As before [Terminé]

Caleb lui expliquait qu’il préférait réellement, dans certaines circonstances, un bon repas à une fille. Comme il le présentait, ça paraissait évidement. La question de Molly en prenait presque une tournure sérieuse, sujette au débat. Bien sur, la préférence dépendait aussi bien de la qualité de la nourriture que de la nature de la fille. C’était tout naturel. Alors qu’il parlait, Molly l’observait pensivement. Elle se rendait compte que, même si ça faisait maintenant près d’une heure qu’ils se racontaient des bêtises, elle ne pouvait toujours pas poser une étiquette sur le garçon. Quelles étaient ses intentions ? Dans quelle mesure pouvait-elle saisir du sérieux dans ses phrases lancées à la rigolade ? En fait, elle se rendait compte qu’elle ne savait pas grand-chose, outre le fait qu’elle s’amusait en sa présence. Il ne semblait pas représenter une menace, et n’avait pas l’air spécialement intéressé par elle. Elle ne pensait pas avoir à s’inquiéter de recevoir une invitation pour la nuit, mais elle ne savait pas ce que signifiait pour lui cette étrange complicité ; Elle aurait voulu savoir ce qu’il pensait d’elle, car l’ignorance complète de ce qui se passait dans la tête du garçon, après un si long bavardage, la dérangeait un peu. Bien sur, il serait facile de s’assurer de si il était intéressé par elle d’une certaine façon, en se mettant à le draguer ostensivement et sérieusement. Mais Molly ne souhaitait pas s’y rabaisser : ça lui paraissait le droit chemin vers des ennuis.

Ne faisant pas part de ses réflexions, mais gardant un regard un peu curieux sur le garçon, elle répond avec un sourire :

« Oui, c’est sur, c’est logique. »

Caleb accepte sa proposition de partager une barre de shoots. Pas trop contraignants, remarque Mona Lisa, qui avait commencé à établir, inconsciemment, une liste +/- sur le jeune homme. Elle sourit, lui ajoutant un nouveau « plus » quand Caleb lui dit de se méfier de mélanger les alcools. Ce n’est pas faux que, avec déjà un cocktail fort, une bière forte et bientôt une série de shoots, Mona Lisa risque de finir un peu… joyeuse. Surtout que sa corpulence ne lui permet pas beaucoup d’excès : elle ne pèse pas plus de cinquante kilos, et de petite taille, elle se trouve bien vite affectée par la boisson. Avec un petit sourire en coin, cependant elle répond :

« T’en fais pas pour moi, va, je suis une grande fille. »

Evidemment, l’apparition de son porte-monnaie la contredit immédiatement. Caleb semble par ailleurs excessivement amusé par la petite besace à monnaie de la jeune libraire, commentant ironiquement qu’elle est « mignonne ». Mona Lisa, faussement vexée, lui fait une rapide grimace :

« Laisse mon porte-monnaie tranquille, tu veux ? »

Son visage s’adoucit en une moue hésitante, puis reconnaissante, quand Caleb se propose de lui payer encore sa boisson ; Abaissant doucement son porte-monnaie, pour ne pas se rendre immédiatement à la bonté du garçon, elle dit, en penchant un peu le visage et en adressant au garçon un sourire en coin :

« OK… Je te le revaudrais.» Puis, d’humeur au compliment, et trahissant leur jeu de dire ce qu’on ne pensait pas, elle dit, gardant quand même une petite pique pour la fin (a) : « Et c’est un plaisir de te supporter – étrangement. »

Mona Lisa prend avec le sourire la nouvelle remarque pernicieuse de Caleb, qui met en doute qu’elle soit si « grande ». Il n’est pas clair si il parle de la taille, ou de la maturité de la jeune femme, mais dans les deux cas, il n’a pas tord : Mona Lisa, d’une part, dépasse tout juste le mètre soixante, d’autre part, n’a pas fait preuve de beaucoup de grandeur d’esprit ce soir. Elle s’est bien laissée prendre au jeu du jeune homme, et y a pris un bonheur évident. Elle joint à sa grimace, servant de réplique un peu nulle à la remarque de Caleb sur son porte-monnaie, une réplique au commentaire du garçon sur sa taille. Au moins, elle équilibre en minceur : Mona Lisa n’est pas particulièrement bien foutue, et n’a pas un corps bien alléchant pour les hommes, n’ayant qu’une très petite poitrine et des courbes discrètes, mais sa taille est très fine.

