. Elle devait être vraiment sous le choc. Il n'osait pas imaginer ce par quoi elle était passée cette nuit-là. Et lui qui venait seulement d'être mis au courant. Il se calma. elle n'avait pas besoin qu'il soit hystérique alors qu'elle venait de vivre le choc de sa vie.

il fronça les sourcils lorsqu'elle lui dit que le lit d'à côté était à Thalia... Thalia la blonde que Ginny détestait tant? Thalia qui les avait surpris dans le parc du campus quelques mois auparavant alors qu'ils sortaient tous les deux avec quelqu'un d'autre? cette Thalia là? Mais que diable fichait-elle là? Lionel déduit qu'elles avaient eu l'accident ensemble,mais ça n'avait aucun sens, elles se détestaient.

"Que diable fichais-tu avec Thalia?"

Il ne comprenait vraiment plus rien ce soir. Comme s'il était complètement déconnecté. Mais une chose le rassurait, peut-être à tort. Ginny était encore là, et il allait pouvoir profiter de sa présence et de quelques moments de sa grossesse supplémentaires...peut-être même qu'elle accoucherait ici.

Lionel avait déjà imaginé tant de choses... La vie allait être tellement parfaite... Sauf que...

"Quoi?"

C'était impossible.Le cœur de Lionel eut un raté. Leur bébé ne pouvait pas être mort. Non. Il ne voulait pas y croire. pourtant ça expliquerait l'air triste et absent de son amie. Sa main se serra sur la sienne.

"Non... Je..."

Tay' ne pleurait jamais, mais il put gager que c'était bien une larme qui perlait au creux de ses yeux. Il soupira. C'était impossible. Il voulait trouver des paroles réconfortantes pour Ginny et pour lui mais rien ne vint. L'idée de lui dire qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète parce qu'elle était en vie et qu'ils auraient l'occasion de faire plein de bébé lui passa par la tête, mais immédiatement il songea à Rachel. Non... la chance de voir un jour naitre la fusion de Ginny et lui venait de disparaitre.

Sans qu'il ne lui laisse le temps de donner son accord il vint s'allonger à ses côtés et la serra dans ses bras, laissant couler quelques larmes supplémentaires.

"Je ne sais pas quoi dire... Je... Je me sens... comme une épave..."

la comparaison n'était pas des plus délicates, mais que pouvait-il dire? Il se tut. Il pleura un moment. [c'est beau un homme qui pleure xD]

Genesia ferma les yeux un instant. Taylor venait d’entrer dans sa chambre, il s’était rué vers le lit en l’engueulant de ne pas l’avoir prévenu. Il avait saisit le visage de la jeune fille entre ses mains et l’avait embrassé à plusieurs reprises, ne séparant ses lèvres des siennes que pour articuler à quel point il lui en voulait de l’avoir laissé sans nouvelle et combien il l’aimait.

* WAKE UPPPPPPPPPPPPPPPPPPPP *

S’ordonna-t-elle en ouvrant les yeux. Taylor était bien là. Mais il s’en fichait d’elle. Enfin, pas vraiment. Il était juste venu voir son amie. D’ailleurs il le lui avait dit. Elle était son amie et aurait dû l’appeler. Seulement ce qu’il ne réalisait peut-être pas, c’est qu’elle ne voulait pas de lui comme ami. Elle avait l’espace d’une soirée, goûté à ce que ça pourrait réellement être que d’être en couple avec lui, et avait l’impression qu’elle n’arriverait pas à se contenter d’autre chose.
Elle s’était aussi imaginé que quand Lionel reviendrait à Davis, ils se mettraient ensemble. Mais maintenant, c’était impossible. Elle préférait vivre pendant trois ans avec l’illusion qu’un jour Lionel serait à elle, plutôt que d’être à ses côtés indéfiniment sans jamais pouvoir partager l’amour qu’elle éprouvait pour lui.

« On voulait essayer un truc entre filles dans la voiture mais on s’est faites emboutir par un pervers qui nous matait. »

Elle ne savait même pas où elle allait chercher tout ça. Sans doute dans la colère qu’elle ressentait à la simple vue de Lionel. Pourquoi est-ce qu’il lui imposait ça ? Pourquoi remuait-il sans cesse le couteau dans la plaie. Pourquoi ne lui avait-il pas avoué, lorsqu’il craquait pour elle, qu’il l’aimait. Elle en arrivait à le détester. Mais elle savait très bien qu’on ne pouvait haïr quelqu’un sans l’aimer au plus profond de son être.

