As you turn, you take your heart and walk away

C’était pratiquement la fin du séjour de Genesia et Lionel n’arrivait toujours pas à se faire à l’idée qu’elle allait repartir. Il fallait dire qu’il l’avait si peu vue ces dernières années que passer ces moments avec elle avait tout simplement été revigorant. Il ne s’était jamais senti plus vivant que lors de la durée de son séjour. Cela devait avoir un rapport avec le côté « Beverly Hills » que sa vie avait adopté depuis son arrivée. Cela n’avait pas toujours été de tout repos.

Lionel avait commencé par faire croire à Gin qu’il avait une petite amie, et il avait bien entendu désigné sa parfaite colocataire pour endosser le rôle. Elle avait agi à merveille. Sarah était tout simplement la fille idéale, mais elle n’était rien de plus que sa colocataire… rien de plus, c’était jusqu’à ce qu’ils se retrouvent saouls à la soirée « The Perfect Match » où, l’alcool officiant correctement, ils avaient cédé à leurs pulsions respectives et avaient fini par coucher ensemble.

Tay avait voulu se persuader que cette nuit ne changerait rien, d’ailleurs, ils étaient toujours aussi amis qu’avant, mais la vérité était que depuis, il ne cessait d’avoir des flashs de cette nuit passée en compagnie de la belle. Et comme si ce n’était pas suffisant, il avait fallu qu’il avoue, quelques jours plus tôt, à sa meilleure amie que la fameuse Sarah n’était pas réellement sa petite amie. Après une crise de la jeune fille, il lui avait avoué l’horreur qu’avait été ces quatre dernières années. Il lui avait appris que sa famille l’avait empêché de venir la voir en cure. Il lui avait également avoué son amour, celui qu’il éprouvait à l’époque, et comme toujours, ils avaient finis dans les bras l’un de l’autre…

À croire que Genesia et Lionel ne pouvaient pas être sages lorsqu’ils étaient en présence l’un de l’autre, Taylor avait cédé à ses envies et avait embrassé Gin dans le cou, ce qui avait provoqué une suite de réactions en chaine qui les avait amenés à s’embrasser à pleine bouche sur le canapé de l’appartement de Lionel. Il avait mis le holà… à regret d’ailleurs. Gin avait pris la fuite.

Ils s’étaient peu croisés depuis, simplement pour échanger des badineries. Ils savaient qu’ils avaient mal agi. Lionel en avait parfaitement conscience, et croiser Sarah tous les jours lui rappelait en outre son mensonge. Sa colocataire n’avait pas été très à l’aise face à Gin après qu’elle a appris la vérité. Mais Genesia s’était montrée plutôt compréhensive.

Aujourd’hui, c’était peut-être la dernière fois qu’il voyait sa meilleure amie avant son…

*ARGH*

Mariage… et rien que d’y penser son cœur se serrait, parce qu’elle allait lui manquer, bien sûr. Cela n’avait rien à voir avec son mariage imminent.

*Keep telling yourself that !*

Il avait fixé leur rendez-vous sur la plage. Il voulait que Gin garde en mémoire un meilleur souvenir que celui qu’elle avait de sa dernière visite à cet endroit. Il voulait faire table rase du passé et recommencer sur de meilleures bases, celles de l’amitié. Il l’attendait, guitare à la main, chantonnant, le regard perdu vers l’océan.

Genesia était très douée dans l’art de la dissimulation. Elle savait se déguiser et se faire passer pour qui elle n’était pas, tout comme elle savait éviter les gens lorsqu’elle en avait besoin. Et là en l’occurrence, ça faisait deux jours qu’elle évitait Lionel. Pourquoi ? Simplement parce qu’ils s’étaient littéralement sautés dessus, atterrisant sur le canapé du salon de l’appartement que Lio partageait avec Sarah avec qui il avait couché quelques nuits auparavant, mais après qu’il ait fait croire qu’elle était sa petite amie.

* AAAaaaaamourrrrr, gloireeeee et beauuuuttttéééééééééééééé.
- Padadadam dadadaaaaadammmm !*

Elle avait été plutôt surprise que Lionel lui demande de la retrouver sur la plage. Déjà par le choix du lieu. Ils ne partageaient pas de bons souvenirs à cet endroit. D’un autre côté, il avait sans doute choisi un lieu public pour être sur qu’ils pouvaient se tenir, quoi que ça ne les avait jamais vraiment retenus.

Vu qu’elle allait partir, elle se décida à y aller et à ne pas lui poser de lapin. Il fallait bien avouer qu’elle avait hésité à faire ses bagages et partir dans son dos, en le laissant là en plan, mais ça n’aurait pas été correct. Il avait le droit d’avoir des explications. Il n’avait rien fait de mal. C’était elle qui n’avait pas été correcte et qui devait assumer ses actes, comme une grande. Du coup, elle ne pouvait pas se rétracter.