En réponse à sa grimace, parfaitement infantile, Caleb se met à rire de bon cœur. En même temps, après avoir passé la soirée à débiter des sottises, il aurait été mal avisé de relever un petit froncement du nez exagéré. Il lui lance même une sorte de compliment – si Molly ose le prendre ainsi – en lui disant qu’elle est mignonne en grimaçant, puis affirmant, avec plus de franchise, que son porte-monnaie est chouette. Mona Lisa, avec une moue faussement vexée, répond :

« Evidemment qu’il est chouette, enfin… »

Elle secoue la tête, comme si c’était une évidence que quelque soit le porte-monnaie qu’elle choisit d’acheter, il est forcément chouette. Caleb ne semble pas s’inquiéter qu’elle lui revaudra de lui payer un verre, et chasse le sujet avec un flegme assez appréciable. On aurait pu croire avoir affaire à un gentleman, l’espace d’une seconde ! Mais Molly, après avoir passé une soirée avec Caleb, suppose que ce n’est que l’un des ses nombreux jeux, nombreuses attitudes. Il répond ensuite avec amusement quand elle lui dit qu’il était, en somme, de bonne compagnie. Elle sourit à sa façon de lui dire que lui aussi s’amusait. Une nouvelle fois, elle se dit que finalement, c’était peut-être une bonne chose d’être sortie toute seule en se plaçant entre les mains du hasard, qui, pour une fois, semblait avoir bien fait les choses. Le même serveur que tout à l’heure, ayant remarqué leur verre vide et la vérification de solde de Molly, s’approcha pour les débarrasser et prendre une nouvelle commande. Mona, piquée par la suggestion de Caleb, qui voulait s’assure que la vodka n’était pas trop forte pour lui, répliqua en répondant avec détermination au serveur.

« Une barre de shoots de vodka. Oh, en fait, j’en veux un de rhum aussi. Merci. »

Elle se tourna vers Caleb, en même temps que le serveur, qui voulait savoir si lui aussi avait un souhait particulier, hormis la vodka. Quand il fut reparti, Molly repris
.

« Alors comme ça, tu passes une bonne soirée ? Qu’est ce qui t’as traversé l’esprit, d’abord, de venir me parler ? »

Caleb, stupidement, lui demande si son porte-monnaie est cool parce qu’il est à elle. Elle le regarde en grimaçant de nouveau, différemment, cette fois pour faire semblant de le trouver bête, et répond :

« Evidemment ! Débilos. »

Elle lui sourit avec un air adorable, pour adoucir ses mots, en rien sérieux. Elle s’habitue vite aux bêtises, apparemment, et le manque de gravité de leur conversation lui permet de raconter n’importe quoi sans se sentir gênée et commencer à bégayer. En fait, si elle avait eut un peu peur quand Caleb était venu lui parler, qu’elle fasse encore une prestation lamentable en société, elle était très agréablement surprise par la façon dont elle avait réussit à se tenir. D’accord, Caleb n’était pas des compagnies les plus angoissantes et exigeantes – même si cet air mystérieux qui se cachait dans son visage pouvait le rendre un peu déstabilisant, et Mona Lisa avait l’impression d’avoir bien réussit à lui donner la réplique.

Caleb commanda, comme elle, un shoot de rhum, en plus de ceux de vodka. Mona Lisa, clairement influencée par le jeune homme, se regarde avec les yeux plissés et un air malicieux :

« Ha ! Copieur, va. »

Le serveur revient rapidement, chargé de la barre de petits verres d’alcool quasi pur, juste coupé d’un peu de colorant et d’un peut de concentré de fruits, pour donner un meilleur gout et une allure plus sophistiquée à la boisson. Oh bordel, il y a au moins dix verres, soit cinq chacun, en plus des deux shoots de rhum. Mona Lisa commence doucement à regretter son choix : elle sait qu’elle va être faite, après cette série, surtout comme son dîner à été une tranche de mangue. Mais bien sur, elle n’a aucune intention de se dégonfler, et de subir les moqueries de Caleb. Et elle est assez sure que, même bourrée, elle saura résister à Caleb si ses intentions se montrent… contraires à ce qu’il a montré jusqu’ici. Mona Lisa n’est pas une fille à coups d’un soir. Elle n’aime pas ça, elle se sent mal et sale le lendemain. Et les regrets, ce n’est jamais amusant.