Genesia savait aussi bien que Lionel que l’enfant qui grandissait en elle était le plus beau cadeau du monde. Qu’il reflèterait à tout jamais le lien sacré qui avait uni ces deux êtres, et qui semblait à présent s’effriter. Taylor sembla bouleversé par la révélation de Genesia et cette dernière ne perdit pas une miette des émotions traversant le visage et coulant le long des joues du garçon. Pas à un seul moment il n’émit la possibilité qu’un jour ça se passerait autrement, qu’ils auraient tout plein d’autres enfants et qu’à jamais ils seraient ensemble. Elle sentit la rage lui nouer l’estomac et ne réagit même pas lorsque Taylor se glissa dans le lit à ses côtés.

* C’est ce que t’es. *

Pensa-t-elle avec une méchanceté qui la surpris elle-même. Il fallait qu’elle se calme et qu’elle se contrôle. Elle devait arrêter de rejeter sa douleur sur les personnes qui s’inquiétaient pour elle. Elle n’avait déjà pas beaucoup d’amis, mais si elle fouttait tout en l’air avec le peu qui lui en restait. Gabriel déjà avait semblé surpris par sa mauvaise humeur et Taylor avait l’impression qu’elle lui en voulait de quelque chose, bref, c’était mal engagé.

« Je suis désolée. »

Souffla-t-elle, sans sarcasme ni méchanceté cette fois. Juste avec une détermination qui pouvait faire peur.

« J’ai…J’aurais dû…Tout est de ma faute, pardon de t’infliger ça. »

Puis, elle reprit un ton et un regard plutôt dur.

« M’enfin, de toute façon ça doit te soulager. »

Elle poussa la provocation jusqu’à le regarder dans les yeux en prononçant ses mots.

[Elle est maso ma Ginny :-( ]

Lionel n’aimait pas cette manière complètement désinvolte qu’avait Ginny de parler de ce qu’il s’était passé. Elle lui avait tout simplement répondu qu’elle avait voulu faire un truc entre filles avec Thalia et qu’elles s’étaient fait emboutir par un gars qui les avait matées.

*Cette fille est stupide*

Stupide oui, mais il l’aimait. Il aimait Gin. C’était sa meilleure amie et il avait eu vraiment peur quand on l’avait appelé. Il ne comprenait pas pourquoi elle n’agissait pas avec plus de sérieux.

« Ahah… »

Fit-il tout simplement face à la remarque de Ginny. Lui non plus ne savait pas où elle allait chercher tout ça et d’ailleurs il aurait bien aimé qu’elle cesse le sarcasme et qu’elle commence à parler avec un peu de sérieux. Elle venait tout de même de subir un choc. Cela dit, c’était peut-être bon signe qu’elle ne puisse se départir de son sens de la répartie légendaire.

Lionel n’était pas conscient de tout ce qui se passait dans la tête de Ginny. Il n’avait aucune idée de ce qu’elle ressentait, il ne savait pas non plus qu’il allait lui faire beaucoup de peine lorsqu’il parlerait de Rachel. Il n’était pas amoureux de Rachel. Lionel n’était pas prêt à tomber amoureux. Mais il l’aimait bien, beaucoup. Il craquait complètement pour elle. Il avait vraiment envie de sortir avec elle plus officiellement sans s’imaginer qu’il détruirait peut-être Ginny. Il était parti du principe qu’ils avaient eu leur chance et qu’ils ne l’avaient pas saisie. Leur dernière nuit avait été mémorable, mais ce n’était qu’une nuit d’adieu… non ?

Taylor avait fini par se glisser dans le lit de Ginny pour se placer à ses côtés et la prendre dans ses bras pour la rassurer, lui dire que tout irait bien. Elle aurait l’occasion de faire d’autres bébés avec un garçon qu’elle aimerait et avec qui elle serait en couple. Cette pensée lui serra tout de même le cœur. Autant Ginny avait vu Lionel avec plein de filles autant lui ne l’avait vue qu’avec Gabriel et ça n’avait pas duré fort longtemps.