Sa valise était presque faite. Elle était ouverte sur le lit et il ne lui restait plus qu’à ajouter les deux-trois dernières choses qu’elle portait par exemple. Elle se changerait juste avant le vol. Elle avait revêtu un jeans bleu foncé par-dessus lequel elle portait un top orange – sa couleur préférée. Elle voulait profiter à fond du soleil étant donné que chez elle, même si les températures étaient douces, c’était l’automne qui avait pris la place de l’été.

Elle retira ses sandales et les porta à la main, en s’avançant sur la plage.

« Hey. »

Lança-t-elle très impersonnellement, tout en s’asseyant sur le sable, à côté de Lionel.

« Ca va ? »

* Oh super comme entrée en matière, on dirait que tu parles à un parfait étranger *

C’était une entrée en matière assez commune et anti particulière au possible. Genesia s’était contentée de s’installer près de Lionel sans l’affubler d’un surnom qu’il aurait prétendu détester tout en l’aimant secrètement. C’était son choix. Elle devait sans doute prendre ses distances à cause de ce qu’il s’était passé entre quelques jours auparavant. C’était peut-être plus sage comme ça. Tay ne pouvait pas lui en vouloir. Ils avaient fait des erreurs qu’ils regrettaient amèrement, à présent, il fallait tout oublier et passer à autre chose. Gin, quant à elle, devait retourner aux Etats-Unis et retrouver son fiancé.

Lionel ne s’arrêta pas pour autant de jouer de la guitare. Il tourna la tête vers sa meilleure amie et sourit doucement.

« Hey you ! »

Murmura-t-il en insérant ses paroles sur le rythme qu’il grattait. Ça n’était rien de très évolué, c’était une mélodie assez basique. Il n’essayait pas de composer quelque chose de grandiose, simplement un air plutôt agréable à l’oreille.

Genesia lui demanda simplement comment il allait et Taylor remarqua qu’elle restait très simple même dans la conversation qu’elle entretenait avec lui. Ils n’avaient pas reparlé de ce qu’il s’était passé. C’était un peu dommage. Lionel voulait que les choses soient claires.

« Ça va bien. Et toi ? »

Il lui retourna la question restant dans le vague. Il finit par déposer doucement sa guitare dans sa housse qu’il referma avant de se retourner vers Gin.

« On va passer notre dernier moment ensemble à s’échanger des badineries ou on profite un peu ? »

*ça… ça fait très détourné comme proposition*

Mais Lionel ne voulait en aucun cas insinuer quoique ce soit de s*x. Il ne voulait juste pas qu’entre eux s’installe un malaise. Il n’y en avait pas eu entre Taylor et Sarah, pourquoi devrait-il y en avoir un entre Genesia et lui ? Bon, elle était fiancée. Mais ce qui était arrivé était arrivé. C’était trop tard. Il fallait vivre avec.

« Tu veux faire quoi pour ta fin de séjour en Australie Ginny chou ? »

Lionel était assis sur la plage avec sa guitare. Gin ne put s’empêcher de se demander pourquoi il l’avait prise avec lui. Il savait très bien qu’elle lui avait dit qu’il la faisait totalement craquer quand il chantait.

* Non tu as dit un truc du genre « s*xy à mourir ». *

Tay’ jouant de la guitare et chantant en la regardant, c’était « le piège à Gin » par définition. Elle le trouvait tellement à tomber par terre quand il faisait ça. Ca l’impressionnait d’autant plus qu’elle, elle était bien incapable de jouer quoi que ce soit. Elle était plutôt naze en musique.

Elle s’assit à côté de lui, en le saluant légèrement, drôle d’entrée en matière pour deux meilleurs amis. Elle devait même feindre d’être heureuse de le voir et de paraître normal alors que tout sauf eux était normal justement !

« Ca va bien, merci. »

* Oh, alors là génial. Réaliste et amical, tu parles ! *

Ginny garda les yeux posés sur la guitare de Lionel, prétextant être intéressée par comment il l’installait dans sa housse, juste pour ne pas avoir à le regarder lui. Tellement plus simple.
L’américaine se mit à sentir la panique l’envahir lorsqu’il lui demanda s’ils ne pouvaient pas plutôt profiter plutôt que de s’échanger des badineries.

* Profiter de quoi ? *

« Profiter de quoi ? »

Ni une, ni deux, il fallait qu’elle se lance, sinon elle repartirait avec des regrets et ça, il ne le fallait pas. Elle devait tirer un trait sur sa vie australienne. Après tout, rien ne la retenait ici. Elle n’avait aucune promesse heureuse ici.

L’actrice était très calme, mais plutôt sèche. Dans sa voix, toute forme de gentillesse était absente, même si ce n’était pas voulu. C’était sa manière à elle d’être sure que Lionel ne s’approche pas trop d’elle, comme ça elle n’aurait pas à devoir lui résister. Car elle savait par expérience qu’elle n’y arriverait jamais. Alors que si elle n’était pas gentille avec lui, il voudrait s’en débarrasser au plus vite et elle pourrait repartir le cœur léger, sachant qu’elle ne passait à côté de rien du tout.