Alors que le serveur pose les verres devant eux, Caleb lui donne ce qui semble être sa première réponse franche et sérieuse de la soirée. Et c’est une bonne réponse, que Molly sait apprécier. Elle saisit le premier verre de vodka de son coté, et le lève vers le garçon :

« Bravo. Trinquons à cette bonne initiative !»

[Tu vas la tuer x)]

C’est vrai que « débilos », ce n’est pas la plus mature des insultes ! Mais c’est quand même plus sympa que « conn*rd » ou « triso », non ? Et puis, l’apparence de maturité n’a jamais été le principal souci de Mona-Lisa (même si elle ne se promène pas non plus en prenant une voix de bébé), encore moins avec quelqu’un comme Caleb. Le jeune homme n’avait, en effet, jusqu’ici, pas encore fait preuve d’une grande élévation d’esprit ! Cela ne le rendait que plus amusant, pour l’occasion. Mona Lisa sourit, baissant le visage en riant, quand le jeune homme la dit « méchante », et ajoute qu’elle cache bien son jeu. Elle relève la tête pour le rectifier avec les sourcils haussés par le divertissement :

« Vicieuse, je préfère. »

Elle souriait encore quand les verres de shoots arrivèrent. Il n’y avait pas à dire, elle passait une excellente soirée, sinon en charmante compagnie, en divertissante compagnie. Oh, et puis charmante aussi, par ailleurs. Et elle n’a aucune raison de penser que l’ambiance va retomber. Aidés par un taux sans cesse croissant d’alcool dans le sang, les langues se délient, et Mona Lisa ose plus, parle plus, rit plus. Elle ne se reconnait pas vraiment, en fait, ce soir. Et ce n’est pas plus mal ! Si elle avait été dans sa forme habituelle, à bégayer et raconter des inepties inintéressantes, elle doutait que Caleb serait resté aussi longtemps – ou bien qu’elle soit restée aussi longtemps : elle se serait sans doute rapidement trouvé une échappatoire ! Elle est encore amusée par sa réponse, plus sérieuse pourtant, quand le garçon lui explique qu’il s’adapte. Mignon x)

Il continue à se justifier en lui confiant qu’il veut voir qui tient le mieux à l’alcool. Mona-Lisa n’a pas de doute que se sera lui : sa carrure est tout de même bien plus imposante que la sienne ! Elle proteste, d’ailleurs, pour justifier son état d’ébriété à venir :

« Oui, mais c’est de la triche ! J’ai bu un cocktail quand tu as bu une bière, et c’est bien plus fort. Je pars avec une avance. »

Caleb lance rapidement un autre défi. Oh, non, pas ça ! La jeune anglais sait d’ores et d’avant qu’elle va finir morte, si elle accepte. A la rigueur, en le buvant lentement, un par un, elle pourrait s’en sortir en tout bien tout honneur. Mais si il faut les enchaîner… Mais elle n’a pas l’intention de reculer ! Mona Lisa, ouvrant la bouche avec un air ravi et faussement choqué, avant de répondre :

« C’est ce qu’on va voir. Je suis sure que je serais même plus rapide que toi ! Santé. »

Elle touche rapidement le verre de Caleb, levé aussi, avec le sien, et ne prend pas le temps d’attendre que le tintement ait fini de raisonner pour porter la ration à sa bouche et la vider d’un trait. Le colorant, et le sirop fruité, ne cachent pas beaucoup le bout original de la vodka, mais tapissent la bouche après coup, et diminuent le goût désagréable. Mona Lisa sent le liquide descendre, comme du thé chaud, le long de son œsophage, et s’installer confortablement dans son estomac. Ses joues rougissent un peu, et un gigantesque sourire (record de l’année pour elle, sans doute, en matière de grand sourire) envahit son visage, alors qu’elle se saisit d’un deuxième verre, qu’elle vide de la même façon, en basculant un peu plus la tête en arrière. Elle le repose, soufflant, prise d’un léger vertige qui ne l’arrête pas. Elle vérifie rapidement que Caleb suit le mouvement, et saisit en même temps que lui un troisième verre. En le reposant, brutalement, sur la table, les joues clairement roses, en contraste avec son teint pâle, elle sourit, un peu hébétée. La tête lui tourne merveilleusement. Anticipant le geste de Caleb, elle pose sa main sur son bras, pour l’empêcher de prendre un quatrième verre tout de suite.

