No apologies it's time to sink, the more I stay the less I live [Terminé]

Dalila ne s’était pas attendue à avoir des ennuis aujourd’hui. Elle avait commencé la journée bien tranquillement et ne faisait aucune vague. Elle était allée à la plage et puis dans une boutique en ville. Enfin, elle s’était installée sur un banc pour déguster un sandwich. Elle le mangeait tranquillement alors qu’un inconnu vint prendre place à côté d’elle.

Elle se recula un peu, en n’y prêtant pas plus que ça attention, jusqu’à ce que l’homme fasse une remarque sur le sac de sport rouge de la jeune femme. Ce sac, elle l’avait trouvé à l’aéroport. Il trainait seul, sur un tapis mécanique, et tournait en rond. Elle avait longuement hésité à le laisser ou à l’emporter. Elle s’était dit qu’il ne manquerait à personne, puisqu’on n’était pas venu le chercher. Excuse facile, certes, puisqu’il appartenait à coup sur à quelqu’un.

Elle n’avait pas trouvé de nom à l’intérieur, même si une étiquette devait avoir été posée sur le sac, mais semblait s’être abîmée, ne permettant pas de lire les coordonnées. Elle avait même fini par croire que le sac avait été perdu étant donné qu’on ne pouvait pas trouver d’infos concernant le propriétaire. Quoi qu’il en soit, elle s’attendait à tout, sauf à tomber sur Caleb qui avait reconnu ses vêtements et son sac.

Lorsque le garçon commença à lui poser des questions, elle tenta de garder son calme et de donner des informations plausibles, de se défendre du mieux qu’elle le pouvait pour lui faire gober une histoire inventée de toute pièce. Tant qu’il ne s’attaquait qu’au sac, elle pouvait encore se défendre, mais une fois qu’il parla des vêtements, elle se sentit un peu plus mal à l’aise, et avait l’impression qu’un piège géant se refermait sur elle.

Elle le regardait de ses yeux noirs et tenta un nouveau coup de bluff.

« Je ne vois pas en quoi le contenu de mon sac te regarde, tu vois. Tu t’es pas dit que c’était peut-être pas à moi, mais à mon mari ? »

Elle était mauvaise actrice, donc elle ne pensa pas spécialement à écarquiller les yeux, ou quoi que ce soit. Elle, c’était l’énergie de la survie qui l’animait, ce qui faisait qu’elle savait mentir de manière crédible, puisqu’elle jouait sa vie.

Elle se pencha pour ouvrir légèrement le sac et en sortit son t-shirt et son pull.

« Et ça, tu vois, c’est à moi. Mais j’ai fait une tache dessus, donc vu que je repars cet après-midi, je me suis dit que je pouvais mettre ses fringues, c’est pas bien grave. »

Tout ce qu’elle disait ne semblait pourtant pas convaincre le garçon qui semblait connaître la réelle histoire de Dalila et son sac. La jeune femme frissonna sous ses accusations, et se leva d’un coup.

« C’est parce que je suis arabe c’est ça ? »

Demanda-t-elle, jouant la carte du racisme pour s’en sortir. La meilleur défense, c'est l'attaque, c'est bien connu.

« Ou musulmane ? C’est quoi ton problème avec moi ? Parce qu’on a pas la même couleur de peau, j’ai forcément volé ce sac ? »

C’était son dernier espoir. Il fallait qu’il y croit là... XD

Cette petite "histoire" lui coupe carrément l'appétit. Qu'on lui perde sa valise, c'est une chose. Qu'il la retrouve au pied d'une femme dans un parc de Sydney, c'est carrément autre chose. Enfin au moins ça lui apprend qu'il ne sont pas si nul que ça dans les aéroports, au moins ils l'avaient renvoyée dans le bon pays à défaut de la rendre au bon propriétaire ! Pourtant, il y avait une étiquette dessus non ? A moins que celle-ci ce soit fait la malle parce qu'elle était mal accrochée ou parce qu'ils sont de grosses brutes. En fait quand on voyage, on peut s'estimer heureux de retrouver ses bagages, quand à la retrouver en bon état et avec rien de casser à l'intérieur c'est une histoire différente, une qui se trouve probablement dans un autre livre carrément.