« Oh euh. Rien en particulier. Je crois que j’ai fait le tour de tout ce que je devais faire. »

Répondit-elle, en se relâchant un peu. Il l’avait appelée Ginny chou. Comment pourrait-elle résister plus de trois minutes ? Elle enroula ses bras autour de ses jambes et posa sa tête dessus, regardant la mer. Elle se sentait triste. Tellement.

[C’est dingue, dès que Gin est là, j’ai envie de lui faire envoyer tout en l’air… O_o Mais bon ! Pas d’anti-jeu ! Il est raisonnable et … Enfin, c’est Lio quoi ! xD Montagne russe des sentiments !]

Lionel n’avait pas donné rendez-vous à Gin pour qu’ils badinent pendant des heures. Il en avait plus qu’assez de cette situation qui ne semblait pas vouloir s’arranger. Certes, ils avaient dérapés, ils en étaient parfaitement conscients. Ce n’était cependant pas une raison pour qu’ils se mettent à se fuit lors des dernières heures qui leur restaient à passer ensemble. Il fallait qu’ils soient ensemble et proche comme avant.

*Pas trop quand même…*

Pas comme il y avait quelques jours, bien entendu. Il fallait qu’ils se contiennent et qu’ils agissent bien, mais Lionel ne voulait pas se priver de sa meilleure amie. Ils avaient souvent fait des fautes tous les deux. C’était bien la première fois qu’ils s’en repentaient tous les deux. Genesia était fiancée et Lionel ne voulait pas gâcher son futur mariage. En outre, il ne voulait pas non plus ruiner toutes ses chances d’avoir un jour une petite amie. Il allait laisser partir Gin la femme de sa vie pour que Gin sa meilleure amie reprenne sa place… celle qu’elle n’aurait jamais dû quitter.

*C’est mieux comme ça !*

« Génial ! »

Fit-il lorsqu’elle lui dit qu’elle allait bien aussi. Il brisa directement la glace pour éviter qu’il ne passe des heures à tergiverser. Il lui confia qu’il fallait profiter…

« Du moment… de maintenant ! On est ensemble là, alors que tu vas bientôt repartir. On pourrait… »

*Faire l’amour ?
-Pitiééé ! Tais-toi !*

Il haussa les épaules. Il s’en fichait de ce qu’ils allaient faire du moment qu’ils le faisaient ensemble et que cela n’impliquait pas que l’un d’entre eux doive enlever des vêtements. Ils devaient bien agir pour le bien de leur vie respective. Tay avait pris de sages décisions ces derniers temps. Il était fier de lui et était bien décidé à le rester.

« De ce que tu devais faire peut-être… mais de ce que tu voulais faire ? »

Fit Lionel dans un large sourire. Il tentait du mieux qu’il pouvait de la faire sourire. Il avait bien vu que ce ne serait pas tâche facile. Elle avait l’air… triste. Elle ne devait pas l’être. Il allait venir à son mariage. Il allait jouer les témoins puisqu’elle y tenait tant. Elle avait la vie devant elle. elle serait bientôt madame Cohen. Et combien de filles n’avaient pas rêvé d’être madame Cohen.

*Surtout à l’époque de Newport Beach…
-Would you just shut up !*

« Allez… je t’offre une glace… Tu veux une glace ? »

[C'est Linny, c'est tout <3]

Ginny n’était pas dans son assiette, ça c’était le moins que l’on puisse dire. Elle était dans ses petits souliers car elle savait fichtrement bien qu’elle avait agit comme une idiote et qu’elle était responsable du dérapage qui avait eu lieu quelques jours plus tôt. Du coup, elle continuait d’agir comme une c*nne. Elle tentait de mettre des barrières entre Lionel et elle. Dans un premier temps, elle l’avait savamment évité. Ca avait plutôt bien marché. Heureusement pour elle, elle avait quelques connaissances dans le coin histoire de passer le temps.

A présent qu’elle devait lui faire face, les choses devenaient un peu plus compliquées. Du coup, elle était distante en paroles puisqu’elle ne pouvait pas l’être physiquement. Et leur discussion aurait pu être celle de n’importe quels amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps et qui se saluent plus par politesse que par autre chose.

Tay’ ne lui en tint apparemment pas rigueur et brisa la glace, n’aimant sans doute pas la distance qui s’était installée entre-eux depuis quelques jours. Distance physique, mais peut-être pire encore. Gin mettait aussi mentalement de la distance. Après l’erreur qu’elle avait commise, elle voulait tout faire pour éviter de redéraper et de retomber dans les bras de Lionel, même si de toute façon, il ne voudrait pas d’elle. Après tout, juste après s’être rassuré sur le fait qu’elle pouvait craquer, il l’avait laissée allongée sur le divan.

Son poing se serra, et pour éviter que ça ne se voit, elle plongea sa main dans le sable et tourna la tête vers son meilleur ami.

