The truth will come out [Terminé]

Genesia n’était jamais contre l’idée d’une petite journée cocooning. Elle bossait parfois plus de seize heures par jour six jours semaine, alors profiter de ses vacances n’était vraiment pas un problème pour elle.

« Excellent programme. Je suis pour ! »

Annonça-t-elle, alors qu’elle prenait place aux côtés de son meilleur ami dans le divan. Elle adorait être à son aise et la présence de Lionel ne l’avait jamais dérangée. Il l’avait vue dans toutes les positions – ou presque xd – donc affalée sur le divan était bien peu de choses. En revanche, lorsque Sarah était dans les parages, elle tentait quand même d’avoir l’air civilisée. D’autant plus qu’elle était là en tant qu’invitée, donc elle devait bien se tenir la petite.

« Ca doit faire un siècle que je n’ai plus mangé de pizza. Eliott me l’interdit. Il dit que c’est trop gras. Evidemment je suis pas obligée de prendre la quatre fromages, mais ça a toujours été ma préférée. »

Elle sourit comme un enfant, avant d’ajouter.

« Mais bon là il n’est pas là, autant que j’en profite avant qu’il ne rejette un œil sur mes menus de la semaine prochaine. »

Elle adorait son manager. Il était devenu son ami masculin le plus intime... Enfin, après Tay’. Sauf que parfois la distance faisait qu’elle se sentait par moment finalement plus proche de lui que de celui qu’elle appelait « son meilleur ami ». Et puis leur relation était bien plus simple. Eliott et elle ne coucheraient jamais ensemble. Le latino a en effet fait son coming out il y a des années de cela.

Lorsque Taylor lui dit qu’il devait lui parler, Genesia se releva un peu, grâce à ses coudes et sentit son cœur se mettre à battre plus vite. Allait-il enfin accepter ou refuser ? Elle avait imaginé cent cinquante scénarios, si pas plus, dont celui ou il se jetait par la fenêtre. Elle vérifia d’un regard que cette dernière était bien fermée XD.

Tous ses espoirs disparurent alors que le garçon lui révéla devoir lui parler de Sarah.

* Evidemment. Son monde ne tourne plus qu’autour de la danseuse *

Soupira-t-elle intérieurement. Cependant elle devait être là pour lui comme elle aurait souhaité qu’il soit là pour elle.

« Je t’écoute. »

Fit-elle en lui donnant effectivement toute son attention.

Lionel aurait dû se douter que son programme plairait à la jeune fille. elle était peut-être actrice à présent, et connue, mais elle restait tout de même elle. il se souvenait parfaitement des nombreuses journées qu’ils avaient passées ensemble à ne rien faire ou presque, juste parce qu’ils appréciaient la compagnie de l’autre. Un de ses souvenirs les plus mémorables était cette nuit où ils avaient regardé Love actually. Gin avait passé son temps à baver sur Hugh Grant pendant que Lionel n’avait d’yeux que pour Keira Knightley. D’ailleurs, lorsqu’il y pensait… Sarah lui ressemblait un peu.

Bref, il sourit largement, ravi qu’elle accepta le programme et l’écouta déblatérer sur Elliot son manager et les régimes qui lui étaient imposés. Lionel n’avait pas de régime à suivre, parce qu’il n’en avait pas besoin. À part son penchant pour la boisson, rien ne clochait dans son mode de vie. Il sortait beaucoup, certes, mais faisait énormément de sport sur le plateau de tournage entre deux prises, ne mangeait pas si mal que ça. Puis, les critères physiques dans le monde du cinéma étaient moins stricts pour les garçons que pour les filles. Ça ne devait pas être facile tous les jours pour Gin.

« Exactement ! Il n’est pas là ! Va pour la pizza quatre fromages ! »

Puisque c’était la préférée de Gin, il n’allait pas se priver. Elle était en vacances et elle se devait de passer un bon moment. Elle avait déjà rallongé son voyage de quelques jours. Tay se doutait que cela devait avoir un rapport avec la réponse qu’il devait lui donner. Mais il ne pouvait pas accepter d’être son témoin tant qu’il ne lui aurait pas avouer la vérité sur Sarah.

*Ouais… enfin, si elle te laisse toujours l’être…*

Ginny pourrait bien changer d’avis en apprenant qu’il lui avait menti et qu’il lui mentait toujours, et ce, depuis un bon moment déjà.

Il prit son courage à deux mains et aborda le sujet. Il confia à sa meilleure amie qu’il voulait lui parler. Il vit le visage de la jeune fille changer du tout au tout. Elle devait sans doute croire qu’il allait lui dire si oui ou non s’il voulait être son témoin. Il précisa donc qu’il s’agissait de Sarah.

*Come on Tay, Man up !*

Il prit une grande inspiration en essayant de mettre de l’ordre dans ses idées et de formuler clairement sa pensée. Les résultats ne furent cependant pas à la hauteur de ses espérances.

« … J’ai… J’ai couché avec Sarah. »

*Ah ben bravo !*

Genesia allait sans doute lui rire à la figure en lui demandant pourquoi il prenait un air aussi sérieux pour lui avouer une telle broutille. Elle se doutait bien qu’ils ne passaient pas leur temps à faire de la couture ou du tricot.

« Mais ce que tu dois savoir… c’est que je ne suis pas avec Sarah ! »

Y avait-il meilleur endroit au monde qu’être bien installée dans le divan, avec la télé en fond sonore très bas et son meilleur ami à côté de soi vous promettant une journée agréable ? Genesia avait longtemps attendu qu’ils aient un peu de temps rien que tous les deux. Il y avait d’une part la petite amie et colocataire de Lionel, Sarah, mais aussi le fait que le jeune homme n’avait pas la chance d’être en congés lui. Du coup, l’américaine attendait beaucoup de leurs vraies retrouvailles, comme au bon vieux temps. Le sexe en moins bien évidemment.

Lionel prit un air sérieux que Genesia n’était pas encore sure d’apprécier alors qu’il demanda à lui parler. Alors qu’elle se fit de fausses idées, il eut vite fait de la remettre sur « le droit chemin » en lui annonçant qu’il s’agissait de lui et sa copine. Il avait sans doute juste besoin de l’avis de sa meilleure amie.

La phrase de Lionel laissa Genesia un peu perplexe. Où voulait-il en venir ?

« Bah j’espère bien pour toi. Encore heureux que toutes les australiennes ne sont pas comme Rachel ! »

Enfin, si Rachel était Australienne parce qu’au fond elle ne le savait pas vraiment. Et qu’en plus ça ne l’intéressait vraiment pas.

Genesia ne suivait plus très bien le fil de la conversation. Lionel était maintenant en train de lui dire qu’il n’était pas avec la danseuse.

« Tu veux dire que vous avez rompu ? »

Elle n’était pas sure de tout comprendre.

« Juste après avoir couché ensemble ? »

Elle espérait que ça n’était pas le cas, sinon ça allait être l’ambiance pour les derniers jours de son séjour. Elle trouvait ça tout de même étrange parce que les deux jeunes gens avaient l’air fou l’un de l’autre, donc ça n’avait rien de logique.

« T’as été si nul que ça ? »

Se permit-elle, espérant que son meilleur ami n’était pas au bord du suicide, sinon ça n’allait pas vraiment l’aider ^^.

Lionel aurait dû y réfléchir à deux fois avant de formuler sa pensée. Genesia allait être complètement larguée. D’ailleurs, elle ne semblait pas comprendre où Lionel voulait en venir. Quelque part, ce n’était pas plus mal, mais à présent qu’il avait commencé, il était hors de question de faire marche arrière, même si l’envie était grande. Il leva les yeux au ciel lorsque Gin revint une énième fois sur Rachel, l’ex copine de Taylor avec laquelle il n’avait jamais couché. Ce n’était pas comme s’ils avaient eu énormément le temps de le faire. Ils n’étaient restés qu’un peu moins de deux mois ensemble et même si pour Lionel, deux mois, c’était le temps de faire l’amour approximativement cent-vingt fois, pour Rachel, les choses étaient différentes.

« Laisse donc un peu ma patronne tranquille ! »

Souffla Lionel tout en essayant de rester concentrer sur son objectif. Ce n’était déjà pas facile à annoncer mais si en plus Gin ne faisait aucun effort pour le comprendre à demi-mot, ils n’iraient nulle part.

Genesia comprit ensuite qu’ils avaient rompus juste après avoir couché ensemble et ajouta avec une pointe d’ironie qu’il avait été mauvais. Taylor n’avait pas du tout envie de rire et il garda son air sérieux sur le visage. Il tentait de trouver les mots justes.

« On n’a pas rompu, Sarah et moi… »

C’était un bon début. Ils n’avaient pas rompus, c’était un fait. Maintenant, il fallait qu’il arrive à formuler la suite. Mais à mesure que ses yeux se posaient sur Genesia, son courage s’amenuisait.

« Parce qu’on n’a jamais été ensemble elle et moi… »

Voilà, l’information principale était dire à présent. Sarah et lui n’avaient jamais été ensemble. Ils ne formaient pas un couple et ne formeraient sans doute jamais un couple… Une fille comme Sarah, sortir avec Lionel ? C’était risible. Il prit une nouvelle inspiration.

*Courage…*

« C’est ma colocataire… Je t’ai menti, Gin… »

*Aouch*

Souffla-t-il en baissant la tête. Il n’osait plus affronter son regard. Elle allait lui en vouloir, il le savait bien, mais la bombe était lâchée à présent. Elle était si proche de lui et pourtant, il sentait bien qu’elle allait s’éloigner d’un coup. Presque automatiquement et pour éviter qu’elle ne parte, Taylor s’approcha d’elle et posa sa main sur son bras. Il fallait qu’elle le comprenne comme elle le faisait toujours. Ça n’était pas si grave après tout, mentir au sujet de sa petite amie… c’était puéril, mais pas grave. C’était comme une plaisanterie, non ?

« Sarah a accepté de jouer la comédie, parce qu’elle est mon amie… Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. Je ne voulais juste pas que tu voies le pathétique de ma vie alors que la tienne fonctionne si bien… j’sais pas… J’étais jaloux aussi. J’étais plein de choses… j’étais… »

Il plongea ses yeux dans les siens.

« Je suis désolé, Gin. »

Genesia n’arrivait vraiment pas à se faire à l’idée que Rachel était la patronne de Lionel. Elle se permit une blague grivoise et pas drôle à ce sujet.

« Enfin, au moins elle peut se vanter d’avoir été une fois dans sa vie au dessus de toi. »

Elle marqua une courte pause avant d’ajouter.

« Dans la hiérarchie bien sur. »

Ok, elle était vraiment nulle XD. Elle méritait tous les « oooouuuuuuuuhhhhh » du monde, fallait le reconnaître là.

Lionel ne semblait pourtant pas du tout d’humeur à rire étant donné qu’il n’avait pas sauté sur la dernière remarque de Genesia pour dire qu’au lit il était un dieu ou un truc du genre. C’est ce qu’il faisait en temps normal. Du coup, l’américaine tenta de garder son sérieux et de ne plus s’éloigner du sujet.

« Vous n’avez pas rompu ? »

Répéta Genesia, histoire d’essayer de bien voir si elle comprenait ce qu’il venait de dire. Pour l’instant ça n’était pas le cas. Ils ne sont pas ensemble, mais ils n’ont pas rompu ? Alors que hier encore... Elle évita de lui demander s’il avait bu sinon c’est lui qui allait la jeter par la fenêtre, comme dans le scénario 76 qu’elle s’était imaginé.

« Vous n’avez jamais été ensemble ? »

Cette fois, il avait gagné, Genesia ne comprenait plus rien. C’était une blague ? Oh oui, elle était piégée dans l’émission d’Asthon Kutcher. Trop bien, elle avait toujours fantasmé sur lui ^^. Elle allait le rencontré en vrai quand il lui crierait : « you’ve been punk’d ! ». Elle se redressa donc sur son divan pour avoir un air plus présentable à la télévision et passa la main dans ses cheveux pour les remettre en place. Elle jeta un rapide regard dans la télévision et regretta que l’écran ne soit pas éteint pour ne pas pouvoir s’assurer d’être à son avantage. Elle se maudit aussi de ne pas s’être plus maquillée. Elle espérait qu’Eliott n’allait pas la massacrer quand il verrait l’émission, mais après tout, ça n’était vraiment pas sa faute là.

« C’est pas grave, je te pardonne. »

Fit-elle en affichant un sourire grand jusqu’aux oreilles. Elle savait que son sourire était son atout majeur. Elle ne s’en détacha donc pas. Elle se demanda comment Lionel allait pouvoir la faire tomber dans le piège. Au moins toute l’Amérique ne la prendrait pas pour une hystérique qui piquait des crises, comme elle l’aurait fait en temps réel. Elle restait aussi droite qu’un piquet et écouta la suite.

Son sourire se fana quelques peu lorsqu’il reprit l’explication. Elle lui avait dit qu’elle le pardonnait. Pourquoi allait-il encore plus loin. C’était une blague qu’il lui faisait, n’est-ce pas ? L’américaine était un peu perdue et elle écouta ce qu’il avait à lui dire. Il avoua n’avoir pas voulu paraître minable à ses yeux et avoir été un brin jaloux. Il n’aurait jamais dit de telles choses à la télévision, parce que c’était des choses bien trop réelles. Ses yeux s’ouvrirent grand, ne comprenant pas ce qui s’était passé et dans quelle mascarade elle était tombée.

« Je... Tu... »

* C’est un début *

« Vous n’êtes pas ensemble. Et vous ne l’avez jamais été. »

L’information arriva à son cerveau et tout le corps de la jeune femme se mit à trembler.

« Tu m’as menti ? »

Elle se leva d’un bon, tentant d’être le plus raide possible pour éviter les tremblements.

« Tu m’as menti... »

Lionel leva les yeux au ciel face à la nouvelle blague de Genesia au sujet de Rachel, qui dans un sens le fit bien rire. Mais il ne voulait pas ajouter de l’eau au moulin de Genesia, il prit donc bien soin de ne rien laisser paraitre et i se racla le fond de la gorge pour avoir la permission de reprendre ce qu’il était en train de lui expliquer le plus sérieusement du monde. Il ne fallait pas qu’il perde de vue son objectif.

« Gin… please… »

Il fallait qu’elle le laisse continuer. Lorsqu’il en arriva au fait, Gin eut des allures de perroquets. Son cerveau semblait fonctionnait à du cent à l’heure sans pour autant arriver à se fixer. Il savait ce que cela voulait dire lorsqu’elle faisait ça.

*Pas boooon !*

Elle répétait chacune des phrases qu’il lui disait comme pour les assimiler mieux. Et pourtant, prendre le temps et articuler elle-même les mots n’allait pas changer les faits. Il baissa la tête. Il allait se prendre un sacré savon. Elle allait se mettre à crier, à s’énerver, elle allait le traiter de tous les noms, il le sentait bien. Il ne la connaissait que trop bien. Elle allait…

*Me pardonner ?*

Taylor redressa le visage vers Gin qui s’était soudain redressée du fauteuil tout en déclarant qu’elle lui pardonnait. Ça, ça n’était pas logique, pas du tout d’ailleurs. Se sentant plus à l’aise de savoir que sa meilleure amie comptait –étrangement- lui pardonner, Taylor se livra davantage. Il ajouta des détails et explique le pourquoi du comment à Gin. Il était soulagé qu’elle le prenne aussi bien, même s’il ne trouvait pas sa réaction normale. Finalement, elle avait peut-être changé, et en bien, depuis qu’elle était fiancée à William.

Lorsqu’il eut terminé son explication, il constata que le sourire qui avait orné le visage de Gin s’était effacé pour faire place à une toute autre figure, celle que Taylor avait eu peur de voir apparaitre en premier.

*Oh, oh…*

Elle répéta une fois de plus –une fois de trop- que Lionel et Sarah n’avaient pas été ensemble et n’avaient jamais été ensemble pour s’arrêter sur un fait essentiel… pour elle… il lui avait menti.

« Bien sûr, je t’explique pourquoi, mais tout ce que tu retiens, c’est que j’ai menti… »

*Un tout petit mensonge…*

Lorsqu’il vit qu’elle se tenait raide, il comprit. Elle essayait de ne pas se laisser secouer par les tremblements de son corps. C’était très mauvais signe. Il se leva presque instinctivement pour venir se placer devant elle et la prendre dans ses bras. Avec les années, il avait appris que la demi-mesure avec Gin, ça n’était jamais une bonne solution. Il la serra contre lui sans lui laisser la possibilité de s’échapper.

« Je suis désolée. Je suis désolée… »

Répéta-t-il à plusieurs reprises en caressant ses cheveux en se doutant bien qu’elle allait lutter pour ne pas rester contre lui. Il lui avait menti et manifestement, cette trahison allait loin à Gin. Elle ne voulait même pas savoir pourquoi. Elle avait toujours été du genre à s’arrêter sur un fait sans prendre le reste en considération.

« Gin, je t’en prie… ne m’en veux pas… Je t’aime, tu le sais. Je ne voulais pas te faire de mal. »

Alors que Ginny pensait que la conversation serait légère et sous le signe de l’humour, comme ils en avaient l’habitude, elle se rendit vite compte que sa dérision n’était pas la bienvenue, mais ne sut pas très bien pourquoi. Soit, quand Lionel lui demanda de se retenir de dire des conneries, en d’autres termes, elle se tut et l’écouta avec toute l’attention dont elle était capable.

La jeune femme avait un peu du mal à suivre son ami, du coup, elle crut bon de répéter chaque nouvelle information comme pour la faire entrer dans son cerveau et la digérer, histoire d’être sure de bien comprendre ce qui était en train de se passer. Par contre, elle était complètement à côté de la plaque.

Elle pensait que ce que Taylor lui racontait était tellement farfelu que ça ne pouvait être qu’une machination, que jamais ça n’aurait pu être la réalité. Du coup, elle n’avait pas réagit comme d’habitude, mais avant attendu qu’il ait fini de s’amuser pour qu’il redevienne normal et arrête de lui raconter des bobards.

Lionel sembla quelque peu déstabilisé par l’attitude de son amie, alors que ça aurait du, selon la jeune femme, être le contraire. C’est alors que Genesia compris, avec les explications suivantes, qu’il ne s’agit pas d’une caméra cachée mais bien de la réalité. Taylor a fait semblant de sortir avec Sarah pour ? Pour quoi au juste ? Il y avait-il une raison valable qui aurait pu expliquer un tel acte ? Genesia sentit la colère lui traverser tout le corps. Elle ne put s’empecher de se lever, presque dans un bon pour essayer de maitriser la boule d’énergie négative qui s’était emparée de son corps.

« Excuse-moi, on discutera du reste après, tu veux bien. Le fait est que OUI, tu m’as menti et je ne vois pas quel est l’unique chose qui aurait pu justifier un tel acte. »

Elle n’arrivait plus à maitriser les tremblements de son corps et Lionel s’en appercut. Du coup, il se leva à son tour et la serra dans ses bras. Elle avait envie de se débattre et de se laisser faire à la fois. Elle DEVAIT se débattre, c’était la seule chose juste à faire, mais il la tenait bien fermement, alors elle se permit une seconde de répit avant de reprendre le combat. Elle ferma les yeux un instant, profitant de la seconde, peut-être la dernière de toute son existance où il la tiendrait contre elle, comme ça. Elle grava en mémoire la sensation de la main de Lio la tenant fermement dans son dos, de l’autre dans ses cheveux. Elle tenta de mémoriser l’intonation de sa voix qui lui soufflait des choses à l’oreille, même s’il s’agissait d’excuses dans ce cas si ainsi que l’odeur de son corps qu’elle n’avait pas oublié malgré les années, toutes ces années où elle avait été dévouée.

* Tic, toc ! Minute finie *

Elle se débattit pour sortir de son emprise.

« Tu ne m’aimes pas. Je t’interdis de redire ça une seule fois dans ta vie est-ce que c’est clair. »

Ca n’était pas une question. Elle avait accompagné ses paroles d’un doigt tendu droit vers lui comme pour souligner qu’elle n’avait jamais été aussi sérieuse de toute sa vie.

« Je t’ai peut-être menti deux fois Moi, dans ma vie. La première parce qu’on ne m’a pas laissé le choix, que ma famille m’a fait promettre de ne le révéler à personne. »

Seul Gabriel était au courant. Avec Eliott et Lindsay qu’elle avait informés il n’y a pas si longtemps que ça d’ailleurs. La famille Weastler, réputée, enfin à l’heure actuelle, il n’y avait plus que le patriarche qui l’était, ne voulait pas essuyer un scandale en annonçant le suicide d’Irina après la faillite d’Arthur. Ca aurait été de trop. Du coup, ils avaient fait promettre à l’adolescence de n’en parler à personne. A quoi bon un jour aller trouver Lionel pour lui dire « tu sais quoi ? ma mère n’est pas morte naturellement ». Ca n’avait plus aucune logique.

« Et la seconde c’était pour protéger notre amitié, sinon je t’aurais perdu. »

Elle ne prenait pas le temps de respirer entre ses phrases et sa respiration était saccadée, elle sentait les larmes lui monter aux yeux et ça l’énervait d’autant plus.

« Alors ne me dit pas une seule fois de me calmer ni même de te pardonner, parce que toi t’es raisons, c’est de la merde ! »

Tous aux abris.

« Ce n’est pas à moi à qui ne voulais pas faire de mal, c’était à toi, du coup tu m’as sacrifiée ».

Ok, là, elle y allait un peu fort, mais bon c’était une métaphore.

Genesia pouvait se montrer trop clémente parfois. Gentille souvent. Et il y avait des choses qu’elle pouvait passer à certaines personnes, malgré le fait qu’elle soit rancunière. C’est juste qu’avec son meilleur ami, ce n’est pas pareil. Elle pensait le connaître sur le bout des doigts. Et la réciproque était de mise. Mais apparemment, elle s’est bien trompée sur lui... Pour la seconde fois.

Leur rupture amicale à la plage, il y a plus de quatre ans aurait dû lui mettre la puce à l’oreille. Mais elle lui avait toujours tout pardonné, parce qu’elle l’avait chaque jour tendrement aimé. Bien sur, elle lui pardonnait uniquement après lui avoir passé un savon digne de ce nom, histoire qu’il ne lui reprenne pas l’envie de rejouer à un petit jeu stupide pour la tester, bien qu’il ne l’ait jamais fait. Il savait qu’il avait tout autant à perdre qu’elle.

Leur relation était précieuse, elle était unique. Personne ne les comprenait. Elle n’aurait même pas su dire si elle avait toujours tout compris elle-même. C’était simple et compliqué à la fois. Simple parce qu’il n’y avait qu’avec lui qu’elle était toujours à cent pour cent elle-même. Il lui avait tenu les cheveux plus d’une fois quand elle avait été malade après avoir trop bu, il était venu la rechercher à des endroits incongrus au milieu de la nuit. Lionel avait tout été pour elle. Son ami, le meilleur. Son frère. Son amant. Il avait aussi été pendant sept ans (84 longs mois, 364 semaines ou encore 2556 jours) l’unique amour de sa vie. Son dieu vivant, son homme idéal. Idéal car chacune de ses imperfections, elle les vénérait. Il était clair que si un jour elle avait un enfant, elle aurait aimé qu’il soit comme Lionel. Elle n’aurait quasi rien voulu y changer. Mais il n’avait jamais voulu comprendre ça. Et à présent c’était bien trop tard.

L’américaine s’était laissée attendrir l’espace d’un instant sans lequel elle aurait flanché. Elle avait besoin une dernière fois de puiser sa force en Lionel. Ca serait peut-être la dernière fois qu’elle le pourrait tellement sa colère était grande. Elle savait qu’elle allait être égale à elle-même et dire des choses qui dépasseraient sa pensée, même si sur le moment elle les trouverait justes. Une seule chose était incertaine : comment leur discussion allait se terminer. Avec eux, tout était possible. Une seule phrase, un seul geste pouvait chambouler leur vie.

Lionel ne haussa pas le ton, contrairement à elle. Il lui répéta simplement qu’il l’aimait. Que c’était le cas, et ce malgré l’interdiction de la jeune femme. Elle le haïssait encore un peu plus pour ça. S’il ne lui disait plus qu’il l’aimait, elle pourrait s’en détacher tellement plus facilement. Mais une fois de plus, il avait décidé de ne pas lui faciliter la tache.

Il fallait le reconnaître Genesia n’était pas juste. Elle n’était pas juste envers Lionel. Elle lui passait beaucoup moins de choses qu’aux autres, mais contrairement à ce qu’il pensait, c’était parce que vu qu’elle l’aimait au plus haut point, c’est lui qui avait le pouvoir de lui faire le plus de mal, même si par la suite elle pouvait passer au dessus. Son caractère faisait juste qu’elle était bornée et impulsive. Trop.

En vouloir à Taylor parce qu’il lui avait menti pouvait aussi être une injustice étant donné qu’elle gardait deux choses pour elle depuis bien longtemps. Elle décida quand même qu’il fallait qu’elle le signale, sans préciser quoi, sinon elle aurait été TOTALEMENT injuste. Et ça, elle s’y refusait. Elle avait menti à propos du décès de sa mère, suite à une pression familiale. Elle s’était aussi inventé un amoureux vietnamien vivant à New-York pour faire croire à Lionel qu’elle n’était plus amoureuse de lui alors qu’il était the one. Her special one.

Genesia n’aurait pas su décrire le mélange de sensations qui l’habitaient à présent. Tout ce qu’elle savait c’est qu’elle avait envie de pleurer et que ça la mettait encore plus en rage. Du coup, elle jura, chose qui ne lui arrivait pas si souvent que ça, ou dans des circonstances très particulières. Comme en cette matinée qui, elle l’avait espéré, était la promesse d’un moment inoubliable. Elle aurait dû être plus précise sur sa définition « d’inoubliable ».

L’américain nia son affirmation et tenta de lui expliquer qu’il avait en fait peur de se confier à elle ce qui eut le don de l’agacer. A quoi bon être sa meilleure amie s’il n’osait pas venir la voir et lui parler de ce qui n’allait pas.

« Je pensais que c’était à ça que les amis servaient, mais bon je me suis peut-être trompée. Ou toi... Sur la définition du mot ami. »

Outch. Inutile, bas et blessant. Elle sentit une once de remord poindre en elle, mais c’était trop tard elle était lancée.

« Bien sur que j’ai raison »

Si elle disait quelque chose, c’est que c’était vrai. Non mais quel idiot ce Tay des fois XD. Il releva les yeux vers elle, en entamant la suite. Son front se plissa quand il annonça qu’il avait mal en la voyant. Elle préféra commencer par le plus dur pour terminer par le plus doux. C’était ce qu’il y avait de plus raisonnable. Et elle avait encore une once de raisonnabilité en elle, qui pourrait bien vite partir au fur et à mesure de l’augmentation de sa colère.

« J’aurais jamais cru que tu pourrais être jaloux de moi ! Ou encore ne pas souhaiter mon bonheur. Je... »

Elle fit un geste d’abandon de la main, en calmant son ton.

« Je ne te comprends vraiment pas. Mais... »

Il fallait qu’elle le dise, il fallait qu’elle le sorte, surtout qu’ils prenaient le risque de ne pas se voir pendant un long moment au terme de cette discussion. Alors il fallait qu’il sache.

« Tu n’as jamais été un boulet pour moi. Pas une seule seconde. »

Elle ne baissa pas les yeux un seul instant, pensant chaque mot qui sortait de sa bouche, bien plus que lorsqu’elle sortait des aneries blessantes. Une larme roula le long de sa joue, qu’elle essuya avec rage du bout de son poing fermé.

« Et bien sur j’étais surprise, mais surtout déçue que tu ne m’en aies pas parlé avant. Je croyais que notre amitié battait de l’aile parce que tu me cachais des choses. Je ne pensais pas que tu me faisais croire qu’on allait mal pour ensuite tout gacher. »

Et après on allait dire que les filles étaient compliquées. La dernière remarque de Lionel la bouleversa. Il était vrai qu’elle ne s’était pas imaginé une seule seconde qu’il puisse se sentir de la sorte, mais d’un autre côté, s’il ne lui en parlait pas, comment pouvait elle le savoir ?

Taylor revint poser ses mains sur la jeune femme, sur ses joues pour être exacte, et ça eut pour effet de calmer instantanément un peu la jeune femme. Le contact de Lionel lui avait toujours fait cet effet. Elle l’écouta donc jusqu’au bout, sans le couper.

« Peut-être... »

Elle hésita, signe qu’elle s’était radoucie.

« Peut-être que tu ne m’as pas assez regardée que pour t’apercevoir que je ne t’admire pas uniquement quand tu joues de la guitare ou quand tu me fais croire que tu as changé du tout au tout. »

Cette fois, elle baissa les yeux, et pendant qu’elle cherchait ses mots, de petites gouttes d’eau vinrent se crasher sur ses joues, deux secondes auparavant encore entre les mains de Taylor, dont elle s’était à présent dégagée.

« Et la preuve c’est que tu penses que tu as été un poids pour moi alors que tu as été, que tu étais, jusqu’à il y a cinq minutes la personne la plus importante dans ma vie. LA personne. »

Elle secoua sa tête en se reculant d’un pas, histoire de ne pas céder à Lionel et aux gestes éventuels qu’il pourrait avoir. Il fallait qu’elle mette de la distance pour ne pas le laisser la piéger si facilement.

« Tu te trompes quand tu crois que ton avis ne m’importait pas sur mon mariage, ni même ta façon de réagir ? Tu croyais quoi ? Que je te demandais d’être mon témoin par hasard ? Non, j’avais simplement deux bonnes raisons. La première c’est simplement que son témoin ça doit être un pilier, un soutien, la personne qu’on préfère parmi toute l’assemblée excepté le marié quand même parce que des fois des filles choisissent des filles et se marient avec des hommes... »

Elle marqua une courte pause, sentant qu’elle s’éloignait à nouveau du sujet.

« Bref. La seconde raison c’est que justement je voulais que tu réagisses. Je voulais que tu me dises non. Que tu ne pourrais pas que ça serait trop dur pour toi. C’est clair que c’est terriblement égoiste, mais c’était un moyen pour moi de savoir ce que tu pensais et t’as même pas réagit. Alors comment oses-tu prétendre que je ne m’inquiète pas de toi et de savoir ce que tu ressens ? Idiot... »

Lionel n’avait jamais aimé affronter Gin. Il n’aimait pas les batailles, les querelles entre amis en général, mais avec Genesia c’était encore pire. Il la connaissait par cœur. Il savait comment elle allait réagir, ce qu’elle allait dire, le genre d’argument qu’elle invoquerait. Ginny était une fille plus qu’intelligente. La preuve que l’on pouvait être à la fois être belle et futée. Elle trouverait toujours un moyen de lui prouver qu’elle avait raison depuis le début. Cela ne servait de rien de se battre contre elle.

Alors pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient, Lionel décida de laisser tomber. Il ne voulait pas entre dans une nouvelle joute verbale qui tenterait de déterminer qui avait le meilleur talent d’orateur. Ce soir, il laissait volontiers la place à son amie. Fini les discussions sans fin qui ne terminaient que par des blessures des deux parts. Il n’en voulait plus.

Il savait à quel point cela pouvait les détruire. Il n’avait rien oublié de la conversation qu’ils avaient eue sur la plage quatre ans auparavant. Certes, Lionel avait appris de cette erreur. Il en avait conclu que Gin serait à jamais la fille la plus importante de sa vie et jusqu’à lors il n’avait pas failli à cette promesse. Jamais Rachel n’avait eu place plus importante qu’elle. Toutes les filles de ces dernières années n’avaient été que des passades. Lionel prétendait souvent qu’il n’avait ni le temps ni l’envie de s’attacher à quelqu’un, de se mettre en couple. La réalité c’était aussi qu’il ne voulait pas risque de perdre Gin. Elle était loin, elle était aux Etats-Unis, de l’autre côté de la terre. S’il s’était mis en couple, il aurait risqué de faire de cette nouvelle personne la fille la plus importante de sa vie, et ça, il ne l’aurait pas supporté. Il n’y avait pas de pire pensée que d’imaginer que Genesia Weastler ne fut pas le centre de son monde. Elle était tout, elle était ce qu’il avait de plus précieux au monde. Leur amitié, qu’il savait forte malgré tout, représentait son souffle de joie, de vie et d’espoir. Il avait basé les décisions les plus importantes de sa vie en fonction de Gin.

Le rôle de James Dane… il ne l’aurait probablement pas accepté s’il n’avait pas vu que de son côté Gin réussissait dans une série du même genre. Il n’était pas du tout intéressé par le personnage. C’était son agent qui lui avait conseillé de passer l’audition. D’ailleurs, Lionel était arrivé en retard à l’audition et avait fait la connaissance du producteur dans l’ascenseur alors qu’il repartait. Il lui avait trouvé tellement de ressemblance avec le personnage qu’il l’avait engagé. Il n’avait pas vraiment de mérite.