« Chuut… »

Souffla-t-il lorsqu’elle lui dit être désolée. Elle n’en pouvait rien après tout si un crétin avait embouti sa voiture et l’avait perdre… Arthur ou Luca… Bizarrement, avoir réfléchi à des noms avait rendu le bébé beaucoup plus réel aux yeux de Lionel qui versait quelques larmes doucement.

« Gin ! ça n’est pas de ta faute ! »

Fit-il avec vigueur ! Il se tourna vers elle et l’embrassa une nouvelle fois sur le front. Elle ne lui infligeait rien du tout. C’était le crétin qui avait provoqué l’accident qui devait s’en vouloir. Il sentit son cœur se serrer une nouvelle fois lorsqu’elle lui lança qu’il devait se sentir soulagé.

« T’arrête ça tout de suite ok ? »

Lui ordonna-t-il sur un ton plus dur. C’était bien parce qu’elle était dans un lit d’hôpital qu’il ne la secouait pas comme un prunier.

« Non, ça ne me soulage pas ! Tu crois que je suis soulagée que tu aies perdu notre enfant ? Tu crois que je ne m’étais pas attaché à lui ? Sinon pourquoi j’aurais réfléchi à des prénoms ! »

Il ne supportait pas qu’elle pense qu’il était soulagé. Ça lui faisait mal, atrocement mal. Il aurait eu envie de tuer le chauffard… ou de refaire un bébé un Gin juste pour qu’elle soit toujours enceinte, parce qu’il en avait eu envie de ce bébé… il retint un sanglot. Il planta son regard dans le sien.

« Je ne suis pas soulagé… Je suis dévasté… »

Lionel n’avait rien répondu de très intelligent à la soi-disant raison pour laquelle Thalia se trouvait dans la même chambre. Ou plutôt avec Genesia lors de l’accident. Elle se demanda d’ailleurs où Blondie était, puis se dit que de toute façon, avec ses jambes cassées, elle n’aurait pas pu s’enfuir. Du coup, elle devait forcément être dans l’hôpital.

* Si seulement je pouvais *

Pensa-t-elle avec envie. Elle se serait bien ruée hors de cette chambre blanche, où tout sent l’inhumain et le froid. Mais dans son état, elle n’aurait même pas la force de se débrancher de sa perfusion.

Elle eut un instant de compassion pour sa voisine de chambre et lui souhaita de ne pas être en entretient avec le psychiatre. Elle l’avait elle-même été la veille, et s’était montrée, une nouvelle fois, ignoble. Elle ne lui avait pas adressé un mot de l’heure, se contentant de le fixer avec la même expression neutre. Pour ne pas se faire toucher par les paroles qu’il disait, elle essayait de fredonner la dernière chanson que Lionel lui avait chantée, le soir de leurs adieux. C’était déjà la deuxième remarque négative qui figurait à son rapport, mais elle s’en fichait complètement. Elle avait 19 ans et avait marre qu’on la traite comme une petite fille. Des crétins en blouse blanche qui passent leur journée à vous engueuler parce que vous ne touchez pas à votre plateau-repas où votre mutisme, elle n’en n’avait vraiment pas besoin.

Lionel vint se coucher à ses côtés et Ginny essaya de ne pas se laisser attendrir par le geste, ni les larmes qui coulaient sur les joues du garçon. D’ailleurs, elle préféra regarder le plafond. Elle ne pouvait pas admettre être responsable d’un tel chagrin. C’était tellement injuste. Pourquoi lui infligeait-on ça. Non seulement elle était à l’origine de la perte de son bébé, mais pire encore – s’il y avait, de celui de Thalia Morrison. Elle ne comprenait d’ailleurs pas que cette dernière ne l’ait pas encore étouffée dans son sommeil. Si ça avait été l’inverse, c’est les mains liées qu’on aurait du tenir Gin à son lit.