Le pire c'est qu'elle est carrément en train de le prendre pour un con. Elle n'arrête pas de répliquer alors que lui, il est persuadé d'avoir raison. Ce n'est pas possible autrement, c'est tout ! Enfin au pire il se trompe et quoi ? Ce n'est pas une raison pour qu'elle lui réponde aussi violemment, la politesse hein alors ? Enfin façon de parler, il y a fort à parier qu'à sa place, si un parfait inconnu venait l'importuner avec une histoire de sac, il l'enverrait bouler. Enfin là n'est pas la question >< Caleb hausse les épaules. A son mari, tiens donc, ça n'explique pas pourquoi elle n'utilise pas sa propre garde robe pour s'habiller au lieu de piocher dans celle de son prétendu "mari". Mari qui s'habille au même endroit que l'anglais visiblement.

Son explication, il n'y croit pas une seule seconde. Il s'apprête à répliquer jusqu'à ce qu'elle lui balance à la gueule qu'il est raciste ! Le jeune homme écarquille les yeux. Il a pleins de vices c'est sur, mais le racisme surement pas. Que les gens sont noir, gris jaune, même violet à point bleu, rien à foutre. Et puis chacun son truc, si elle kiffe prier à genou et se voiler - ce qu'elle ne semble pas faire d'ailleurs. Oui c'est ça, la seule chose qu'il ne comprend pas chez les musulmans c'est pourquoi il y a autant de différence entre les hommes et les femmes, parce que ne dite pas que c'est un choix de plein gré quand on oblige les gamine à se voiler dès neuf ans ...

« 'tain, tu me parlerais pas comme ça si j'étais pas anglais et anglican hein ! Après c'moi le raciste... x) »

Dit-il en fronçant les sourcils, avant d'esquisser un sourire narquois. Bon d'accord, c'est vrai que techniquement la religion musulmane est la plus controversée, mais ça ne change rien aux problèmes. Elle pas le droit de faire ça, balancer des infamies de la sorte pour éviter de répondre à la question.

« Calme toi >< t'as qu'à le garder de toute manière, ça fait un moment que j'attendais de le récup' j'ai du me r'faire ma garde-robe. »

Ajoute Caleb en grimaçant. En effet, son petit jeu de : tu es raciste forcément. avait attiré les regards sur eux. Merci la mauvaise publicité qu'elle était en train de lui faire. Et puis franchement, il préfère lui concéder quelque chose pour éviter la "bagarre", c'est encore lui qu'on allait mettre en cabane pour des trucs qu'il n'a même pas dit, au lieu d'elle qui était clairement coupable. Et ça, ça ne va pas du tout. Et puis franchement, c'est pas comme si elle risquait quelque chose ou comme si il allait l'engueuler - enfin ça si peut-être. Mais s'il apprends qu'elle est dans le besoin, Caleb n'est pas un monstre, il lui le laissera ce foutu sac. Il peut même envisager de lui filer des fringues de filles - vu qu'il vit avec une et qu'elle a mille fois trop d'habits x)

« Oh ! Je ne pensais pas du tout à ça ! »

S’offusqua-t-elle doucement, lorsque le garçon expliqua que oui c’était bien son sac et que c’était la raison pour laquelle il l’avait abordée et non parce qu’il voulait la draguer. Pas une seule seconde elle n’avait imaginé ce scénario. Elle savait qu’elle n’était pas un objet de désir. Déjà en temps normal, on ne pouvait pas dire que les prétendants accouraient à sa porte, mais en plus, elle ne faisait rien pour que tel soit le cas. Elle se fichait de son apparence physique et ces jours-ci, avec des vêtements trop grands pour elle et masculins, elle était sans doute au paroxysme de la non s*xy-attitude.

« Non bien sur je ne les ai pas mangés ! »

Dit-elle en écarquillant les yeux. Ses lacunes en anglais l’empêchaient bien souvent de comprendre l’humour des personnes avec qui elle discutait. Elle comprenait les mots dans leur sens premier et avait du mal à saisir les subtilités de la langue. Ca viendrait sans doute avec le temps.

« J’ai revendu trois pantalons contre du liquide. J’ai eu un souci et pas d’argent, c’est pourquoi j’ai fait ça. »

Se justifia-t-elle, se demandant comment il allait réagir à cette annonce. Il n’avait pas eu l’air de le prendre si mal que ça, elle attendait donc confirmation.

Elle fut un peu surprise lorsque l’homme lui demanda si elle était tentée par un bon repas. Elle hésita sur la réaction à adopter. Plusieurs émotions passèrent sur son visage. D’abord, il y avait de l’outrage. Elle n’était tout de même pas tombée si bas que pour devoir accepter la charité d’inconnus non ? Ensuite, il y eut l’acceptation. Oui, elle était aussi misérable qu’elle n’en avait l’air et suscitait donc la pitié chez les inconnus. Un voile de tristesse se fit aussi sa place sur son visage métissé, avant qu’elle n’ait une idée.