Alors, lorsqu’il la regardait, il ne pouvait s’empêcher d’avoir un pincement au cœur. Il ne voulait pas qu’elle lui en veuille. C’était la pire des choses qui pouvait lui arriver. Tay ne haussa pas le ton. Il demeura presque stoïque. Il calma quelque peu son amie en la prenant contre lui, mais elle se défit de son étreinte. Si elle voulait laisser éclater sa rage, qu’elle le fasse. Lionel supportait sans broncher tout ce qu’elle avait à dire, aussi difficile ce fut. Et il connaissait bien la personnalité de son amie. il n’allait pas passer un agréable moment… mais il le subirait. S’il fallait en passer par là pour qu’ils se comprennent à nouveau, il passerait par là. De toute façon, Lionel savait très bien qu’il ne pourrait jamais en vouloir à Gin pour ce qu’elle allait lui dire. Il l’aimait trop pour cela.

Il ne pourrait jamais se défaire d’elle et si elle décidait de partir, il la suivrait jusqu’à ce qu’elle lui promette à nouveau qu’elle et lui, ce n’était pas une simple amitié, Lionel et Genesia, c’était Forrrever.

Tay avoua à demi-mot à Gin qu’il avait peur de lui confier ses erreurs et Gin rétorqua qu’ils n’avaient pas la même définition du mot ami. Il hocha la tête. Le moment douloureux venait de commencer. La première pique était lancée.

« Un ami est une personne qu’on essaie de ne pas décevoir… Ma meilleure amie, mon unique, est celle à qui on ne veut montrer que le meilleur… »

Ne comprenait-elle donc pas ? Sa vie entière était basée sur ce simple principe : Il ne voulait jamais la décevoir. Il ne pouvait pas échouer, dans aucun domaine. Il ne pouvait pas lui montrer ses faiblesses. Il devait être parfait pour elle, comme il avait toujours dû l’être depuis qu’il était tombé amoureux d’elle sur scène.

Il grimaça doucement lorsqu’elle rajouta qu’elle avait raison. Il le savait, ce n’était vraiment pas la peine d’en faire une montagne et de commencer à danser autour de lui en riant. Il saisissait le principe.

« Je ne suis pas… jaloux ! Je...»

Précisa-t-il, se rattrapant de justesse pour ne pas s’énerver. Elle avait vraiment le don pour trouver les mots qui le ferait réagir.

« Je souhaite ton bonheur, c’est tout ce que je veux… ça me rappelle juste que je ne suis pas comme toi. Je n’ai personne d’autre à part toi, moi. Et puis… Je ne voulais pas que tu prennes pitié de mon pauvre cas… »

Gin aurait été tendre et attendrissante avec lui s’il lui avait avoué souffrir d’un manque d’amour… ou bien elle aurait ri. Il ne savait pas trop. Peu importa sa réaction, il avait voulu l’éviter à tout prix. Il n’avait pas envie qu’on le console, il se consolait tout seul ou dans les bras de Sarah… qui lui avaient permis d’oublier bien des choses pendant une nuit. Il n’avait pas non plus besoin qu’on l’accable… il s’accablait assez tout seul.

Il rit quelque peu lorsqu’elle lui souffla qu’il n’avait jamais été un boulet pour elle.

« C’est faux… mais c’est gentil de le dire… »

Il avait été plus d’une fois un boulet pour elle. Lorsqu’elle devait le ramener alors qu’il était complètement saoul, et ça n’était pas arrivé qu’une fois. Lorsqu’il décidait de ne plus se pointer en cours et qu’elle lui sauvait la mise en venant le chercher par la peau des fesses, parfois même au sens propre du terme… Encore maintenant, lorsqu’il lui imposait ses minuscules problèmes alors qu’il y avait bien pire dans le monde. Taylor n’estimait pas avoir le droit de souffrir plus que quelqu’un d’autre.

Il ne pouvait décoller ses yeux de son visage. Il regardait les larmes couler le long de sa joue, son poing venir l’effacer. Gin lui expliqua qu’elle avait été déçue de ne pas apprendre plus tôt pour Sarah. Lionel eut un léger rire. Il ne lui en avait pas parlé plus tôt tout simplement parce qu’elle n’existait pas plus tôt. Cette relation avait été inventée de toute pièce et rien de ce qu’ils avaient raconté sur leur histoire n’était vrai… quoique, ils avaient tout de même utilisé quelques souvenirs réels. Anyway…

« On n’allait pas mal… J’allais mal, et j’ai mal réagi en pensant que je me sentirais mieux d’avoir quelqu’un… Et j’ai aimé ça…. jouer le jeu… avoir le sentiment, même si ce n’était qu’un leurre d’avoir quelqu’un… »

Il ne voulait pas dire qu’il craquait pour Sarah, même si elle représentait la fille presque parfait à ses yeux. Elle n’était pas Gin. Ce qu’il avait voulu dire, c’était tout simplement :

« Tu me manques… »

Taylor avança vers son ami et posa ses mains sur ses joues rougies par les perles salées qui s’étaient échappées de ses yeux. Il lui sourit doucement. Elle s’était calmée. Il avait pu le sentir dans l’instant. Il avait posé ses mains sur elle et la jeune fille s’était apaisée.

*Peut-être ?*

Il hocha doucement la tête lorsqu’elle lui expliqua qu’elle ne l’admirait pas que lorsqu’il faisait quelque chose de particulier. Il le savait. il savait qu’elle ne pensait pas comme ça et il aurait un bien piètre ami de la voir autrement. Mais c’était dans ses yeux… cette lueur qui prenait place lorsqu’elle était fière de lui… cette flamme dans ses yeux n’avait pas de prix.

« Jusqu’à il y a cinq minutes… »

Souffla-t-il comme si elle venait de lui enfoncer un poignard en plein cœur. Cela voulait-il dire qu’elle n’était pas prête à oublier son mensonge et à parler avec elle, à repartir sur de bonnes bases ? D’autant qu’il avait été la personne la plus importante de sa vie… LA personne, disait-elle. Un fin sourire siégeait sur son visage.

« Et William… »

Ne put-il s’empêcher de demander. Son cœur se serra sans qu’il ne comprenne très bien pourquoi. Il n’était pas jaloux de William, pas une seconde… sauf quand il pensait à la famille qu’ils allaient former alors que cela aurait dû être un privilège réservé à lui et uniquement lui. Il aurait dû être le père du premier enfant de Gin, c’était ça le plan…

Gin se recula et Taylor la suivit du regard. Elle s’était radoucie et ne criait plus. Elle était belle. Elle était Ginny tout simplement. Il l’écouta lorsqu’elle lui avoua que son avis lui importait, qu’elle lui avait demandé d’être son témoin pour le faire réagir.

« Non, pas par hasard… mais uniquement pour la première raison… »

Il n’avait pas songé une seule seconde qu’il y aurait pu avoir une seule seconde. Il était, pour elle, son soutien, son pilier. C’était important pour lui de conserver cette place qu’il s’était fait auprès de la fille la plus extraordinaire du monde. Il ne fallait pas qu’elle l’abandonne.

« Tu t’imaginais que j’allais réagir ? Je ne ferais rien pour te décevoir… tu aurais été déçue que je ne sois pas ton témoin… »

Il aurait sacrifié ses principes, et ses envies juste pour lui faire plaisir oui. Il ne supporterait jamais l’idée de lui faire de la peine. Il se plierait en quatre pour elle et lorsqu’il la blessait, comme maintenant, c’était bien malgré lui. il aurait pu ne jamais lui avouer que sa relation avec Sarah était truquée. Il aurait parlé de rupture un peu plus tard, et Gin n’en aurait jamais rien su, mais elle avait voulu être honnête avec lui.

« Je sais que tu t’inquiètes pour moi… Je sais tout. Je te connais par cœur Gin. »

Il s’avança à nouveau vers elle. En ce moment, il ne supportait pas d’être éloigné d’elle. Il la prit dans ses bras parce qu’il en mourait d’envie et posa son front contre le sien.

« Tu veux savoir ce que je ressens ? »

Il tint sa phrase en suspens sans pour autant réellement tenir compte de la réponse de son amie. Il la fixa dans les yeux, son visage à quelques centimètres du sien.

« J’ai peur de te perdre… J’ai peur de me réveiller un matin tout en sachant que tu as ta vie, là-bas, aux Etats-Unis, et plus le temps pour me rendre visite… plus de temps pour moi, tout simplement. Je sais que je ne peux pas éternellement t’empêcher de vivre ta vie. Mais j’ai la gorge serrée à l’idée de ne plus pouvoir te serrer dans mes bras… »

Il sourit une nouvelle fois et passa son pouce sur sa joue pour caresser les derniers restes de larmes qui s’étaient échoués sur sa joue. Il embrassa son front.

« Tu devais avancer. Je voulais que tu sois certaine d’avancer, en sachant que j’avançais aussi… I wanted to get you to move on. I had to let you go… cause I love you, you idiot ! »

Lionel et Genesia avaient toujours formé un binôme. Même sans laisser Lindsay à l’écart, ils avaient toujours eu ce lien si particulier. Leur meilleure amie appelait ça le coup de foudre, eux se contentaient de croire qu’ils étaient tellement semblables qu’ils auraient pu être frère et sœur. Ils se comprenaient parfois sans se parler, concernant de multiples sujets, mais quand il s’agissait de sentiments, ils avaient beaucoup plus de mal.

De nouveau, leurs similitudes leur jouaient des tours. Aussi bien l’un que l’autre avait du mal à se montrer sous un mauvais jour, que ça soit pour ne pas plomber le moral de son ami avec ses petits tracas ou encore pour ne pas sembler minable et dépressif. Pourtant, l’un et l’autre, ils en avaient traversées des épreuves. Si seulement ils n’avaient pas coupé la communication à un certain niveau... et en y réfléchissant bien, Genesia savait exactement où le premier problème était survenu. C’était la première fois qu’ils avaient couché ensemble. Après une soirée bien trop arrosée. Ils s’étaient retrouvés sans personne d’intéressant avec qui passer la nuit et ils avaient commencé à jouer et à se dire à quel point ils s’aimaient, à se faire des caresses, des bisous et puis ça avait dégénéré. Sauf qu’après cette soirée, ils avaient tous les deux fait comme si rien ne s’était passé... avant de remettre le couvert un nombre impressionnant de fois tout de même.

Il n’y a qu’à Longwood qu’ils avaient parfois réussi à mettre des mots sur leur relation, sur ce qu’ils ressentaient, mais leur problème de timing avait plus d’une fois fait de son nez. Lorsqu’elle se sentait prête à lui avouer qu’il était toute sa vie, il lui annonçait avoir une petite amie et vice-versa. On pourrait résumer leur histoire en disant qu’ils n’avaient juste pas eu de chance. Quoi que l’amitié de Lionel était la chose la plus précieuse au monde, donc Genesia ne pourrait jamais s’estimer comme étant une fille qui n’avait pas de chance. Au contraire, elle était la plus chanceuse du monde d’avoir des amis aussi fidèles, principalement son Liolio. Enfin, jusqu’à il y a peu apparemment.

Ca devait vraiment être l’air d’Australie qui faisait qu’ils se prenaient la tête, car jamais auparavant ils n’avaient aussi souvent monté le ton aux Etats-Unis. Bien sur, Linsday les tempérait et jouait souvent le rôle de médiateur en leur faisant voir du point de vue de l’autre et ça a résolu bien des conflits débiles. Mais en ce moment, Gin n’avait pas l’impression qu’elle en voulait à Lionel pour quelque chose de « débile ».

Genesia lança la première attaque alors que Lionel se montrait pour une fois relativement pacifiste. Elle devait bien avouer que ça l’étonnait et ne sut trop comment réagir. Elle fit donc comme d’habitude. Lionel asséna le coup, sans broncher. Très calmement, il donna à son tour sa définition de ce qu’est, selon lui, un ami.

« Mais Lio, je m’en fou moi que tu me déçoives pour des choses futiles. Sérieux je préfèrerai mille fois ça plutôt que de me ramasser un ramassis de connerie en pleine figure. »

Elle soupira avant de continuer.

« Je ne joue pas moi, avec toi. Je suis sincère et tu m’as vue sous tous les angles, avec mon millier de défauts et je dois aussi te décevoir par moments, si pas plus que ça. Et moi aussi ça me fait mal cette pensée, mais d’un autre côté tu es toujours là pour moi. »

Elle ne savait pas si elle arrivait à bien se faire comprendre ou pas. Elle prit une respiration avant d’ajouter.

« Si tu me faisais plus confiance, si tu faisais plus confiance à notre amitié, tu verrais que je serais là pour toi, même dans les moments les plus difficiles et qu’on pourrait les affronter ensemble, côte à côte plutôt que de se battre de front. »

Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi il lui avait fait ça. Ils étaient bien non ? Heureux. Genesia ne l’aurait jamais pris pour un pathétique parce qu’il n’avait pas de petite amie, elle savait que Lionel était le garçon qui avait le plus de facilité à séduire n’importe quel habitant de la planète avec son adorable gueule d’ange. Et il aurait très bien pu être un célibataire épanoui et bien dans sa peau.

Lionel lui avoua ne pas avoir prit aussi bien qu’il l’avait fait croire le bonheur peut-être un peu trop parfait à ses yeux de sa meilleure amie. Pourtant, s’il lui avait plus parlé, il se serait rendu compte que tout n’était pas rose dans sa vie, même si à nouveau, elle avait très peu de raisons de se plaindre. S’il avait pris la peine de plus s’occuper d’elle plutôt que de s’isoler sans rien lui dire, sans qu’elle ne comprenne pour aller manigancer des plans à la mords-moi le nœud. Il réagit vivement au fait que Genesia s’insurge du fait qu’il ait pu être jaloux de son bonheur.

Il manqua de hausser le ton mais se montra d’une grande maitrise qu’elle ne lui connaissait pas encore. S’il ne l’avait pas énervé, elle l’aurait sans doute regardé avec « ses yeux admirateurs ». Mais bon, pas de bol, ça ne serait pas pour tout de suite.

« Parce que tu crois que j’ai des tas d’amis que je peux vivre ma vie sans toi parce que j’ai un boulot de l’autre côté de la planète ? Mon dieu mais t’es plus atteint que ce que je ne pensais ! »

Elle tapa du pied de frustration. Il le faisait exprès ou quoi ?

« Aux Etats-Unis j’ai royalement deux AMIS. Des vrais. C’est tout. Et encore je compte Lindsay dedans. Le reste c’est juste des connaissances. Je sais que la vie est trop précieuse que pour laisser des abrutis prétendant vouloir notre bien nous la gacher. »

Elle planta son regard dans les yeux de son interlocuteur.

« Et mon meilleur ami, le principal, celui que je garderais si on me disait que je ne pouvais prendre qu’une seule personne sur une ile déserte et bien ça serait toi. Je ne vois pas pourquoi j’aurais pu avoir pitié puisque je pense la même chose. Je sais que dans le fond, je n’ai à que toi de constant, d’éternel parce qu’on s’est promis d’être là pour toujours, l’un pour l’autre. »

Ohlala qu’il lui cassait les pieds à faire le vilain petit canard qui n’acceptait pas ce qu’elle venait de dire et qui faisait genre c’était juste un compliment pour lui faire plaisir. Elle n’avait jamais pensé qu’il était un boulet. Ok, peut-être une ou deux fois quand il tentait de lui casser ses coups avec des garçons, mais après tout, elle avait bien fait pareil. Ils étaient deux boulets. [Ca serait trop mal venu de mettre la blague des boulettes dans un four, mais j’y pense très fort.]

« Lio tu pourrais avoir des tas de filles. Elles t’ont toujours couru après. Alors à quoi bon avoir inventé ça, sérieusement ? »

Rien que de penser au fait qu’ils aient joué la comédie devant elle pendant cinq jours. CINQ JOURS. Ca la répugnait.

« C’est terriblement pervers ce que t’as fait parce que tu aurais très bien pu me faire croire que tu avais quelqu’un, éventuellement me montrer une photo de vous deux... mais là... »

Elle n’arrivait pas à croire qu’il lui ait fait ça pour du vrai. C’était tellement irréel.

« Tu t’imagines que t’as du demander à quelqu’un de t’embrasser, de faire comme si vous aviez un passé en commun, comme si vous étiez en couple. »

La rage refaisait surface.

« Vous avez dû bien vous moquer de moi pendant que je marchais à deux cent à l’heure. »

Alors qu’ils débâtirent du fait que Genesia avait toujours admiré Lionel, la jeune femme laissa échapper que jusqu’à il y a cinq minutes il était la personne qui comptait le plus pour elle. Ce fut au tour de Lionel de jouer les perroquets et l’américaine constata que c’était sans doute pour accuser le choc. Ca n’était pas spécialement agréable à entendre, quoi qu’il aurait pu aussi être surpris. D’ailleurs, il demanda à son amie où elle plaçait son fiancé dans tout ça.

« William vient de prendre de plein droit la première place à présent. Il se bat depuis plus de quatre ans invisiblement contre toi. Je le vois bien qu’il croit que jamais il n’arrivera à ton niveau dans mon cœur, dans mes souvenirs, à obtenir ton importance. »

Elle passa une main dans ses cheveux, et fit glisser une mèche derrière son oreille.

« Tu me connais, tu sais ce que je pense de la vie et de l’amour. Tu le sais que je ne crois pas à l’amour toujours et que j’étais peut-être la dernière personne prédestinée à se marier de tout Manly. D’un autre côté, après toi, William était la personne avec qui j’avais le plus envie d’être. Et il a été plus que courageux vu notre lourd passé en commun, ce gars il est... juste extraordinaire. »

Elle ne le méritait pas. Oh que non elle était si imparfaite comparée à cet ange tombé du ciel pour la ramener sur le droit chemin.

Ils dérivèrent sur le mariage imminent des deux américains et sur la fameuse question à laquelle Lionel n’avait jamais répondu.

« J’aurai râlé de toute façon. Si t’avais accepté sans rien dire ça m’aurait déçue et si t’avais refusé aussi. Tout ce que je voulais c’est qu’on en parle, mais ces derniers temps on n’y arrive plus. On n’est plus nous-mêmes et... on devient un peu des étrangers... »

Il fallait bien le reconnaître, ils avaient évolué depuis quatre ans et ça n’était pas toujours dans le sens positif. Alors que Genesia avait tenté de remettre de la distance entre eux, Lionel se rapprocha tout en prétendant la connaître par cœur.

« Pourquoi tu me fais du mal alors ? Si tu me connais si bien, tu pourrais si facilement éviter ça...»

Articula-t-elle avec difficulté, avant qu’il ne s’apprête à révéler ce qu’il avait sur le cœur. Il plaça son front contre celui de l’actrice et elle ferma les yeux, ses yeux si fatigués par les émotions qu’elle avait du essayer de contenir et de refouler. Elle les rouvrit lorsqu’il lui posa la question. Bien sur qu’elle voulait savoir. En la regardant bien en face, il lui déballa ce qu’il avait sur le cœur.

Ginny ne l’interrompit pas, elle avait du mal à trouver ses mots et une fois de plus elle se reconnu exactement dans ce qu’il était en train d’énoncer.

« Et toi il y a quatre ans, tu avais toujours des copines, des potes, à ce moment-là de ma vie j’ai eu l’impression que tu n’avais plus besoin de moi. Que... la perte du bébé n’était finalement pas si grave que ça, que la vie continuait normalement et que peu importe que je sombre dans la folie ou pas tu t’en foutais. »

Elle se mordit la lèvre pour s’empecher de se remettre à pleurer.

« Je t’ai perdu à ce moment-là. J’ai sû que tu pourrais très bien te passer de moi et être heureux sans ma présence à tes côtés. Quand mon père à décidé que ma cure se ferait aux Etats-Unis je n’ai pas lutté un seul instant pour rester ici. Parce que justement je ne voulais pas être un fardeau et t’empêcher de vivre ta vie comme tu le souhaitais. »

Elle sourit à leur bêtise, ils étaient tellement idiots tous les deux.

« Et accepter la demande en mariage de William, c’est aussi pour toi que je l’ai fait. Pour te montrer l’exemple. Pour que tu prennes confiance en la vie et que tu voies toutes les grandes choses que tu peux accomplir, même si je ne suis pas la pour te tenir la main. »

Elle haussa les épaules.

« Mais ce n’est pas parce que j’ai dit oui que je n’aurais pas besoin de toi. Si j’avais le choix, je souhaiterais t’avoir tous les jours à mes côtés."

Elle osa enfin pour la première fois un geste tendre et fit glisser le revers de sa main sur la joue de Lionel.

« Te voir sourire à mes bêtises, passer des heures à discuter de tout et de rien et bien sur... »

Elle marqua une courte pause avant de le regarder avec ses yeux plein d’étoiles.

« T’écouter me chanter des chansons... »

Qu’ils étaient bêtes tous les deux. Ils se chamaillaient pour quelque chose qui leur semblait tellement important sur le moment alors qu’ils savaient pertinemment bien que dans deux mois, ils s’en souviendraient sans pour autant que cela les touche. Ils s’étaient disputés maintes fois et toujours solution avait été trouvée. Parfois, il ne suffisait que d’une bonne discussion. D’autres fois, il leur fallait un peu de temps à part pour pouvoir mieux se retrouver et quel genre de retrouvailles, c’était toujours très fusionnel et passionnel. Lionel avait du mal à croire que cela faisait presque quatre qu’il ne s’était plus disputé aussi fortement avec Gin. La distance, le manque de conversation, et puis surtout sa relation avec William avait empêché cette partie de leur amitié de prendre forme. Taylor avait longtemps cru que c’était pour un bien s’ils ne se disputaient plus. il constatait aujourd’hui que leur querelles étaient un moyen pour eux de s’exprimer et qu’en les supprimant de leur vie, il avait supprimé un exutoire à leur frustration et rancune l’un envers l’autre. Ils avaient besoin de se disputer et de se retrouver… Mais encore une fois, ce n’était plus possible. La saveur de leur nouvelle rencontre n’était plus la même. il manquait le côté charnel. Lionel ne s’était pas attendu à ce que leur petit jeu dure éternellement, mais il devait avouer qu’il y avait pris plaisir pendant de longues années. C’était Gin, la femme de sa vie et aucune autre n’avait pris sa place… jamais.

Lorsqu’il avait appris que Gin sortait avec William, il avait voulu lui rendre une visite surprise, et tenter presque inconsciemment de se mettre entre les deux jeunes gens. Il ne l’avait pas fait. Il n’avait pas pris cette décision… ou plutôt si… il avait pris la décision de la laisser s’en aller. Il avait souffert de son absence et de se savoir si loin d’elle. il avait voulu passer plusieurs fois la voir quitte à payer les vols, mais à la fois le père de Gin, la vieille Robinson, et Lindsay avait pensé que c’était une mauvaise idée. Ils avaient sans doute eu raison. Il n’avait pas été au côté d’elle, et c’était William qui s’était chargé de la réconforter. Et aujourd’hui, c’était lui qu’elle épousait. Lionel ne pouvait s’empêcher de se demander s’ils ne seraient pas eux en train de prévoir leur mariage si on l’avait laissé la voir. Cette simple pensée le démolissait presque.

Mais c’était un sentiment auquel il s’était habitué avec le temps. Il n’éprouvait aucune rancune envers son amie, ou le père de Genesia. Ils avaient agi dans ce qu’il pensait être le meilleur intérêt de Genesia. Taylor se demandait si elle savait tout ce qu’il avait pendant ces longues années pour rester le plus possible en contact avec elle, sans pour autant que le contact soit nécessairement direct… Il avait envoyé des lettres signées de sa main. Il s’était créé une fausse identité sur internet pour aller lui parler en toute sécurité. Il avait suivi l’actualité de sa carrière jour par jour. Il l’avait même une fois eu au téléphone sans qu’elle ne sache que c’était lui. il avait déguisé sa voix et s’était fait passer pour « Mark Twiner » du Sydney News poeple. Cela avait été un bon moyen pour lui d’en apprendre sur elle. Tout cela, elle l’ignorait. Il n’en parlait pas. Il préférait oublier qu’une fille, un jour, avait eu assez de pouvoir sur lui que pour le faire agir comme un possédé, une personne psychiquement décalée. Il n’y avait qu’elle qui provoquait cet effet sur lui.

Un jour, il songerait sans doute à lui avouer la vérité, peut-être aujourd’hui, peut-être lorsque leur dispute se serait calmée. Il restait stoïque mais n’en demeurait pas moins extrêmement touché par chaque parole prononcée par la jeune fille. il avait l’impression qu’elle prenait un malin plaisir à lui extirper le cœur de la poitrine pour le découper au couteau en fine lamelle. Il n’en laissa rien paraitre cependant. Il se devait de rester de marbre et de ne piper mot lorsque de ses longues tirades.

« Je sais. J’ai eu tort et je l’admets, et tu comptes me rabâcher les oreilles avec ça longtemps ? J’ai fait une connerie, comme toujours… j’ai agi avant de penser et quand j’ai pensé c’était trop tard et je me suis retrouvé embrigadé là dedans. »

Lionel n’était toujours pas agressif, juste plus nerveux parce qu’il n’avait pas l’impression que Gin le comprenait, qu’elle comprenait les enjeux de cette conversation. C’était la première conversation à deux qu’ils avaient depuis des lustres. D’ordinaire, il y avait toujours quelqu’un avec eux. Cette fois-ci, ils étaient seuls, ils avaient tous le loisir de mettre les choses au clair et Genesia semblait vouloir passer son temps à justifier son point de vue. Celui-ci était parfaitement clair Taylor qui n’avait pas besoin qu’elle retourne la situation dans tous les sens. Mais Ginny avait toujours aimé parler beaucoup et s’exprimer de manière volubile, particulièrement lorsqu’il s’agissait de faire des reproches à Lionel.

Il secoua doucement la tête lorsqu’elle lui avoua qu’elle serait toujours là pour lui et qu’il aurait dû faire plus confiance à leur amitié. Lionel, toujours planté face à elle, tentant de ne pas s’écrouler sous le poids de ses mots, hocha doucement la tête.

« Gin… On se parle par internet une fois toute les lunes… On ne s’était plus vus depuis des mois… Tu crois vraiment que j’avais envie de gâcher nos moments en te racontant mes moments difficiles pour qu’on les affronte… ensemble ? On n’était plus ensemble. »

Ils parlaient si peu avant qu’elle ne vienne lui rendre visite. Avec le décalage horaire, ce n’était jamais facile. Les rares moments où ils se parlaient, ils mettaient leur vie à jour. Lionel n’avait pas envie de commencer à parler de ce qu’il ressentait tout en l’écrivant sur un clavier et en pressant une touche « enter ». c’était tellement peu personnel. Lionel avait besoin de contact avec la jeune fille et pas seulement de lui écrire une fois par semaine environs. Ça n’était pas ce qu’il appelait le meilleur moyen de rester proche. C’était même tout le contraire. Mais ils avaient fait avec ce qu’ils pouvaient.

Lorsqu’elle tapa du pied Lionel eut un léger mouvement de recul. Il devait l’avoir hautement énervé. Pourtant, elle semblait plus calme que lorsqu’elle s’était mise à trembler. Elle était perdue quelque part entre ces deux états probablement.

« Je n’ai jamais dit que tu avais des tas d’amis… »

Ce qu’il voulait dire c’était qu’elle avait l’avantage considérable d’être en pays connu. Elle pouvait voir sa famille quand elle le souhaitait, aller retrouver Lindsay en un clin d’œil ou presque. Taylor était coincé lui. il fallait qu’il traverse un océan pour arriver à « Davis ». Lindsay, il ne communiquait avec elle que par mail et lettres et ce depuis des années déjà. Il avait presque oublié le son de sa voix. Ginny était dans le « Home land »… elle ne comprenait pas que cela changeait les choses… et même, avec deux amis comme Lindsay et William –supposa Taylor- c’était déjà une chance énorme0. William était un ami d’enfance de Genesia. Il la connaissait depuis son plus jeune âge et Lindsay avait vécu avec elle son adolescence. Ce n’était pas avoir beaucoup d’amis, c’était avoir des amis de qualité. Il ne crachait pas sur les siens, bien sûr. Sarah et Tristan, pour ne citer qu’eux, étaient géniaux. Mais ils connaissaient la nouvelle version de Lionel, la version australienne et non celui qu’il avait été avant.

« Tu sais bien que les promesses sont parfois impossibles à tenir, peu importe à quel point on le désire… »

Il ne voulait pas la perdre, il était parfaitement d’accord qu’eux deux, c’était pour toujours. Mais la vie avait ses détours, et il était parfois impossible de combiner ses désirs avec les travers de l’existence. Il songea à la réflexion de Gin, pourquoi avoir inventé une petite amie alors que des dizaines de filles lui couraient après.

« Justement, je ne voulais pas que ce soit n’importe quelle fille… Ce devait être LA fille. »

Et en la personne de Sarah, il avait trouvé la personne idéale. il fallait dire qu’il n’avait même pas pensé à simplement montrer une photo de lui avec une fille. il avait été tellement paniqué d’avoir menti qu’il n’avait pas songé qu’une photographie aurai suffi.

*Stupid, stupid !*

« On a un passé commun… Sarah n’est pas n’importe qui. Je ne l’ai pas forcée. Je la respecte trop pour ça. Sarah est une fille à laquelle tu n’aurais rien pu reprocher… »

Il était important pour Tay d’avoir enfin une petite amie que Gin approuverait. D’aussi loin qu’il se souvienne, l’américaine n’avait jamais accepté une seule de ses amies. Elle trouvait toujours quelque chose à redire. Sarah était trop parfaite pour cela.

« Le but n’a jamais été de se moquer de toi ! Jamais… on n’a jamais ri de toi ! Ça n’était pas pour m’amuser ! »

Si elle croyait qu’il avait fait tout cela par plaisir et bien il se fourrait le doigt dans l’œil et bien profond. Ça n’avait pas été de tout repos de jouer la comédie. Il avait juste voulu qu’elle y croie… qu’ils se détachent réellement l’un de l’autre, une bonne fois pour toute. Qu’elle ne s’accroche pas à lui en pensant qu’il avait besoin d’elle pour être heureux.

Le cœur de Lionel se serra, avant de se briser lorsqu’elle lui dit qu’il avait toujours occupé la première place dans son cœur jusqu’à il y avait cinq minutes, et qu’il l’avait perdue au profit de William. Il trouvait cela tellement injuste. Il n’était pas au courant qu’il était encore dans la course. Il avait perdu le droit d’être dans le cœur de Ginny à partir du moment où il n’avait pas pu aller la voir en cure. Alors pourquoi lui sortait-elle soudain qu’il comptait encore plus que tout pour elle avant qu’il ne lui avoue son terrible secret.

« Je sais… il est extraordinaire… à rester assis prêt de toi pendant de longues heures, à tenir ta main alors que tu reprenais des forces dans la chambre 21… que tu ressentais le manque la nuit venue, mais que tu résistais parce que tu savais qu’au matin, tu te réveillerais et tu le retrouverais… »

Il en avait appris des choses malgré tout, en se renseignant convenablement et en se créant une nouvelle identité. Malgré la distance, il n’avait jamais quitté Gin d’une semelle. Il s’était débrouillé pour avoir des nouvelles d’elle régulièrement, tous les jours, si possible.

« Ne viens pas me dire que j’étais toujours celui qui comptait le plus pour toi il y a cinq minutes… »

Il ne pouvait pas croire qu’il ait été le plus important alors que Willychou était à son chevet. Elle n’avait pas une seule pensée pour lui, ou quelques uns, vagabondes.

« Tu as raison. On n’est plus nous-mêmes… Mais ça ne tient qu’à nous d’arranger les choses. Et si ça ne fonctionne pas, on aura eu le mérite d’essayer.»

Il ne voulait pas mettre un terme à leur amitié sans au moins s’être battu pour celle-ci. Il s’était battu pour elle pendant des années, il n’allait pas la perdre maintenant qu’il la retrouvait en chair et en os.

La grande question venait d’être posée : pourquoi lui faisait-il mal alors qu’il la connaissait par cœur ? C’était tout son paradoxe. Oui, Lionel savait exactement ce que Gin allait dire ou faire, mais le plus souvent, c’était lui qu’il ne connaissait pas. Il n’avait pas prévu de lui avouer la vérité justement parce qu’il savait qu’elle réagirait mal. il était juste imprévisible pour lui-même, parce que Genesia semblait lire en lui comme dans un libre ouvert.

« Parce que je suis un idiot… parce que ce sont mes réactions à moi que je ne prévois pas… »

C’était à présent le moment de rapprochement entre les deux jeunes gens. Lionel avait besoin de ce contact qu’il n’avait que trop peu eu ces derniers temps. L’air de rien, Gin lui manquait, physiquement parlant. Non pas dans un sens sexuel du terme, mais bien sa peau, ses cheveux, son odeur. Tout lui manquait. Serrer son corps contre lui était une véritable bénédiction.

Lorsqu’elle lui reprocha de ne pas avoir été là lorsqu’elle en avait besoin, à la perte du bébé et lors de sa cure il baissa les yeux vers le sol. C’était peut-être l’heure de tout lui dire… encore un secret. Elle risquait de retourner l’argument contre lui. Mais ce n’était pas grave, c’était le risque à prendre.