* On pourrait ? *

Mais que pourraient-ils bien faire ? Elle n’avait plus envie de rien. Elle voulait repartir et retrouver William. Lui, il voulait d’elle. C’était bien le seul. Et en plus elle faisait tout pour gâcher ça, mais quelle idiote elle faisait.

« Je suis en panne d’idées, j’ai pas vraiment la tête à faire la fête. »

Avoua-t-elle, d’un ton neutre, pour ne pas qu’il se croit obligé de creuser. Elle n’en n’avait pas envie. Il lui demanda ce qu’elle voulait faire et elle lui annonça qu’elle avait fait ce qu’elle devait. Il joua sur les mots et lui proposa d’aller manger une glace. Elle aurait eu un peu mal au cœur de lui gâcher son enthousiasme. Pour ce qu’elle tirait la tête, Tay avait une expression très joviale, comme s’il passait l’un des moments les plus excitants de son existence.

* Excitant ?
- Pas dans ce sens la -_-’ *

« Si tu veux. »

Les glaces Australiennes étaient vraiment bonnes, mais Gin n’avait pas envie de faire comme si tout allait bien. Elle ne savait pas pourquoi, mais une partie de son cœur lui faisait mal et elle savait que quand elle reverrait Lionel, la brûlure referait son apparition, ce qui bien sur n’avait pas mangé.

Gin manquait réellement d’enthousiasme. Lionel avait l’impression qu’il déployait des efforts surhumains dans le vide tant Genesia était braquée et avait décidé de tirer la tête. Rien n’y faisait. Elle ne se déparait pas de cette moue si significative qui donnait à Tay l’envie de la secouer. Il aurait pu le faire, mais il essayait d’éviter le moindre contact physique puisque c’était ce qui les perdait à chaque fois.

Le pire avec Taylor et Ginny c’était qu’ils n’avaient même pas besoin d’être proches sensuellement parlant. Ils pouvaient très bien être en train de se crier dessus et la minute d’après s’embrasser à pleine bouche juste parce que l’un des deux avait touché le bras de l’autre. Ce n’était pas pour rassurer Lionel qui jouait définitivement la carte de la sécurité. Il n’avait pas envie de foutre en l’air la vie de la jeune fille.

*T’en as déjà trop fait !*

Il ne fallait pas non plus qu’il se leurre. Si Gin n’était pas dans son assiette, c’était de sa faute. Il l’avait embrassé dans le cou, il l’avait soulevée et amené jusqu’au fauteuil. Peut-être que s’il n’avait pas arrêté, s’il lui avait laissé à elle le soin de le faire, elle ne s’en voudrait pas autant. Mais était-il réellement certain qu’elle aurait tout stoppé… cette question le hantait toujours.

« Sans blague ! »

Répondit-elle lorsqu’elle lui fit remarquer qu’elle n’avait pas la tête à faire la fête. Peut-être que s’il ne la ménageait plus, elle exprimerait autre chose que la neutralité sur son visage. Elle cesserait de s’enfermer dans sa bulle et commencer à interagir avec lui. Pour l’instant, il avait plutôt l’impression de faire la conversation tout seul.

Elle accepta d’aller manger une glace… ou plutôt, elle le laissa libre de décider. Il ne bougea pas cependant. Il soupira et la poussa sur l’épaule.

« Qu’est-ce que tu peux être chiante ! »

Souffla-t-il en levant les yeux au ciel.

« Si t’as un problème, t’en parles, j’suis là pour ça, non ? Tu me dis quoi. On s’arranger et on repart à zéro, mais tu fais pas le zombie. S’il te plait… »

Il osa une sorte de minuscule contact qui n’engageait à rien et déposant sa main sur son bras. De son autre main, il vint saisir le menton de la jeune fille pour la forcer à le regarder dans les siens. Il lui sourit doucement. Il se doutait bien que cela avait un rapport avec ce qu’il s’était passé, mais elle ne pouvait pas continuer avec faire la tête ou à garder sur le visage son air morose. Elle était tellement plus jolie avec un sourire aux lèvres.

*ça…*

« Parle-moi ! Peu importe ce que tu as à dire. Je m’en fiche ! Je veux tout savoir sur toi, sur comment tu te sens. Je ne veux pas que mes derniers instants avec toi se passent avec une toi toute tristounette… »

Il y a quelques jours de cela, Genesia se réjouissait de passer des moments avec son meilleur ami. A présent, il en était différent. Elle craignait de le revoir, mais avait surtout peur de la tournure que pourrait prendre leur discussion. Dans un sens ou dans l’autre, elle avait peur que ça ne devienne trop extrême.

« T’inquiètes, tu ne devras plus me supporter longtemps. »

* Ok, ça c’est petit et nul, mais véridique. *

Dans quelques heures, elle partirait pour les States, et elle ne reviendrait pas avant un bon bout de temps, si elle revenait un jour car ce qu’elle avait vécu lors de ce séjour-ci lui faisait se poser pas mal de questions.