« Uh, tu m’attends quand même, mal élevé. Un instant. »

Elle repousse ses cheveux, en se redressant, et rit stupidement, ravi du manège sur lequel elle venait de monter.

Molly lève les sourcils et sourit d’un air prétentieux, imitant de façon grotesque un mafieux blasé, quand Caleb(ou) lui dit que « la vicieuse », ça sonne bien. Troisième grimace de la soirée, c’est de loin la plus réussie, et celle qui lui va le moins bien. Aussi, la jeune efface vite ses faux traits de son visage, en souriant une énième fois. Caleb, quand Molly l’embête avec ses protestations, voulant s’assurer qu’il y ait équité dans la consommation d’alcool, lui répond qu’il commandera un cocktail après, pour les mettre à égalité. Il allait se ruiner ! Mona Lisa secoue la tête, dans un accès de politesse raisonnable, et proteste, dans l’autre sens cette fois :

« Mais non, enfin. On s’en fout, et je n’ai pas envie que tu dépenses trop d’argent à cause de mes bêtises… » Retrouvant une pointe de malice, elle continue, le provoquant de nouveau : « Et puis, de toute façon, c’est moi qui vais gagner ! »

Aussitôt, Molly se trouve confrontée à ce qu’elle vient d’affirmer, en voyant l’objet du défi arriver : les douze verres à terminer. En fait, le savoir qu’elle est sur le point de signer son arrêt de mort – du moins pour la soirée – la fait rire nerveusement, si bien qu’elle parait particulière motivée. L’espace d’un instant, Mona Lisa à l’impression d’être en boîte de nuit, en train de se bourrer la gueule stupidement avec un inconnu. Après une seconde de culpabilité, elle se rassure : elle n’est pas en boîte, déjà, c’est bien. Les gens dans les bars sont en général moins sexuellement obsédés que les gens qu’on croise en boîte. Ensuite, même bourrée, elle sait qu’elle contrôle en général ses actes, sinon sa langue. Et elle ne pense pas que Caleb lui pose problème. Elle décide, pour la dernière fois, de lui faire confiance en saisissant le premier verre et en le levant avec un air sur.

Les verres s’enchaînent, et si Molly s’arrêtent au troisième, c’est qu’elle n’a pas envie de pousser son organisme, presque à jeun. Elle a assez peu envie de se rendre malade, et d’être secouée de spasmes devant Caleb, qui a beau ne pas être un parfait inconnu, est tout de même quelqu’un devant lequel elle souhait garder la face. Il s’arrête quand elle pose sa main sur son avant-bras, et se moque d’elle, évidemment. Molly, retirant sa main, répond au tac-à-tac.

« Il faut savoir savourer un peu. »

Elle attrape un quatrième verre, le lève à Caleb, et le vide d’un trait. Wouh. La tête lui tourne carrément. Elle se concentre pour restée concentrée, et attraper le cinquième et dernier verre de vodka. Elle regarde Caleb le vider, puis fait de même. Elle repose le verre brutalement, avec un grand bruit de verre, qui la fait rire. L’alcool fait clairement son effet, car maintenant qu’elle a commencé, elle ne peut pas s’arrêter. Un rien pathétique. Elle relève le visage, les joues toujours roses et chaudes. Elle pose ses coudes sur la table et montre Caleb du doigt :

« OK. Une petite… pause, avant le rhum. » Elle pouffa, puis soupira : « Ouh la la… » Pauvre petite x)

Caleb a sans doute raison de mettre en doute le fait que Molly tienne mieux à l’alcool que lui. Même si elle avait été habituée à l’absinthe (ce qui, fort heureusement, n’était pas le cas !), elle était clairement défavorisée par sa constitution ! Du fait d’être une femme, déjà, elle tenait moins. Ensuite, son petit gabarit achevait de la rendre facilement saoule. Enfin, ce n’est pas une bleue non plus… Sans réellement avoir de consommation massive régulière, Molly est loin de son premier verre de vie.