« J’étais là… J’ai toujours été là… »

Il planta son regard dans le sien avant de prendre une voix plus affirmée et de citer des paroles qu’elle lui avait écrites un jour sur internet.

« J’ai l’impression d’être rongé de l’intérieur. Je brûle. J’ai mal. Mais je m’apaise quand vient le jour. Je vais mieux quand il est là. »

Il laissa un moment de silence.

« Tu parlais de William… Oh et… ‘Mark Twitter du Sydney News Poeple, puis-je vous poser quelques questions’… »

Il se demandait comment elle allait réagir à cette annonce. Il baissa les yeux cette fois, il avait tout dit. Elle savait à présent qu’il avait été à ses côtés à chaque pas qu’elle avait fait, à sa manière simplement. La perte du bébé l’avait plus touché qu’il ne l’aurait cru. Il ne pouvait pas quitter l’Australie, mais il n’avait jamais pu quitter Gin non plus.

« Qui a lancé la pétition pour que ton personnage reste dans la série, tu crois ? »

Cette anecdote le fit d’ailleurs rire. Il avait quand même réussi à réunir pas mal de personne et puis au fur et à mesure les mouvements pour sauver « Erica » s’étaient multipliés.

« Je savais que je pouvais m’en sortir sans que tu ne me tiennes la main… J’en avais juste pas envie. »

Il fut cependant ravi de voir qu’elle tenait toujours à ce qu’il soit une partie importante de sa vie. Ils étaient toujours très proches l’un de l’autre et c’est Gin qui passa doucement le revers de sa main sur la joue de Lionel. Il sourit doucement. Il avança son visage vers le sien et déposa ses lèvres à la commissure des siennes un très léger instant.

« Tu sais quoi ? »

Souffla-t-il alors à son oreille. Il se mordilla la lèvre inférieure impatiente de pouvoir lui dire ce qu’il avait à dire. Il prit une grande inspiration et lui murmura :

« J’écris toujours pour toi… Tu veux écouter… »

Et sans même qu’elle ne lui donne l’autorisation de chanter, il entonna son nouvel air, qui lui était dédié. Il encercla ses bras autour de la taille de son amie et dansa doucement avec elle tout en chantant :

«A day to remember – If it means a lot to you

[Punaise j'ai entamé la 6ème page word et pris 1h26 pour répondre XD, Dieu que j'aime ]

Lionel n’avait peut être pas tort. Peut-être qu’ils étaient bête de se chamailler pour si peu. Mais Genesia n’était pas du même avis. Pour elle être trahie par la personne à qui elle tient le plus au monde, c’est une double déchirure. La première, c’est le poignard qu’il lui enfonce dans le cœur. La seconde c’est elle-même qui se l’inflige en se disant qu’elle n’aurait jamais dû donner à personne la possibilité de lui faire aussi mal.

Bien sur, dans leur relation, elle était loin d’être parfaite ! Elle faisait des erreurs, comme lui en faisait. En Australie, combien de fois n’avait-elle pas essayé de faire capoter les histoires d’amour de son meilleur ami par pure jalousie ? Elle n’était pas jalouse de lui, non, mais bien des filles à qui il accordait son temps, même s’il ne la délaissait pas pour autant. A chaque fois que Lionel avait quelqu’un, Genesia sentait le besoin irrépressible de tester si oui ou non il pourrait, malgré sa petite amie coucher avec elle. Tant qu’il ne lui résistait pas, ça prouvait qu’elle était toujours celle qui comptait le plus.

Quand Lionel était sorti avec Laurel, il lui avait une fois dit qu’il pourrait s’arrêter d’avoir des relations intimes avec elle et Gin l’avait tellement mal pris qu’elle avait été faire la connaissance de la jeune femme par des biais pas très sympathiques, histoire de voir à quoi elle ressemblait quand elle n’était pas avec lui. Ca lui avait attiré quelques ennuis, même en cours car la blondinette ne s’était pas laissée faire et elle avait même insulté l’américaine en plein milieu de leurs cours.

Ensuite, il y avait eu Kelly. Concurrence nettement plus rude. Et Ginny sembla avoir abandonné car à son tour elle avait rencontré quelqu’un, Gabriel Fazer. Pourtant, après l’annonce de la liaison de son père avec la Richardson, Gin avait fait une énorme crise, avait terminé dans les bras de Lionel et sans cette *********** de Thalia Morrison, personne n’en aurait rien su, d’autant plus qu’en fin de compte, ils s’étaient juste embrassés ^^. Du coup, pour garder sa Kelly, Lionel avait décidé de rompre son amitié avec Genesia. Même si elle lui avait pardonné, une part d’elle-même se demandait toujours s’il ne pensait pas un minimum toutes les choses qu’il lui avait dites. Après tout, on dit toujours qu’il y a une part de vérité, même derrière l’humour.

Enfin, ce fut le tour de Rachel. Et là Lionel lui demanda quelque chose. Il lui fit promettre de l’aider à être fidèle et à agir correctement envers la jeune femme. Ce qu’ils firent, en se mettant des barrières tant bien que mal. Puis Genesia était tombée enceinte et ça avait tout chamboulé, et leurs chemins se séparèrent.

« Non. J’ai bien compris l’idée. Tu as fait une bêtise et tu l’admets. Là-dessus on est d’accord. Mais ne t’invente pas de fausses excuses pour essayer de me la faire digérer. Parce que me dire que c’était parce que tu avais peur de me parler que tu ne disais rien c’est... nul ! Ca aurait été moins grave de m’avouer le mensonge immédiatement plutôt que d’attendre... cinq jours ! »

Elle aussi avait fait croire avoir un petit ami, mais le plus loin qu’elle avait été, c’était de s’envoyer des e-mails enflammés depuis une fausse adresse de messagerie. Elle n’aurait jamais demandé à un garçon de se faire passer pour son petit ami. En fait, si, elle aurait très bien pu, mais pas avec Lionel. Elle n’aurait pas pu lui mentir si outrageusement. Enfin du moins, c’est ce qu’elle pensait en ce moment-même, mais elle sait mieux que quiconque qu’il ne faut jamais dire jamais.

Genesia serra les dents pour asséner le coup que le garçon lui envoya, sans pour autant qu’il ait souhaité la blesser, mais bien parce que cette vérité là faisait terriblement mal. En effet, Tay & Gin n’avaient plus l’occasion d’être aussi proches qu’avant, de se parler autant et aussi précisément. Ils allaient à l’essentiel, donc elle pouvait comprendre son point de vue à ce niveau.

« Crois-moi, j’aurais aimé que ça se passe différemment. »

Elle baissa les yeux et regarda ses pieds, avant de relever le visage vers son meilleur ami.

« Mais moi j’ai besoin de voir que je compte encore sur toi, que t’as un minimum besoin de moi. Que tu me parles de tes soucis, comme avant. Et même si c’est plus exactement la même chose, ça ne m’embêtera jamais. JAMAIS tu m’entends. Et je m’en fous si les dix seules minutes qu’on a pour se parler tournent autour d’un problème minime de ta vie, parce qu’au moins pendant ces dix minutes, je serais avec toi, et qu’on parlerait de toi. Ca ne serait absolument pas gâcher nos moments.»

Il semblait ne pas vouloir comprendre et admettre l’importance qu’il avait toujours eue dans la vie de la jeune femme. Comme s’il préférait avoir des œillères et ne pas s’en rendre compte, histoire de faciliter les choses, mais il n’allait pas s’en tirer de la sorte. Il avait raison, ça faisait des lustres qu’ils n’avaient pas discuté et maintenant qu’ils en avaient l’occasion, il fallait qu’ils vident leur sac et disent tout ce qu’ils ont sur le cœur, une bonne fois pour toute, histoire de repartir à zéro, sur de bonnes bases, si repartir à zéro leur était encore possible.

Une fois de plus, les deux américains semblaient avoir un peu de mal à se comprendre. Voilà qu’ils s’étaient mis à débattre du nombre d’amis qui occupaient la vie de Genesia. Lionel parlait du fait que Gin se retrouvait en pays connu et la jeune femme, elle, tentait de lui faire comprendre que tant qu’elle aurait tout sauf lui, elle ne serait pas complète. Pourquoi avait-elle fait le tour de la planète alors qu’elle avait sa famille, ses amis à Davis ? Pourquoi n’avait-elle suivi que Lionel ? Elle était allé le retrouver, lui tout seul dans un pays inconnu, dans une école inconnue où il avait sans doute des tas d’amis et où elle allait se retrouver toute seule, rien que parce que dans son cas, quand un seul être lui manque, le principal, elle se sent complètement vide et a l’impression que sa vie est dénuée de sens.

Quand à lui, une fois qu’elle avait quitté le pays pour aller en cure de désintoxication, pas une seconde il n’avait pensé à revenir, donc comment pouvait-elle imaginer qu’il regrettait son pays et sa famille si quand on lui offrait la chance de rentrer sur un plateau d’argent, il la déclinait ? Elle avait compris que s’il n’était pas revenu à ce moment-là, il ne rentrerait jamais. Et s’était faite une raison.

Les morceaux déjà brisés du cœur de Genesia furent comment compressés un à un par une main invisible lorsque Lionel lui annonça que de toute façon les promesses on n’arrivait bien souvent pas à les tenir. Est-ce que ça voulait réellement dire ce qu’elle pensait ? Il ne croyait plus en eux, en leur amitié et il était résigné ? Elle ouvrit la bouche comme pour ajouter quelque chose, mais aucun son n’en sorti, trop choquée par ce qu’elle venait d’interpréter.

« C’est une nouvelle fois des excuses pour ne pas se battre ça. »

Fit-elle, d’un ton dur.

« C’est ce qu’on dit quand on renonce, mais qu’on veut se donner bonne conscience. Quand on veut quelque chose, on doit se battre jusqu’à l’obtenir. Ou alors c’est qu’on est lâche ou qu’on ne tient pas si fortement à la chose en question, contrairement à ce qu’on dit. »

Elle n’avait pas formulé ça comme une question, pourtant dans sa tête ça en était une. Ne l’aimait-il plus comme avant ? N’avait-elle plus autant d’importance ? La distance avait-elle eu raison de leur fusion ?

« Et pourquoi ? Simplement pour avoir le plaisir de me voir admettre que t’avais trouvé quelqu’un d’exceptionnel ? Quelqu’un qui serait mieux que moi et qui pourrais prendre ma place ? Fallait pas te donner tant de mal. Je le sais que cette personne va arriver plus vite que tu ne le penses et je m’y prépare depuis des années. »

Elle devrait un jour céder le siège de « fille la plus importante dans la vie de Lionel Taylor » à celle qui deviendra sa future femme et dont il sera fou. Elle le ferait, à contre cœur, parce qu’elle l’aimait sincèrement et qu’elle ne voulait que son bonheur.

« D’ailleurs, j’ai été gentille et sympathique avec Sarah, j’ai pas fait la garce et je n’ai jamais tenté de me mettre entre vous. Si ça ne témoigne pas de ma bonne foi, je ne sais pas ce qu’il te faut. »

Certes ça lui avait fait un choc d’apprendre que Lionel avait une petite amie si parfaite, mais elle avait mordu sur sa chique, ayant l’impression que le garçon était vraiment heureux avec la demoiselle, elle ne pouvait que rester en retrait et le laisser vivre sa vie comme il l’entendait et le méritait. Après tout ce qu’il avait déjà traversé, c’était le moins qu’elle pouvait faire que de souhaiter de tout son cœur son bonheur.

« Et en quoi mon avis t’intéresse de toute façon ? C’est vrai qu’à elle je n’aurai rien pu dire, mais qui que tu choisisses, je te soutiendrai si tu l’aimes vraiment et que t’es heureux. Je suis pas un monstre non plus. Et c’est à TOI que la fille doit plaire, pas à moi. »

Elle ne put s’empêcher de rajouter en mâchant à moitié ses mots pour essayer de masquer une pointe de jalousie :

« Et si Sarah te plait tant je ne vois pas pourquoi vous ne vous mettez pas ensemble. »

Lorsque Lionel annonça qu’à aucun moment ils ne s’étaient moqués d’elle, Genesia décida de ne pas surenchérir pour rien. Il faisait des efforts, elle pouvait bien essayer d’en faire aussi. Et puis quelque part elle le croyait. Ou alors c’était qu’elle ne le connaissait vraiment pas et qu’elle s’était complètement trompée sur la personne, mais elle ne pensait tout de même pas.

Genesia se tut lorsqu’il se mit à parler de la cure. Elle détestait se souvenir de ça. C’était un des pires moments de sa vie, sauf que celui-là, elle se l’était elle-même infligé. Elle pouvait remettre la faute de son accident sur le chauffard, mais le fait d’avoir pris de la drogue, c’est elle seule qu’elle devait blâmer. La sensation de manque, comme il en parla si bien, était le plus dur à battre. Au départ, on lui avait donné des substituts pour tenir le coup, pour éviter qu’elle ne se mette à faire du chantage ou une grève de la faim. Et petit à petit les doses avaient été réduites. Elle n’aurait jamais cru que ça pourrait être aussi difficile que ça de se défaire d’une addiction. Elle avait toujours bêtement imaginé que c’était juste une question de volonté. Or si elle voulait tellement se défaire de ses doses quotidiennes, elle devait bien admettre que son corps lui n’était pas d’accord avec sa tête.

« Oui, il l’est. Je connais peu de monde qui aurait agi comme lui l’a fait. Ou qui aurait pu aimer une fille dont on attachait les mains au matelas quand elle était sans surveillance de peur qu’elle ne s’enfuie parce que le manque était trop fort. »

On voyait bien qu’il n’avait pas pris part à sa vie à ce moment là, sinon il n’en parlerait pas avec autant de désinvolture. Il n’avait aucune idée de ce que ça pourrait bien faire.

« Je sais, je ne suis pas comme toi. Je n’arrive pas à remplacer les gens importants aussi vite, excuse-moi. »

Fit-elle d’un ton cassant avant d’ajouter.

« Bien sur que si. Quatre ans de bons et loyaux services pour moi étaient moins importants que 9, mais bon, je dois être bête de penser comme ça. Et ne t’en fais pas, maintenant mon erreur est réparée.»

Ca s’appelait remettre de l’huile sur le feu et faire mal pour faire mal. Elle le savait.

« Et moi j’ai l’impression que ça fait des années qu’on essaye et que ça ne marche pas, alors il est peut-être temps d’arrêter, plutôt que de continuer à se blesser en prétendant s’aimer, non ? »

Lionel reconnu qu’il ne savait pas trop pourquoi il lui faisait du mal et le dit avec tellement de bonne foi qu’elle ne put que se radoucir. Elle voyait bien que cette fois il ne mentait pas et qu’il était sincère. Enfin, elle espérait qu’il ne lui jouait pas encore la comédie.

Les deux jeunes gens se calmèrent et se tirent plus proches l’un de l’autre. Genesia ne put s’empêcher de lui reprocher de ne pas avoir été là dans une des parties les plus importantes de sa vie. Et il lui annonça qu’en fait, il avait toujours été là. Elle pensait qu’il voulait dire dans son cœur, et qu’il était avec elle par la pensée, ce dont elle n’avait jamais douté.

Elle ne comprit pas très bien la suite qui ressemblait mot pour mot à des choses qu’elle avait confié à quelqu’un sur internet.

« Bien sur que je parlais de William ! Comment j’aurais pu parler de toi ? Tu ne venais pas Lio ? Comment j’aurais pu raconter à quel point j’étais heureuse que tu sois là ? »

Elle secoua la tête, mais enfin il était bouché ou quoi ? Il devait faire exprès de ne pas comprendre, il n’en était pas possible autrement.

« Je comprends pas... pourquoi t’as fait ça ? »

Demanda-t-elle, se sentant faiblir sous les révélations qu’il avait faites. Pour se retenir, elle posa ses mains sur lui, comme pour s’empêcher de s’effondrer. Pourquoi une nouvelle fois avoir manigancé derrière son dos et ne pas lui avoir révélé son identité et tout ça ?

« Pourquoi t’as fait toutes ces choses compliquées derrière mon dos ? Pour te rassurer peut-être ? Tu te sentais mieux quand je te disais que j’attendais William impatiemment ? Ca te déculpabilisait ? »

Sans le vouloir le ton de sa voix était monté sur la dernière syllabe, se brisant sous l’incompréhension.

« Tu n’avais pas la moindre idée que c’était TOI que j’attendais chaque jour ? TOI que j’espérais voir franchir le pas de la porte ? Mais quand celle-ci s’ouvrait, c’était Will qui apparaissait. Tu n’as pas une seule idée du nombre de fois où j’ai culpabilisé de t’attendre alors que c’était lui qui me faisait face et qui était là pour moi. Alors oui, au bout d’un moment je me suis résignée, oui, au bout d’un moment j’ai flanché et j’ai décidé qu’il avait le droit de m’avoir, lui qui s’était tant battu pour moi. Excuse-moi si à ce moment là je n’ai pas été assez forte pour t’attendre. »

La dernière phrase était ironique bien sur, mais tous les autres mots avaient été choisis avec soin car elle les pensait avec tellement de force qu’il ne pouvait en douter.

« C’est gentil pour la pétition... mais... »

Elle sourit légèrement, avant d’ajouter.

« C’était juste un fake. Eliott avait discuté avec les producteurs qui ne souhaitaient plus voir mon personnage apparaître, c’était pas spécialement contre moi, mais juste qu’ils voulaient ajouter du sang neuf au générique... du coup... j’ai demandé à mon grand père qu’il sponsorise un peu le show, histoire de leur donner envie de me garder. Mais c’était mignon quand même, je dois bien le reconnaître. »

Souffla-t-elle. A son tour Lionel reconnu qu’il n’avait pas envie qu’elle soit loin de lui comme elle n’avait pas envie qu’il le soit. Qu’ils s’étaient tous les deux résignés à avancer dans leur vie sans l’autre, mais que même si leur présence n’était pas obligatoire, ils se refusaient à se séparer mentalement. Alors, elle lui caressa la joue et il vint lui poser un rapide bisou sur le coin des lèvres, ce qui surprit un peu la jeune femme, mais ne la fit tout de même pas reculer.

« Quoi ? »

Demanda-t-elle, entrant dans son jeu, en lui souriant doucement. Il lui annonça qu’il écrivait toujours des chansons en pensant à elle. Il n’aurait pu lui faire plus plaisir. Sans qu’elle ait le temps d’ajouter quoi que ce soit, il se mit à chanter, et elle à écouter, tout en se laissant emporter par le garçon qui l’invitait indirectement à danser. Elle glissa ses avants bras sur les épaules du jeune homme et le regarda un instant, avant de venir poser sa tête sur le haut de son torse, et de fermer les yeux, sans s’arrêter de danser, se laissant guider conjointement par la voix et par les mouvements de Lionel. Elle aurait voulu que la chanson soit éternelle, qu’elle ne s’arrête jamais. Ou alors qu’elle meure à cet instant pour que son dernier souvenir soit merveilleux. Elle ne put s’empecher de frisonner contre lui. Quand il chantait il l’électrisait complètement. En plus de savoir que c’était elle qui lui avait inspiré quelque chose, ça lui faisait tout drôle. Elle avait l’impression d’être dans un monde parallèle, que leur dispute n’était qu’un mauvais souvenir et que tout était différent à présent. Qu’ils étaient redevenus Tay & Gin.

Taylor aurait voulu revenir dans le passé. Il n’y avait rien de temps que le passé. Il se souvenait parfaitement bien de la vie à l’époque où il allait encore en cours avec Gin. Ils vivaient dans leur petite ville de Davis et rien ne semblait pouvoir un jour les séparer. Ils étaient comme les doigts de la main. Ils avaient Lindsay à leur côté bien sûr, mais cette dernière avait toujours pensé qu’il se passait quelque chose de plus entre Gin et Tay. C’était un fait, ils partageaient une complicité extraordinaire. Lionel avait souvent pensé que s’ils s’étaient mis à de disputer autant, c’était justement parce qu’ils se connaissaient trop bien et qu’ils savaient trop comment l’autre allait réagir.

Les deux jeunes gens avaient pris à s’adapter à l’autre. Ils étaient non pas sur la même longueur d’onde, mais au delà de ça. Il y avait entre eux une sorte d’accord tacite. Ils se comprenaient, trop bien parfois même. Et ils prenaient tellement de gants l’un envers l’autre que cela créait parfois des montagnes de problèmes basées sur rien, sur une bonne intention.

Lorsqu’ils étaient plus jeunes, tout était simple. Ils ne se prenaient pas la tête. Ils s’aimaient, en amis, en amants, ils s’aimaient tout simplement. Ils passaient leur temps ensemble à faire toutes les bêtises du monde, à voler dans des magasins, à faire l’amour dans le bureau du principal de leur école. Ils s’en fichaient parfaitement. Ils ne faisaient ce que bon leur semblait.

Les choses avaient dérapé lorsque Lionel était tombé amoureux de Gin. La pièce de fin d’année… quel souvenir mémorable. Il avait eu l’impression de voir Gin pour la première fois. Cela avait été comme un coup de foudre bien qu’il l’eut connu pendant de nombreuses années auparavant. Il avait encore l’image en tête et la sensation restait presque intacte dans sa mémoire sensorielle. Un fin sourire avait pris place sur son visage et son estomac s’était noué. Son cœur s’était serré et il avait oublié son texte. C’était Genesia qui l’avait sorti de l’embarras. Cela avait été la pire et la meilleure chose qui lui soit arrivé.

Il aurait pu avouer ses sentiments à Ginny à l’époque, mais il ne l’avait pas fait. Il y avait le souvenir de son petit ami vietnamien qui flottait toujours au dessus d’elle. Il ne voulait pas l’embrouiller encore plus. Alors il s’était tu et avait décidé tout simplement de fuir, de monter dans un avion pour l’Australie et de tenter Longwood, plutôt que Julliard… et cela avait fonctionné, il était entré. Il avait été admis. Il n’aurait juste pas pensé que Gin traverserait le monde pour venir le retrouver.

Il avait ensuite essayé de résister… essayé de lui avouer aussi qu’il l’aimait… mais cette simple parole, il se l’était tellement dite par le passé, qu’elle avait perdu tout son sens… lorsqu’il lui disait « Je t’aime », Gin ne comprenait pas « Je suis amoureux de toi »… elle comprenait « tu est ma meilleure amie, et je t’aime sincèrement. » Et pourtant, il pouvait gager avoir tenté de lui faire rentrer dans sa petite tête qu’il avait été amoureux d’elle. Elle avait fini par l’apprendre juste avant qu’il ne sorte avec Rachel, lorsqu’elle lui avait appris qu’elle était enceinte et qu’elle rentrait aux Etats-Unis. Ils avaient fait l’amour, sous la douche. Encore une souvenir bien vivant dans l’esprit de Lionel.

Aujourd’hui, alors qu’ils se disputaient, tout semblait si compliqué. Il ne voulait qu’une chose : retrouver la simplicité qui avait fait leur début.

« Et tu crois que je n’ai pas essayé tous les jours de t’avouer la vérité ? Mais il y avait toujours quelque chose. Sarah était là… Tu devais sortir… Ce n’était jamais le bon moment ! »

Il avait essayé de se donner du courage mais rien n’y avait fait. Puis, il y avait eu la soirée qu’il avait passé avec Sarah qui l’avait complètement chamboulé. Certes, les choses n’avaient pas changé entre eux, mais pour lui, c’était une sorte de barrière qu’il avait franchie. Avec Gin non plus, le sexe n’avait pas été un problème dans un premier temps. Lionel craignait qu’il ne lui arrive la même chose qu’avec l’américaine. Leur histoire était plutôt semblable. C’était Sarah qui avait accueilli Lionel lors de son premier jour à Longwood tout comme lui-même avait souhaité la bienvenue à Gin. Ils étaient très rapidement devenu amis, des amis proches… jusqu’à ce que le sexe s’en mêle. Au début, avec Genesia, cela n’avait été une nuit de débauche après avoir beaucoup bu, mais cela s’était reproduit à plusieurs reprises avant de devenir une habitude… et Taylor avait fini par tomber amoureux d’elle. il souhaitait de cœur ne pas faire avec Sarah les erreurs qu’il avait commise avec Gin… aujourd’hui, sans être amoureux de sa meilleure amie, on pouvait dire qu’il était à ses pieds.

Lionel eut envie d’étrangler Gin lorsqu’elle lui avoua qu’elle avait juste envie de voir qu’elle comptait pour lui. Ce qu’elle pouvait être stupide quand elle s’y mettait. Lionel plongea ses yeux dans les siens. Croyait-elle vraiment qu’il aurait pu se passer d’elle aussi facilement ? Elle ne savait donc pas qu’elle était le centre de sa vie ?

« Maintenant je le sais… Je sais que même si on ne parle que dix minutes je peux t’ennuyer avec ma vie… Mais ne pas t’en parler ne voulait pas dire que tu ne comptais plus pour moi. Tu as toujours compté plus que n’importe qui. Et même se mes choix n’étaient pas toujours judicieux, j’ai toujours fait en sorte que ce soit pour ton bien. Tu es ma vie, Gin. »

Il n’y avait pas d’autres mots que ceux là. Elle était tout ce qu’il avait de plus cher, tout ce qu’il voulait être. Elle était tout, tout simplement. Gin n’avait pas l’air de très bien réaliser l’importance qu’elle avait. Elle n’avait pas l’air non plus de comprendre tout ce qu’il avait ressenti pour elle pendant ses années. Il y avait eu d’autres filles, il avait aimé, certes. Il n’avait pas refermé son cœur pour autant, mais jamais l’une d’entre elle n’est arrivée à la cheville de Gin… Jamais !

Lorsqu’il soutint que les promesses étaient parfois difficiles à tenir, il vit le visage de Ginny se décomposer. Ce n’était à elle que la remarque s’adressait, mais à eu en général. Bien sûr qu’il voulait se battre pour elle, certainement qu’il ferait tout pour que leur amitié fonctionne même à distance. Mais il fallait se montrer réaliste et admettre que tout n’allait pas toujours comme on le souhaitait. Il y avait toujours des facteurs extérieurs qui jouaient.

« Ce ne sont pas des excuses, c’est la réalité ! »

Répliqua presque aussi sèchement qu’elle. il se calma tout de même puisqu’il s’était juré de ne pas tomber dans le même piège que les autres fois. Il ne s’énerverait pas. Il demeurerait le plus détendu possible même si à l’intérieur il bouillonnait.

« Tu plaisantes ? Tu crois que tu ne tiens pas assez à toi que pour me battre pour toi ? Mais je ne fais que ça ! Me battre pour toi, penser à toi, vivre pour toi ! Je te dis simplement que parfois, on n’y peut rien, ça ne fonctionne pas… Je n’ai pas dit que c’était ce qui nous arrivait à nous… Je songeais juste à la possibilité… »

Le sujet de conversation revint très vite sur Sarah. Lionel n’avait que des éloges à lui faire et c’était pour cela qu’elle avait été la fausse petit amie parfaite. Il passa nerveusement sa main dans les cheveux. Comment pouvait-il expliquer à Gin ce qui lui était passé par la tête.

« Justement, non ! Gin… Cette personne n’arrivera pas… »

Il marqua une courte pause tentant de remettre un peu d’ordre dans ses idées. Gin avait vraiment des pensées étranges et qui ne correspondaient pas du tout avec tout ce que Lionel avait tenté de lui montrer pendant de longues années.

« Je voulais quelqu’un que tu ne puisses pas critiquer. Mais la vérité c’est que… personne ne peut prendre ta place. Et crois-moi, j’ai essayé de trouver. De Laurel à Rachel… Ne te prépare pas pour rien sweetheart. There ain’t gonna be anyone better than you… Ever ! »

Lionel aurait lâché n’importe laquelle de ses copines si Gin le lui avait demandé. C’était pour cette raison qu’il n’avait plus voulu lui parler lorsqu’il était avec Kelly. Il savait que s’il la voyait, il redeviendrait son petit chien. Non pas que Gin en profitait. Mais il se savait complètement à la merci de sa meilleure amie. Cela faisait des années qu’il essayait de s’en sortir, mais depuis qu’il était tombé amoureux d’elle, il n’avait pu se défaire de l’emprise qu’elle avait sur lui.

« … Je ne voulais pas que tu sois gentille… Je voulais que tu essaies d’être comme d’habitude. Si ça, ça ne témoigne pas du changement entre nous… »

Il n’avait pas voulu que Gin soit heureuse pour lui. il voulait qu’elle soit mal à l’aise voire même un peu pincée et méchante envers Sarah sans trouver de bonnes raisons, puisque Sarah était tout simplement parfaite.

« Bien sûr que si, la fille doit te plaire. Tu la verras, tu passeras des moments avec elle, tu as le droit d’émettre ton avis. Et même si je l’aime, j’aurais du mal à vivre avec quelqu’un que tu n’apprécies pas. »

Leur amitié était assez forte pour qu’il base le choix de sa petite amie sur celle-ci. Si Gin ne trouvait pas la fille à son gout, Lionel saurait immédiatement qu’elle n’était pas la femme de sa vie. Et même s’il ne s’empêcherait pas de sortir avec une fille que Genesia n’appréciait pas, il n’aurait pas pu envisager un avenir avec celle-ci. Gin était toujours première dans son cœur.

Lionel rit doucement lorsque Gin ajouta qu’elle ne voyait pas pourquoi il ne sortait pas avec Sarah puisqu’elle lui plaisait tant… Depuis la nuit qu’ils avaient passé ensemble, la question n’était venu qu’une seule fois à l’esprit de Taylor et voulant éviter de faire de Sarah la nouvelle Gin, il s’était interdit d’y penser. Lui et Sarah ? Jamais de la vie.

« Tu as déjà vu une fille aussi bien que Sarah s’intéresser à moi ? Sarah est juste… inaccessible… »

*Tout comme Gin l’était.
-La ferme toi !*

Lionel mit son cœur de côté lorsque Gin parla de William et de tout ce qu’il avait fait pour elle. Bien sûr qu’il comprenait qu’elle soit tombée amoureuse d’un garçon aussi bien. Il n’aurait pas hésité une seconde à miser sur lui. Entre le charmant jeune homme, propre sur lui, et sérieux, et le comédien de série pour ados qui s’enfile une nouvelle fille chaque soir, il n’y avait pas photo. Et même à l’époque… William avait toujours eu beaucoup plus de classe et de raffinement que Lionel. Le père de Gin et la Richardson l’avait tout de suite vu. Même Lindsay s’était rangé à l’avis de la majorité. Elle avait dû constater à quel point ils n’arrêtaient pas de se détruire l’un l’autre et avait voulu mettre un terme à cette relation malsaine. C’était pourquoi dans ses lettres elle n’arrêtait pas de mentionner le bonheur de Gin. Elle voulait que Lionel passe à autre chose. Mais il n’y avait pas cru avant que Gin ne lui annonce ses fiançailles. Taylor avait pensé que son amie exagérait la situation, mais ce n’était pas le cas. Genesia était amoureuse, et heureuse. C’en était fini de leur belle amitié. Elle avait passé le reste de sa vie loin de lui, sans espoir de retour.

« Moi j’aurais pu l’aimer… »

Souffla Tay d’une voix presque inaudible.

C’était une véritable torture pour lui de l’entendre dire que William avait été là pour elle et qu’il ne comprenait rien, qu’il avait été le meilleur pour elle pendant des années et qu’il venait juste de perdre sa place à l’instant. il n’en croyait pas un mot. Gin se servait d’un prétexte frivole pour s’autoriser à manquer de parole. C’était tellement bas.

« Arrête ! »

Pour la première fois depuis le début de leur conversation il avait haussé le ton. Il avait également baissé la tête pour éviter d’avoir à faire face à Gin.

« Arrête ! Arrête ! Arrête ! Je sais qu’il est meilleur, je sais que tu as réparé ton erreur. Le dire une fois était suffisant, Gin ! »

Il redressa ses yeux humides vers elle et planta son regard droit dans le sien. Elle n’avait pas le droit de lui faire délibéré ment du mal comme ça. S’il la blessait, c’était contre sa volonté. Quant à Gin, elle cherchait ce qui pouvait lui faire du mal. C’était juste méchant, et vile et cruel.

« Prétendant ? PRETENDANT ? S’il y a quelqu’un qui a prétendu quelque chose, c’est toi. Je n’ai jamais menti ! Je t’ai toujours aimé, et tu le sais. »

Il n’avait jamais menti à ce sujet. Il aimait Genesia de tout son cœur et jamais personne ne l’avait sorti de sa tête même lorsqu’ils étaient séparés. Elle avait toujours été présente à son esprit et même plus que ça. il avait tout fait pour rester en contact avec elle malgré tout. Il avait menti, s’était inventé une vie. Elle n’en pouvait rien. Ce n’était pas elle qui avait pensé qu’il était meilleur qu’il ne vienne pas la voir.

Lorsqu’elle lui rappela qu’il n’était pas venu, il sentit son cœur se serrer une nouvelle fois.