Bien sur, elle savait qu’elle était chiante, mais elle ne le faisait pas exprès pour une fois, non. Elle voulait juste mettre de la distance et que Taylor s’en aille. Qu’il la laisse, qu’il arrête de la torturer, parce que c’était terriblement injuste. Et il n’avait même pas l’impression de s’en rendre compte.

Comme s’il voulait se montrer plus convainquant, Lionel posa une main sur le bras de Ginny et lui saisit le menton pour l’obliger à la regarder. Si elle n’avait pas eu cette lourdeur au cœur, il se serait sans doute emballé, mais à présent elle savait qu’il ne la désirait plus comme avant. Quelque chose était mort. Entre eux. Enfin, peut-être surtout en elle.

Il voulait qu’elle parle, c’était ce qu’il lui demandait. Elle n’était pas sure que ça soit la meilleure chose à faire. Elle ne voulait pas s’effondrer en larmes. Pourtant, lorsqu’il lui sourit doucement elle en avait bien envie de pleurer. Si seulement il était sur la même longueur d’ondes qu’elle. Si ce sourire était la promesse retrouvée de leur amour. Mais ça ne pouvait être le cas. Il l’avait repoussée. Il voulait uniquement retrouver son amie. Et ne pas partir fâchée.

« Je... »

Elle dégagea son visage d’entre les mains de Lionel d’un geste de la tête doux, mais ferme. Il ne fallait plus qu’il la touche. Ca lui faisait mal. Parce qu’elle savait qu’elle pourrait craquer.

« Je ne veux pas que tu viennes. »

Elle baissa les yeux. N’osant pas le regarder.

« Je veux dire... Je ne veux pas que tu viennes à mon mariage. »

Il voulait entendre ce qu’elle avait à dire, il allait être servi. Elle se mordit la lèvre pour s’empêcher de pleurer et aucune larme ne coula lorsqu’elle releva les yeux vers son ami, mais elles étaient toutes bien contenues dans ses yeux. Elle tenta de sourire pour dédramatiser la situation mais ne fut pas sure du résultat obtenu.

"Tu vois, tu aurais sans doute préféré que je reste tristoune plutôt que je ne parle..."

Réussit-elle tout de même à annoncer.

Gin n’allait réellement pas bien puisqu’elle était inutilement méchante. C’était sa manière de faire face à la tristesse ou à un état de mal-être. Elle n’allait jamais dire à Lionel qu’elle ne se sentait pas bien, non. Elle allait lui faire mal, ou lui sortir une réplique cinglante dont elle avait le secret.

Aussi, il ne releva pas et se contenta de baisser les yeux pour écouter ce qu’elle avait à dire. Elle n’allait pas partir en gardant sur le cœur ce qui semblait lui peser. Puis, ça allait être une bonne occasion de parler de ce qu’il s’était passé, de mettre les choses au point. Lionel pensait qu’il était temps pour sa meilleure amie et lui que tout soit pour une fois clair. Trop de fois par le passé, ils avaient laissé des secrets venir brouiller leurs émotions, leurs sentiments, ce qui avait affecté leur manière d’agir. Ils n’en seraient pas là aujourd’hui s’ils avaient toujours eu le courage d’être honnête l’un envers l’autre.

*On serait peut-être ensemble…
-Oh, fais pas ta romantique !*

Il voulait qu’elle parle et il était loin de se douter que ce qu’elle avait à dire était aussi important. Il croyait qu’elle voulait s’excuser sans doute, lui confirmer qu’ils avaient eu tort mais que tout cela appartenait au passé et qu’ils allaient baser leur amitié sur des bases solides. Il se fourvoyait complètement.

« Tu ? »

Insista-t-il pour l’inciter à parler. Elle finit par sortir ce qu’elle voulait dire depuis le début de la conversation. Elle ne voulait pas qu’il vienne…

*Que je… vienne ?*

Lorsqu’elle baissa les yeux, il eut peur de comprendre. Voulait-elle vraiment qu’il ne soit pas présent à son mariage, c’était cela dont il était question ? lorsqu’elle l’exprima avec des mots, lorsque sa phrase fut complète, Lionel eut l’impression que le sol était en train de se dérober sous ses pas. Non, il n’aurait pas préféré qu’elle reste tristounette. Il était ravi de voir qu’elle ne voulait pas de son meilleur ami à son propre mariage.

*Extatique !!!*

« Tu ne veux pas que je vienne à ton mariage… ok. Bien. Parfait… super ! »

Il avait la gorge nouée et ne savait pas exactement comment réagir. Des milliers de questions lui traversaient la tête à la vitesse de la lumière. Il ne comprenait pas le comment du pourquoi de sa réaction. Elle était complètement disproportionnée par rapport aux évènements.