Bleue ou bleue, cependant, une ligne de shoots, précédés d’un demi-litre de bière et d’un cocktail chargé, c’est largement suffisant pour être plus que joyeuse. Ne relevant pas la dernière provocation en date de Caleb, ou il avait répété ironiquement la défense de Moly, comme quoi il fallait savourer, Molly pose son dernier shoot de vodka. Elle avait la tête qui tournait, les yeux qui ne regardaient plus droit, et ressentait une curieuse euphorie, qui allait en grandissant. Elle était d’humeur « wouhou », pour ainsi dire. A la pensée de la soirée qu’ils venaient de penser, et de la quantité d’alcool qu’elle avait ingéré, la jeune libraire anglaise se met à pouffer de rire. Son amusement va en accroissant, si bien qu’elle finit par rire aux larmes, sans raison apparente. C’est tellement grotesque. Elle a l’impression d’avoir seize ans à nouveau, et d’être hilare à cause de son état d’ébriété. Elle se rassemble, et réussit à lancer un regard presque sérieux à Caleb.

Quand Caleb suggère qu’elle se mette à danser sur le bar, Mona Lisa détourne son visage, se remettant à pouffer.

« C’est ça, oui ! Je pense que je vais devoir te décevoir sur ce point là. Je ne danse pas, et encore moins sur un comptoir, complètement saoule. »

Elle baisse le visage en gloussant. Il n’y a aucune chance qu’elle se mette à danser : Mona-Lisa se connaît trop bien. Elle est incapable d’enchaîner trois foulées rapides sans tomber, alors, essayer en plus de les enchainer en rythme, c’est signer son arrêt de mort, ou du moins d’humiliation éternelle. Saisissant le verre de rhum, mais se contentant de le tenir pour l’instant, Molly fait un geste de la main vers le comptoir, et réplique :

« Mais vas-y, toi, j’admire ! Je veux une danse du ventre. »

N’importe quoi, la pauvre fille. Toute pudeur semble avoir succombé à l’alcool et à l’amusement. Bien sur, ce n’est que jeu, poussé à l’extrême. Mais il faut en terminer avec l’alcool. Se jurant que c’est le dernier de la soirée, Molly lève son verre, et déclare, presque solennellement :

« Allez, à la tienne ! »

Elle vide le shoot de rhum d’un trait, avant de reposer à grand bruit le verre sur la table, à grand bruit, un sourire triomphant et alcoolisé au visage.

[ Désolé pas top u_u en plus j'ai fait mille ans ==' ]

Soirée des plus intéressantes, surtout cette partie là, quand les deux jeunes gens se mettent à boire, et ce sans raison évidente. Quoi de mieux que de délirer et de raconter des idioties en bonne compagnie. Même si Caleb ne connaissait Molly que depuis quelques heures, il la trouvait juste géniale. La bonne personne pour se marrer sans ambigüité. Parce que en effet, même si elle est très jolie, lui son but n’est en rien de la draguer ou de la souler pour la mettre dans son lit. Juste de passer un bon moment, ce qui est effectivement le cas. A enchainer les verres comme ça, Caleb se sent d’humeur joyeuse, d’avantage que lorsqu’il était arrivé, se rendant compte en premier lieu que non, il ne pouvait plus se permettre de sortir sans prévoir à l’avance, au risque de se retrouver tout seul comme le parfait abruti du coin !

« Et un petit strip en privé tu ferais ça ? xD »

Renchérit le jeune homme, juste mort de rire sur le coup. Il ne peut pas s’empêcher de la taquiner. Mais c’est bon signe, c’est parce qu’il apprécie sa compagnie. Parce que bien entendu, elle a dû le remarquer depuis le début de leur rencontre, il a beau balancer tout ce qui lui passe par la tête, tout ce qui va dans ce sens là et bien ce n’est en rien sérieux !

Quand elle lui retourne la question en l’encourageant à monter sur le bar pour une danse du ventre, Caleb ne trouve rien de mieux à faire que de continuer à jouer avec elle, comme d’habitude, comme depuis le début. C’est juste trop tentant pour ne pas réagir. Il se penche vers elle, venant lui murmurer comme si c’était un secret.