« Je voulais venir ! J’ai voulu tout laisser derrière moi ici pour venir… »

Lorsqu’elle était retournée aux Etats-Unis pour sa cure, il avait songé à abandonné Longwood et à repartir. Il en avait parlé à sa mère qui avait pensé que l’idée était excellente. Il aurait pu revoir sa famille et soutenir son père qui se battait contre le début de son cancer du foie. Mais Lindsay l’avait appelé. Elle pensait qu’il devait rester où il était et vivre sa vie. Gin avait William qui venait la voir. Elle avait l’air de l’apprécier. Et Arthur Weastler et la Richardson approuvait cette idée. Il avait prié Lionel de rester où il était et de faire en sorte de ne pas contacter Gin. Si c’était ce qu’il y avait de mieux pour elle, alors Lionel était prêt à tout, mais pas à se passer de nouvelles. Il avait dû agir en conséquence.

« Je ne pouvais pas… Ils m’ont fait promettre de ne pas venir te voir ! Lindsay, ton père, la Richardson. Ils pensaient que c’était tellement mieux pour toi que je ne fasse pas partie de ta vie un moment et que si tu tenais à moi tu reprendrais contact… Lindsay me racontait pour William qui venait te voir, et j’en étais malade. Mais elle disait que tu semblais l’apprécier et qu’il te rendait heureuse. Alors je n’ai rien dit. »

Il n’allait pas pleurer. Ses poings étaient simplement serrés. Il avait enfin l’occasion de lui raconter tout ce qu’il s’était passé durant ces années de sa vie où il avait été séparé d’elle.

« Mais je ne supportais pas de n’avoir des nouvelles de toi que par Lindsay… alors j’ai fait toutes ces choses… Avoir une réponse qui venait de toi, entendre ta voix… »

Il se décomposa encore plus lorsqu’elle lui avoua que c’était lui qu’elle attendait chaque jours. Il n’aurait dû n’écouter que son instinct et prendre un vol pour les Etats-Unis, briser une promesse pour en tenir une autre. mais il avait juré de toujours tout faire dans le meilleur intérêt de Ginny, et il pensait avoir agi de la sorte. Aujourd’hui, il s’apercevait qu’il avait eu tort… encore une fois.

« Il s’est battu pour toi… je me suis battu pour ton bonheur. C’est tout. J’ai été là, chaque jour Gin. Lors de ta sortie, j’étais au téléphone avec Lindsay. J’ai fait ce que je pouvais en respectant les règles. Tu étais heureuse avec William et les autres ont toujours pensé que je te prendrais ce bonheur si je revenais dans ta vie de manière permanente. »

Lionel fronça les sourcils lorsque Gin expliqua que la pétition n’avait absolument rien changé à la situation de son personnage parce qu’il s’agissait en fait d’une sombre négociation et d’une histoire d’argent. Il leva les yeux au ciel.

« Vas-y… démolis mes efforts… »

Il sourit doucement et ce pour la première fois depuis qu’ils avaient entamé cette conversation. Taylor devait lui faire un aveu. Il n’avait pas cessé de composer pour elle. Elle avait toujours été sa muse et il ne voyait pas pourquoi cela aurait changé. D’ailleurs, les photos qu’elle avait faites pour MAXIM, certains les utilisaient pour faire mumuse, lui, pour en faire sa muse… [Elle est nulle celle-là] Il avait toujours une photo d’eux sur sa table de nuit. Elle avait été rangée puisque Gin venait passer quelques jours au Australie, mais elle n’avait jamais quitté son cœur. Elle avait toujours été là.

Il la prit alors dans ses bras après avoir déposé un tendre baiser au coin de ses lèvres. Il se mit sans qu’elle ne lui donne la permission, à chanter une des nouvelles chansons qu’il avait écrite. Ça n’était pas la meilleure, certes, mais elle était tout destinée à elle.

il fut ravi de voir que Gin se laissait complètement allé dans ses bras. Cela voulait sans doute dire qu’elle lui pardonnait, ou qu’elle mettrait du temps à le faire mais que les choses s’arrangeraient. À présent, elle connaissait tout la vérité et il espérait que cela ferait une différence dans sa manière de voir les choses. Il ne voulait pas la perdre. Il voulait qu’elle reste près de lui pour le reste de ses jours et même si elle retournait auprès de William, il ne voulait pas perdre sa place de numéro un. Elle ne perdrait jamais la sienne. Personne ne serait un jour plus importante que Genesia Weastler dans le cœur de Lionel Taylor.

Il termina sa chanson et continua cependant de danser avec elle. il ne voulait pas la lâcher tout de suite. il passa doucement ses mains dans les cheveux de la jeune fille.

« Tu te souviens ? »

Demanda-t-il avant d’entonner doucement.

« Ginny… you glare is killing me… Tu te souviens de quand et où je t’ai chanté ta première chanson entièrement dédicacée ? »

Il ferma les yeux pour profiter de ce moment parfait. Un moment Tay et Gin.

Genesia s’était beaucoup réjouie de ce moment qu’elle allait partager avec son meilleur ami. Depuis son arrivée chez lui, elle avait passé beaucoup de temps en sa compagnie et en celle de Sarah. Ils étaient souvent ensemble, logique, puisqu’ils étaient un couple. Enfin ça, c’était ce qu’ils avaient bien voulu lui faire croire.

Du coup, entre le couple heureux et les moments ou Lionel devait tourner, les deux américains n’avaient pas vraiment eu le temps de parler. La preuve, Genesia avait dû demander à Lionel s’il voulait bien être son témoin de mariage au moment où Sarah avait quitté une pièce pendant cinq minutes et il n’avait même pas su lui répondre. C’était dire le peu d’intimité qu’ils avaient eu récemment.

D’un autre côté, ils savaient tout deux que trop d’intimité entre eux était souvent synonyme de problèmes à venir. Ils avaient un peu du mal à écouter leur raison quand ils étaient l’un avec l’autre. Et ça avait toujours été comme ça. En fait, on pourrait presque dire qu’entre eux, tout était question de jeu. Ils voulaient s’amuser et passaient leur temps à ça. Lorsqu’ils voulaient quelque chose, ils n’avaient plus aucun interdit et ne se gênaient pas. Que ça soit punissable par la loi comme le vol de sous-vêtements, par leur école comme s’envoyer en l’air dans le bureau du proviseur ou par la morale lorsqu’ils trompaient outrageusement leurs petit(e)s ami(e)s respectifs en se retrouvant pour une nuit de folies.

Le problème, quand elle était en présence de Lionel, c’est qu’elle oubliait tout le reste. Elle n’avait d’yeux que pour lui et le monde qui l’entourait disparaissait pour ne plus lui laisser voir que lui. Elle perdait le sens des responsabilités et de la raison au fur et à mesure que ses yeux caressaient le jeune homme.

Lionel avait toujours été sa faiblesse. Elle l’avait toujours su mais très peu reconnu. Lindsay passait son temps à lui rabrouer les oreilles avec ça. La scène qu’elle avait fait à Genesia quand celle-ci avait dit qu’elle allait aller voir Lionel pour lui demander d’être son témoin. Elle pensait que ça allait tout gacher entre elle et William, comme si voir Lionel allait changer sa vie.

* Non mais n’importe quoi ! *

C’est vrai, qu’aurait-il bien pu faire qui puisse faire renoncer Ginny à son mariage avec le prince charmant ? Et puis c’est pas non plus comme s’ils étaient des animaux qui ne savaient pas se tenir sans se sauter dessus. Il aurait fallu entendre le ton de Lin’ quand Gin lui avait dit que Lio avait quelqu’un. Elle semblait tellement.... rassurée. Savait-elle ? Peut-être était-elle-même derrière tout ça.

* Mon dieu mais qui m’a donné des meilleurs amis manipulateurs et menteurs comme ça ? *

Maintenant, elle verrait de la haute trahison derrière chaque éternuement. Ils allaient la faire devenir complètement barge la pauvre. Elle décida de chasser cette pensée de sa tête, sans quoi elle allait complètement agresser sa meilleure amie dès qu’elle allait atterrir. Quoi que de toute façon elle lui sauterait à la gorge pour savoir si elle était au courant.

Elle en aurait des choses à raconter à son manager. La vache, il n’allait pas s’en remettre le petit. Avec son délicieux accent espagnol il allait encore lui dire un truc du genre « ma pauvre chérie, tout ce stress n’est pas bon pour toi » et il lui ‘prescrirait’ toute une liste de massages aux vertus différentes qu’elle serait obligée de faire pour qu’il puisse se sentir mieux, même si sur elle ça ne faisait pas tant d’effets que ça. S’il n’y avait que ça pour lui faire plaisir x).

Comme elle aurait pu s’en douter, Lionel se servit comme excuse du fait qu’ils n’avaient été que peu tous les deux ces derniers jours. Elle se retint de lui demander s’il avait espéré qu’elle reste dans ses pattes comme un bon toutou et qu’elle ne vive qu’au rythme de ses décisions, mais n’en fit rien, décidant que ça n’amènerait rien de plus à la discussion. Elle pouvait rarement se montrer raisonnable dans les disputes, mais cette seconde-ci, elle le fut.

De toute façon les faits étaient les suivants : Lionel n’aurait pas eu besoin d’un moment pour lui avouer son mensonge s’il avait seulement daigné ne pas lui raconter des carabistouilles. Et elle était censée dire « oui, amen, tu as raison c’est de ma faute tu n’as pas eu l’occasion de me dire la vérité » ? Vraiment trop bizarre comme raisonnement.

Ce que Taylor ne voulait pas reconnaître c’est qu’il n’y avait que la culpabilité qui l’avait fait révéler son secret à Genesia. Bah oui, sans le poids des remords d’avoir fait l’amour pour du vrai avec Sarah, jamais il n’aurait eu besoin de dire la vérité à Ginny. Il aurait pu faire croire que tout était fini comme ça avait commencé. Point. Mais pas de chance, aujourd’hui, elle n’était pas d’humeur à lui soulager sa conscience sans broncher. Elle était touchée de trop près par ce qu’il venait de faire.

Où le garçon avait raison c’est quand il disaient qu’ils n’avaient que bien trop peu de temps que pour pouvoir discuter ensemble et que du coup, ils devaient un peu sélectionner de quoi ils allaient parler. Et puis pareil, annoncer à Liolio qu’elle allait se marier par internet, c’est quand même pas le top du top. Elle avait tout de même fait l’effort du déplacement pour lui demander de se tenir à sa gauche en ce jour si particulier. Il aurait au moins pu apprécier la démarche plutôt que de lui reprocher d’être sorti et d’avoir profité du temps passé en Australie. Nan mais...

« Moi c’est le ressenti que j’ai. Quand tu me caches ce qui ne va pas, tu me caches une partie de toi, et ça je déteste. J’aime te connaître... par cœur. Tu es précieux pour moi, tu es mon trésor. Je te connais en détails et peu de monde arrivera un jour à te connaître de la sorte, alors ne t’enfouis pas, reste-moi. »

Elle s’était un peu calmée, car ce qu’elle disait là n’avait rien d’une attaque. Elle essayait simplement de faire passer par des mots les sentiments qu’elle éprouvait dans telle ou telle situation. Quand Lionel lui cachait des choses, elle avait l’impression de le perdre en partie. Elle comprenait à présent pourquoi il avait agit de la sorte, mais avait tout de même tenu à lui faire part de ce qu’elle ressentait elle.

Lorsqu’ils parlèrent de promesses, Genesia se sentit un peu défaillir. Pensait-il vraiment qu’ils n’étaient pas faits pour être amis pour la vie ? Regrettait-il leur promesse ? Blessée, elle ne put répondre qu’assez sèchement et la réponse du garçon fut donné sur le même ton, même s’il se radoucit par la suite.

Elle haussa les épaules devant ce qu’il dit. Elle n’était pas d’accord avec lui, mais a quoi bon lui dire une fois de plus. Il devait avoir compris l’idée là. Il paru perdre légèrement patience lorsqu’elle prétendit qu’il ne s’était pas battu pour elle, en d’autres termes.

« Tu m’as fait peur. »

Souffla-t-elle en relevant les yeux vers lui, mais en ne pouvant soutenir son regard. Elle avait cru que son monde s’écroulait lorsqu’elle avait interprété sa phrase comme un abandon de leur promesse.

« Je ne veux pas songer à cette possibilité, moi. Nous deux c’est différent. »

Son air incertain n’avait besoin qu’un d’un seul mot. Un oui. Les yeux de Genesia revenus se perdre dans ceux de son ami se firent presque suppliants. Elle voulait l’entendre le lui dire qu’il ne l’abandonnerait jamais, qu’il ne pourrait pas qu’il en mourrait comme ça serait le cas pour elle s’il la quittait. Amicalement parlant, toujours.

« Il faut que ça marche. Je ne saurais pas vivre sans toi. »

Elle avait essayé une fois, lorsqu’il avait mit un terme à leur amitié pour une fille. Elle était restée trois jours enfermée dans sa chambre d’étudiante à pleurer comme une loque sur son lit. Gabriel était venu voir si elle ne s’était pas encore jetée par la fenêtre et l’avait un peu sortie de sa léthargie. Il ne voulait certes plus être son petit ami, mais il avait été un très bon ami.

Genesia avoua alors à Lionel s’être préparée voir même s’être résignée à ce qu’il rencontre une fille et qu’il fasse sa vie avec elle, mais il semblait vouloir continuer de dire que ça n’arriverait jamais. L’américaine était persuadée du contraire, mais elle n’allait pas non plus le forcer à réaliser s’il n’était pas encore prêt.

La déclaration suivante eut pour effet de retourner le cœur de la jeune femme. C’était une des plus jolies choses qu’on lui avait jamais dite, même si elle savait qu’elle ne pouvait accepter que ça se passe comme ça. Parce qu’elle devait penser au bonheur de Lionel avant le sien. Mais les mots la touchèrent trop profondément. Ce fut elle cette fois qui approcha sa tête de celle du jeune homme, jusqu’à doucement toucher son front.

* w.i.l.l.i.a.m.*

Entonnait son cerveau en boucle tant et si bien qu’au lieu de déposer ses lèvres sur celles du jeune homme elle y posa un doigt, avant de se reculer. Elle sourit doucement.

« Alors essaye de trouver celle qui arrivera juste en dessous. Celle qui te conviendrait le mieux. »

C’est ce qu’elle avait fait avec William. On ne pouvait pas dire qu’il était réellement son second choix puisqu’elle n’en avait pas de premier. Lionel et elle ne vivraient plus jamais rien de romantique ensemble. Enfin dans le sens romantique des films parce que les moments douloureusement romantiques au sens premier du terme, c’était quasi l’histoire de leur vie.

« Et évite de comparer... je suis unique. »

Fit-elle avec un petit rire.

« Y a des filles extra ici, mais il faut que tu leur laisses leur chance d’être elles-mêmes et de te séduire en tant que telles. »

Bien sur, elle aussi avait toujours comparé tous ses petits copains à Lionel. Disant il est plus... ou moins... C’était une habitude et elle les avait rarement trouvés à son goût justement parce qu’ils étaient bien trop différents de son modèle idéal. Ca lui avait sans doute déjà fermé de nombreuses portes. Elle ne voulait pas qu’il fasse la même erreur qu’elle. Il fallait qu’il grandisse, même si ça faisait mal.

« C’est juste que je n’ai rien dit... j’ai tout gardé à l’intérieur, mais je n’en pensais pas moins. Cohabiter avec miss perfection 2010 tu crois que ça me faisait plaisir peut-être ? Nan mais t’es fou ou quoi ? »

Elle eut un léger sourire.

« C’est justement pour ça que je m’efforce d’être plus sympa avec tes conquêtes. Parce que même si tu dis que j’ai un droit de veto, c’est pas normal... »

Elle soupira, parce qu’elle faisait pareil. Elle aurait du mal à passer sa vie avec un homme qui ne plaisait pas à Lionel. Elle ne pourrait pas être entre eux deux parce qu’à un moment elle devrait faire un choix et qu’elle savait très bien quel choix elle ferait. Il n’y avait aucun doute la dessus. Tout le monde le savait. Lindsay, son père, la mère de Lionel. Tiens, même la nouvelle femme de son père était au courant. C'est-à-dire, tout Davis dans les secondes qui suivirent XD.

« On doit faire un effort là-dessus. Etre plus ferme dans ses choix et ... »

Elle évita de continuer. Elle savait que ça ne servait à rien. Elle n’arriverait jamais à appliquer ce qu’elle venait de dire. Donc autant la fermer.

La discussion repiqua sur Sarah et sa perfection quotidienne. D’ailleurs, Lionel avoua que la seule raison pour laquelle ils n’étaient pas ensemble c’était parce qu’elle ne s’intéresserait – selon lui – jamais à lui.

« Ouais t’as raison, c’est pour ça qu’elle a accepté de t’embrasser à plus d’une reprise et que vous avez passé la nuit ensemble. »

Elle secoua la tête en signe de désapprobation.

« Si tu veux te voiler la face tu fais ce que tu veux, mais moi je te dis que dans le fond tu l’intéresses. Et mon intuition m’a rarement trompée. »

Euh je rêve ou elle était en train de lui donner des conseils pour qu’il se mette avec Sarah. Non mais oh ! Ca va oui là-dedans !

Ah William, le sauveur de Genesia, celui sans qui elle aurait été encore bien plus pitoyable il y a quelques temps. Elle n’avait même aucune idée de si elle s’en serait sortie sans lui, car comme Lio se plaisait à lui raconter, il passait beaucoup de temps au chevet de son amie d’enfance pour l’aider à se sortir de cette mauvaise passe. Elle ne comprit pas bien ce qu’il marmonna, mais ne lui demanda pas de répéter. Ils avaient assez à se dire que pour s’attarder sur des détails, enfin elle espérait que ça en soit un.

Taylor prit un ton autoritaire et lui intima d’arrêter immédiatement. Elle lui faisait mal par basse vengeance, elle voulait lui faire payer la douleur qu’elle avait ressenti dans son cœur et savait très bien comment s’y prendre. La preuve, elle avait réussi à lui faire perdre son sang-froid alors qu’il se contrôlait si bien jusque là. Lorsqu’elle vit qu’il releva des yeux légèrement plus humides qu’à la seconde précédente, Genesia sentit une boule se former dans son bas-ventre.

« Pardon »

Souffla-t-elle doucement en baissant les yeux. Elle avait peut-être été un peu trop loin.

* Eh oh, ma grande, et lui ce qu’il a fait c’est pas pire peut être ? *

Peut-être bien, mais Ginny ne supportait pas le voir avoir de la peine, c’était à elle que ça faisait du mal. Ok, prétendre n’était peut-être pas le verbe approprié dans ce cas, mais c’était le seul qu’elle avait eu sous la main qui pourrait faire un peu choc. Bien sur elle avait toujours aimé Lionel de toute son âme et elle avait l’impression que la réciproque était de mise, mais après tout, elle n’était pas dans sa tête et ne pouvait pas en être sure à cent pour cent.

A présent, Lionel prétendait avoir voulu tout quitter pour venir s’occuper d’elle aux Etats-Unis. Elle se reraidit un peu. Il avait le don de la faire s’attendrir alors qu’il ne le méritait pas vraiment. Il fallait qu’elle se reprenne. Qu’allait-il invoquer maintenant comme excuse pour justifier le fait qu’il l’avait laissée tomber ?

« Quoi ? »

La surprise fit s’évacuer toute forme d’animosité contre Lionel. Elle était abasourdie par ce qu’elle entendait. Ca n’était pas possible ?

* Pitié faites qu’il mente ! *

Elle ne pouvait pas imaginer que ses proches se soient ligués contre elle pour la faire tomber amoureuse de Will alors qu’elle pensait que tout était à jamais fini avec Lionel, vu son absence.

« Et moi là-dedans ? Et mon avis à moi ? Je t’en prie dis moi que c’est pas vrai ! »

Elle se prit la tête entre les mains un instant, son esprit vagabondant sur les informations qu’elle venait de recevoir et qu’elle devait à présent digérer. Comment avaient-il pu croire qu’elle s’en sortirait mieux sans Lionel qu’avec lui à ses côtés. Elle savait que son père détestait à présent le garçon. Il prétendait qu’il n’avait pas assez bien veillé sur Genesia avant et après qu’elle soit tombée enceinte d’ailleurs. Arthur aimait se laisser croire que ça n’était pas de sa faute a lui qui avait laissé sa fille fragile avec antécédants suicidaires dans la famille, mais que c’était simplement Lionel qui n’avait pas su prendre soin d’elle, lui qui était si proche. Venant de son père, ça ne l’étonnait pas tant que ça.

« Et depuis quand on écoute la Richardson donner son avis sur ma vie d’ailleurs ? »

S’interrogea-t-elle. Non mais pour qui elle se prenait cette bonne femme. Elle lui avait d’abord pris son père, et apparemment Lionel aussi. Ah qu’elle la détestait !

« Je n’arrive pas à croire que là, en une journée, que dis-je, une matinée, j’arrive à découvrir que je me suis faite trahir par mon meilleur ami, ma meilleure amie et accessoirement mon père et sa femme. »

* Y a des jours vaudrait mieux rester au lit. *

« Est-ce que... ta maman était au courant ? »

Avait-elle aussi donné son avis, elle qui pensait que le mariage de Will et Ginny était une erreur sans jamais oser le formuler en ces termes à l’actrice. Genesia avait toujours adoré la mère de Lionel et allait toujours lui rendre une petite visite quand elle se rendait à Davis. Elle faisait un crumble aux fruits rouges à avoir un orgasme buccal XD.

Alors que Lionel précisa qu’il n’aurait pu vivre sans avoir de ses nouvelles, au point de s’inventer de fausses identités et d’agir comme un maniaque, elle lui déclara qu’elle n’attendait que lui. A chaque instant, à chaque seconde. Puis elle avait abandonné et elle s’était laissée conquérir. Après de longs mois, les barrières qu’elle avait dressées autour de son cœur avait fini par céder sous le poids des attentions de William à son égard.

« Et je suppose que c’est ce que tu pensais aussi. Sinon tu ne les aurais pas écoutés. Tu croyais réellement pouvoir m’ôter du bonheur, alors que justement, mon seul bonheur c’est de t’avoir toi ? »

Ne se rendait-il pas compte qu’il était toute sa vie et qu’elle n’était rien sans lui qu’une épave. Cohen avait bien voulu se contenter des restes de Genesia pour finalement grappiller de plus en plus de la vraie jeune femme et finalement la conquérir entièrement, par K.O.

« Apparemment tout le monde se fichait de ce que MOI je voulais. J’aurais voulu t’avoir auprès de moi. Savoir que c’était toi. Pourquoi tu ne me l’as pas dit à moi ? J’aurais pu garder le secret ! Ca m’aurait fait tellement de bien de te savoir à mes côtés, un peu plus que par la pensée... Ca a été tellement dur... »

Elle se mordit la lèvre pour empêcher sa voix de se briser. Il fallait qu’elle reste forte. Elle sourit franchement quand il lui dit qu’elle était en train de démolir tes efforts.

« Je t’ai dit que c’était super mignon et tout, c’est juste que je n’avais pas envie que ça reste un ‘secret’ entre nous. Ca fait trop de mal quand ils sont révélés après... Mais j’ai reconnu que c’était adorablissime. »

Sans trop comprendre comment ils en étaient arrivés là, Genesia se retrouva contre le corps de Lionel, à tanguer au rythme de la chanson qu’il chantait, doucement, et tendrement. Une composition qu’elle lui avait inspirée selon ses dires. Elle avait toujours trouvé exceptionnel d’être une source d’inspiration pour quelqu’un et terriblement flatteur.

Lorsqu’il eut terminer de chanter, Genesia ne se recula pas. Elle ne voulait pas que ce moment se termine. Elle était juste parfaitement bien. Si Sarah rentrait à ce moment là, elle la découperait avec un hachoir XD. Ils restèrent donc l’un contre l’autre, sans rien dire, avant que Lionel ne prenne la parole pour lui demander si elle se souvenait de la première compo qu’il lui avait faite écouter à Longwood.

« Bien sur que je me souviens. »

Fit-elle en détachant sa tête de son torse, pour le regarder.

« Elle est magnifique cette chanson. »

Elle sourit, avant de plisser le front pour essayer de dénicher le souvenir en question.

« Je crois que je te faisais la tête... encore.. et que tu me l’as chantée derrière la porte. Non ? »

Demanda-t-elle, n’arrivant plus à détacher ses yeux des siens et son sourire de ses lèvres. Elle se sentait tellement bien, partageant avec lui ce moment parfait.

Lionel et Genesia, c’était toute une histoire, des hauts et des bas, des chagrins et des peines. Ils formaient à deux un véritable couple de série télévisée dans toute sa splendeur. Ils n’étaient jamais sur la même longueur d’onde en même temps. Ils s’aimaient, se désaimaient, s’aimaient à nouveau, se détestaient, s’embrassaient, couchaient ensemble. Ils étaient tout ce qu’un couple de cinéma était. Et pourtant, ils n’avaient jamais été un couple à proprement parlé. Lionel se disait souvent qu’ils auraient fait un couple affreux… convaincu du contraire cependant. Il préférait se convaincre que les choses n’auraient jamais marché entre eux. C’était tellement plus simple de la sorte.

Il n’avait pas à se demander ce qui aurait pu arriver entre eux lorsqu’il arrivait à se convaincre que la réponse était toujours la même : ils auraient finis par souffrir et par se détester. Et pour rien au monde il ne voulait risquer cela. Il savait qu’il avait mal agi en lui mentant et à la réflexion, il ne comprenait pas ce qui lui était passé par la tête. Il avait cru qu’il allait sans doute mettre en péril le précieux petit équilibre qui s’était installé aux Etats-Unis et visiblement, c’était un peu le cas. Gin ne savait pas. Gin ne savait rien et lorsqu’elle l’apprendrait, elle allait en faire une montagne, comme de tout. Et pour une fois, elle aurait raison. Mais quelque chose lui disait qu’il allait s’en prendre plein la figure lui aussi, alors qu’il n’avait fait qu’obéir et agir dans le meilleur intérêt de la jeune fille, pour son bonheur.

Il fallait qu’elle reprenne pied avec la réalité. Lindsay lui avait confié que lorsque Gin était avec lui, elle avait tendance à se croire dans un rêve et à oublier tout le reste. Taylor connaissait cette sensation puisque c’était comme ça qu’il se sentait dès que ses yeux se posaient sur la jeune fille. il avait l’impression de quitter cette terre et de s’ouvrir à un monde nouveau. Il aimait cette sensation plus que tout. Mais Lindsay avait raison. On ne pouvait pas baser sa vie sur un sentiment d’euphorie constant. Tay avait voulu épargner à Ginny la peine qu’une rechute aurait causée. Bien sûr qu’elle avait dû souffrir de son absence. Mais n’était-elle pas heureuse ? N’était-elle pas sur le point de se marier avec son prince charmant ?

Alors si elle était comblée, Lionel estimait qu’il avait fait les bons choix, qu’il avait pris les décisions adéquates qui avaient amené Gin à trouver l’homme de sa vie et l’accomplissement et le bonheur auprès de lui. Après tout, William était un garçon bien. Tay l’avait bien connu à une époque. Genesia n’aurait pu trouver meilleur époux que lui. Cette simple pensée, aussi destructrice pour son cœur fut-elle, était pour sa conscience un soulagement sans pareil.

Contrairement à ce que pensait Ginny, ce n’était pas les remords d’avoir couché avec Sarah qui le faisait agir de la sorte. D’ailleurs, il n’éprouvait aucun remord, mais juste une profonde satisfaction. Ça lui éviterait d’avoir à se demander comment c’était de partager un moment d’intimité avec la danseuse. Ça l’aiderait sans doute à faire redescendre la tension sexuelle qu’il y avait eu entre eux… en tout cas du côté de Lionel.

Non, ce qui avait décidé le jeune homme à parler, c’était bel et bien cette nuit avec Sarah, mais non à cause de regret ou de remord. Il avait réalisé qu’il fallait simplement qu’il soit plus honnête avec Gin et qu’il cesse de mettre sa colocataire dans une position délicate. Il se devait à lui et le devait aux deux jeunes filles d’être sincère et de mettre les choses au clair.

Il comprenait le point de vue de sa meilleure amie cependant. Il était légitime qu’elle pense qu’il n’agissait qu’à cause de cette nuit. Elle pouvait se faire son opinion sur les choses. Ce serait à lui de lui démontrer qu’il arrivait que la grande Genesia Weastler ait tort.

Les mots qu’elle prononça ensuite lui allèrent droit au cœur. Il était son trésor. C’était tout ce qu’il souhaitait. Il n’avait plus besoin de plus. Elle était heureuse et si elle voulait qu’il soit là, qu’il se confie plus à elle-même s’ils ne disposaient que de quelques minutes, il le ferait à présent qu’il connaissait sa position.

« Je ne te cacherai plus rien… »

Lui promit-il. Le plus souvent, lorsqu’il omettait de lui parler de ce qui lui arrivait c’était pour ne pas l’ennuyer, ne pas la décevoir, ou pour lui épargner une peine inutile, mais si elle tenait à ce qu’il soit à cent pour cent honnête avec elle, il le ferait. Le mensonge les avait trop de fois séparés. Il savait qu’il avait eu tort de monter cette histoire avec Sarah, mais là encore, il avait cru qu’elle le verrait autrement, qu’elle pourrait cesser d’avoir envie de lui tenir la main comme un petit garçon. Il n’avait pas voulu le décevoir.

« Ça, c’est une promesse que je tiendrai maintenant… si ton cœur a encore une place pour moi… même derrière William… s’il le faut. »

Elle semblait s’être calmée, mais cela ne l’empêchait pas de garder ses distances, ce qui tuait Lionel qui n’aspirait qu’à être plus proche d’elle encore. Il comprenait mieux son point de vue à présent et devait avouer que si elle lui avait menti à propos de faits importants de sa vie, il n’aurait pas apprécié non plus. Bon, il ignorait encore qu’elle avait menti sur deux évènements marquants de sa vie. Et il ne l’apprendrait sans doute jamais. Il y avait fort à parier qu’il ne prendrait pas la chose aussi mal que Gin qui avait toujours le don de monter sur ses grands chevaux, mais il ne le prendrait pas avec le plus grand calme du monde non plus. Il serait sans doute plus dégouté qu’autre chose. Elle se permettait de lui reprocher un mensonge alors qu’elle pratiquait cet art aussi.

Ce qui était certain à présent, c’était qu’il ne lui cacherait plus rien et que contrairement à d’autres promesses dont l’issue était fluctuante, celle-ci, elle ne tenait qu’à lui. Gin sembla paniquée lorsqu’il parla des aléas de la vie qui pourraient bien le forcer un jour ou l’autre à ne plus se voir, à ne plus se parler et même à ne même plus se considérer comme des amis. Ce n’était pas ce qu’il souhaitait, bien au contraire. Mais il savait qu’il ne fallait jamais dire jamais.

« Je ne veux pas y songer non plus… »

Bien sûr qu’ils étaient différents. C’était ce qu’il croyait de tout son cœur, que ce n’était pas pareil pour eux et que peu importe ce qu’il se passait ils reviendraient toujours l’un vers l’autre, mais il savait aussi qu’il ne pouvait gager de rien, que cela ne dépendait pas uniquement de leur volonté. Si William –tout à fait hypothétiquement parlant- demandait à Genesia de ne plus jamais revoir Lionel, il y avait de fortes chances pour qu’elle le fasse. D’ailleurs, Tay ne souhaiterait pas qu’il en aille autrement. Il ne voulait pas gâcher son bonheur. Il préfèrerait qu’elle accepte de le perdre pour s’épanouir. Heureusement pour Lionel, William n’avait encore manifesté à son égard aucune animosité.

*Parle pas trop vite…*

S’il apprenait qu’il avait mis sa fiancée dans cet état, Willichou n’apprécierait peut-être plus tant que ça son ancien ami… d’autant plus qu’il était au courant du lourd passé des deux jeunes gens.

*ça doit pas l’aider à apprécier la visite de Gin ça…*

« On est différents… »

Souffla Lionel dans un fin sourire. Lorsque Gin le regarda avec des yeux presque suppliants et qu’elle s’approcha de lui pour lui dire qu’il fallait que ça marche, et qu’elle ne pourrait pas vivre sans lui, il se sentit fondre complètement. Comment pouvait-il résister à une telle déclaration.

« Je ne pourrais pas vivre sans toi non plus… »

Lionel serra fort Genesia contre lui, et ne cessa de lui murmurer à l’oreille qu’elle ne pourrait pas vivre sans lui. il déposa un court baiser sur son front et la garda bien au chaud contre lui. il ne fallait pas qu’elle croit qu’elle n’avait eu aucun impact dans sa vie alors qu’elle était tout ce qui faisait de Tay ce qu’il était aujourd’hui.