« Pourquoi ? Si c’est à cause de ce qu’il s’est passé… Faut pas que tu te sentes mal. On fait comme si de rien n’était. On a fait un faux pas. On revient en arrière… Mais… »

Tay commençait à avoir du mal à mettre de l’ordre dans ses idées. Certes, il avait lui-même envisager de ne pas venir, mais c’était avant… avant qu’il ne prenne la décision d’être un bon ami pour elle, avant qu’il ne décide de ne plus jamais lui faire de mal…

*Peut-être que ma présence lui ferait du mal ?*

Mais cette théorie était absurde. Ça allait être le plus beau jour de sa vie et il ne voulait pas qu’il soit là ? C’était ridicule.

« Pourquoi, Gin ? »

Ce que Gensia avait à faire était loin d’être facile, contrairement à ce que tout le monde semblait vouloir comprendre. Elle devait choisir entre tirer un trait sur son meilleur ami ou tirer un trait sur son mariage. Son père lui disait toujours d’écouter son cœur plutôt que sa raison. Et son cœur lui dictait de rester là, avec Lionel. Elle le regarda un instant et étudia son visage. Si seulement il ne l’avait pas repoussée. C’est ce qu’elle aurait fait. Elle ne serait retournée aux Etats-Unis que pour faire ses valises et partir retrouver l’homme qu’elle avait toujours aimé plus que tout le reste.

Seulement, son beau Liolio lui avait un peu facilité la tâche lorsqu’il avait mit un terme à leur étreinte. C’était lui qu’elle devait quitter. Elle devait aller retrouver son prince charmant américain, qui l’attendait bien sagement à la maison. L’homme qui avait osé lui demander de l’épouser, celui qui lui téléphonait tous les jours, parce qu’elle était loin. Qui lui disait o-combien il était le plus heureux des hommes à ces côtés et à quel point il était fou d’elle. Comme quoi, Arthur Weastler avait tort. Parfois, quand on écoute son cœur, on risque de se retrouver dans un état pas possible, alors que si elle avait été sage dès le départ, elle n’aurait pas eu à se poser toutes ces questions, ni à se sentir rejetée.

« Comme si rien ne s’était passé ? J’espère que tu plaisantes ? Comment veux tu que je fasse comme s’il ne s’était rien passé alors qu’on s’est embrassés et même un peu plus ? Comment tu veux que je t’aie toi à ma gauche et William à ma droite. »

Il ne semblait pas vouloir comprendre son point de vue, d’ailleurs il lui réitéra sa question.

« Tu crois que je pourrai faire ça ? Que je pourrai lui dire oui en sachant très bien que toi et moi on a dérapé ? Et qu’en plus tu sois là pour me le rappeler à chaque seconde ? Je n’y arriverai pas, je ne pourrai pas dire oui, je me sens déjà tellement mal. »

Pourquoi lui ne voulait-il pas comprendre ? Pourquoi semblait-il faire exprès de tout comprendre de travers. Des fois elle se demandait s’il ne jouait pas à l’idiot juste pour l’énerver.

« Ce n’est pas contre toi, c’est juste, qu’on ne peut pas être amis tous les deux. Ca ne marche jamais. »

Ils en arrivaient toujours à tromper leurs petits amis, du simple baiser échangé aux je t’aime(s) enflammés qu’ils se lançaient à qui mieux mieux. Ils n’étaient pas corrects. Heureusement pour Genesia, la distance était de son côté. Elle n’aurait pas à voir Lionel tous les jours. Il serait de l’autre côté de la terre et ne serait plus qu’un vague souvenir.

* Comme s’il pouvait être un vague souvenir ! *

Ce que Genesia lui disait n’avait absolument aucun sens. Elle ne voulait pas qu’il vienne à son mariage, lui, son meilleur ami ? C’était parfaitement ridicule. Tay n’en revenait pas d’entendre des absurdités pareilles sortir de sa bouche. Mais puisqu’elle semblait penser que c’était la meilleure des solutions, il avait hâte d’en connaitre les raisons. Il respecterait sa volonté si c’était ce qu’elle souhaitait. Il estimait simplement avoir le droit de savoir pourquoi elle avait pris la décision de l’écarter de ce qui allait être l’évènement le plus important de toute sa vie.

Lionel avait suggéré qu’ils fassent comme si rien ne s’était passé, mais manifestement, cette idée semblait faire bondir la jeune fille. il ne comprenait pas très bien où serait le problème d’avoir William à sa droite et lui à sa gauche. Certes, ce serait certainement un rien gênant, mais ils n’avaient pas été jusqu’au bout. Gin avait su se reprendre…

*Si tu te rappelles bien, c’est toi qui t’es éloigné d’elle…*

« Ce sera gênant, mais tu ne peux pas me priver d’assister à l’évènement de ta vie, juste parce qu’on a fait une erreur tout de même ! »

Gin semblait persuadée qu’elle en avait le droit. Tay trouvait sa réaction tellement disproportionné qu’il était resté étrangement calme. Il était convaincu que Genesia changerait d’avis, et qu’elle reviendrait à la raison. Il fronça les sourcils en se demandant pourquoi elle aurait du mal à dire « oui »… Non seulement, c’était un simple mot, mais en plus, ce n’était pas comme si cette attirance entre eux n’avait jamais existé. Genesia savait quand même à quoi elle s’exposait en venant le voir. Aujourd’hui, ils étaient plus sages et savaient à quoi s’en tenir.