« Ok, mais c’est moi qui régale, je t’ai assez pris de trucs je crois. »

Tenta-t-elle comme compromis, en redéballant son sandwich, qu’elle coupa en deux, une plus grosse partie pour Caleb et la partie déjà entamée pour elle.

« Fromage et crudités, un vrai petit festin... »

Fit-elle en lui tendant le morceau de pain. C’était la première fois que Dalila faisait quelque chose de sympa et un pas vers un inconnu. Ca lui faisait un peu drôle, d’autant plus que ça pouvait paraître insignifiant pour n’importe qui, mais venant d’elle, c’était à considérer comme un magnifique cadeau (a).
[b]

[Moi ça m'a très bien convenu ]

S’il est vrai que porter les vêtements du garçon avec qui on vient de passer de tendres moments pouvait être s*xy, Lila n’en n’avait aucune idée. Ca faisait plus de deux ans qu’elle se forçait à faire l’amour à son mari, juste pour être une bonne épouse. Depuis qu’elle savait qu’il la trompait, ça la révulsait tellement de se donner à lui qu’elle s’en rendait physiquement malade, après l’acte. Bref, on est bien loin des moments tendres. Qui plus est, la jeune femme ne portait pas les fringues d’Ahmed, mais bien celles d’un parfait inconnu qui venait de l’aborder.

Lorsque Caleb parla justement de Mohammed, la jeune femme sentit un frisson lui parcourir l’échine.

« En fait, on vient de se séparer... »

Expliqua-t-elle. Ca n’était pas réellement un mensonge. Ils s’étaient quittés. Elle lui avait laissé comme cadeau d’adieu un joli trou dans le corps, s’il était toujours vivant. Pour sa part, elle avait reçu des bleus qu’elle devrait encore cacher quelques jours. Oui, Lila ne portait pas des chemises pour le plaisir, vu la température, mais bien pour qu’on ne voit aucune trace des marques laissées par l’homme qui a juré de prendre soin d’elle...

Ce n’est pas que Dalila n’avait pas envie de se faire offrir à manger, c’est plutôt qu’elle ne voulait pas déranger l’anglais. Il avait déjà donné assez de sa personne, même sans le vouloir. Après tout, il lui avait permis de mettre des vêtements plus ou moins propres (puisqu’elle les lavait dans la mer ^^) chaque jour. L’égyptienne, très maniaque, n’aurait pas supporté de ne pas se sentir « fraiche sur elle ».

Voyant sa réaction un peu surprise, elle se demanda si elle ne l’avait pas froissé. Elle ne connaissait que les coutumes de son pays et refuser quelque chose qu’on vous offre, c’est peut-être finalement très mal poli. Elle sourit alors qu’il lui proposa de lui offrir le dessert.

« Bon si tu insistes, je crois que je n’ai pas mangé de sucré depuis... bien ça. »

Fit-elle en faisant des yeux ronds. Dans son pays, il y avait tout un tas de gâteaux au miel bourrés de sucre dont elle raffolait, même si elle ne se goinfrait pas. Elle était plutôt du genre à avoir un petit appétit, mais pas parce qu’elle faisait régime, juste parce que son estomac n’était pas bien grand.

« Je m’appelle Dalila au fait. »

Souffla-t-elle, se détendant un peu.

« Me dépouiller. »

Elle rit.

« C’est drôle comme expression. Mais je crois que jusqu’à présent si y a quelqu’un qui a dépouillé l’autre, c’est pas toi. »

Elle haussa les épaules. S’il ne voulait pas, elle n’allait pas non plus le lui faire manger ce sandwich ! C’était un grand garçon et s’il disait ne pas en vouloir, elle n’allait pas le forcer. Pour sa part, elle remordit dans un morceau de son morceau justement et se sentit nettement plus à l’aise à présent. Elle n’aimait pas spécialement les gens, mais elle se sentait en sécurité avec Caleb. Il ne lui voulait visiblement aucun mal et aurait pu saisir plus d’une occasion pour lui causer des ennuis. Pourtant, il n’en fit rien et se contenta de continuer à être plus que charitable avec l’égyptienne.

Du coup, elle se dévoila quelques peu en l’informant sur son prénom musulman. Il en fit de même et elle apprit qu’il s’appelait « Caleb ». Elle n’avait jamais entendu et se demanda un instant si c’était courant, mais garda sa réflexion pour elle-même.