« On fera tout pour ça marche… »

Ils ressemblaient presque à un couple. Taylor était certain que c’était ce que Sarah aurait dit si elle les avait surpris enlacés ainsi. Mais Sarah ne connaissait pas toute l’histoire Gin. Elle n’avait pas eu les détails. Il faudrait bien un jour que Lionel lui en parle, mais tant qu’il ne savait pas où ils en étaient, il avait préféré ne rien dire.

S’il y en avait un autre qui n’aurait pas approuvé cette position, c’était bien William que Genesia ne mentionnait à présent que très peu dans ses propos. Taylor, lui, gardait toujours le jeune homme à l’esprit. Ça lui permettait de se contenir et de ne même pas songer à la possibilité que les choses dérapent, comme d’habitude. Pour le bien de Ginny, il fallait à tout prix qu’il ne regarde pas ses lèvres et que l’envie ne lui traverse même la tête. Lionel se savait obsessionnel. Il aurait suffi d’une parler, ou d’un geste un rien déplacé pour qu’il cède en pensée au passé chargé qui était le leur.

Lionel confia à son amie qu’il n’y avait personne qui n’avait jamais pu la remplacer, être plus importante à ses yeux que Genesia l’avait été. Son amie lui souffla qu’il fallait dans ce cas qu’il trouve celle qui arrivait juste en dessus, celle qui lui conviendrait… et Tay avait déjà une idée de qui il pourrait s’agir, mais ne voulait pas l’envisager de peur qu’un jour elle ne prenne la place de Genesia, ne serait-ce que par la présence plus importante. Il refusait de se laisser aller… d’autant qu’il savait que cette fille était bien la seule avec laquelle il n’avait aucune chance.

« Je peux faire ça… »

Fit-il acceptant donc de suivre son conseil. Là, il se rendit compte qu’elle avait réellement changé. Elle devait être heureuse pour donner son avis sur la vie amoureuse de Tay sans qu’elle ne se mette au centre…

*J’ai parlé trop vite…*

Gin ajouta non sans un brin d’humour qu’il ne fallait plus qu’il compare. Elle était unique. Il rit doucement, songeur. Gin ajouta qu’il y avait des filles géniales en Australie et qu’il fallait juste que Lionel leur laisse leur chance. Il était vrai qu’il n’avait pas réellement accordé de chance à une fille depuis Rachel, et cela faisait déjà quatre ans. Il était bel et bien temps qu’il se remettre à s’ouvrir. À croire qu’il avait attendu que ce soit Gin qui lui conseil… comme s’il avait eu besoin de son approbation.

« Je verrai ce que je peux faire pour cette horde de filles extras… »

Rit-il ensuite, avant que Gin ne lui explique qu’elle n’avait pas forcément apprécié de le voir avec Sarah à longueur de journée. Elle n’avait simplement rien dit et tout gardé pour elle. Elle ajouta que cela ne lui avait pas fait plaisir de voir une fille parfaite déambuler dans l’appartement sans cesse.

« C’est vrai que Sarah est… comment dire… presque irréprochable. C’est fou ! »

Tay ne trouvait pas normal non plus que Gin ait un droit de véto, mais c’était comme ça. C’était de cette manière que fonctionnait leur amitié. Chacun émettait des avis sur les personnes avec lesquelles l’autre sortait et cela avait toujours bien fonctionné. Mais Lionel admettait volontiers qu’il avait poussé le bouchon un peu trop loin (Maurice !)

« La prochaine fois, quand ce sera la vraie… sois tout aussi sympa. »

Il ne devrait peut-être pas plaisanter aussi vite de cela, mais il voulait qu’ils passent vite à autre chose. Puis, il espérait bien trouver rapidement une fille qui soit à la fois belle, intelligente, et tout ce qui allait avec. Sarah lui avait souvent répété qu’il en attendait peut-être trop d’une fille et qu’il fallait qu’il réduise ses critères de sélection. Pourtant, il ne voulait pas se contenter du minimum. Il lui fallait une fille géniale. Une fille qui faute de pouvoir rivaliser avec Gin pourrait au moins lui arriver au genou!

Gin avait raison sur le fond, mais ils savaient tous les deux qu’être ferme, ce n’était pas une question de volonté. Il voulait l’être, il ne pouvait simplement pas s’empêcher de se baser sur l’autre. Les décisions de Lionel, parfois même anodines, tournaient autour de Gin.

Celle-ci semblait d’ailleurs avoir trouvé pour lui la vraie petite amie parfaite : la fausse petite amie. Elle trouvait visiblement que Sarah était un bon choix. Et lorsque Lionel confia à Genesia qu’il n’avait aucune chance avec elle, celle-ci ne parut pas aussi convaincue.

« Sarah et moi on est amis, et colocataire… d’ailleurs, on a décidé qu’avoir couché ensemble ne changeait rien à notre amitié. On en a parlé. C’était bien, même génial… »

Fit-il dans un léger rire avant de reprendre son sérieux.

« Alors je pense que ton intuition est pour une fois fausse… »

Taylor évita savamment de parler de ce que lui pensait ou ressentait par rapport à la situation. Là aussi, il s’était juré de ne pas aborder le sujet avec son subconscient, même si dans le fond, il savait que Sarah était la fille à laquelle il avait immédiatement pensé lorsque Gin avait mentionné « celle qui lui conviendrait »… elle était tout ce qu’il pouvait rêver d’avoir. Elle n’était pas Gin, d’accord, mais personne n’était parfait. Puis Gin avait son William. Il fallait bien qu’il oublie un peu sa meilleure amie pour vivre sa vie à lui… Mais Sarah… han, han ! Impossible !

*Et quand c’est impossible, c’est que c’est pas possible !*

D’une logique implacable tout ça.

Genesia dépassa les bornes lorsqu’elle se montra cruelle comme jamais avec Lionel. Ce fut la première fois qu’il perdit son sang froid. La jeune fille se calma tout de suite ayant bien vu qu’elle lui avait fait monter la larme à l’œil. Elle s’excusa et Tay ferma les yeux pour essayer de remettre de l’ordre dans sa tête. Son cœur reprit un rythme normal. Il s’était emballé lorsque son amie s’était montrée assez inutilement basse dans ses propos. Il l’avait peut-être mérité, mais tout de même, elle aurait pu éprouver pour lui un peu de pitié.

Après la cruauté, ce fut au tour de la surprise de prendre place sur le visage de Genesia. Lionel venait de tout lui avouer sur les raisons qui l’avaient poussé à ne pas quitter l’Australie pour s’installer à son chevet. Ce n’était pas qu’il n’avait pas voulu, c’était qu’il n’avait pas pu. Le père de Genesia pouvait se montrer très convaincant et Lindsay de même lorsqu’elle s’y mettait. Non, Lionel n’avait pas abandonné son amie, il avait été contraint de la laisser partir.

Bien sûr, Comme Tay aurait pu s’en douter, Gin invoqua l’argument « Et moi ? » c’était à elle qu’il pensait lorsqu’il avait finalement pris la décision de ne pas courir la rejoindre. Il n’avait cessé de penser à elle une seule seconde. Les six mois qui avait suivi son départ avaient été le moment le plus douloureux de toute la période « sans Gin ». Il n’était pas supposé entré en contact avec elle, mais il l’avait quand même fait et il avait regretté à chaque seconde de ne pas avoir été celui qui tous les matins poussaient la porte de sa chambre. Mais c’était pour la préserver. Il fallait qu’elle reprenne contact avec la terre, et Lindsay avait été particulièrement clair sur un point : Lionel ne représentait pas un lien suffisant avec la réalité. Genesia avait besoin de quelqu’un de fort et de réel, et de présent qui ne la décevrait jamais. William était le candidat rêvé. Tay imaginait parfaitement le bonheur de Monsieur Weastler lorsqu’il avait appris les fiançailles de sa fille.

Le père de Gin n’était pas un grand fan de Lionel. Il avait toujours trouvé que le jeune homme avait une mauvaise influence sur son enfant et que c’était de sa faute si Gin avait sombré dans la drogue. Il le lui avait parfaitement fait comprendre au téléphone.

« Ton avis à toi aurait été que tu avais besoin de moi dans ta vie. Je le sais. C’est ce que j’ai dit à ton père. Mais il pensait que tu t’en sortirais plus vite si je n’étais pas à tes côtés… Et tu t’en vite sorti, c’est vrai. »

Il n’avait pas approuvé le choix de Lindsay et d’Arthur, mais il avait dû admettre que son absence n’avait pas semblé si mauvaise que cela. Au contraire, on aurait dit qu’elle avait été plutôt bénéfique. Gin s’en était admirablement sortie et était devenue une grande actrice. Elle avait réussi sa vie et était devenue une femme comblée et heureuse, le tout, sans que Lionel ne fasse activement partie de sa vie. La preuve que le père de Genesia n’avait peut-être pas si tort que ça.

« On se fiche de la Richardson ! Elle s’est juste rangée à l’avis de ton père. Il prétendait que je t’empêchais de voir la réalité en fasse, que j’étais incapable de prendre soin de toi, et que tout ce que je pouvais faire, c’était te faire jouir… »

Le père de la jeune fille n’avait pas été d’une politesse à toute épreuve.

« Il m’a souligné que je n’avais pas été le meilleur des amis pendant le début de ta grossesse et que si je ne souhaitais que ton bonheur comme le prétendais si activement, j’aurais le cran de te laisser partir… et regarde toi, Gin… »

Lionel caressa sa joue d’un revers de la main, un fin sourire sur le visage.

« Tu es belle, tu es célèbre, et tu es fiancée… Quoi rêver de mieux ? »

Il embrassa une fois de plus son front, pour lui prouver à quel point il était fier d’elle du chemin qu’elle avait parcouru pour en arriver là où elle était et même si elle avait fait tout ce chemin sans lui, elle y était arrivée. Il n’était pas nécessaire à sa réussite. Tay hocha la tête lorsque Gin mentionna sa mère.

« Ma mère n’était pas d’accord avec Arthur. Elle prétendait qu’il avait tort de vouloir m’éloigner et qu’elle ne m’avait pas élevé pour que je devienne un lâche qui n’assumait pas. Quand j’ai décidé de ne pas venir, elle n’a rien dit. Mais je pense qu’elle n’en pensait pas moins. Elle été forcée de constater, comme moi, que la vie te souriait quand j’étais à l’autre bout du monde… »

Il rit doucement pour plaisanter. Il n’avait pas envie de se passer d’elle et savait qu’il avait une importance capitale dans sa vie, mais il ne niait pas les faits. Elle était devenue quelqu’un sans lui. il était tellement fier de ce qu’elle avait accompli.

Cependant, il tressaillit lorsqu’elle lui souffla que son seul bonheur c’était de l’avoir lui. [Là tu as failli me tuer] Il plongea ses yeux dans les siens et plaça ses mains au niveau de son cou. il la ramena contre son front.

« Je ne pensais pas que tu serais mieux sans moi. Je pensais que tu avais besoin de distance, de temps, et de reprendre contact avec la réalité… tu sais bien que quand on est ensemble, c’est tellement beau qu’on se passerait du monde entier… »

Il embrassa sa jolie joue rouge avant de reprendre.

« Et n’exagère rien… Tu as William. Tu l’aimes. Tu es heureuse. Et c’est là que réside mon bonheur à moi. »

Cependant, il prit soudain un air sérieux. Son cœur tambourinait contre sa poitrine. Mais il s’était souvenu d’une phrase qui avait brulé d’envie de lui dire pendant cette période où ils avaient été séparés et qu’elle avait commencé à sortir avec William. Il déglutit avec difficulté. il savait qu’il fallait qu’il se taise, mais c’était trop difficile… plus de secret il avait dit.

« Mais si ton seul bonheur, c’est moi… »

Souffla-t-il doucement et avec beaucoup de difficulté.

« Si tel est le cas… je resterai près de toi, jusqu’à ce que tu me renvoies. Je te suivrai où tu iras, et je t’aimerai comme jamais on ne t’a aimé… »

C’était la phrase telle qu’il se l’était imaginé il y avait quatre ans de cela. Il était amoureux d’elle, encore, à l’époque. Aujourd’hui, c’était un peu différent, mais il en pensait toujours chaque mot.

« ça n’a plus à être dur pour toi… Parce que je ne te laisserai plus jamais… »

Il pouvait lui jurer qu’il ne laisserait plus personne se mettre entre eux, que ce soit Lindsay ou Arthur. Personne ne viendrait jamais à bout du lien qui les unissait. C’était beau, c’était unique, c’était précieux.

Lionel serra une fois de plus son amie contre lui et lui chanta une chanson, puis en entonna une deuxième. Il n’avait plus du tout envie de bouger. Il était tellement bien contre, juste à caresser sa peau du bout de ses doigts, à respirer son odeur. Il se sentait heureux.

Tay rit doucement lorsqu’elle souligna que la chanson qu’il avait écrite pour elle était magnifique. Elle se souvenait. Elle râlait, elle faisait la tête et s’était enfermée dans sa chambre et Lionel lui avait chanté à travers la porte. Elle avait fini par lui ouvrir. Il ne se souvenait pas de comment cela avait terminé, mais il pouvait deviner étant donné que le plus souvent cela se terminait de la même manière. Ils finissaient toujours par faire l’amour.

« Oui… et tu as fini par m’ouvrir… Parce que toi et moi, c’est ça… on s’ouvre toujours la porte. Toujours. Forrrever… »

Les yeux de Lionel ne fixaient que ceux de sa compagne. Il ne pouvait plus se détacher d’elle. Ils étaient tellement connectés l’un à l’autre.

« Je t’aime… Je t’aimerai toujours malgré ce que disent ou pensent les autres. »

Il approcha son visage du sien. Son souffle se mêla au sien. Il en avait envie, il y avait pensé. Il avait regardé ses lèvres. Il pressa doucement sa bouche sur la joue de son ami et se contenta d’imaginer que ce fut ses lèvres. Il venait de la récupérer, il n’allait pas la perdre pour un geste inconsidéré.

Lionel et Genesia avaient rarement fait l’unanimité [même sur ce forum XD]. Tout le monde à Davis voyait bien de qui il s’agissait. Ils s’illustraient tant en mal qu’en bien et les ragots allaient toujours bon train les concernant. Ils avaient des fois même été surnommés ‘les amants maudits’. Si, si ! Ca devait être une petite amie trompée de Lionel qui avait été répandre la rumeur de leur liaison. Elle voyait mal un de ses exs aller faire l’hystéro. Il n’y en avait jamais un seul qui s’attachait à elle. Enfin, faut jamais dire jamais, mais c’était nettement plus rare.

Les filles ont toujours eu tendance à s’attacher bien plus rapidement que la gent masculine. Quand elle draguait dans un bar, Ginny ne se voilait pas la face, elle savait que tout ce qu’elle trouverait c’était un gars près à rentrer avec n’importe quelle fille (et dont le degré de sélection s’effilochait suivant le nombre de bières qu’il buvait). Ils ne cherchaient que du sexe, et l’américaine s’en était de moins en moins dégoutée au fur et à mesure des années.

Au début de leurs sorties avec Lionel, après qu’elle ait été dépucelée par ce dernier, à son total insu, elle s’était faite avoir, comme toutes les autres filles du coin, par les petits séducteurs à deux balles qui, une fois qu’ils ont eu ce qu’ils voulaient, vous laissent tomber comme une vieille chaussette. Elle avait une ou deux fois pleuré auprès de son ami qui lui avait expliquée la vie du côté des garçons. A l’aide de ses explications, Ginny s’était forgé son caractère et avait décidé que la vie sous cet angle-là pouvait avoir des côtés sympa aussi. A son tour de boire jusqu’à ne plus savoir si le gars avec qui elle rentrait ce soir là en valait vraiment la peine ou pas. De toute façon, elle n’aurait jamais le temps de le présenter à son père. La plupart du temps, ils n’atteignaient même pas une maison, se satisfaisant mutuellement dans une voiture, dans des toilettes ou parfois même dans des lieux un peu plus osés...

Dire que quand Ginny était arrivé, elle était une vraie petite fille coincée qui n’avait pas encore commencé son adolescence. Sans l’intervention de Lionel Taylor, dont elle était immédiatement tombée amoureuse, jamais elle ne serait la femme qu’elle était aujourd’hui. Elle serait différente. Avec des aspects « mieux » et des aspects « pires ». Mais pour rien au monde elle n’aurait souhaité avoir un aperçu de ce qu’aurait été sa vie sans l’intervention de son être cher. Comment pourrait une vie sans lui valoir la peine d’être vécue ?

Le père de Genesia en avait parfois entendu sur sa fille, mais n’avait jamais bronché, ne répondant même pas aux attaques et aimant son enfant de tout son cœur, comme il en avait été incapable au début de l’existence de la mini Weastler. Il préférait laisser dire, car il était persuadé au fond de lui que sa fille était promise à un brillant avenir qui ferait regretté à toutes les mauvaises langues ce qu’elles avaient pu dire sur elle. D’où l’incompréhension de Genesia lorsque son paternel s’était mis avec Courtney Richardson, la pire commère s’il était possible et que deux ans plus tard il l’épousa. La mère Richardson avait toujours détesté Gin depuis le jour où elle avait « piqué » le rôle principal féminin à sa fille dès qu’elle était montée sur les planches à Davis.

En effet, pour contrebalancer tout le négatif que l’on pensait d’eux, il fallait bien reconnaître que Genesia et Lionel n’avaient pas leur pareil sur scène. D’autant plus qu’étant un peu « people » dans leur petit village, certaines personnes venaient juste les voir pour essayer de trouver des choses à redire. Deux garnements pareils ne pouvaient pas avoir un don du ciel, c’était impossible, n’est-ce pas ?

Bien des fois ils avaient été punis. Que ça soit à l’école, Gin par son père ou encore même par des agents en uniforme. Genesia avait une fois repris le volant tellement saoule qu’elle s’était mise à faire un strip-tease à l’agent sur le capot de sa voiture. Le pire, c’est que même maintenant qu’elle était un peu plus âgée et censée être plus mature, elle trouvait ça drôle ^^. Une grande enfant quoi.

Arthur Weastler avait toujours eu un peu de mal avec Lionel. Il l’accusait d’avoir laissé son petit oisillon tourner en fille à mauvaise réputation. C’était tellement plus facile de se déculpabiliser de la sorte. Bien qu’il adore sa fille et n’en ait pas honte, il aurait tout de même préféré qu’elle ne se fasse remarquer que par son talent à jouer plutôt que par ses ébats sexuels. Est-il quelque chose de plus désagréable pour un père que d’entendre qu’il n’y a que le train qui n’est pas passé sur sa fille ? De voir les gens se taire quand ils vont au supermarché ? Et tout ça était dû à une seule personne, Lionel Taylor. Cependant, l’ex-banquier avait été un peu malin sur le coup, et ne parlait que très rarement de ça à sa fille. Il savait qu’elle aimait son Liolio plus que tout et que s’il avait essayé de se mettre entre eux, il l’aurait perdue. Elle aurait pu faire des imbécilités genre fuguer s’il l’avait empêché de la voir. Il s’efforçait donc de la punir en lui interdisant de sortir et s’efforçait de ne pas entendre la porte quand elle trahissait sa punition.

L’américain avoua a son amie avoir parfois du mal à se confier à elle, dans certaines situations. Ginny s’en sentit un peu blessée, mettant d’abord ça sur le compte d’un manque de confiance. Ensuite, le garçon lui expliqua qu’en fait il pensait que s’il parlait de ses petits bobos quotidiens, il risquait de gacher leur moments pour des choses futiles. Ca n’était pas du tout l’avis de la jeune femme, c’est pourquoi, elle lui expliqua ce qu’elle ressentait quand il agissait ainsi. Elle ne voulait pas qu’il lui cache quoi que ce soit, elle voulaient qu’ils soient toujours eux. Aussi unis dans les bons et les mauvais moments. Toujours là l’un pour l’autre, no matter what.

Elle lui sourit gentiment lorsqu’il lui promit qu’il ne lui cacherait pour rien. Ca ne pouvait être que pour leur bien car les mensonges les avaient jusqu’à présent bien trop éloignés. Ca ne leur avait jamais réussi de se cacher des choses. Soit la vérité finissait par éclater, soit il était trop tard pour annoncer qu’ils avaient quelque chose à avouer genre quasi dix ans après. Ils avaient toujours du mal à se dépêtrer de leurs secrets inavoués.

« Merci. »

Ne put-elle s’empecher de dire, soulagée qu’il prenne en considération son ressenti. On ne pouvait clairement pas dire qu’il ne faisait pas attention à elle. Peu d’hommes ne proposerait de changer pour une fille, mais alors là, vraiment très peu. Et lui, sans rien demander en retour, juste pour éviter de la blesser était prêt à faire de telles choses. Comment diable avait-il pu un instant penser être un boulet pour elle ?

Il lui jura de tenir sa promesse si elle daignait encore avoir une place dans son cœur pour lui. Elle sentit ses dernières résistances fondre. Qu’est-ce qu’il était chou. Elle prit le visage de son ami entre ses mains, pour le ‘forcer’ doucement à la regarder droit dans les yeux afin qu’il mesure toute la sincérité de ses paroles.

« Tu auras toujours une place dans mon cœur. Toujours. Tu pourrais t’avérer être un psychopathe que je prendrais encore ta défense. Tu es mon autre, tu fais partie de moi. Et pour ma part je peux te jurer qu’il n’en sera jamais différent. C’est une certitude. Si je te perdais, je me perdrais en même temps. Je suis indissociable de toi, je... je ne suis rien sans toi. »

Même s’ils avaient dû se contenter de se voir très rarement ces derniers temps, cela n’avait changé en rien les sentiments de l’actrice envers son meilleur ami. Elle l’adorait au plus haut point. Elle l’aimait de tout son cœur. Il était l’élément le plus important de sa vie. C’était un peu lui qui lui avait tout appris et qui faisait qu’elle était elle-même. Certains pensaient qu’il l’avait modelée à son image, elle, elle trouvait qu’il l’avait enfin épanouie et elle était heureuse lorsqu’il était près d’elle. Même si elle devait se contenter que ça ne soit qu’en pensées.

Bien sur, William aussi la rendait terriblement heureuse, c’était un fait avéré. Même si les deux tourtereaux ne passaient pas non plus tellement de temps ensemble ces derniers mois. Et chaque fois qu’ils se voyaient, c’était pour arranger des choses à propos du mariage. Genesia en venait même presque à espérer que ça soit vite passé pour pouvoir repasser de bons moments avec son fiancé, sans que ça ne soit un peu prise de tête sur les bords.

Genesia l’avait bien reconnu en son fort intérieur qu’elle n’était pas la plus juste avec Taylor, mais elle n’était pas prête psychologiquement à l’avouer à haute voix, à le reconnaître devant témoins. Elle aussi lui avait caché des choses, parfois menti, mais sa mauvaise foi la faisait estimer qu’elle avait de bonnes raisons de le faire. Jamais elle n’avait tenté quoi que ce fut qui ait pu blesser le garçon. Elle détestait lui faire du mal, enfin, sauf quand elle était vraiment énervée. Un petit côté bitchy en elle ^^.

La jeune femme perdit complètement le contrôle de ses émotions lorsqu’elle crut comprendre que Lionel pourrait se passer d’elle et éventuellement serait capable de rompre leur amitié, à nouveau. Elle ne saurait le supporter. Elle avait une fois réussi à sortir la tête hors de l’eau, mais savait que sa capacité de courage était vachement réduite ces derniers temps.

Elle fut rassurée que son ami pense la même chose qu’elle, enfin du moins qu’il dise que lui non plus n’était certainement pas prêt à renoncer à elle. Qu’il se battrait de tout son être pour que la vie ne vienne jamais à les séparer trop longtemps.

Ce que Lionel ignorait c’est que William ne demanderait jamais à Ginny de choisir entre lui et son meilleur ami. Pour la simple et bonne raison que le New-Yorkais craignait la réponse de sa petite amie. Et même s’il ne l’avait jamais avoué à cette dernière, il s’était résigné quelque part à toujours passer après Lionel. De toute façon, tant qu’ils étaient physiquement loin de lui, il n’avait quasi pas à la partager, donc il estimait ne pas trop avoir à se plaindre. Après tout ça n’était pas comme si Taylor habitait pas loin et qu’il était tout le temps fourgué avec sa fiancée. Ca, ça l’aurait fait beaucoup moins.

Alors que Genesia sentait la peur lui faire courber les épaules, elle n’avait plus comme bouée de secours que Lionel, qu’elle suppliait du regard, et il répondit très positivement à sa demande informulée. Il lui confirma qu’ils étaient différents des autres êtres humains. Qu’ils n’étaient pas comme eux. Ils pouvaient tenir des promesses et ils pouvaient se jurer s’aimer éternellement comme ils le faisaient depuis neuf longues années.

En ajoutant qu’il ne pourrait pas vivre sans elle, Lio serra l’actrice contre lui et Gin se laissa complètement aller dans ses bras. Elle n’était plus raide et pouvait se détendre. Elle sentait les pressions dans ses épaules dégrossir et ferma les yeux quelques secondes. Elle sourit lorsque son ami lui posa un baiser sur le front, dont il avait le secret. Ca donnait toujours à Genesia l’impression d’une promesse silencieuse de protection. Qu’il serait toujours là pour elle et qu’il la protégerait. Venant de n’importe qui d’autre elle aurait eu beaucoup de mal à accepter cet acte de condescendance, mais évidemment, venant de Lionel, elle ne broncherait jamais.

Pour la première fois depuis longtemps, peut-être même pour la première fois tout court, Genesia donna un véritable conseil pour le faire avancer dans sa vie sentimentale. Quelque chose de gratuit, uniquement formulé dans l’espoir que le garçon soit heureux et pas dans celui de le garder uniquement pour elle. Elle savait qu’elle n’en avait plus le droit et que si elle l’aimait sincèrement, ce qui était le cas, elle devait lui laisser plus d’espace, essayer que l’emprise qu’elle ait sur lui ne soit que minimale et ne soit pas une entrave à son bonheur, surtout pas.

Elle, elle avait avancé, par la force des choses. Parce qu’elle était partie. Parce que Lionel ne l’avait pas suivie. Nul doute que si elle était restée ici, elle aurait toujours stagné. Elle aurait continué sur la même lignée que sa vie d’avant, enfin, c’est ce qu’elle pensait et ce que ses proches américains lui répétaient sans cesse.

Gin sourit lorsqu’il promit d’essayer de voir comment il pourrait essayer de se dépatouiller avec les Australiennes. Son sourire se fit un peu plus amère lorsqu’il en rajouta une couche en disant, une fois de plus, oh combien Sarah était parfaite. Limite il était moins chiant quand il faisait semblant de sortir avec elle. La manière dont il en parlait laissait émettre des doutes quand à ce qu’il envisageait par la suite avec elle.

* Euh rappelle toi de tes conseils et sois heureuse pour lui.
Je suis contente, je suis contente, je suis contente... *

Elle hocha la tête lorsqu’il lui demanda d’être aussi sympa que cette fois ci avec sa nouvelle petite amie à venir. Elle fut quand même amusée d’avoir les mots « sympa » et « nouvelle petite amie de Lio » dans la même phrase. Elle n’était sympa avec les copines du garçon que quand elle les trouvait tellement nazes qu’elle était sures que ça ne pourrait pas durer XD. Par contre, par derrière, elle agissait en vraie garce, mais bon, l’amour peut parfois vous faire faire des choses détestables (a).

« Promis ».

Elle espérait tout de même pouvoir tenir sa promesse. D’ailleurs, en gage de sa bonne foi, elle annonça à Lio que contrairement à ce qu’il pensait, il avait plus de chance avec la danseuse que ce qu’il ne s’était imaginé. Une fois de plus, il refusa de voir la vérité en face et elle n’insista pas. Elle avait déjà fait l’effort d’essayer de lui ouvrir les yeux, elle n’allait tout de même pas pousser le bouchon (trop loin Maurice, on sait !) jusqu’à les jeter dans les bras l’un de l’autre. Entre bonne et conne y a qu’une lettre de différence x).

Dire qu’en plus il se permettait de critiquer les intuitions divines de Genesia... Pfff comme s’il ne la connaissait pas et n’avait pas encore compris qu’elle avait TOUJOURS raison. Dis donc les mecs avant d’arriver à faire rentrer un principe des plus élémentaires dans leur tête ça prend un de ces temps fou... !

Au fur et à mesure de leur discussion, plusieurs émotions passèrent entre eux, et Genesia ne put éviter sa légendaire colère qui lui faisait faire des choses pas toujours très correcte. En l’occurrence, elle avait simplement blessé son ami, mais elle savait très bien que chaque fois qu’elle blessait, c’était aussi à elle-même qu’elle faisait du mal. Ce p’tit gars c’était tout pour elle. Presque comme si elle l’avait fait ^^.

Son mauvais caractère n’était un secret pour personne. L’américaine pouvait être la plus gentille et la plus pétillante des filles de la terre, mais une fois que vous attisiez sa colère, ça changeait du tout au tout. Un bon moyen de la mettre en rogne ? Décider de sa vie à sa place par exemple. Ginny était une fille tout ce qu’il y a de plus indépendante qui n’avait besoin de personne pour faire son bout de chemin. Personne, sauf son âme sœur évidemment, mais c’est tellement évident qu’on oublierait peut-être de le repréciser. Du coup, elle n’apprécia que très très moyennement le fait qu’à un moment des plus difficiles pour elle, ses proches aient fait un choix qui a ma foi complètement changé la donne.

Un million de scénarios se déroualeint dans la tête de miss Weastler. Que se serait-il passé si Taylor était venu depuis le début ? Ou même en cours de sa cure ? Elle aurait été la plus heureuse des femmes. Il aurait pu lui donner la force nécéssaire à sa guérison. Elle avait un avantage sur les autres filles qui se faisaient soigner, c’est qu’elle ne voulait pas replonger, mais même avec une volonté de fer, ce dont elle pensait être dotée, lorsqu’elle faisait des crises de manque elle se serait enfoncé un crayon dans le bras si ça avait pu lui donner quelques grammes dans le sang [erk, glauque]. La présence de Lionel aurait été pour elle la meilleure des motivations. En son absence, elle avait donné ce rôle à Will. Et il ne pouvait pas le lui reprocher. Après tout, il ne voulait que que son amie se rétablisse au plus vite non ? Et bien elle avait fait avec ce qu’elle avait eu sous la main. Elle devait toutefois reconnaître qu’elle avait eu beaucoup de chance que ça soit « Willychou » qui soit justement présent à ce moment-là. On aurait difficilement pu mieux faire.

« Il n’avait pas à dire ça ! »

Depuis quand Arthur se mêlait-il à ce point de la vie de sa fille ? S’il prétendait l’aimer au plus haut point, pourquoi lui avait-il empêcher d’être avec celui qu’elle, elle aimait par-dessus tout ? L’absence de Lionel lui avait pesé et Lindsay – oh celle-là, elle allait l’entendre – à qui elle avait déjà dit, en larmes à quel point Lionel lui manquait, et qui avait fait semblant de rien, prétextant qu’il devait être trop occupé que pour pouvoir se déplacer. Sur le moment, elle les haïssait tous !

« Je m’en suis vite sortie parce que je refusais qu’un jour à venir je me laisse encore me prostituer pour une dose de came ! Et ça n’est en rien lié au fait que tu aies été absent !»

Etant donné qu’elle n’avait plus d’argent, son dealer, Brian McPhee lui avait demandé quelques gâteries ce que la demoiselle n’avait pas pu refuser étant donné le stade avancé de manque dans lequel elle se trouvait. Sur le moment, ça ne lui avait pas paru si terrible que ça étant donné qu’elle ne pensait qu’à sa drogue, mais une fois qu’elle s’était réveillée plus tard, elle s’était sentie abusée, sale et pathétique au possible.

« Mon père à dit-ça ? »

Elle se demandait s’il avait exactement employés ces termes-là ou si Lionel avait fait une libre interprétation de ce qu’Arthur avait voulu faire passer comme message. Elle ne le savait pas si vulgaire dans la colère, ça lui faisait tout drôle de se dire qu’il ait pu parler comme ça. La vache. Il était le plus calme et le plus poli de tous les Weastler réunis !

« Tu as toujours été là alors... et tu m’as toujours aimée. »

C’est ce qu’elle avait espéré. Elle s’était bien dit que ça n’était pas normal qu’il l’ait rayée de sa vie sans bonne raison. Après tout, quand elle était allée le voir pour lui expliquer ce qui s’était passé avec Brian, c’est lui qui avait téléphoné au père de Genesia pour planifier son retour et choisir le centre de soin. Elle n’avait du s’occuper de rien, elle n’était pas vraiment en état. Comment avait-elle pu penser qu’il avait juste voulu se débarrasser d’elle parce qu’elle lui causait trop de souci ? Ah si seulement elle avait écouté son instinct plutôt que de se ranger de l’avis de la majorité !

« J’aurais été belle même si t’avais été dans les parages tu sais ! J’avoue, le reste ça aurait peut-être été un peu différent. »

Elle se sentait un peu obligée de plaisanter, histoire que la conversation ne devienne pas trop lourde et trop sérieuse. Elle avait besoin de s’alléger le cœur car elle n’en revenait toujours pas des révélations que son ami venait de lui faire. Elle était sur le cul comme on dit. Elle ne put cependant s’empêcher de demander si la maman de Lionel était dans le coup, espérant qu’une personne sur terre au moins ne lui ait pas caché quoi que ce soit.