« Dérapé ? Gin, on s’est embrassé. C’est pas la fin du monde. Tu l’aimes non ? Tu veux l’épouser ? Epouse-le. Je resterai dans le fond si tu le veux, mais ne m’empêche pas d’assister à l’évènement le plus heureux de ta vie ? »

Il ricana doucement lorsqu’elle ajouta que ce n’était pas contre lui.

*C’est contre qui alors, hein ?*

Son cœur se serra lorsqu’elle ajouta qu’ils ne pouvaient pas être amis tous les deux parce que cela ne fonctionnait jamais. Les yeux de Lionel s’écarquillèrent. Il saisit Gin par les épaules en veillant à ne pas lui faire mal et plongea ses yeux dans le siens.

« Tu songes aux âneries que tu débites ? T’essaies de me faire payer ce que je t’ai fait il y a quatre ans ? Parce que c’est la seule explication valable pour autant de méchanceté… »

Il lâcha prise. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux ainsi que sur son visage. Il soupira. Il regarda dans le vague en se demandant pourquoi Gin passait son temps à se contredire. Trois jours auparavant il était le souffle de sa vie, et à présent, ils ne pouvaient plus être amis.

« Tu vas me faire croire que tu peux te passer de moi ? Que je peux me passer de toi ? Alors soit… je ne viens pas à ton mariage, comme tu veux ! Si c’est ce que tu souhaites… mais je te préviens Genesia, si tu oses renier notre amitié, je fais mes valises et je viens habiter à côté de chez toi ! »

[Je viens de donner trois heures d'affilée de néerlandais en cours part, donc je m'excuse d'avance si mon français en patît! Je suis torchon, chiffon, carpette!]

Evidemment, présenté comme Lionel le faisait, il était tout de suite plus difficile d’être radicale dans ses propos et de l’évincer de son mariage.

« Tu peux comprendre non ? »

* Visiblement : non !*

« Et bien embrasser un autre mec que son fiancé et apprécier d’avoir son corps collés au sien pour moi c’est une erreur. Peut-être pas la première partie, mais certainement la seconde. »

Si elle le pouvait, elle se trouverait la plupart du temps dans cette position d’ailleurs (a). Elle avait toujours adoré être contre Lionel. Elle se sentait en sécurité avec lui. Il était son pilier après tout. Alors en plus sentir la chaleur émaner de son corps chaud ...

* On se calme oui ?*

En parlant du corps chaud de Lionel, les bras du garçon vinrent la saisir par les épaules et elle eut un mouvement de recul qu’elle ne put contrôler, mais le jeune homme ne lacha pas prise. Il semblait sur le point de la secouer pour essayer de lui faire comprendre quelque chose.

« T’as rien compris. »

Elle soupira en secouant la tête.

« Et puis je ne suis pas méchante gratuitement, je n’essaye pas de te faire du mal. Mais si tu ne voyais pas que ton nombril, peut-être que tu t’en rendrais compte. » [dans les dents x)]

Elle ne sut pas si elle devait rire ou pleurer devant l’idiotie de la réplique de Taylor.

« Oh c’est tellement facile de dire ça Lionel. »

S’il voulait jouer les mecs distants en l’appelant par son prénom, pas de chance pour lui, elle savait le faire aussi. Ca n’était en rien compliqué. Elle détestait quand il l’appelait Genesia, car c’était souvent synonyme du fait qu’il lui en voulait pour quelque chose ou qu’ils s’étaient disputés. Elle préférait mille fois lorsqu’il choisissait dans sa panoplie de surnoms adorables qu’il lui avait inventés au fil des années.

« Toutes ces années ou j’aurais espéré que tu le fasses ! Oh ça j’aurais tellement aimé que t’aies le cran non pas de t’installer, mais de soulever ta valise et de la poser quelques temps chez moi. Mais non, quand t’es en Australie tu te sens le meilleur du monde, le plus grand, le plus beau le plus fort et tu vis très bien sans moi. »

Les mots commençaient à dépasser sa pensée, mais elle n’en pouvait rien, il lui était impossible de ne pas réagir à ce que disait son ami.

« Et je ne renie rien du tout. On a été les meilleurs amis du monde et on s’est beaucoup aimés, mais à un moment il est peut-être temps de passer à autre chose non ? Toute notre vie on reproduira le même schéma. On se tentera toujours l’un et l’autre juste pour s’assurer d’être le préféré. Je ne suis pas vraiment sure que ça soit la solution idéale. »

Elle s’était certes emballée, mais au fur et à mesure de sa dernière tirade, sa voix s’était posée et calmée.

[No problem dear! Je comprends ça!]