« Enchantée aussi... monsieur. »

Elle lui sourit, en terminant sa partie de son sandwich, gardant l’autre pour ce soir alors. Elle hocha la tête lorsqu’il lui posa la question et s’expliqua davantage.

« Oui, j’ai du partir, mon mari était carrément furax. »

Quel euphémisme. Il l’avait juste balancée dans les escaliers. Et lorsqu’elle avait saisi l’arme, le regard qu’il lui lança avait prouvé que si elle ne l’abattait pas, elle vivait ses derniers instants. Il ne se maitrisait absolument plus, il était comme fou.

« Il n’est pas des plus sympa donc il m’a dit de partir et je dois bien dire que je ne me suis pas faite prier. »

Elle haussa les épaules.

« Ma famille n’aurait pas accepté un divorce ni rien, t’sais ce n’est pas facile, mais bon je ne suis pas malheureuse. »

Je ne suis plus malheureuse. Elle n’était juste pas heureuse non plus. Elle vivait dans une espèce de léthargie. Si Lila n’avait pas dit l’entière vérité, elle n’avait pas non plus raconté un mensonge. Elle avait dilué les évènements et à dire vrai, jusqu’à présent, Caleb pouvait se vanter d’être le seul à avoir eu une histoire se rapprochant le plus de la vérité. Angel croyait qu’elle s’était disputée avec ses parents et Mike qu’elle était en vacances ^^.

Dalila était quelqu’un de confiance. Elle ne faisait jamais de mal exprès, elle tentait juste de trouver des solutions à ses problèmes et parfois ça engendrait des dommages collatéraux. Un exemple : lorsqu’elle avait volé un sac rouge à l’aéroport. Elle l’avait fait pour essayer de se donner un coup de pouce pour survivre au début, avant de trouver une solution à ses problèmes. Et puis, elle s’était mise à vendre les jeans se trouvant à l’intérieur pour se payer de quoi manger. Du coup, maintenant qu’elle retrouvait le propriétaire du sac, elle était bien embêtée et ne savait pas les rendre à Caleb. Elle avait beaucoup de chance qu’il soit si compréhensif. Il ne s’était pas mis en colère, ne l’avait pas insultée et avait été carrément patient à son égard. Un saint ^^.

« Non mais, j’y tiens. »

Insista-t-elle, lorsqu’il lui dit qu’elle ne devait pas se tracasser du fait de le rembourser pour l’instant. Bien sur, il lui faudrait un petit temps pour pouvoir amasser la somme, mais si elle n’était pas obligée de quitter le pays, elle pourrait jurer devant Allah qu’elle ferait son possible pour dédommager l’anglais.

La séparation n’était pas difficile dans le cas de Lila, puisqu’elle n’avait jamais aimé Mohammed. A la base, elle devait avouer qu’elle le trouvait plutôt joli garçon et qu’il avait été très gentil avec elle. Elle avait su apprécier sa compagnie et se mettre à avoir de la tendresse pour lui, mais jamais elle n’avait ressenti les hamsters dans son ventre, les décharges électriques dans son cœur, ni les frissons grâce à une seule caresse furtive. Ca serait sans doute venu avec le temps, ou pas, elle n’en avait aucune idée. Tout avait été gaché lorsqu’elle avait appris que cet abruti allait voir ailleurs, comme si elle n’était pas suffisante. Du coup, elle aurait nettement préféré qu’il cesse de la toucher, n’éprouvant plus que du dégoût à l’égard d’Ahmed.

« J’espère que tu as raison ! »

Elle aimerait réellement se faire à ce pays et avoir la chance de pouvoir y rester, sans que personne ne la retrouve et ne vienne lui créer des ennuis.

« Oh non, je suis loin d’être difficile, je n’ai pas beaucoup de qualifications ! Je prendrai ce qu’on voudra bien me donner. »

Elle n’était pas réellement en position de jouer les fines bouches niveau boulot. Elle avait besoin de quelque chose et puis c’est tout, ça lui permettrait d’arrêter de faire des conneries du style essayer de piquer le gsm d’une parfaite inconnue en plein jour.

« Sauveteur... Pourquoi ça ne m’étonne pas que tu aies un rôle de bon Samaritain ? »

Ok, la référence à la Bible n’était pas des mieux placées pour une lectrice du Coran, mais ça ne voulait pas dire qu’elle n’était pas cultivée et au courant des autres courants religieux justement.

« Ma parole, vous êtes tous journalistes ici ! La dernière jeune femme que j’ai rencontré l’était aussi. »

Elle n’allait pas lui dire que ça devait être un métier passionnant pour éviter d’avoir une sale impression de « déjà vu ».