« J’ai toujours adoré ta mère... »

Commença-t-elle au début de sa tirade. La fin lui plut moins. Même si de tous les adultes, c’était une fois de plus elle qui avait été la plus sage.

« Je vais t’appeler comme ça maintenant « le lâche de Davis ! » »

Elle lui donna une petite tape sur l’épaule. Trop mignon x). Il redevinrent ensuite sérieux pour parler du fait que Lionel ne se rendait pas compte de l’importance capitale qu’il avait dans la vie de la jeune femme. Du bonheur qu’il était capable de lui procurer déjà rien que par sa présence. Lorsqu’elle était à ses côtés, tout semblait plus brillant, plus extraordinaire. Chaque instant avait quelque chose de précieux. Comme maintenant, alors que les mains du garçon posées sur le cou de la jeune femme l’attirèrent un peu plus près de lui.

« Tu sais pourquoi ? »

Lui demanda-t-elle, bien que sans attendre la réponse, elle continua.

« C’est parce que tu me suffis. Certes le monde continue à tourner, mais quand je suis avec toi, je n’ai besoin de rien d’autre et la vie ne peut pas être plus belle. »

Elle ne s’était vraiment pas attendue à ce que cette discussion qui avait si mal commencée ne devienne qu’une succession de déclarations enflammées, mais après tout, c’était ce qu’elle ressentait, elle n’avait donc pas à s’en cacher ni même à en avoir honte. Elle frotta quelques instants son nez contre celui du garçon en souriant avant de se reculer un peu.

« Et je te promets que si j’ai besoin de distance ou d’espace je te le ferais savoir, mais à l’avenir, laisse-moi en décider toute seule. Je suis une grande fille, right ? »

Elle était restée très calme et toujours souriante. Cette proximité retrouvée avec Lionel l’apaisait au plus haut point. Elle qui avait eu si peur qu’ils ne soient plus jamais ‘Tay&Gin’ était à présent un minimum rassurée.

« Mais si ça peut te rassurer, je veux bien me montrer plus terre à terre, enfin faire un minimum d’effort, mais je ne suis pas vraiment sure que descendre de mon nuage puisse avoir des effets si bénéfiques que ça. »

Termina-t-elle alors qu’il lui posait un baiser sur la joue. Elle lui sourit de plus belle. Elle était bien. Elle était heureuse. Qu’il lui avait manqué.

« Je n’exagère jamais rien tu me connais ! »

Elle ponctua sa phrase d’un clin d’œil montrant qu’elle faisait preuve d’auto-dérision.

« Et oui c’est certain que Will me rend folle de joie, je ne le nie pas, il est... »

Bon qu’est-ce qu’il voulait à la fin qu’elle lui répète combien c’était le meilleur homme sur terre ? Elle se tut pour le laisser parler. Le cœur de la jeune femme tambourina contre sa poitrine aux mots prononcés par Lionel. Il avait le don de la retourner en quelques mots seulement. En quelques gestes aussi.

« Tu m’as déjà donné bien plus d’amour que je n’en méritais. »

Lui confia-t-elle en lui caressant doucement du bout des doigts, sa main à lui.

« Mais on n’en a jamais trop j’avoue. »

Reconnut-elle, au comble du bonheur ^^.

« Je t’aime tellement... »

Ce fut tout ce qu’elle pu articuler, bien trop émue par les propos du garçon. Elle ne voulait pas non plus en dire de trop. Elle ne pouvait pas. Elle n’avait pas le droit. Une nouvelle fois, ils se prirent dans les bras l’un de l’autre et dansèrent sur une chanson imaginée par Lionel, avant qu’il n’en entame une deuxième. Il s’interrompit pour lui demander si elle se souvenait de la première fois qu’il la lui avait chantée. Comment aurait-elle pu oublier. C’était au tout début de son arrivée à Longwood, si pas le soir de leurs retrouvailles. Elle ne savait plus trop. La seule chose qui était sure, c’est qu’à la fin de la soirée, ils avaient fait l’amour. Peut-être aurait-il dès lors été plus sage qu’il arrête de la chanter, ? [(a)]

« Quelle bêtise j’ai faite ! J’aurais du te laisser encore languir un peu plus dehors »

Mentit-elle, en ne pouvant plus détacher ses yeux du visage de son ami. Elle le trouvait tellement beau. Elle adorait le voir sourire. Que c’était dur d’avoir pour faiblesse un homme aussi charmant.

« Je.. »

Elle voulu lui répondre qu’elle l’aimait aussi mais sa phrase resta en suspens lorsqu’elle vit le jeune homme s’approcher dangereusement d’une zone qui était devenue bien trop intime pour de simples amis. Finalement, il détourna de chemin et s’arrêta sur la joue de Ginny. Son cœur reprit une cadence normale. Elle espérait qu’il n’ait rien senti, vu la proximité de leurs corps.

« Et moi je t’aime encore plus. »

Fit-elle en se penchant à son tour vers lui pour lui déposer un bisou sur le nez.

« Na ! »

Gloussa-t-elle, en laissant glisser une de ses mains sur le cou du jeune homme, caressant du bout des doigts son visage.

« Ce que tu m’as manqué... »

Ajouta-t-elle alors que sa main, redescendant prendre sa place normale, glissa le long du torse du jeune homme, comme si elle était aimantée à lui. (a)

Encore aujourd’hui, Lionel ne savait pas exactement pourquoi ni comment il était tombé amoureux de Genesia Weastler. Leur rapprochement était un véritable mystère pour le jeune homme. Tout avait commencé si simplement lorsque la gentille et sage Ginny avait fait son apparition à Davis, une petite ville paumée de Virginie occidentale. Le regard de Taylor n’avait même pas effleuré la jeune fille. Au lycée, il était plutôt populaire, une sorte de petit caïd adorant défier l’ordre établi juste pour sortir du lot. Il aimait détonner. Il aimait être celui que les autres voulaient être sans jamais oser l’être.

Il ne niait pas non plus adorer cette vie de loubard. Il passait parfois des soirées à trainer dans les beaux quartiers afin de vérifier si certaines voitures n’étaient pas ouvertes. Et lorsque c’était le cas, il se servait allègrement dans celles-ci. Après tout, c’était de l’incitation au vol que de laisser une belle Porsche ouverte. Il prenait aux riches pour donner aux pauvres : lui.

Lorsque la jeune demoiselle l’avait abordé pour la première fois, il avait eu envie de pouffer de rire. Espérait-elle vraiment devenir son amie ? C’était le théâtre qui les avait réunis. Lionel avait appris à découvrir Genesia, à l’apprécier bien que la trouvant trop sage à son gout. Il n’aurait jamais imaginé qu’elle renfermait en elle une véritable tigresse.

Les deux jeunes adolescents avaient commencé à passer du temps ensemble, mais uniquement au théâtre. Au lycée, il la saluait, sans plus. Et un soir, Lionel avait convié Gin à une soirée Halloween. En réalité, cela avait été une soirée beuverie. Il voulait lui apprendre à faire la fête. Tout avait dérapé ce jour-là. Taylor savait parfaitement que Ginny était tombée amoureuse de lui et il en jouait beaucoup eu début. Ce soir-là, saoul, il l’avait embrassée. Il avait regretté ce geste puis s’était dit qu’il serait plus facile pour lui de faire croire à la jeune fille qu’il avait tout oublié. Ce qu’il fit. D’autant plus qu’à ce moment là, Lionel sortait toujours avec Alice. Celle-ci lui brisa le cœur quelques mois plus tard et Taylor devint le dragueur qu’il est toujours aujourd’hui. Il sortait, buvait, emmenait parfois Ginny avait lui mais rechignait à trop le faire. Elle ne lui avait pas semblé être une fille adepte de ce genre de sortie.

Mais Gin semblait avoir pris gout à ces soirées de débauches. Lindsay, une de leurs partenaires dans leur petit groupe de théâtre les accompagnait souvent et les observait du coin de l’œil. Elle avait avoué plus tard à Lionel qu’elle avait tout de suite su que quelque chose grandissait en eux. Taylor n’avait rien vu venir. Quelque temps plus tard, Gin était tombée amoureuse d’un autre garçon, un vietnamien qui vivait à New York. Lionel avait joué les indifférents mais cette nouvelle, il ne l’avait pas très bien digérée. Les choses s’étaient empirées lorsqu’ils avaient commencé à coucher ensemble de manière régulière. Il aimait cela, bien plus qu’il ne l’avouait.

Gin avait changé. Elle n’était plus la petite fifille à papa. Elle était devenue une femme, et une sacrée femme. Elle avait un tempérament de feu et avait plusieurs fois surpris Lionel. L’idée de voler des sous-vêtements dans un magasin pour les essayer ensuite, c’était son idée. Faire l’amour dans le bureau du directeur, elle encore. Il y avait entre eux une alchimie que personne ne pouvait nier. Ils se sautaient dessus dès que l’occasion se présentait, peu importe le lieu dans lequel ils se trouvaient. Leurs corps avaient besoin l’un de l’autre. Mais jamais aucun d’eux ne mentionna d’éventuels sentiments. Pour Lionel, tout était clair, ce n’était que du sexe.

Que du sexe… Il aurait dû s’en tenir à cette version. Lindsay l’avait tellement tanné avec les sentiments qu’il refoulait qu’il avait fini par les développer ces sentiments. Il aimait se dire que c’était la cause de ce qu’il ressentait. Mais en réalité, Gin avait su le séduire. Elle l’avait surpris, étonné, charmé… et encore aujourd’hui, il n’était jamais complètement indifférent à son charme. Il se maitrisait mieux aujourd’hui, parce qu’il savait qu’ils ne fonctionneraient jamais en tant que couple.

Et si à l’époque, ils ne faisaient déjà pas l’unanimité, c’était encore pire aujourd’hui. à l’époque, Lindsay semblait penser qu’ils étaient fait l’un pour l’autre et qu’un jour le destin finirait par les réunir. La mère de Taylor avait toujours dit que Genesia était la femme de sa vie et qu’il suffisait juste qu’il ouvre les yeux. Les autres avaient un avis plutôt mitigé. Selon Arthur Weastler, (j’ai failli écrire Arthur Weastley xD) Lionel était de la mauvaise graine portée par le vent. Il maudissait le jour où les yeux de sa fille s’étaient posé sur lui, car il était vrai que si Gin n’avait pas fait les premiers pas vers Taylor, il n’aurait jamais prêté attention à elle. Elle avait été une révélation pour lui. Il avait été un fléau pour son père.

Arthur n’avait jamais voulu comprendre que Genesia n’avait fait que refouler sa véritable nature pendant des années. Lionel ne pensait pas qu’il l’avait dévergondée tant que ça. il l’avait mis sur la voie, certes, mais elle s’était bien débrouiller toute seule pour trouver les pires bêtises à faire. Cette fille était une New-Yorkaise dans l’âme. À deux, ils avaient réussi à mettre Davis en feu. Tout le monde les connaissait. Personne ne les approuvait. Taylor s’en fichait.

Lionel hocha la tête lorsque Gin le remercia de prendre en considération ce qu’elle pensait et ressentait. C’était bien normal. Après tant d’années, il avait lui aussi mûri. Il avait appris à ne plus penser uniquement à lui, même si, depuis des lustres déjà, il pensait pour deux. Depuis qu’il s’était épris de la jeune fille, il ne se passait pas un moment sans qu’il ne se demande ce qu’elle en penserait ou ce qu’elle dirait de telle ou telle situation. Ils n’étaient peut-être pas un couple, mais ils étaient un tout, un duo. Ils étaient tout bonnement indissociables l’un de l’autre, un point c’est tout.

« De rien… »

Taylor rit doucement lorsque Gin lui confia qu’il pouvait bien être un psychopathe, ça lui serait égal. Il ne put s’empêcher d’ajouter pour rire :

« A ce propos… »

Il gloussa un rien de sa bêtise avant de reprendre un air sérieux. Ça le touchait énormément de savoir qu’il était l’autre partie d’elle. C’était comme ça qu’il les voyait. Ils étaient la même personne dans deux corps différents. Ils s’étaient trouvés et mourraient de ne plus avoir l’autre partie d’eux-mêmes. À les entendre se déclarer leur amour mutuel, on aurait pu croire qu’ils allaient à un moment où l’autre parler de relation amoureuse, mais non, leur amitié était pure à présent.

Taylor prit tendrement la main de son amie et déposa un tendre baiser sur celle-ci. Il ne la quitta pas du regard cependant. Elle faisait passer tellement de chose par les yeux. Ses yeux étaient magnifiques et même s’il aimait chacune des parties de son corps, il devait avouer que celle-là avait sa préférence. Personne n’avait des yeux comme elle.

« Ditto… »

Souffla-t-il à son oreille. Il aurait pu lui répéter tout ce qu’elle venait de dire, mais cela aurait été bien inutile. Elle savait que tout ce qu’elle ressentait, il le ressentait aussi. Il se contente de venir poser la main de son amie au niveau de son cœur et de l’y presser fortement. Les gestes étaient parfois plus forts que la parole.

Ce n’était pas parce qu’ils se voyaient moins que le lien qui les unissait s’était amoindri, bien au contraire. Comme ils n’avaient plus l’occasion d’exprimer leur amour l’un envers l’autre aussi souvent que par le passé, la déclaration était d’autant plus intense lorsqu’elle se produisait.

Taylor assurait tant et plus à son amie qu’il ne pourrait jamais se passer d’elle. il savait que la vie viendrait peut-être à bout d’eux, mais il ne cèderait jamais et donnerait toujours tout ce qu’il possédait pour rester en contact avec sa meilleure amie, la garder dans sa vie et la rendre heureuse. C’était tout ce qu’il souhaitait dans le fond. Et même s’il n’était parfois pas le plus adroit dans ses paroles et dans ses actes, il partait toujours d’une bonne volonté. Pour rien au monde il ne voulait risquer de décevoir la jeune fille.

Il imagina l’espace d’un instant comment serait les choses s’ils habitaient proche l’un de l’autre… Il était certain que le fiancé de la belle n’apprécierait que très moyennement cette proximité mais que pourrait-il y faire ? Cependant la question ne se posait pas. Lionel habitait pour de bon en Australie, il avait sa série là et Gin avait son boulot à elle aux Etats-Unis… même s’ils le souhaitaient, ils ne pourraient jamais être réunis à jamais. Aucun d’eux n’accepterait de quitter sa vie pour l’autre.

Lionel avait été prêt à le faire, mais aujourd’hui, le jeu n’en valait plus la chandelle. Non pas que Gin ne lui inspirait pas l’envie de tout plaquer pour être avec elle, en tout bien tout honneur bien sûr. Mais il savait qu’il n’aurait plus sa place aux Etats-Unis. Gin avait sa vie avec William, avec son père, Lindsay. Genesia avait une vie bien à elle. Et il en ferait à jamais partie, certes, mais à distance.

Puis, Taylor savait qu’il n’aurait jamais pu réellement avancer dans sa vie amoureuse si Gin était à proximité. Quelle petite amie supporterait de voir son copain ainsi enlacée à une autre fille. et même si lui savait que ce n’était que de l’amitié, cela aurait sans doute été moins évident pour une tierce personne.

Gin lui conseilla de tenter sa chance avec Sarah, ce qui le fit rire. Il était vrai qu’elle lui plaisait beaucoup. Mais il y avait bien trop à risquer pour qu’il n’ose un jour faire un réel pas. D’autant plus qu’après ce qu’il s’était passé, s’il tentait une approche, la jeune danseuse penserait automatiquement qu’il voulait réitérer l’expérience et non qu’il était sérieux. C’était une histoire vouée à l’échec. Mais il laissa Gin penser ce qu’elle voulait.

Au moins, il avait la promesse que, quelque soit sa prochaine petite amie, Gin serait sympathique avec elle. c’était déjà quelque chose.

Après avoir passé un court moment à discuter de la vie amoureuse du jeune Taylor, le sujet de conversation changea du tout au tout et Gin apprit ce par quoi était passé Lionel lorsqu’elle avait quitté le pays. Elle entendit le résumé des conversations que l’américain avait eu avec le père de la jeune fille. Ça n’était pas joli. Lionel n’en voulait pas à Arthur. Son opinion sur lui n’était plus à revoir. Il l’avait jugé à la seconde où il avait reçu un coup de téléphone du commissariat de Davis pour lui dire que sa fille avait été avec un garçon en train de copuler sur un parking. Depuis ce jour, Lionel avait été catalogué « mauvaise influence pour Gin ».

« Il l’a fait… il l’a dit. Il ne voulait que ton bien je pense. »

Taylor ne voulait pas défendre Arthur. Il le haïssait pour l’avoir poussé à se tenir éloigné de sa seule source de bonheur. Mais dans le fond, ça avait été pour un mieux. Si Lionel avait suivi Gin, il n’aurait sans doute pas résisté à son charme bien longtemps et aurait fini par lui avouer avoir été amoureux d’elle pendant toutes ces longues années. Et comme ils n’étaient jamais sur la même longueur d’onde au même moment, elle lui aurait répondu que ce n’était pas son cas. Dans un sens, il s’était évité une peine de cœur. Et l’amour de sa vie avait trouvé chaussure à son pied et était même fiancée. Elle était heureuse. C’était tout ce qui comptait.

« Ça n’a peut-être pas de lien… Mais le fait est là. Tu as été forte, sans moi. Tu as toujours été la fille la plus courageuse que je connaissais. »

Lionel hocha la tête en baissant les yeux lorsque Gin s’offusqua des paroles prononcées par son père. Arthur n’avait pas été tendre avec le jeune Taylor. Lionel préférait ne pas trop y penser. Il n’aimait pas trop se souvenir que la famille de celle qu’il chérissait le plus au monde ne l’approuvait pas. Il ne s’estimait pas être si horrible que cela, mais lorsqu’il entendait, de la bouche d’Arthur, tout ce qu’il avait fait subir à Gin, il se demandait parfois pourquoi la jeune fille l’aimait autant.

« Bien sûr ! Qu’est-ce que tu crois ! J’ai toujours été là, je t’ai toujours aimée et je t’aimerai toujours, Gin ! »

Il n’avait jamais cessé de veiller sur elle, même à distance. Il avait fait ce qu’il pouvait tout en évitant un incident diplomatique avec la famille de la jeune fille. Mais il fallait que Ginny sache qu’il n’était pas resté en Australie volontairement. Il rit lorsqu’elle souligna de manière détournée sa beauté qui aurait toujours été intacte, qu’il ait été là ou non.

« Toujours aussi humble, je vois ! »

Fit-il en levant les yeux au ciel. Elle avait réussi à alléger l’ambiance qui s’était soudain faite très lourde. Lionel hocha la tête lorsque son amie approuva sa mère.

« J’ai toujours dit que c’était une sage femme. »

Il se renfrogna lorsqu’elle lui trouva un surnom qu’il n’aima pas tant que ça.

« C’est tristement vrai et inutilement cruel. »

Souligna en grommelant d’autres reproches entre les dents. Il sourit par la suite. Le plus important, c’était que Gin soit près de lui et surtout qu’elle lui parle comme avant, que les choses n’aient pas changées. Gin le frappa doucement sur l’épaule, ce qui le fit sourire une fois de plus. Tout semblait s’être calmé entre eux.

« Tu devrais m’avoir toujours avec toi, alors… »

Répondit-il. Argument implacable. Si elle n’avait besoin de rien d’autre lorsqu’il était là, autant qu’il reste à jamais près d’elle. Certes, il savait que ce n’était pas possible, qu’il fallait retrouver le contact avec la réalité. Mais l’hypothèse de pouvoir se satisfaire d’une personne et d’elle uniquement, c’était tellement beau. Il rit très légèrement lorsqu’elle frotta son nez contre le sien. Il ferma les yeux un instant, refoulant une pensée peu appropriée.

« Right ! I’ll let you decide ! »

Il accéda à sa requête. Elle était une grande fille. Elle avait raison. Elle était à même de prendre ses décisions toute seule. Elle n’avait besoin de personne, pas même de son père.

« Si ça te fait du bien d’être sur un nuage, reste là… ne bouge pas. »

Après tout, si elle s’y sentait bien, pourquoi la forcerait-il à bouger ? Lui qui ne cherchait que son bonheur. D’autant qu’il savait que cette proximité ne durerait encore que quelques jours. Autant qu’elle en profite un maximum.

« Non bien sûr, jamais tu n’exagères… »

Se moqua-t-il en se raclant le fond de la gorge comme s’il doutait complètement de ses dires. À vrai dire, il doutait et se fichait ouvertement d’elle. il fronça les sourcils une fois de plus lorsqu’elle répéta que William la rendait folle de joie.

*C’est mon rôle ça !*

Il n’estimait pas lui avoir donné plus d’amour qu’elle n’en méritait, bien au contraire. Elle en méritait sans cesse plus, et il trouvait qu’il habitait bien trop loin que pour la combler entièrement. Elle caressa doucement sa main avec la sienne. Taylor se laisser bercer par autant de tendresse. Il plongea ses yeux dans les siens lorsqu’elle lui souffla qu’elle l’aimait.

Il ne rajouta rien. Il devait l’avoir émue avec son discours. Si elle savait qu’à l’époque il avait été prêt, pendant des mois, à lui demander de vivre avec lui, de n’être plus son amie mais sa petite amie. Il avait toujours su qu’il lui ferait un jour la demande pour ne plus être hanté par cette idée de couple avec Genesia. Il ne l’avait jamais faite. Mais aujourd’hui, la question ne se posait même plus. Elle était fiancée. Il avait laissé passer sa chance.

« Encore plus longtemps ? Non, je trouve que tu as toujours su me laisser entrer quand il fallait… »

[God je viens de relire cette phrase, elle est dégueulasse O_o] sourit-il. Il n’aurait pas aimé qu’elle le fasse attendre plus longtemps. C’était tellement cruel de le priver de la présence de la jeune fille aussi longtemps. Mais Gin aimait taquiner, elle n’était pas volontairement cruel à son égard. Il avait réussi à la convaincre de la laisser entrer simplement avec une seule chanson.

Pris par une envie soudaine de prendre ses lèvres Lionel s’approche de Gin et s’empara de sa joue. C’était tout ce qu’il pouvait faire pour éviter de trop penser à ce que lui dictaient ses pulsions. Il finit par se détacher d’elle presque à contre cœur. Il n’aimait plus que moyennement que son amie lui faisait en ce moment, et crut bon de se détacher quelque peu d’elle. Elle ne facilita pas les choses et provoqua un nouveau rapprochement lorsqu’elle vint déposer un baiser sur son nez… elle ajouta qu’il lui avait manqué en faisant glisser sa main sur son torse.

« Tu ne devrais pas faire ça… »

Souffla-t-il de manière à peine inaudible. Son souffle s’était fait plus lent. Il fallait qu’il régule sa respiration pour calmer ses ardeurs. Il vint placer une main dans le bas du dos de Gin et la ramena à lui avec fougue avant de laisser l’espace de quelques secondes ses lèvres gouter à la douceur de la peau de son cou. Il la maintenait fermement collé à lui sentant ses résistances faiblir. Il finit par la laisser s’échapper et s’éloigna d’elle. Il alla se posa plus loin. Il s’assit sur le petit siège qui trônait devant le synthétiseur de Sarah. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux.

« I’m so sorry… I… I just lost it… I can’t believe you still have that effect on me… I… I’m sorry, I’m an complete idiot ! »

Murmura-t-il en laissant son regard baissé.

Il est vrai que Ginny était sur un petit nuage et se coupait un peu du monde quand elle était en présence de son meilleur ami, mais elle n’en pouvait rien. Ca avait toujours été comme ça. Lorsqu’ils étaient ensemble, elle n’avait pas besoin d’autre chose. Elle ne doutait cependant pas que sa place était actuellement aux Etats-Unis. Pourquoi ? Elle avait des tas de raisons !

D’abord, pour William. Elle avait quand même accepté de l’épouser, même si ça lui avait fichu une de ces trouilles ! Il avait réussi à la toucher, à l’attendrir, à lui faire croire que c’est possible d’aimer quelqu’un pour longtemps et se rendre compte qu’un garçon avait assez de sentiments pour habiter avec elle ça lui avait fait tout drôle. Au fond d’elle, elle se demandait parfois si ça se passerait aussi bien si elle avait habité avec Lionel. Ils se seraient sans doute disputés, comme à chaque fois... Alors qu’avec Willou tout était simple. Il était gentil, attentionné... et absent. Enfin, pas exprès, mais son boulot lui prenait énormément de temps. Vu celui de l’actrice, il valait peut-être mieux que ça se passe comme ça, car elle aussi avait un métier très accaparent, même si les tournées en Europe, elle n’était pas encore assez connue que pour les faire.

Puis, il y avait son travail. Elle adorait jouer et ne voyait pas très bien ce qu’elle pourrait faire d’autre à part ça. Elle avait certes eu beaucoup de petits boulots mais ils s’étaient tous très mal passés. Quand elle était serveuse, elle s’était déjà retrouvée derrière le bar à faire l’amour avec Liolio, après la fermeture tout de même. Le patron n’avait pas vraiment apprécié le film porno de la vidéo surveillance x). Si seulement il ne l’avait pas jetée, il pourrait se faire pas mal de fric avec. Une vidéo X d’une petite starlette des States et d’un acteur beau gosse d’Australie... Elle avait été caissière aussi, mais on l’avait virée après qu’elle ait fait passer plusieurs caddies de Taylor remplis à ras bord pour « 18, 56 $, s’il vous plait monsieur. ». Ca n’avait marché que deux-trois fois avant qu’elle ne se fasse repérer. Davis était une petite ville et un trou dans le stock qui n’existait pas avant avait alerté les supérieurs de Genesia. Elle avait été utilisée par la ville de Davis pour son physique. Lorsqu’il y avait, rarement, un évènement exceptionnel : épreuve d’une course cycliste, etc, elle était chargée de remettre les bouquets sur le podium et de sourire de toutes ses dents. De faire la jolie potiche. Ca lui avait bien plu, surtout qu’elle s’était fait pas mal de gars pas mal justement à cet époque, les draguant effronteusement.

Ensuite il y avait sa famille. Son père ne voudrait pour rien au monde qu’elle quitte les Etats-Unis, et certainement encore moins pour l’Australie où il savait Lionel dans les parages. Sa rancœur pour le garçon ne s’était pas effacée avec les années. Genesia voyait bien que quand il parlait du jeune homme, il avait toujours un petit pincement aux lèvres qui se pliaient vers le bas. Cal Lightman vous aurait expliqué qu’il s’agit de dégout. Gin avait vu assez d’épisodes de « Lie To Me » pour s’en rendre compte. Elle était redevenue un membre à part entière du clan Weastler. Elle pouvait voir son grand-père bien plus souvent et il lui avait beaucoup manqué. Il était le seul à ne pas l’avoir jugée et à lui dire de toujours suivre son cœur, car elle était trop belle que pour souffrir d’amour, selon ses dires. Même si Théodore approchait des 80 ans, dans quelques années, il était toujours l’homme fier et dressé comme un i qu’elle avait toujours connu. C’était de lui sans aucun doute que Gin avait hérité de son mauvais caractère. Il disait les choses telles qu’il les pensait et peu importe à qui. Il avait prit cette habitude lorsqu’il était un célèbre et riche banquier, avant de prendre sa retraite et de laisser sa place à son fils... Chose qu’il regrettera sans doute toute sa vie vu le fiasco que ça avait causé.

Enfin, il y avait ses amis. Son manager c’était Eliott. Elle n’en voyait pas un seul autre qui aurait pu mieux correspondre au poste. Il était patient. Il était attentif. Ils étaient si vite devenus amis ! C’était un peu comme la ‘sœur’ que Gin n’avait pas eue, mais en version masculine. Leur amitié leur avait parfois joué des tours dans leur boulot car l’américaine n’était pas toujours professionnellement parlant sur la même longueur d’ondes que le latino. Du coup, ils avaient dû établir certaines règles pour éviter de se disputer ou de se prendre la tête et ils s’en sortaient fichtrement bien. Si Lionel ne voulait pas être son témoin, nul doute que ça serait Eliott qui prendrait sa place ! Et que dire de Lindsay, si fraichement retrouvée qui prenait tellement de soin à s’occuper de Ginny et à s’assurer qu’elle allait bien et qu’elle était heureuse. A lui demander quinze fois si elle était sure de son choix, comme si elle pourrait encore changer d’avis.

Voila à quoi se résumait sa vie à Los Angeles. A se partager pendant ses temps libre entre les personnes qu’elle aime, à faire de nombreux voyages vers New-York ou Davis pour voir sa famille. Elle n’était certainement pas la plus à plaindre. Il y avait des tas de personnes qui n’avaient pas sa chance et la brunette en était consciente. La vie lui avait sourit et elle tentait d’en profiter au maximum ! Elle savait que le bonheur, tout comme la chance étaient deux évènements éphémères, de part leur propre définition. Que peut-on savoir du bonheur si on n’a jamais été malheureux? Et de la chance ?

Bref, dans la balance, l’idée de devoir quitter Lionel dans trois jours ne devait pas peser plus que tout ce qu’elle venait d’énumérer ci-dessus... n’est-ce pas ?

Lionel se joua un peu de son amie lorsqu’elle prit pour exemple qu’il pourrait bien être le pire assassin de la terre qu’elle l’aimerait toujours et serait toujours à ses côtés. Il fit semblant qu’il avait des révélations à lui faire, mais elle n’en crut pas un mot. Lionel était doux comme un agneau. Elle l’avait rarement vu se battre, même si elle le trouvait terriblement sexy lorsqu’il collait une droite à un emmerdeur. Une vrai groupie ^^.

Ce fut l’heure des grandes déclarations, sans doute motivées par le fait qu’ils ne s’étaient pas revus depuis tellement longtemps qu’ils avaient des milliers de choses à se dire. Et toutes plus belles les unes que les autres. Ginny exprima que Lionel faisait partie d’elle, qu’ils étaient indissociables et le jeune homme lui retourna le compliment. Il se saisit doucement de la main de son amie et la posa sur son cœur. Elle se sentait un peu étourdie par tous ces gestes et ce rapprochement soudain. N’étaient-ils pas en train de se battre cinq minutes auparavant ? Alors pourquoi se touchaient-ils ? Et pourquoi étaient-ils si proche l’un de l’autre à présent ? S’étaient-ils trop retenus que pour pouvoir se détacher à présent ?

Toutes ces questions hantaient l’esprit de Genesia et la faisait ne pas voir clair. Elle était un peu perturbée et tentait au mieux de gérer la situation en agissant le plus correctement possible. Même si ça lui était, avouons-le, un peu difficile. La proximité du corps de Lionel, ses mots, ses attentions, tout lui avait manqué. Et le fait qu’elle était en manque de son amoureux depuis quelques jours ne l’aidait pas à se focaliser sur son mannequin qui l’attendait de l’autre côté de l’Océan.

Pour autant Genesia et Lionel avaient toujours eu du mal à parler de leurs sentiments amoureux quand ils étaient présent, autant ils n’avaient jamais eu de mal à se faire des déclarations d’amitié enflammées. C’était très paradoxal, mais ils en avaient l’habitude. Combien de fois ne s’étaient-ils pas dit qu’ils s’aiment et qu’ils étaient tout l’un pour l’autre ? A tel point que lorsqu’il fallait exprimer que leur amour était encore plus fort que leur amitié, il n’existait plus de mots pour décrire ce qu’ils ressentaient. Est-ce que l’échec de toute relation amoureuse imaginable entre eux était seulement dû à un manque de vocabulaire ? Est-ce personne avant eux n’avait vécu une passion aussi intense, un amour aussi fou. Pourtant, quelqu’un avait bien inventé l’expression ‘vivre d’amour et d’eau fraiche’, donc si, au moins une personne avait connu cet état de grâce ultime d’être avec l’être aimé et de n’avoir besoin d’absolument rien d’autre. De toute façon, à présent, c’était trop tard. On pouvait inventer tous les mots qu’on voulait, Lionel et Genesia ne seraient jamais ensemble.

D’ailleurs, elle essaya de lui faire voir qu’il avait toutes ses chances avec Sarah et qu’il devait se lancer s’il espérait pouvoir un jour construire quelque chose avec la jeune femme, mais il sembla ne même pas vouloir y songer. Elle ne lui força donc pas la main. A quoi bon. Il ouvrirait les yeux bien assez tôt. Elle espérait vraiment qu’il serait heureux. Il le méritait. Et puis elle aussi et vu que son bonheur passait par celui du garçon, il fallait qu’il soit bien . Elle alla même jusqu’à lui promettre d’être sympa avec la prochaine petite amie de Lionel, chose plutôt rare pour Genesia qui avait plutôt tendance à détester les filles qui s’approchaient de trop près de son meilleur ami, aussi louche que ça puisse paraître.