« Nan je peux pas, ils vont tous être jaloux et me sauter dessus vu comment je danse trop bien ! x) »

Tout fière, le jeune homme affiche un sourire triomphant et se remet correctement sur son siège. Pas modeste le petit, surtout que bien entendu il est absolument nul en danse. Surtout la danse du ventre. Mon dieu ! Le massacre que ce serait si lui se mettait à onduler, et surtout dans un bar aussi fréquenté que celui-là x) C’est clair il pourrait dire adieu à toute vie sociale normale xD

Ayant complètement oublié la présence du dernier verre, il regarde d’abord Molly, surpris. Puis, il prend vaguement son verre dans la main pour trinquer, avant de boire d’une traite et de s’essuyer la bouche d’un revers de manche. C’est clair, il dormirait bien ce soir, le matin risque d’être moins drôle par contre. Mais bon faut assumer quand on se met à boire comme un ivrogne, et surtout aussi rapidement que ça.

« Je parie que t’arrives même plus à marcher droit ! »

Lance-t-il dans une énième provocation (a) Il adore être comme ça et personne ne le changera. D’ailleurs, il risque bien de se foutre de la gueule de la jeune femme si c’est effectivement le cas. Bon d’accord, il n’est pas bien placé pour juger, surtout vis-à-vis de ça, mais il trouve qu’elle a l’air un peu out x)

Mona-Lisa éclate franchement de rire quand Caleb suggère ensuite qu’elle fasse un strip-tease. Rien de l’image, la pensée de se dandiner en se déshabiller lentement lui paraît tellement grotesque ! Pourquoi pas sur un fond de musique de Lady Gaga, tant qu’on y est ? Avec des mouvements saccadés. Plus sa pensées s’élabore, plus Mona-Lisa rit, jusqu’à ce que des larmes de stupidité échappent de ses paupières. Il lui suffit d’un nouveau regard sur Caleb, alors qu’elle avait commencé à se calmer, pour repartir d’un nouveau gigantesque élan de rire. L’alcool, elle l’avait senti monter lentement, mais ce n’était que maintenant qu’elle mesurait pleinement ses effets sur elle. Elle dut lutter pour retrouver le sérieux.

De nouveau, elle se met à rire comme une bécasse quand Caleb réplique qu’il danse trop bien pour se produire en public : il ferait trop de jaloux, et se créerait même des ennemis, selon lui. Mona-Lisa, gloussant, secoue la tête en refusant de le croire. Elle répond, l’élocution découpée par un souffle précipité et des éclats de rire perdus.

« Je… deman…mande à voir ça ! »

Elle se rattrape à un coin de table, pour se redresser, alors qu’elle commençait à s’affaisser sur elle-même, penchée en avant. Retrouvant une tenue descente sur la chaise, après une série de gesticulations maladroites, elle parvient enfin à saisir le shoot de rhum, pour finir pour la soirée la consommation d’alcool. Le liquide glacé et réchauffant, rejoignant ses compatriotes dans l’estomac de la jeune femme, fait immédiatement naître un sourire d’une grande satisfaction sur le visage de Molly. Caleb, les joues rouges et un sourire un peu idiot aussi, la met au défi de marcher droit – décidemment, les défis, c’est son truc ! Mona-Lisa ouvre la bouche, scandalisée, et s’exclame :

« Ha ! Pari tenu ! Prépare-toi à perdre ! »

Mona se laisse glisser de la chaise haute du bar. Le sol est une quinzaine de centimètres sous ses pieds, ce qui lui parait, à l’instant, une hauteur considérable. Se tenant ferment à la chaise, déterminée à ne pas tomber (elle n’a pas besoin d’être saoule pour rater une descente d’une chaise de bar), et se laisse doucement glisser, aussi concentrée que l’alcool le lui permet. Ses pieds se posent silencieusement sur le sol, et elle s’exclame : « Aha ! » ; Mais dans un geste pour se retourner brusquement vers Caleb et le narguer, elle trébuche sur la surface plane du sol, et bascule en arrière, avant de se rattraper à la table et de tomber verticalement sur les fesses sur le sol. Par terre, elle se remet à rire, et à pleurer de rire.