« Ouais, bien sur. »

Fit-elle d’un air sur d’elle. Elle avait un endroit où vivre. Un banc, une plage, ça lui faisait deux endroits. Elle refusait d’aller dormir chez qui que ce soit, ne voulant pas être plus redevable qu’elle ne l’était déjà. Elle savait que si elle lisait encore la pitié dans les yeux de quelqu’un, elle serait capable d’aller retrouver Angel et de lui annoncer qu’elle acceptait son offre d’emploi.

Dalila n’aurait pas cru instant avoir la ‘malchance’ de tomber sur la personne à qui appartenait le sac qu’elle avait piqué. Du moins, pas aussi vite qu’après quelques jours. C’était vraiment pas de bol. Sauf que..finalement, passer du temps avec le garçon n’était pas désagréable. Elle avait d’abord essayé de l’embobiner en lui racontant une histoire abracadabrante, expliquant le pourquoi du comment elle s’était retrouvée avec pile un sac identique à celui de garçon. Elle avait même imaginé une raison valable pour laquelle elle pourrait porter ses fringues. Évidemment, il n’y avait pas cru une minute, et sans crier gare, la conversation était passée du « qu’est-ce que tu fous avec mes affaires sale voleuse » à une discussion que pourraient avoir deux jeunes gens venant de se rencontrer dans des situations banales au possible.

La jeune femme était habituellement quelqu’un d’honnête et de digne de confiance. Ca n’était que parce qu’elle était dans le besoin qu’elle faisait des choses absurdes comme voler des portables ou des sacs. Ce comportement n’était pas le sien, habituellement. Elle souhaitait réellement le rembourser quand elle en aurait l’occasion et les moyens, ça n’était pas que des paroles en l’air.

Pour détendre l’atmosphère et passer à autre chose, elle commença à délirer, en expliquant qu’elle pourrait toujours braquer une banque pour aller plus vite, tentant de prendre un air sérieux, mais n’étant pas sure de si ça marcherait sur le garçon ou non. Il comprit vite son petit manège et en rajouta.

« Bon à savoir, si un jour j’ai un ennui, j’te passerai un coup de fil pour me fournir. »

Elle sourit, en glissant sa main dans ses cheveux, démêlant doucement les nœuds qui s’étaient formés depuis qu’elle les avait coiffés. Ca lui fit du bien d’entendre le garçon rire. Elle avait l’impression de pour une fois faire le bien et ça lui apportait comme une vraie bouffée d’oxygène.

« Super alors. On ira faire ça tous les deux. C’est tellement passionnant de faire les boutiques. »

Elle sourit de toutes ses dents. Autant elle aimait dessiner et coudre des vêtements, autant elle détestait des essayages dans les boutiques. Elle s’arrêtait quasi à chaque fois devant les vitrines des échoppes, mais elle ne rentrait pas dedans.

Elle plissa un peu le front lorsqu’il l’appela « ma jolie ». Elle n’était pas habituée à ce genre de banalités qui lui paraissaient un peu déplacées. Du coup, elle ne se gêna pas pour, à son tour, en remettre une couche et taquiner Caleb sur sa masculinité. Elle n’aurait jamais pu se permettre de parler comme ça à un homme à Zagazig. Elle fut prise à son propre piège lorsqu’elle entendit la réflexion du garçon et se mit à rougit instantanément, même si elle avait la chance d’avoir une peau basanée, qui masquait un peu son trouble.

« Désolée... »

Souffla-t-elle, un peu mal à l’aise. Elle baissa les yeux et tenta de se reprendre. Elle pouvait essayer de faire de l’humour, mais elle avait clairement des choses à apprendre encore. Il faudrait déjà qu’elle arrive à ne pas rougir dès qu’on lui répondait de manière un peu osée.

« Je te remercie ! »

Conclut-elle, alors qu’il lui annonça que dans sa prochaine vie, il tâcherait de lui faciliter les choses. Bon, au moins il avait compris la leçon ^^. Ils se levèrent tout deux, pour aller prendre un dessert quelque part. Lila plaisanta sur le fait qu’elle allait être tranquille maintenant à ne plus devoir porter le sac, et Caleb joua au macho. Or il était mal barré avec elle, parce qu’elle s’y connaissait en mec égocentriques et irrespectueux ^^.

« Euh, je connais pas grand-chose encore... Mais un truc avec tellement de sucre que ça me donnera mal au ventre. »

Dit-elle en souriant.