Ca avait toujours semblé drôle et ambigu aux gens qui entouraient la jeune femme que cette possessivité qu’ils avaient l’un envers l’autre. Elle, elle y était habituée. C’était juste quelque part la peur de perdre sa place dans le cœur de la personne que vous aimez le plus sur terre. Etait-ce lié à un manque de confiance en soi ? Peut-être, mais pas uniquement. C’était aussi sans doute dû au fait qu’elle mettait le garçon tellement haut sur un pied d’estale qu’elle avait du mal à comprendre pourquoi elle, elle était importante à ses yeux.

Les deux jeunes gens se mirent à discuter d’une chose que Gin gardait en elle depuis un certain bout de temps : l’absence de Lionel à son chevet en cure. Elle s’était toujours imaginé qu’il avait cent mille bonnes raisons de ne pas être à ses côtés et que ça n’était pas grave, qu’il l’aimait toujours. Mais au fur et à mesure que les jours s’écoulaient et qu’il devenait de plus en plus dur de ne pas replonger, la jeune femme commençait à perdre ses belles idées.

Sa famille, Lindsay, ils étaient tous tombés sous le charme de William et elle, elle s’en était voulu de leur infliger tout ça. Du coup, elle s’était dit que c’était à son tour de leur faire plaisir et de se tenir à carreau. Et elle savait que Will était le garçon parfait pour éviter de continuer à être une ‘mauvaise fille’. Plus de vagues... mais tellement moins de passion. Elle l’aimait, ça il n’y avait aucun doute possible là-dessus. Cet homme était merveilleux. Il avait un tas de qualités pour si peu de défauts. Il avait été courageux assez que pour lui demander à elle, Genesia Weastler, de devenir sa femme. A chaque fois qu’elle y pensait ça lui faisait bizarre. Peut-être avait-il plus confiance en elle qu’elle-même ? Il était vrai qu’elle n’avait jamais trompé le garçon ce qui était pour elle un exploit. Elle avait dit non à beaucoup de choses pour lui et pour Arthur. Elle entendait d’ailleurs souvent dire ce dernier que sa fille avait enfin fini sa crise d’adolescence... Mais ça n’était en rien ça. Elle avait été heureuse ! Bien plus heureuse que des tas de filles qui ont toujours fait ce qu’elle devait. Elle avait profité de la vie à fond et si elle était morte quand elle était plus jeune, elle aurait pu reposer en paix, sachant qu’elle avait profité de chaque instant. Aujourd’hui ça n’était pas pareil. Elle était plus sérieuse... et tellement moins audacieuse.

L’américaine eut vraiment du mal à comprendre que sa famille et son amie aient manigancé dans son dos. C’était petit, mesquin... et malhonnête. Ils avaient retiré à Ginny son antidote. La personne qui aurait fait qu’elle guérirait deux fois plus vite. Elle le savait que si Lionel avait été là à lui tenir à la main, à lui donner sa force rien que par le contact de leur peau, elle s’en serait mieux remise. D’ailleurs, Arthur avait réussi exactement ce qu’il voulait : il les avait éloignés au seul moment où il aurait réellement pu se passer quelque chose entre eux. Au moment où la vie avait peut-être tout fait pour les rassembler. Mais ils n’étaient sans doute pas faits l’un pour l’autre justement, sinon un seul homme n’aurait pas réussi à gâcher l’espoir de toute une vie.

« Je crois aussi, mais bon c’était pas une raison pour me tenir loin de toi. »

Souffla-t-elle en le regardant tendrement. Ils avaient été tellement bêtes, tous autant qu’ils étaient, à croire que parce qu’elle ne le voyait plus, elle ne penserait plus à lui. Au contraire, Lionel la hantait à chaque décision qu’elle devait prendre. Elle se demandait ce qu’il en penserait, ce qu’il lui dirait, comment il réagirait. Sa présence lui manquait tellement qu’il n’y avait qu’en le faisant exister dans sa tête que l’absence était supportable. [c’est booow *__*]

Elle rit doucement lorsqu’il lui confia qu’il la trouvait extrêmement courageuse. Si seulement elle savait qu’elle ne pensait pas du tout pareil. S’il admettait enfin que tout le courage dont elle faisait preuve c’était uniquement dû à la force de leur amitié, à tout le positif qu’elle en retirait. Elle s’était fanée aux Etats-Unis. Et pourquoi ? Parce qu’il n’était pas là. C’était indéniable. Ils devaient bien tous s’en être rendu compte, considérant que c’était un mal pour un bien. Elle, elle n’avait aperçu que le côté qui fait mal...

« Ca me rassure tellement ! »

Souffla-t-elle alors qu’il lui annonça avoir toujours été à ses côtés, avoir toujours pris soin d’elle à distance et comme il le pouvait. Elle se sentait tellement mieux depuis qu’elle savait ça. Elle était comme déchargée d’un fardeau. Plus légère et tellement soulagée !

Au bout d’un moment d’ambiance trop chargée, Gin crut bon de laisser entrer un peu de légèreté en se vantant outrageusement. Elle savait si bien le faire. Evidemment, Lio réagit à sa remarque et elle sent son cœur se vider de toute la lourdeur qui l’avait oppressée ces dernières années. Elle reprenait son souffle, peut-être redevenait-elle un peu elle-même. La présence de Lionel lui faisait sans doute cet effet et c’était probablement la raison pour laquelle ses proches s’inquiétaient tellement de son absence et de sa prolongation de séjour.

Une chose de plus sur laquelle les deux jeunes gens s’accordaient, c’était à dire que la mère de Tay était une femme géniale. Gin l’avait toujours appréciée énormément. Elle avait toujours été gentille et accueillante avec elle, alors que rien ne l’y obligeait. Sa présence avait fait beaucoup de bien à Ginny qui avait perdu sa mère bien trop tôt. Ca l’avait aidée à avoir un modèle et à se stabiliser, à ne pas souffrir exagérément du mal que provoquait la mort d’un être cher.

« Oh loulou dis pas ça, j’aime pas quand tu fais le caliméro ! »

Il n’était pas un lâche, enfin, plus si souvent qu’avant ^^. Il avait grandi et évolué, mais il n’était pas parfait non plus. C’était justement ce qu’elle aimait chez lui. Le fait d’être complètement irrésistible tout en restant humain. Un vrai piège-à-Genesia. ^^

« Oui, j’ai d’ailleurs hésité à faire une demande d’adoption mais j’étais pas sure que ça plaise à Will que tu l’appelles papa ».

Elle n’osait imaginer la tête de son fiancé si elle lui avait réellement fait la proposition. Il l’aurait faite interner directement. Et son père alors. Il en aurait fait un arrêt ^^.

Elle lui demanda ensuite de ne plus prendre de décision la concernant sans la consulter au préalable. Elle était assez grande que pour savoir ce qui était bien pour elle ou pas et ils devaient se parler. Il ne fallait pas qu’ils laissent les autres décider pour eux que faire ou non. Ils n’étaient plus des enfants. D’ailleurs, être sur son nuage faisait partie des choses dont elle avait envie et peu importe ce que les autres avaient beau en penser. Elle était bien, heureuse, légère. Comment pouvait-on prétendre l’aimer et souhaiter qu’elle ne connaisse plus cet état de grâce ?

Elle se mit à faire un peu la comique en s’autocritiquant par la dérision et en ajoutant qu’elle aurait du faire plus languir le garçon. Il prétendit que c’était juste bien comme ça et elle lui sourit. Ils s’étaient toujours accordés à merveille. Sur tout. Sur leurs disputes, sur leurs retrouvailles. Les seules fois où quelque chose buggait, c’était lorsqu’ils laissaient de tierces personnes rentrer dans leur vie. Là, ça partait souvent en cacahuète. Pourtant, comme le disait très justement Lionel, il y avait d’autres personnes sur la terre et il fallait qu’ils les laissent entrer dans leur univers. Ils ne pouvaient pas vivre éternellement dans leur cocon.

Pourtant, elle y était tellement bien en ce moment précis dans ce cocon, le cœur battant la chamade, se demandant où les lèvres de Lionel allaient atterrir. Sa main à elle, se fit plus aventureuse et caressa doucement et furtivement le torse du garçon qui la mit en garde.

« Pourquoi ? »

Demanda-t-elle, un sourire un peu trop joueur pour être honnête sur les lèvres. Elle en eut bien vite la réponse, sans qu’il n’ait prononcé un seul mot.

Les battements du cœur de Genesia s’accélèrent à une cadence folle. La jeune femme pouvait sentir le corps de Lionel collé contre le siens et retint sa respiration, sous le choc des gestes si soudain du garçon. Non, bien sur, elle n’avait pas été une sainte, mais elle n’avait en rien voulu l’aguicher. C’était plus fort qu’elle, elle l’avait caressé doucement, et ils s’étaient fait un peu des bisous... comme à chaque fois.

* Je le savais qu’il ne fallait pas qu’il chante sa chanson ! *

Tenta-t-elle de trouver comme excuse. Ca devait être ça. Ca ne pouvait être que ça. Parlant de bisou, Lionel se pencha vers le cou de l’américaine qui frissonna sous le contact des lèvres du jeune homme sur sa peau... comme toujours. A contre cœur, elle relâcha ses dernières barrières et laissa sa tête retomber un peu en arrière, s’offrant à lui.

Au bout de trop courtes secondes, Lionel se recula et alla s’asseoir sur un petit siège, devant le synthétiseur. Il sembla un peu perdu et se passa une main dans ses cheveux, avant de demander pardon à son amie.

« It’s ok... It’s me... I’m »

Perdue ? Embarrassée ? Tiraillée ? Quel était le mot qui convenait exactement à ce que la jeune femme ressentait ? Il fallait qu’elle fasse quelque chose pour sauver la situation...

D’un geste vif, elle retira sa bague de fiançailles et la jeta sur le divan. N’en pouvant plus, elle s’assit à califourchon sur les genoux de Lionel et l’embrassa avec toute la fougue et le désir jusque là contenus. Ah non, ça c’est ce qu’aurait fait l’ancienne Ginny. Celle de maintenant se contenta de rester figée comme une potiche, se sentant complètement nulle.

« C’est moi qui suis désolée j’aurais du faire plus attention. »

Elle baissa la tête et serra ses bras autour de sa taille, s’auto-caressant un bras, ce qu’elle faisait toujours pour se redonner du courage à elle-même, lorsqu’elle se sentait mal à l’aise et qu’elle avait perdu le contrôle de la situation. Elle se racla la gorge, elle avait rarement été aussi mal à l’aise avec Lionel.

« Je... Je ferais peut-être mieux de sortir ? »

Elle fit un pas en avant puis hésita. Elle avait peur de dire quelque chose qui aggraverait la situation. Devait-elle se justifier ? Dire qu’elle était amoureuse de William et qu’elle ne désirait que lui ? Cela changerait-il réellement quelque chose ? Que fallait-il qu’elle fasse là, maintenant ?

Lionel n’avait jamais pensé qu’il avait façonné son amie à son image. C’était uniquement ce que croyait le père de la jeune fille (et bien d’autres personnes, mais le père de Gin restait tout de même l’obstacle numéro un) D’ailleurs, plus il y pensait, plus il se demandait si Genesia et lui n’auraient pas été un couple à l’heure actuelle si Arthur Weastler ne s’en était pas mêlé. Peut-être même aurait-il été lui, le fiancé de la jeune fille. C’était une question que Lionel ne devait plus se poser.

Pendant des années, il s’était figuré qu’il n’y aurait jamais rien de plus beau que son histoire avec Gin, et il pensait toujours que c’était le cas. Il avait simplement cru qu’un jour, elle se réveillerait et réaliserait qu’elle ne pouvait pas vivre sans lui…

*ça c’est le cas…*

… qu’il était le centre de sa vie, qu’il était l’homme de sa vie et qu’elle ne voulait que lui. Il avait espéré qu’elle se rendrait compte qu’il était l’homme avec lequel elle voulait fonder une famille et construire un avenir.

*ça c’est moins le cas…*

Tay ne s’était pas rendu aux Etats-Unis. Il avait pris la décision de se plier aux règles de la famille de Genesia et avait sans doute manqué sa chance de voir un jour ses rêves se réaliser. Le temps avait passé. Et même si depuis il n’en était plus à penser à Gin en tant que mère de ses enfants, cela ne l’empêchait pas de se poser souvent la question… qu’en aurait-il été si ?

*Ouais mais avec des ‘Si’ on met Paris en bouteille…*

Et ces questions, il ne voulait plus se les poser. Il en avait assez de vivre dans le passé et de croire que tout serait toujours comme avant. Ginny n’était plus la même, il n’était plus le même, mais lorsqu’elle apparaissait devant lui, il vivait soudain dans une sorte de nostalgie de son passé qu’il chérissait tant… La bonne vieille époque où le monde pouvait bien continuer de tourner sans eux. Ils étaient immuables, indissociables. Ils ne formaient qu’un. Ce temps était bien révolu.

Certes, dans son esprit, la jeune fille et lui ne formaient toujours qu’une seule et même personne. Un philosophe n’avait-il pas dit un jour que deux amis étaient en réalité la même âme mais dans deux corps différents ? C’était comme ça qu’il voyait Gin, comme son âme sœur.

Au cours des années, il avait fait fi de ses sentiments amoureux pour ne voir son amie que comme la personne la plus importante dans sa vie après sa famille. Et uniquement cela. Il s’était convaincu pendant des jours entiers du bienfondé de sa décision de ne pas courir la rejoindre. Il savait qu’il y avait de fortes chances pour qu’ils ne soient une fois de plus pas en accord… Gin et Tay avaient toujours eu un mauvais timing.

Genesia était tombée amoureuse de lui lorsqu’elle était arrivée à Davis et Taylor l’avait bien entendu regardée de haut. Il avait sa précieuse Alice à l’époque…

*Sal*pe celle-là, j’vous jure !*

Il s’était rapproché de Gin un peu pour lui faire plaisir, puis parce qu’elle n’avait pas l’air contraire, et lorsqu’Alice l’avait quitté et humilié au passage…

*Sal*pe… complètement !*

Gin l’avait immédiatement réconforté. Elle ne l’avait pas jugé comme la majorité de ses amis du moment qui s’étaient rangé à l’avis de son ex petite amie.

*Bien sûr, elle me trompe et c’est moi qui ai tort…*

Gin –ainsi que Lindsay- l’avait aidé à traversé cette douloureuse épreuve. Cela avait soudé leurs liens aujourd’hui inébranlables. Genesia l’avait vu sous un autre jour, et vice versa. Et alors que, plus elle le connaissait, plus elle apprenait à ne plus l’aimer, plus lui la connaissait, plus il découvrait ses sentiments pour elle. Une fois de plus… mauvais timing !

Pour faire face à ses sentiments Lionel avait fui, tout bonnement. Il avait mis des distances entre lui et Gin pour éviter d’avoir à admettre la vérité et même si Lindsay l’avait tanné sans cesse, jamais cet aveu n’avait franchi le seuil de sa bouche sur le sol américain. Le destin cependant avait eu une drôle de manière de le féliciter pour les efforts qu’il faisait.

Genesia avait débarqué en Australie. Elle avait suivi son meilleur ami jusqu’au bout du monde. Il se souvenait encore de leur première soirée passée ensemble lorsqu’ils s’étaient retrouvés. Ils n’avaient été séparés qu’une semaine et pourtant, cela lui avait semblé être une éternité. Lionel l’avait embrassé avant de se rétracter et de lui parler de Laurel.

*Ooooh, je me souviens de ça… mauvais !*

Gin n’avait que très moyennement apprécié et elle avait tout mis en œuvre pour le séduire, ce qui avait fonctionné sans trop de difficulté. Ils avaient fait l’amour, avant de se disputer pour une bêtise.

*Trouve-moi une fois où vous ne vous êtes pas disputés pour une bêtise ?
-Good point*

Genesia avait mis Lionel à la porte. Et à travers celle-ci, il lui avait chanté la désormais classique « Ginny, your glare is killing me »… elle lui avait rouvert et ils avaient remis le couvert. La plupart du temps il fallait qu’ils aient beaucoup bu pour coucher ensemble, mais ce soir-là, ni l’un ni l’autre n’avait énormément d’alcool dans le sang… ce qu’ils s’étaient bien gardé de mentionner.

Taylor n’avait appris que plus tard qu’ils étaient en parfait accord à cette époque. Ils s’aimaient, en même temps. Mais la fierté de l’un et l’autre les avait empêchés de se retrouver. Lorsqu’ils s’avouaient leur amour, l’autre prenait cela pour une déclaration d’amitié.

Aujourd’hui, c’était quelque chose qui n’avait pas réellement changé. Ils se faisaient toujours autant de déclaration et même s’il n’y avait plus de sous-entendus, Lionel était certain que Gin ne comprendrait jamais un éventuel aveu de sa part. combien de fois, depuis qu’elle était là ne, lui avait-il pas dit qu’il l’aimait ? Et réciproquement d’ailleurs. Ils s’aimaient d’amour… mais n’étaient pas amoureux.

Gin en vint même à conseiller Lionel se sortir avec Sarah, ce qu’il prit en compte. La danseuse était tout à fait son type, sans compter qu’elle avait mille fois plus de classe que bon nombre de fille qu’il avait ramené. Elle était sincère et honnête, ce que n’était pas Alice. Elle avait les pieds sur terre, contrairement à Kelly, et n’était pas le moins du monde coincée –contrairement à ce qu’elle pouvait penser- comme l’était Rachel à l’époque où il sortait avec elle. Elle avait toute les qualités du monde, sans oublier qu’ils s’entendaient à merveille et qu’elle le comprenait. Il se sentait bien avec elle, se confiait à elle sur des choses qu’il n’avait jamais dite à personne, pas même à Gin. Gin les connaissait, et ils n’avaient pas besoin d’en parler. Il promit à sa meilleure amie de garder l’idée dans un coin de sa tête.

Taylor expliqua ensuite à Gin pourquoi il n’avait pas été près d’elle pendant sa cure à lui tenir la main comme il l’aurait tant souhaité. Elle avait trouvé le bonheur entre temps. William avait tenu ce rôle à la perfection.

*Je ne sais pas si j’dois remercier ce gars ou aller lui foutre mon poing dans la…*

William était manifestement un garçon bien. Et c’était tout ce que méritait Gin… sa précieuse Ginny.

C’était pour la protéger que sa famille avait tenu à éloigner Lionel d’elle. Ce n’était peut-être pas ce qu’elle aurait souhaitait, mais l’intention était bonne.

*ouais, ouais ! Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions !*

« Well now I’m here. I’m not going anywhere, trust me. I’ll be there for you every step of the way ! »

Promit Lionel. Elle n’aurait plus à se tenir loin de lui, ni lui, loin d’elle s’ils n’en éprouvaient plus l’envie. Elle était venue le voir et à présent qu’elle était guérie et qu’elle avait une vie bien à elle, Taylor ne risquait plus de briser le petit univers auquel Arthur croyait tellement. Il avait tellement voulu que sa fille fasse sa vie sans que Lionel n’en fasse partie. Il avait omis un détail lors de la conception de son plan : il était entièrement et complètement impossible pour Taylor et Gin de vivre l’un sans l’autre.

Il sourit doucement avant de remettre une mèche de ses cheveux en place. Elle avait l’air soulagée d’apprendre qu’il avait toujours été là pour elle. Comment pouvait-elle avoir envisagé le contraire ?

La conversation avait repris un tournant plus léger à présent qu’ils s’étaient expliqués et que tout était rentré dans l’ordre. Ils étaient à nouveau « Tay and Gin Forrrever ! » et même si la jeune fille le traitait de lâche, il s’en fichait. Il trouverait bien le moyen de se plaindre, même s’il savait que cette tactique était vaine avec son amie.

« Moi ? Je ne fais pas caliméro, je boude ! C’est pas la même chose ! »

*Du tout !*

Taylor rit franchement lorsque Gin lui souffla qu’elle avait pensé faire une demande d’adoption mais que l’idée n’aurait sans doute pas plu à William.

*Moi j’trouve que ça aurait pu être drôle…*

« Tu aurais pu au moins tenter le coup… J’suis déçu ! »

Dit-il avec une moue désapprobatrice. Elle n’avait vraiment pas fait beaucoup d’effort sur ce coup-là. Il rit ensuite de plus belle. Le monde était toujours plus merveilleux lorsque Ginny en faisait partie. Il aurait pu vivre la pire journée de sa vie, il aurait tout oublié dans les bras de son amie.

Ils semblaient ne plus vouloir se lâcher à présent qu’ils étaient l’un contre l’autre. Taylor avait baissé sa garde. Il fut lui-même surpris par cette vague de désir qui monta en lui sans qu’il n’y fût préparé. Le corps de Ginny, qu’il connaissait si bien, ainsi pressé contre le sien faisait monter en lui des envies qu’il avait tout fait pour réprimer depuis qu’elle était arrivée. Là, il n’y tenait plus. Et lorsqu’elle passa doucement la main sur son torse ce fut le coup de grâce.

*Cette fille aura ma peau !*

Il la mit en garde et elle ne sembla pas comprendre. Tay s’était mordu la lèvre inférieure comme pour résister, mais ses pulsions étaient trop fortes. Il les maitrisa dans une moindre mesure en venant presser ses lèvres contre la peau du cou de la jeune fille qu’il embrassa à plusieurs reprises pendant quelques secondes.

Ces secondes résonnèrent dans son esprit même lorsqu’il prit ses distances. Pourquoi fallait-il qu’il gâche toujours tout. Et pourtant, cela avait été tellement intense, tellement bon de retrouver le gout de la peau de Gin sur ses lèvres. Il en redemandait. Il n’osait plus la regarder tant elle l’attirait en ce moment.

*Mais elle est fiancée bordel de…*

Il savait qu’à un moment où un autre, les choses allaient mal tourner. Il avait prétendu fièrement le contraire, mais en réalité, il savait que s’il y avait bien une femme au monde à laquelle il ne résisterait jamais, c’était elle. elle pouvait faire de lui ce qu’elle voulait.

*Le truc, c’est qu’elle ne veut rien faire de toi !*

Il s’était mis dans de beaux draps. Il s’était attendu à ce qu’elle hurle, qu’elle lui reproche de n’avoir aucun respect pour elle, femme presque mariée, mais elle n’en fit rien. Elle prit même le blâme sur elle, s’imputant la responsabilité de ce qu’il s’était passé. Il rit doucement.

« It’s you ? »

Se moqua-t-il doucement. Elle n’avait rien fait. Elle avait été là, près de lui, à avoir pour son ami des gestes qu’elle avait toujours eu. C’était lui le mâle en rut qui n’avait pas su dominer ses ardeurs. Tout était entièrement de sa faute et pour une fois qu’il le reconnaissait, elle n’allait tout de même pas discuter…

Visiblement si. Taylor avait eu envie qu’elle retire sa bague de fiançailles et qu’elle vienne l’embrasser, qu’ils fassent l’amour et qu’ils soient « eux » à nouveau… mais non. Elle avait changé, et mûri… elle !

Elle prétexta qu’elle aurait dû faire plus attention. Là, Lionel se sentir vraiment minable. Depuis quand devait-elle faire attention à ses gestes avec lui ? Ça n’était pas ce qu’ils étaient. Il n’y avait pas de honte entre eux, ils n’avaient pas à ses restreindre. Ce n’était que le jeune garçon qui devait apprendre à ne plus foncer dans le temps et à réfléchir avant d’agir.

Elle se racla la gorge signe qu’elle était mal à l’aise.

*Ah ben bravo ! Chapeau Lio !*

« No… please ! Don’t ! I don’t want this mistake to ruin the moment we had… ok ? So… stay… And come ! Come here… I wanna show you something ! »

Il l’invita à venir s’asseoir près de lui devant le synthétiseur. Lionel avait commencé à pianoter, seulement Gin n’en savait rien. C’était une bonne occasion de lui montrer et surtout, de penser à autre chose.

« Guess who’s playing the piano now ? Yeah, right baby, that’s meee ! »

Se vanta-t-il doucement avant d’allumer l’engin et de poser ses doigts sur le clavier.

« I wrote this song just after you left Australia… I was missing you so much but shhh, you’ll hear all about it. You won’t ever able to say I didn’t think of you when you were away. »

Et il entama doucement la fameuse chanson qu’il lui avait composée alors qu’elle était en cure, loin de lui. [Parachute - The mess I made of course !]

[ Je suis vraiment désolée, c'est nulissime]

Genesia avait toujours eu une tendance à aimer les hommes un peu trop. Elle aimait les séduire, parfois se laisser séduire et adorait terminer la soirée dans un lit inconnu...qu’elle quitterait probablement au milieu de la nuit, enfin dans nonante-cinq pourcent des cas.

Elle avait toujours eu du mal à rester fidèle à un homme. Elle ne l’avait d’ailleurs jamais été. Que ça soit un coup d’un soir ou des liaisons dangereuses, elle s’en fichait. Elle voulait vivre pleinement sa vie et profiter de chaque seconde.

Il fallait dire aussi que l’homme avec qui elle trompait ses petits amis n’était pas n’importe qui. Il s’agissait la plupart du temps de son meilleur ami, Lionel Taylor qu’elle avait aimé passionnément. La passion de leurs ébats la dévorait tellement à chaque fois qu’elle ne pouvait qu’en redemander et n’arrivait jamais à résister au jeune homme lorsque ses yeux noisettes se posaient sur elle.

Elle l’avait toujours trouvé beau, mais ça n’était pas tout. Il était bien plus que seulement un beau gosse. Il était intelligent. Talentueux. Drôle. Il y devait y avoir un million de petites choses qui ont fait que Genesia n’avais jamais pu lui résister.

Pourtant, les deux amis n’étaient juste que ça... des amis justement. Ils n’avaient jamais envisagé être ensemble étant donné qu’ils n’arrivaient jamais à s’aimer au bon moment. Lorsqu’un des deux faisait le premier pas, le second s’effrayait et faisait marche arrière, comme s’ils étaient destiné à être des amants maudits.

Le seul homme à qui l’actrice a su être fidèle, c’est son William. Déjà alors qu’il était arrivé à l’université de Longwood, ils avaient eu une relation intime très intense qui n’avait duré qu’une nuit. Pourtant, elle ne l’avait jamais vu autrement que le petit garçon de son enfance, un très bon souvenir. L’homme qu’il était devenu avait su séduire la jeune femme. Elle avait eu beaucoup de peine lorsqu’il était parti aux Etats-Unis sans rien lui dire. C’était la première fois que ça lui faisait cet effet là. Peut-être parce que pour une fois elle avait réellement été prête à s’engager avec quelqu’un, réalisant que Lionel ne serait jamais rien qu’un ami, que rien n’était envisageable entre-eux.

Ginny avait pensé ne jamais revoir le mannequin, quelle ne fut donc pas sa surprise lorsqu’elle le vit franchir la porte de sa chambre commune, en cure de désintoxication. La numéro 21. Elle s’était certes attendue à voir Lionel. Mais pas William. Peut-être avait-elle à ce moment là reconnu le signe du destin qui lui montrait lequel des deux était prêt à faire des choses extraordinaires pour elle.

Pourtant, l’américaine ne s’était pas laissée séduire aussi facilement. Elle avait bataillé ferme et s’était juré de ne pas donner son cœur à William avant de s’en être sortie. Elle avait fait un deal avec le destin. Si Lionel venait la voir avant la fin de sa cure, elle lui dirait tout ce qu’elle ressentait pour lui. Qu’elle ne voulait plus jamais qu’ils ne soient que des amis car il est celui qu’elle voudrait le plus avoir dans le rôle de mari ou du père de ses enfants. Cependant, le jeune homme n’était jamais venu.

Elle parlait souvent avec Marla, sa voisine de chambre qui refusait de s’alimenter. Cette dernière trouvait ça terriblement romantique le fait que William passe la voir quasiment tous les jours, alors que leur relation était strictement platonique. Ginny quand à elle lui racontait à quel point elle était amoureuse d’un garçon qui avait sans doute dû avoir un empêchement que pour pouvoir la rejoindre. Des fois, elle se disait que Marla la prenait pour une mythomane. Elle parlait de Lionel avec tellement d’amour, tellement de vigueur que si cet amour avait été réel, pas une seconde on n’aurait pensé qu’il ne serait pas venu. Plus les jours s’écoulaient, moins Gin parlait de son meilleur ami. Plus elle se taisait.

Elle était charmante lorsqu’on venait lui rendre visite, parce qu’elle savait que sans ses proches, elle n’arriverait pas à s’en sortir, mais les personnes qui l’aimaient vraiment avaient bien dû se rendre compte qu’elle avait quelque chose de différent. Une flamme en moins dans le regard.

Genesia soupçonnait William de s’en être aperçu et de batailler ferme pour la le lui rendre, mais rien n’y faisait. Une part de l’innocence de la jeune femme avait disparu le jour où elle était sortie de cure de désintoxication. L’amour aveugle, elle ne le pratiquerait jamais. Elle n’offrirait plus tout son être à une seule personne, elle ne mettrait plus jamais son cœur à nu dans les mains de quiconque. Elle devait se protéger, car elle avait été délaissée par l’homme qu’elle croyait être celui de sa vie.

Evidemment, ce qu’elle ignorait, c’était qu’Arthur, sa femme Courtney et Lindsay s’étaient mis d’accord pour faire souffir Genesia au plus haut point, sans s’en rendre compte. Tout ce qu’ils voulaient, c’était la protéger. Ils pensaient que Lionel avait une mauvaise influence sur elle, que sans lui elle serait bien mieux. Qu’elle redeviendrait celle qu’elle était avant qu’elle ne rencontre Tay.

Pour se reconstruire, ça n’avait pas été facile. Genesia devait tout recommencer à zéro. Le plus important, c’était de se trouver un manager, car elle n’arriverait pas à s’en sortir toute seule, ça c’était évident. Du coup, elle était tombée sur Eliott Sinclair. Elle avait pensé qu’ils ne s’entendraient jamais... il avait un de ces air prétentieux et des manières de chichiteux... ils s’étaient même un peu emportés à propos d’un rôle pour un film de charme que Gin refusa. Il proposa de la refiler à un confrère, ce qu’elle accepta volontiers. Puis, ils s’étaient un peu calmés et s’étaient excusés. Ils avaient bu, trinqué, et fini par danser dans un bar. Ils avaient passé la nuit au lit, mais en tout bien tout honneur, le manager ayant un penchant pour les hommes. Ils avaient juste discuté longtemps... très longtemps. D’ailleurs, Sinclair proposa à Gin de l’héberger, le temps qu’elle trouve un logement.

Au fil des jours, la jeune Weastler avait fini par retrouver le sourire et se reconstruire, non sans l’aide de William. Il lui proposa d’abord de s’installer dans un appartement situé au premier étage d’une grosse maison de maitre. Elle avait beaucoup hésité, Eliott et Linsday avaient fini par la convaincre. Le premier voulant se débarrasser d’elle qui prenait trop de temps dans la salle de bains à son goût et la seconde, souhaitant qu’à jamais Genesia s’éloigne de Lionel. Pourtant, Lin’ avait toujours pensé qu’ils finiraient ensemble. C’était sans doute son intuition justement qui la poussait à forcer la main de sa meilleur amie, histoire qu’elle ne stagne pas pour rien.

La cohabitation se fit plutôt bien. Il faut aussi reconnaître que les deux tourtereaux n’ont pas vraiment le temps de se disputer, ayant tous les deux un emploi du temps plus que chargés. Mais chaque fois qu’ils se retrouvent, ils en profitent à fond et partagent énormément. Ils discutent de tout et de rien, pendant des heures, se racontent plein de détails inutiles qui auraient surement saoulé n’importe qui d’autres, mais pas eux.

Du coup, lorsque William posa LA question à sa compagne, celle-ci ne put qu’accepter. Il avait été toujours là pour elle et bien qu’elle ne croit pas au mariage, elle trouvait qu’elle lui devait bien ça. C’était le moins qu’elle pouvait faire pour lui qui avait toujours été là pour elle et pris si bien soin d’elle. Oui, elle allait l’épouser et oui elle allait tout faire pour que ça marche. Il le fallait.

A présent debout dans le salon de son meilleur ami, elle cessa de se remémorer ce par quoi elle était passée. Tout ce qu’elle venait d’énumérer était faux. Toutes ses certitudes et son histoire avaient été façonnées par ses proches et non pas par son destin. Lionel avait voulu venir la voir. Il n’avait espéré que ça. Il avait fait tout pour rester en contact avec son amie, malgré les interdictions des américains. Si seulement elle l’avait su, elle aurait attendu un peu plus longtemps. Et s’il le lui avait dit plus rapidement elle n’aurait peut-être pas dit « oui ».

* Ah bon ? *

Ca n’était vraiment pas bien pour William d’en arriver à regretter ça et elle s’en voulut immédiatement. Elle était tellement injuste avec lui. Il méritait tellement mieux. Elle était juste minable. Alors évidemment, alors que Taylor lui vantait ses louanges, elle ne put que fondre, elle qui se sentait moins que rien.