( Tu peux boucler ? (: )

Caleb quant à lui imagine très bien la jeune femme s’effeuiller lentement mais surement sur une musique entrainante. Quelle jolie image. Mon Dieu, des pensées pareilles ce n’est pas possible. Enfin il faut dire que même s’il fait son grand et qu’il fait mine que ça ne lui fait rien, en réalité tout ça est loin de la réalité. Ca se remarque principalement à son sourire niais. Et peut-être au fait qu’il dit davantage de conneries qu’auparavant ? Ah, enfin ça, c’est pas dit, il faut dire que ce soir-là il a fait fort, c’est carrément surprenant que Molly soit toujours là. A moins que ce soit grâce à l’alcool qu’elle ne se rend plus compte de rien ? x)

Sur le coup, le jeune homme est incapable de répondre quoi que ce soit. Rien que de l’imaginer se dandiner sur un bar, lui donne des fous rires irrépressibles. Et bien oui, le petit ne sait pas danser, donc généralement il évite, bon après si c’est pour une jolie danse sensuelle avec une jeune femme pourquoi pas, mais une démonstration, plutôt mourir que de monter sur un bar ! D’ailleurs, Caleb a de la peine à comprendre que certaines personnes aiment s’exhiber de cette manière, surtout avec des talons de dix centimètres et des jupes à ras la salle de jeu… Pas très pudique les petites. Enfin là n’est pas du tout la question. Tout fière, Caleb boit d’une traite le dernier shoot qu’il lui reste, en même temps que la jeune femme.

Bêtement, le sauveteur continue dans son petit délire de jeu et de défi. Un dernier défi des plus simples à réaliser, sauf bien entendu quand on a un peu abusé de l’alcool. D’abord il la regarde avec attention, puis grimace quand elle tombe, et se marre comme un idiot quand elle fait pareil. C’est dingue comme on peut rire de tout et de rien aussi facilement que ça ! Descendant à son tour, faisant genre : « héhé moi je sais marcher », le jeune homme fait de son mieux pour ne pas montrer que lui non plus n’est pas tout à fait dans son assiette. Enfin, encore heureux que son état n’est pas aussi avancé que celui de Molly. Il en faut bien un qui garde les pieds sur terre.

« Allez viens, je te ramène chez toi (a) »

Souffle le jeune homme, tout sourire, prenant Molly par le bras pour l’aider à se relever. Bah oui, c’est un amour Caleb (a) Jamais il ne laisserait quelqu’un dans la mouise tout seul, et puis c’est un peu de sa faute si elle a bu, donc il doit y remédier (a) Si tant est qu’elle se souvient encore de son adresse ? Un taxi et hop rien de plus simple.

Bientôt, alors que des larmes de rire viennent se prendre dans les cils de Mona-Lisa, la main de Caleb apparait. Il rit, comme elle, aux éclats. Il ne semble pourtant pas se moquer. Il est juste dans un état joyeux similaire à celui du sien – à la différence que lui, tient encore sur ses pieds. La jeune femme accepte la main secoureuse du garçon, et s’en sert pour prendre appuie et se relever. De retour sur pied, elle examine la salle : le bar des artistes s’est vidé, l’heure étant tardive, et les derniers clients étaient suffisamment souls ou occupés par leurs affaires pour ne pas se préoccuper des deux jeunes au comptoir. Sa chute avait peut-être été remarquée, mais pas relevée, ni source d’intérêt. Elle veut protester un instant, puis, sentant la raison parlant pour Caleb, hoche de la tête :

"Bon, bon... D'accord."

La jeune femme, ne se sentant pas très sûre de son équilibre, et ayant l’esprit embrumé par l’alcool, lance son bras avec une certaine brutalité autour du cou de Caleb, pour s’appuyer sur lui. Elle rit un peu, bas, amusée par la violence de son geste, et installe confortablement son membre sur les épaules de Caleb, qui la tient à son tour. Ensemble, ne marchant pas tout à fait droit, les deux jeunes gens se dirigent vers la sortie – ils sont brièvement arrêtés par un serveur, qui leur demande de payer leur dernière consommation. Mona-Lisa rit de leur oubli, et, après une ultime transaction, ils quittent enfin le bar des artistes. L’air est très frais dehors, et le ciel est déjà bien sombre. Comme l’endroit est assez huppé, plusieurs taxis attendent devant la sortie, au guet de clients-aubaine comme Molly et Caleb. Ils s’embarquent, et Mona-Lisa donne son adresse. S’en suit une dispute pour savoir qui payera le trajet – dispute qui se termine sur le palier de l’immeuble de la jeune femme. Mona paye la moitié du trajet jusqu’à chez elle.

Après une dernière série de blagues douteuses et de piques, les grands adolescents se quittent – Mona est très satisfaite de sa soirée.

Sujet terminé.