A défaut d’être un jour capable de le faire auprès de Thalia, Gin s’excusa auprès de Lionel. Elle était désolée de lui faire subir un tel chagrin. Elle ne comprenait d’ailleurs pas qu’il soit si triste. Il prétendit que ça n’était pas de sa faute. Qu’en savait-il ? Il n’était pas là. Peut-être que si elle avait accéléré, plutôt que de freiner lorsqu’elle avait vu les phares, elles auraient été sauvées. Peut-être que si elle avait freiné plus vite… Le plus cruel était sans doute de penser qu’en roulant cinq kilomètres heures au dessus ou en dessous de sa vitesse, jamais sa voiture n’aurait été emboutie par une autre. C’était la pensée la plus détestable de toutes.

Puis elle le regarda, et lui lança une provocation inutile, juste méchante pour l’être. Contrairement à son habitude, elle ne parlait quasi pas et à chaque fois qu’elle le faisait ici, c’était pour sortir une ânerie où un sarcasme. Il lui intima d’arrêter immédiatement son manège.

« Bah tu vois, j’aurais du me faire confiance et ne pas te dire que j’étais enceinte. Comme ça au moins tu n’aurais pas eu besoin de savoir qu’il n’y aurait plus de bébé et puis voila. »

Elle soupira, ronchonne, comme à sa nouvelle habitude.

« Et de nous deux je me demande qui devrait être le plus dévasté. »

Continua-t-elle sur sa lancée de « je-suis-agréable-avec-mes-amis-revenez-me-voir ».

Genesia sentit une pointe de douleur supplémentaire s’élever alors que Lionel se décida à s’en aller. Elle savait que c’était entièrement de sa faute et totalement mérité, pourtant elle aurait eu envie qu’il reste. Mais qui pourrait rester aux côtés d’une personne disant tellement de méchancetés à la minute, avec la froideur du docteur Frankenstein ?

Il la quittait déjà en se relevant du lit. C’était peut-être mieux comme ça. Après tout, Lionel avait sa vie maintenant, sa petite vie bien tranquille dans laquelle Ginny n’était plus qu’un mauvais souvenir. Parce que maintenant qu’elle n’avait plus son bébé, elle supposait qu’il ne voudrait de nouveau plus la voir, comme avec Kelly ? Elle n’en savait rien. De toute façon elle avait Gabriel, elle n’avait pas besoin de Lionel. Il lui faisait trop de mal.

* Répète le cent fois, peut-être que tu le penseras au bout d’un moment *

Elle avait envie de lui hurler que c’était tellement plus facile de partir, de l’abandonner, de la laisser seule. Mais d’un autre côté, elle cherchait cette solitude. Depuis son accident, elle se refermait énormément sur elle-même. Elle était envahie de pensées noires et d’idées assez effrayantes, qu’elle n’avait jamais éprouvées auparavant. La veille, elle avait même été vulgaire devant Gabriel. Ca ne lui était jamais arrivé.

« Alors va-t-en. Je ne te retiens pas. »

Elle se força à le regarder dans les yeux, histoire de bien lui faire comprendre qu’elle pensait chaque mot qu’elle disait. Elle avait besoin de lui faire mal, pour qu’il l’abandonne à nouveau, parce qu’elle ne pourrait pas supporter de lui refaire confiance et qu’il la quitte à la fin. Elle préférait que la rupture se fasse à présent, au moins elle pourrait se dire qu’elle l’avait en quelques sorte choisi… Cette fois.

« De toute façon, je suppose que tu n’as pas toute ta journée. »

Elle lui sourit, histoire d’être encore un peu plus méchante, ressortant cette célèbre phrase qui lui avait arraché le cœur, à la plage. Elle se l’était prise comme une gifle et la lui avait déjà retournée une fois. Une seconde ne serait pas de trop. Après tout, c’était tellement mérité.

Elle n’écouta rien de ce qu’il dit après sur le fait qu’elle devait déculpabiliser car elle n’était pas d’accord, mais termina tout de même, histoire d’avoir le dernier mot, par la dernière phrase qu’il lui avait dite à la plage.

« Je pense qu’on s’est tout dit. »

C’était comme si elle avait retenu cette conversation par cœur. En parlant de cœur, le sien était lourd et douloureux lorsqu’elle vit Lionel s’en aller de sa chambre. Elle devait à présent se rendre à l’évidence : elle avait perdu son bébé, et en même temps, elle avait perdu Lionel. A jamais.

FIN DE LA SCENE (u)