« Merci. »

Elle avait réellement besoin de lui à chaque pas, à chaque seconde. Elle avait tellement tenté de se dire qu’elle devait se détacher de lui qui n’avait pas assuré lorsqu’elle en avait besoin. Mais à nouveau, c’était faux. Lionel ne l’avait jamais délaissée.

« Je te demande pardon. »

Elle sentit ses yeux s’humidifier, mais cette fois aucune larme ne s’échappa.

« Je suis vraiment désolée d’avoir pu douter de toi... J’ai essayé pourtant... Essayé de lutter pour ne pas passer à autre chose, pour que ça soit toujours uniquement toi et moi. »

Elle baissa la tête.

« Tu vois, je ne suis pas si forte que ça finalement. »

Ce fut ensuite au tour de Lionel de jouer au vilain petit canard. Elle rit lorsqu’il lui annonça qu’il boudait. Il avait une tête de petit bébé lorsqu’il boudait avec ses jolies joues. Elle continua à sourire en posant un bisou sur chacune d’entre-elles et lui demanda.

« Ca va mieux là, t’arrêtes de me bouder ? »

Avant, elle aurait pu faire des choses un peu plus osées, mais aujourd’hui elle savait se contenir. N’est-ce pas ? Les deux jeunes gens délirèrent un instant sur le fait que Ginny et Willy auraient pu penser à adopter Lionel. Ca aurait eu quelque chose d’incestueux tout de même, bien que les jeunes gens n’aient à présent plus aucune relation intime.

Alors qu’ils se détendirent un peu trop, ils en oublièrent de rester sur leur garde et la situation dérappa assez rapidement. Au début, ça commença très innocemment. Une petite danse, des petits bisous dans des zones qui n’avaient rien de sexuelles et la voix sexy de Lionel entonnant quelques notes. Puis, le garçon dérapa. Il posa ses douces lèvres sur la peau du cou de Ginny qui ressentit immédiatement une montée de désir coupable. Pourtant, ce fut son ami qui s’éloigna. Il alla s’asseoir devant le synthétiseur et eut l’air un peu désorienté.

Lorsqu’il tenta de s’excuser, Genesia hocha la tête. Il n’avait rien fait de mal lui, c’était elle qui devait dire non et mettre le holà. Mais elle n’en avait pas été capable. Elle avait failli et s’en voulait énormément. Elle ne méritait personne. Ni William ni Lionel.

Elle voulu développer le pourquoi elle estimait que c’était sa faute.

« C’est moi qui devais mettre des limites et je n’en ai pas été capable, pardonne moi... »

Elle se demanda même si elle ne devrait pas s’en aller mais Lionel ne lui en laissa pas l’occasion. Il lui demanda de ne pas laisser leur bêtise détruire leurs efforts conjoints de réconciliation, car il ne fallait pas oublier qu’au début de cette discussion, Ginny en voulait à mort à Lionel, ce qu’elle avait fini par oublier.

Le jeune homme l’invita à prendre place à côté de lui alors que ses mains se posèrent sagement sur le clavier. Elle hésita un instant, puis finalement lui obéit. Elle s’assit et attendit la suite. Elle sourit légèrement alors qu’il lui annonça qu’il jouait du piano. Elle était rassurée qu’il puisse faire la conversation car pour l’instant elle s’en sentait bien incapable. Elle devait lutter de toutes ses forces pour se concentrer sur quelque chose et plutôt que de se torturer mentalement en se rappelant qu’elle était une future femme démoniaque qui méritait d’aller fricotter avec les flammes du bûcher de l’enfer... Enfin peut-être pas à ce point là quand même, mais presque.

Elle imaginait William, allant se coucher dans leur grand lit et regardant sa photo sur sa table de nuit.

* Tu peux me dire pourquoi tu te tortures comme ça ? *

Personne ne lui demandait rien et elle se flagellait elle-même. Elle avait toujours été un peu bizarre. C’était d’ailleurs ça qui l’avait menée à la folie par le passé. Elle s’était trop torturée et avait fini par vouloir imputer sa faute à quelqu’un d’autre. Elle s’était alors prise d’une passion dévorante à savoir : détruire la vie de celui qui avait détruit la sienne, mais ça n’avait mené à absolument rien. Du coup, à présent, elle se refusait de recommettre cette erreur et reconnut donc qu’elle était l’entière responsable du dérapage.

Elle lui sourit doucement lorsqu’il lui expliqua qu’il avait écrit cette chanson pour elle, alors qu’elle était repartie pour les Etats-Unis. Comme à chaque fois, chacun de ses mots la touchèrent droit au cœur, mais elle ne dit rien. Elle se contenta de lui sourire doucement, ayant peur qu’un quelconque geste ou parole ne la fasse dérapper. Si elle n’avait pas joué avec lui, il n’aurait jamais flanché. Elle en était sure. Il ne l’aimait plus depuis longtemps et n’avait juste pas su résister à ses regards aguicheurs et ses gestes osés. Elle devait donc se contrôler au maximum, quitte à ne plus être elle-même, de peur de retomber dans ses bras. Tant qu’il ne ferait rien, elle serait assez forte pour lutter. Elle le devait.

« Tu peux la rejouer une fois s’il te plait ? »

Ce fut tout ce qu’elle sut dire, l’écoutant rejouer et posant doucement sa tête sur l’épaule du garçon. Elle ferma les yeux quelques instants en se torturant. Qu’est ce qu’elle aurait aimé que ça soit son mari qui lui écrive quelque chose d’aussi magnifique. Pourquoi la vie ne pouvait-elle pas être plus simple ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas vivre sur une île et que tout ce qui se passe ne soit connu que d’eux deux et jamais révélé. Ca serait tellement plus simple.

« Je ne pourrai jamais te résister. »

Ce fut tout ce qu’elle arriva à dire. Elle releva sa tête et le regarda.

« Il te suffit d’un geste, d’un mot pour faire de moi ce que tu veux. Je suis et je serais toujours à toi. »

Il pouvait faire d’elle ce qu’il voulait. Elle n’avait aucune résistance à son sourire, à sa voix, à son regard et qu’est ce qu’elle s’en sentait coupable...

Après toutes ces années, Lionel ne pouvait que contempler le désordre qu’il avait réussi à créer autant dans sa vie que dans celle de Gin. Bien sûr, les choses allaient plutôt bien pour chacun d’entre eux. Il était l’une des vedettes d’une série les plus en vogue auprès de la jeunesse australienne. Il gagnait pas mal d’argent. Il avait toujours un certain succès auprès de la gent féminine. Il avait des amis formidables…

Genesia quant à elle avait William. Elle jouait dans un soap opéra qui marchait à merveille. Elle avait sa vie à elle aux Etats-Unis. Ils avaient chacun réussi à faire quelque chose de leur vie… Mais leur vie commune en avait drôlement souffert.

La solidité de leur amitié de longue date n’était plus à prouver. Ils savaient l’un et l’autre qu’ils seraient toujours présents dans la vie de leur âme sœur, mais quel gâchis. Taylor n’avait pas rejoint son autre lorsqu’elle était en cure et avait sans doute manqué la plus grande occasion de sa vie, celle d’obtenir le bonheur qui encore aujourd’hui lui était refusé : celui d’être avec une femme qu’il aimait. D’être en couple, s’entend. Il n’avait jamais trouvé chaussure à son pied. Peut-être n’avait-il pas assez cherché ou ne s’était-il pas autorisé à trouver la perle rare qui sublimerait sa vie. Il avait toujours pensé que cette personne, c’était Genesia. Aujourd’hui, il devait bien se rendre à l’évidence : il ne serait que son ami.

Certes, Lionel plaisait beaucoup aux filles et s’il le souhaitait, il pourrait avoir une copine dans la minute.

*Quelle modestie*

Mais ce n’était plus ce qu’il recherchait et s’il aimait s’amuser, il commençait tout de même à regretter de ne pas avoir de relation stable et sérieuse. Il ne pouvait s’empêcher de soupire lorsqu’il voyait en rue un couple d’amoureux. Il ne disait pas qu’il ne trouvait pas cela pathétique à mourir. Mais dans le fond, il aurait bien aimé être un peu pathétique, lui aussi ! Cette guimauve qui dégoulinait des couples avait fini par le touché. Lorsque Lionel regardait des films d’amour, il n’en ressortait pas attendri mais plutôt dégouté voire parfois même déprimé. Les films d’amour, il les haïssait parce que pour la plupart, ils se terminaient bien alors que dans la vie, ça n’était pas le cas.

*Tu regardes des films d’amour ?*

Il avouait de temps à autre à l’un de ses amis qu’il éprouvait l’envie de se ranger, de sa caser, mais il tentait de demeurer léger à ce sujet. Il ne voulait pas être hanté par cette idée. Et il savait que si cela devenait une obsession pour lui, il agirait en bon « Taylor » qu’il était. Il se prouverait à lui-même qu’il n’était pas fait pour être amoureux et coucherait avec les premières venues et gâcherait toutes ses chances auprès d’éventuelles partenaires.

Lionel avait toujours eu un don particulier pour se gâcher la vie. Dans le fond, il se savait lâche et plutôt que d’affronter la réalité, il se vautrait dans un mensonge rassurant. Il se complaisait dans une vision erronée de sa vie. Il finissait toujours par se trouver pathétique, et ajoutant avec un cynisme certain que lui, n’avait pas besoin de fille pour avoir l’air navrant.

En réalité, il n’avait rencontré dans sa vie qu’une fille qui avait pu lui donner l’envie de s’engager sans craindre les conséquences. Cette fille était en face de lui en ce moment même à lui parler de son fiancé qu’elle aimait. Genesia aimait William, cela se voyait et pourtant, Taylor ne pouvait s’empêcher de se demander s’ils avaient entre, cette passion, cette fusion que lui-même avait partagée avec son amie.

Taylor hocha doucement la tête lorsque Gin le remercia des mots qu’il venait de prononcé au sujet de William. C’était bien normal après tout. Lionel n’avait techniquement rien à reprocher au garçon qui avait tant pris soin de Genesia. Il avait été un ange. Il n’avait jamais fait de faux pas avec elle, lui ! C’était sans doute pour cette raison qu’Arthur et Lindsay l’aimaient tellement. Il avait été le bon garçon là où Lionel n’avait été que le méchant de l’histoire.

Il fut ému de voir la jeune fille s’excuser d’avoir douté de lui. Elle était tellement mignonne qu’il en rit doucement tout en caressant doucement ses cheveux.

« Ne sois pas désolée. Tu n’aurais pas été humaine si tu ne t’étais pas laissé envahir par le doute. »

Il ne l’avait pas aidée non plus à le considérer comme le meilleur ami parfait. Il avait volontairement joué aux abonnés absents pour lui rendre la vie plus simple et l’aider à avancer sans se rendre compte que ce geste l’avait en réalité plus détruite qu’autre chose. Il l’avait rendu malheureuse en voulant la sauver. Mais le principal, c’était le résultat. Elle était heureuse à l’heure actuelle.

« Tu es forte… No Matter What ! »

Il déposa un tendre baiser sur son front. Il ne fallait pas qu’elle doute d’elle à ce point. Il aurait été impossible pour la jeune fille de voir Lionel autrement que comme le salaud qui l’avait abandonnée alors qu’elle avait le plus besoin de lui. C’était même un miracle qu’elle ait décidé de venir le voir en Australie. Il était presque certain qu’à sa place, il aurait coupé les ponts.

*OU PAS !*

Ou pas… parce que Lionel ne pouvait tout simplement pas vivre sans Genesia peu importe ce qu’elle faisait ou disait. Il aurait certes été déçu, blessé, mais n’aurait pas donné cher de sa résistance si elle était venue le trouver, même après des années de silence.

« Moi ? Arrêter de bouder ? Et tu prétends être ma meilleure amie ? »

Lui lança-t-il sur le ton de la plaisanterie. Elle devait bien se douter que rien ne pouvait l’empêcher de bouder lorsqu’il avait décidé d’ennuyer son monde.

*Moi, je pense bien à une chose qui…
-Toi tu te tais !*

Elle déposa un baiser sur chacune de ses deux joues et Lionel craint un instant qu’elle n’ait lu dans ses pensées. Mais les gestes de son amie demeurèrent chastes. Il n’y eut rien de trop osé. Pourtant Lionel se sentit tout retourné. Ce devait être l’effet « Genesia »…

William devait bien le connaître cet effet. Lorsque Genesia entrait dans une pièce, elle pouvait être certaine que tous les yeux seraient rivés sur elle. Elle était belle et il émanait d’elle quelque chose de captivant. Elle avait une sorte de pouvoir qui la rendait complètement irrésistible. Lionel devait faire attention à tout moment pour éviter de se laisser envouté par la belle.

C’est ce qui le perdit quelque instant plus tard. Trop heureux de retrouver celle qui comptait pour lui, il avait laissé ses défenses s’amenuiser. L’effet fut presque instantané. Taylor succomba à l’attrait de la peau de la belle et vint déposer ses lèvres dans son cou. Il s’en voulut immédiatement et remit entre elle et lui une certaine distance de sécurité. Il ne comprit pas bien pourquoi elle se blâmait de ce qu’il venait de se produire. Il avait été l’unique instigateur de ce geste. Elle souffla simplement qu’elle devait pouvoir mettre des limites mais qu’elle n’en avait pas été capable.

Il était vrai que la jeune fille ne l’avait pas repoussé à un seul instant. Se serait-elle laissée emporter par leur étreinte s’il n’y avait pas mis un terme ?

*Rêve pas trop, coco !*

« Tu n’as jamais été douée pour mettre des limites… »

Fit-il avec humour. Il était plus loin d’elle à présent. Il pouvait se permettre de se détendre et de converser plus tranquillement. Il ajouta :

« Ça ne m’a jamais dérangé que tu ne saches pas en mettre… »

Lionel ne comptait plus les petits amis de Genesia qui, même s’ils ne faisaient que passer une semaine, avaient été trompé par la jeune fille. Les tromperies de Gin n’avait jamais posé de problème à Tay puisque la plupart du temps et presque exclusivement, c’était avec lui qu’elle se laissait aller à des plaisirs coupables.

Gin voulut s’en aller, mais Lionel le lui défendit. Il était hors de question qu’elle passe le seuil de cette porte. C’était la première fois depuis qu’elle était là qu’ils discutaient réellement. Il ne fallait pas qu’il gâche tout en raison de ce désir incontrôlé qu’il ressentait. Il promit de se tenir à carreau et l’invita à le rejoindre devant le synthétiseur de Sarah.

Il espérait bien pouvoir changer le sujet et embraya donc sur la musique. Ginny ne savait pas encore qu’il pianotait à l’occasion et qu’il avait même réussi à composer une chanson entière au clavier. Et pour ne pas changer, c’était elle qui l’avait inspiré. Gin était depuis toujours la muse de Lionel. Il ne comptait plus les chansons qui lui étaient dédiées. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, elles avaient toutes la même source : Genesia Weastler.

Visiblement, sa composition lui plut puisque Genesia lui demanda de la refaire… Taylor s’exécuta sans poser de question.

« Should’ve kissed you there. I should’ve held your face. I should’ve watched those eyes instead of run in place. I should’ve called you out… »

Elle posa doucement sa tête sur son épaule. Lionel connaissait les notes et laissa ses doigts glisser sur le clavier alors que ses yeux se fermaient. Il se remémora l’époque où il avait écrit cette chanson. Genesia lui manquait tellement et il souffrait de ne pouvoir la voir. Il s’en voulait de l’avoir laissé partir sans rien dire. il s’en voulait d’avoir faire de sa vie un tel enfer.

« I should’ve said your name. I should’ve turned around. I should’ve looked again… I’m staring at the mess I made… »

Lionel termina la chanson. Un instant de calme et de silence plana au dessus d’eux. Il tremblait presque d’émotion. Il avait fait un bond de quatre ans dans le passé et avait l’impression que le destin lui donnait une deuxième chance.

Il savait dans le fond qu’il avait tort, qu’il avait laissé passer sa chance, mais les mots de Ginny lui glacèrent le sang. Leurs yeux se croisèrent alors qu’elle venait de lui souffler qu’elle ne pourrait jamais lui résister. L’envie de prendre ses lèvres se fit plus présente.

Il déglutit avec difficulté. Il ne pouvait plus articuler aucun son. Elle était à lui et serait toujours à lui. Et qu’était-il supposé faire de cette information. « Il te suffit d’un geste, d’un mot pour faire de moi ce que tu veux. Je suis et je serais toujours à toi. » Se répéta-t-il mentalement.

*Alors épouse-moi…*

Son cœur eut un raté. C’était la demande qu’il avait tant voulu lui formuler quatre années plus tôt. Il voulait lui demander de devenir sa femme et de ne plus jamais le quitter. Aujourd’hui, il savait qu’il était parfaitement injuste qu’il le fasse. William ne méritait pas qu’il agisse de la sorte. Certes, Lionel n’avait jamais hésité à évincer chacun des petits amis de Genesia, mais William était un ami, ou du moins l’avait été. Et il n’était pas son petit ami… il était son fiancé.

« Je… »

Il était comme figé, tiraillé entre l’envie de céder à ses désirs et le respect qu’il avait pour les engagements qu’elle avait pris ailleurs.

« Je voulais t’épouser… »

Fit-il, ne la quittant plus des yeux. Il caressa sa joue d’un revers de la main.

« Je voulais venir te rejoindre aux Etats-Unis, te dire que je t’aimais, et t’épouser. Voir son visage, même mal démaquillé tout les matins. Me réveiller à tes côtés me fichant de tes cheveux en paga[b] ille. Tu restes la plus belle même sans artifice. Je voulais que tu sois mienne pour toujours. »

À présent tout était dit. La phrase qu’elle venait de prononcer, son aveu venait quatre ans trop tard. Il ne pouvait pas risquer de ruiner sa vie, ses plans, sa carrière, son mariage. Il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas baser sa vie à lui sur le malheur de tant d’autres personnes.

*William, majoritairement, quand même !*

« J’ai été amoureux de toi comme de personne… Une partie de moi est toujours amoureuse de toi… »

Il se pencha vers elle et prit ses lèvres avec une extrême douceur. Il y pressa douloureusement les siennes, fermant les yeux et tentant de garder en mémoire ce moment. Se séparer d’elle fut bien plus difficile qu’il ne l’aurait cru. Il posa son front contre le sien.

« Mais je ne peux pas… J’ai assez gâché ta vie comme ça… Je ne veux pas faire de toi ce que je veux Gin. Je veux que tu fasses ce que toi tu veux… »

Et ce qu’elle voulait, même si elle semblait l’avoir oublié l’espace d’un instant, c’était épouser William. Elle s’était construit la vie rêvée. Il ne pouvait pas la lui retirer.

[ Si j'avais pas fait "prévisualiser", j'aurais répondu avec Sam XD]

Genesia avait souvent imaginé que Lionel était venu la voir en cure. Il ne l’avait pas fait, alors il ne lui restait que son imagination. Elle choisissait les vêtements qu’il portait parmi ceux qu’elle lui connaissait. Selon le temps elle l’affublait mentalement d’un parapluie, d’une veste ou de lunettes de soleil. Certains éléments en revanche étaient invariables dans son rêve. Il s’avançait vers elle et l’embrassait. Il lui disait qu’il n’était revenu que pour elle et qu’il ne voulait plus la quitter une seule seconde. Qu’il avait compris qu’elle était la femme de sa vie et qu’il désirait la chose que Ginny n’avait jamais vraiment espérée la sachant quasiment impossible : qu’ils deviennent un couple officielle au vu et au su de tous. C’était à ça que pensait l’américaine lorsqu’elle devait essayer de s’apaiser pour trouver le sommeil. Inlassablement.

A son réveil, à chaque fois, elle devait se contenter d’attendre que la journée passe pour devoir retourner dans son monde imaginaire et faire comme si tout allait bien. Comme si elle se sentait mieux. Certes, son mental n’avait plus envie d’avoir de drogue pour que la réalité soit déformée, mais son corps continuait à en réclamer. C’était un peu comme avec Lionel. Lorsqu’elle savait que c’était mal de faire ceci ou cela avec son meilleur ami, son corps prenait le pouvoir et elle ne pouvait plus s’empêcher de rien faire. Elle devenait comme une marionnette plus du tout dirigé par son cerveau.

* Et puis on dit que c’est les garçons qui ont quelque chose à la place du cerveau... *

Elle se permit de sourire légèrement un instant, à cette pensée. Le délai qu’elle s’était fixé arriva bien vite et Gin dut se rendre à l’évidence. Taylor ne viendrait jamais et elle avait promis de passer à autre chose s’il n’arrivait pas à temps. Du coup, lorsque William lui avait dit espérer la voir aussi souvent maintenant qu’elle était sortie, elle avait répondu qu’elle espérait bien aussi. Et ils s’étaient embrassés. C’était au moment où elle faisait mentalement une croix sur Lionel que William choisit de lui avouer être parti d’Australie car il était trop perturbé par les sentiments qu’il avait pour elle. La flèche venait de toucher le cœur de la jeune femme et c’est exactement à ce moment-là qu’elle était officiellement tombée amoureuse de William.

Son pére et Courtney, qui étaient venu la chercher pour l’occasion avaient assisté de loin à la scène et s’étaient montrés très enthousiastes. Il ne jurait que par William comme s’il était le fils prodigue. Le gendre idéal, elle n’en avait aucun doute. Will et Arthur jouaient de temps en temps ensemble au golf et supportaient la même équipe de base ball. Toutes des choses que monsieur Weastler n’avait pas en commun avec Lionel.

La Richardson, elle, aimait beaucoup William parce qu’il était beau comme un dieu.

* Lio aussi est beau comme un dieu ___ *

Elle aurait cependant sans doute aimé qu’il choisisse d’épouser sa fille à elle, Whitney. Cependant, aucune chance. Même si elle avait tenté un rapprochement, le garçon n’était vraiment pas intéressé par la jeune femme, son cœur étant déjà entre les mains de Ginny. L’espace d’un instant, elle se demanda comment ça se serait passé si William avait succombé aux charmes – si elle en avait – de Whitney. Elle les verrait tous les Noël, dans le rôle de la petite famille parfaite. Elle les appellerait le prince et la princesse du Lichtenstein, nom qu’elle donnait toujours aux couples qui avaient l’air un peu trop parfaits pour être honnêtes. Elle leur inventerait un nouveau prénom suivi de ‘du Lichtenstein’ et des passions digne de leur statut d’héritiers du trône. [Ce fait est totalement vrai]

Genesia dut bien reconnaître auprès de Lionel qu’elle avait failli. Elle avait douté de lui et l’ultimatum qu’elle s’était fixé à elle-même avait peut-être été trop court ? Aurait-elle dû encore attendre ? Ils avaient certes repris contact sous leur identité officielle, mais jamais elle n’avait perçu le moindre signe que Lionel était toujours intéressé par elle, du point de vue amoureux. Quoi qu’il en soit, elle n’avait pas été assez forte et le lui signala. Il nia ce fait. Elle lui sourit gentiment. Il était tellement tendre avec elle. Il lui passait tout. Ses défauts, ses imperfections, ses maladresses. C’était comme si quoi qu’elle fasse, il la voit nettement mieux qu’elle n’était en réalité. Mais l’actrice n’allait pas s’en plaindre. S’il la mettait sur un pied d’estal, il ne pouvait pas voir qu’elle était nettement en dessous.

Elle avait plus d’une fois dans sa vie manqué de courage. Elle n’avait pas su dire non à William et aller ainsi contre l’avis de tous les membres de son clan. Le seul un peu plus impartial c’était Eliott, qui lui ne connaissait pas Lionel. Il avait toujours été très excité lorsque Ginny parlait de Lionel. Il sentait bien qu’ils entretenaient une relation très ambiguë et la jeune femme racontait leur passé commun avec tellement de passion que le cœur de guimauve de son manager romantique en était à chaque fois tout retourné. Il était d’ailleurs le seul à avoir sauté de joie lorsqu’elle avait annoncé son départ pour l’Australie. Il lui avait demandé si elle comptait dire au revoir à tout jamais à son âme sœur et s’offrir à lui une dernière fois avant de jurer fidélité à un autre homme pour le restant de ses jours.

* Pourquoi je pense à ça maintenant, moi ? *

Lindsay, qui avait pourtant été fan de la possibilité de voir ses meilleurs amis ensemble, était à présent tout le contraire. Elle s’était un peu disputée avec Ginny lorsque cette dernière lui avait annoncé aller rendre une petite visite à Taylor. Elle l’avait mise en garde. Mais contre quoi ? Genesia n’allait pas tout foutre par terre pour un garçon qui n’avait pas été là pour elle... Sauf que Lindsay, elle savait que ça n’était pas le cas. Et elle craignait peut-être que ‘the truth will come out’ la petite. C’était sans doute pour ça qu’elle avait déjà téléphoné deux fois à Ginny depuis qu’elle était partie. A croire qu’elle avait un forfait illimité pour l’autre bout de la terre ^^.

On disait bien souvent qu’il n’y avait pas plus raleur qu’une fille, mais Genesia devait bien admettre que son meilleur ami aussi était très très fort pour tout ce qui est ‘raler pour un rien’. Il devait avoir volé cette gêne à une fille, ou alors Dieu s’était un peu planté lors de sa conception de Tay. Elle en tout cas était une raleuse hors pair. Elle pouvait changer d’humeur en trente seconde et raler jusqu’à ce que bon lui semble malgré les multiples efforts, souvent vains, des personnes qui avaient eu le malheur de l’offenser légèrement.

Bien sur que si, Gin était la meilleure amie de Lionel et de par ce fait, elle le connaissait sur le bout de doigts. Elle pouvait souvent prédire la plus infime de ses réactions et se trompait peu. Enfin, c’est ce qu’elle pensait, parce que par exemple, elle n’aurait jamais pu dire qu’il serait d’un calme olympien alors qu’elle lui criait dessus il y a dix minutes. Ca ça faisait partie des choses qu’elle ne connaissait pas de lui, mais quelque part ça lui faisait plaisir. Au moins, elle avait sans cesse de nouvelles choses à apprendre sur lui. Pour son ‘étude de comportements de Lionel Taylor’ elle était donc obligée de passer du temps avec lui. Au nom de la science bien sur.

« Je te connais par cœur, arrête. Tellement que je suis sure que je pourrai faire nos dialogues toute seule. »

Rit-elle, alors qu’elle lui posa tendrement un bisou sur chacune de ses joues. Qu’est ce qu’elle l’aimait le petit. Elle pourrait passer toute sa vie à côté de lui qu’elle s’amuserait encore et ne verrait pas le temps passer. Et même si on leur reprochait d’être un peu trop dans leur petit monde en dehors de la réalité, c’était ça aussi qui faisait qu’ils étaient eux. Le monde s’arrêtait lorsque Genesia était dans les bras de Lionel. Ils étaient situés hors de l’espace temps et plus rien n’importait. Plus rien n’était grave parce qu’ils étaient eux deux. Tay & Gin. Forrrrever.

Contrairement à ce que Lionel croyait, Genesia n’était pas la même avec William qu’elle n’était avec lui. Elle avait perdu de son aura, de ce qui faisait qu’elle était Gin et qu’on ne pouvait pas passer à côté d’elle sans la regarder car elle dégageait quelque chose... d’indescriptible. Elle était rarement la plus jolie fille dans la pièce, mais on ne pouvait pas ne pas l’avoir remarqué. A présent, elle était juste une fille plutôt jolie, au bras d’un mec canon. La flamme dans ses yeux n’avait pas fait son apparition au fil des mois.

Pourtant cette flamme, il avait juste fallu que Lionel ne l’approche d’un peu trop près pour qu’elle la récupère, maintenant. Alors que leurs deux corps étaient bien trop proches l’un de l’autre, que les lèvres du garçon se promenèrent sur sa peau. Elle espéra de tout cœur qu’il n’ait pas laissé de marque ^^.

* Ca le ferait moyen de rentrer avec un gros suçon. *

Pas sur que Willychou fasse preuve de sa compréhension légendaire. Lionel s’était reculé et avait mit un terme à leur moment interdit. C’était fini. Ils allaient devoir expliquer leur geste déplacé et Genesia reconnu volontiers qu’elle était l’unique coupable de ce ‘crime infâme’. Elle n’était pas célibataire. Lionel l’était. Alors il ne devait en rien s’imputer la faute de quoi que ce soit. Elle ne l’avait pas repoussé, pourtant elle savait très bien que s’il avait continué, à ce moment même elle serait à moitié nue sur lui^^. Alors non, il ne devait pas s’en vouloir.

Le garçon reconnu qu’elle n’avait jamais été la reine des limites. S’était-elle une seule fois refusée à lui ? Elle n’en avait pas le souvenir. Elle releva la tête lorsqu’il avoua que ça ne l’avait jamais dérangé qu’elle en soit incapable. Mais à quoi jouait-il ? Il lui faisait connaître le chaud et le froid, puis le froid et le chaud et elle n’était plus sure de savoir quand ce qu’il disait était dépasser les limites de l’amitié ou non. Elle était complètement topsy-turvy.

Il fallait qu’à présent elle grandisse et qu’elle sache mettre des limites, mais un coup de main de la part de son ami n’aurait pas vraiment été de refus. Elle sentait ses forces diminuer à tel point qu’elle décida qu’il était peut-être temps pour elle de s’éclipser. Lionel lui intima de rester. Il ne voulait pas qu’elle s’en aille. Peut-être craignait-il qu’elle soit en colère, mais même si c’était le cas, ça n’était pas sur lui qu’elle était fachée, mais bien sur elle-même, la fille incapable d’être honnête avec un homme, même avec le plus méritant.

Elle obéit donc à Lionel lorsqu’il lui demanda de se mettre à côté de lui et d’écouter la chanson qu’il avait composée pour elle alors qu’elle était partie, à tout jamais devait-il penser. Les paroles étaient magnifiques et touchèrent beaucoup Genesia. Tellement, qu’elle ne sut que dire quand les doigts de son ami arrêtèrent de pianoter. Tout ce qui put sortir, ce fut une demande. Elle lui demanda de continuer à jouer pour elle, de rejouer cette chanson même.

Cette fois, elle se laissa un peu plus aller, posant sa tête sur l’épaule de son ami et fermant les yeux, se laissant complètement bercer par sa superbe voix et les notes qui sortirent du synthétiseur. Une fois que l’air fut terminé, elle du bien lui avouer quelque chose. Jamais elle n’arriverait à mettre de barrières avec lui. Jamais elle ne pourrait lui résister. Pourtant elle aimait William, et elle le respectait énormément, mais être fidèle était facile lorsqu’on ne côtoyait pas tous les jours Lionel Taylor. Par contre, à peine six jours en sa présence et ça la rendait complètement baba.

Il voulut dire quelque chose, mais il évita. Il aurait mieux fait de garder ça pour lui car un immense poignard vint se planter dans le cœur de la jeune femme pour mieux se retirer et rerentrer [ce n’est pas sexuel cette fois non mais], pulvérisant son cœur et lui faisant souffir le martyr. Pourquoi disait-il cela ? Qu’attendait-il d’elle ?

« J’aurais tellement aimé que tu me le dises avant. »

Elle baissa la tête.

« C’est trop tard maintenant. »

Les sentiments du garçon avait peut-être d’une part changé et d’autre part elle avait fait un promesse à un autre. Il fallait qu’elle s’y tienne. Elle ne pouvait pas tout annuler pour Lionel.

* N’est-ce pas ?
- Bien sur que non ! *

Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre alors qu’il lui avoua l’avoir aimé comme jamais il n’avait aimé personne et être toujours quelque part un peu amoureux d’elle. Elle écarquilla les yeux plus perdue que jamais et elle laissa Lionel poser doucement ses lèvres contre les siennes, se sentant perdre pied totalement. Il se recula et lui expliqua qu’il ne pouvait pas lui faire de mal, ou la faire gacher quoi que ce soit.

* Mais me torturer tu peux aparemment ! *

Il n’avait aucun mal à l’embrasser dans son cou puis à s’en aller, à poser ses lèvres contre les siennes puis à la repousser verbalement. Il la faisait tourner en bourrique et elle n’en pouvait plus. Que voulait-il à présent ? Que devait-elle faire.

« Tu ne peux pas jouer avec moi comme ça. Soit tu ne me connais pas, soit tu ne me connais que trop bien. »

Lança-t-elle, laissant ses yeux glisser vers la bouche de Lionel dont elle pouvait encore sentir les lèvres contre les siennes.

« Je pense comme toi. Je crois que je serai toujours amoureuse de toi et que ça prédominera toujours en moi. Que tu seras toujours le numéro un, même si j’essaye de me convaincre du contraire. »

Elle enfoui son visage dans le cou de son ami. Son aveu était trop douloureux que pour pouvoir le regarder en face. Elle était une petite amie horrible. Une fiancé horrible et elle le serait toujours, tant qu’il y aurait Lionel dans sa vie. L’odeur de la peau de Lionel se fit trop pressante, presque insupportable et ce fut très naturellement qu’elle glissa quelques baisers dans le cou de son ami.

« Je t’aime. »

* Et ça, c’est amical aussi peut-être ? *