Non ! Non, Lionel ne pouvait pas comprendre que Genesia se sente le soudain besoin de l’évincer de son mariage et de la rendre presque responsable de tout ce qu’il s’était passé. Elle allait pouvoir sans souci se marier à y assister à son mariage alors que lui, il allait savoir sa meilleure amie en train d’épouser

*Willychou !*

Et il ne pourrait rien faire…

*Tu voudrais faire quoi exactement… hormis assister au mariage ?*

L’idée de débarquer au mariage et d’embarquer Gin sur un grand destrier blanc était tentante, mais non. S’il devait venir au mariage, il se comporterait en gentleman, et se contenterait de regarder gentiment le marié et la mariée… et l’une ou l’autre demoiselle d’honneur à l’occasion.

« Mais, oui, c’est une erreur on est d’accord là-dessus… »

*wait… apprécier d’avoir son corps collé au sien ? Nice !*

« Mais ça n’est pas la fin du monde… »

Avait-il complètement changé de planète ? Il devait avoir changé tout simplement. le plus souvent, les histoires avec Gin étaient prises de tête. Pour une fois qu’il essayait de simplifier les choses, il fallait qu’elle se complique la vie. Cette fille avait réellement un problème. Toute sa vie devait-elle ressembler à sa série ?

*Non, bien sûr, j’ai rien compris. Liolio ne comprend jamais rien de toute façon.*

Genesia avait toujours le don de croire que Lionel ne comprenait rien et de jouer les pauvres petites malheureuses. Elle ressassait souvent le passé. Ça ne gênait pas Tay puisqu’il la connaissait et savait comment gérer la situation, mais il y avait des limites à ne pas franchir tout de même.

« Je ne relèverai même pas cette remarque ! »

Fit-il lorsqu’elle le traita d’égoiste de manière plus ou moins détournée. Il avait émis une hypothèse, elle s’en était servie comme d’une arme. Elle était sacrément douée dans leurs disputes. Seulement, cette fois, Lionel était lassé de jouer. Il lui expliqua calmement et ajoutant même un peu d’humour que si elle se refusait à être son ami, il viendrait s’installer près de chez elle.

« Gin… Ecoute-toi deux minutes s’il te plait… JE vis très bien sans toi ? T’as rien écouté de ce que je t’ai dit l’autre jour ? »

Il restait étrangement calme, mais il ressentait chez Ginny une profonde tristesse dont il ignorait la provenance. Il ne voulait pas lui crier dessus, il ne voulait pas se disputer avec elle. il voulait juste parler. C’était leurs derniers instants ensembles, il ne voulait pas les gâcher.

« On s’est… beaucoup aimés… ouais ! »

*on s’est aimés tout court !*

Pourquoi fallait-il qu’ils passent à autre chose ? C’était complètement ridicule. Ils n’allaient pas se priver d’être amis parce qu’ils avaient les hormones en folie lorsqu’ils se voyaient. Ils allaient apprendre à gérer cela. C’était possible non ? Après tout, ce n’était qu’une pulsion. Et les pulsions, ça se maitrisait.

« Je ne le ferai plus… Je ne tenterai plus d’être le préféré. Je me contenterai de savoir que je lui suis sans que tu aies besoin de me le prouver. Je suis prêt à tout abandonner, même mon attirance pour toi si ça me permet de garder ma meilleure amie… »

Oui, il était clair et net pour Genesia que Lionel ne comprenait rien à rien. Il avait toujours l’impression qu’elle faisait tout son possible pour compliquer la situation, mais la réalité était bien loin de ça. Elle ne voulait rien compliquer du tout, au contraire. Elle souhaitait alléger la situation. Sans Lionel, le problème serait réglé, du coup, elle lui avait dit ce qu’elle ressentait et ce qu’elle désirait – à savoir qu’il ne soit pas présent le jour de son mariage – et le garçon n’avait eu l’air d’apprécier qu’à moitié.

Il s’accorda avec elle sur le fait que l’attirance qu’elle avait pour lui était une erreur, mais fut assez gentleman pour ne pas relever la deuxième partie de sa phrase. Il tenta de dédramatiser la situation, mais Ginny savait que de toute manière ça ne changerait rien, qu’elle se sentirait toujours aussi coupable.

C’est alors que Gin laissa sortir des choses qui dépassèrent sa pensée, comme le fait par exemple que Lionel était égoiste. Ok, ça n’était pas faux à cent pour cent, mais c’était injustifié que de le dire de la sorte. Il lui demanda ensuite si elle avait jamais écouté ce dont ils avaient parlé il y a quelques jours de cela.

* Non j’étais trop concentrée à essayer de ne pas tomber dans tes bras, idiot x) *

Bien sur qu’elle avait écouté.

« Ce qu’il y a c’est que je sais que tu me l’as dit, mais j’ai l’impression que c’est pas vrai. »

Elle haussa les épaules, que voulait-il qu’elle dise ? Elle annonça qu’il était peut-être temps pour eux de passer à autre chose et de grandir, mais Taylor affirma qu’il pourrait très bien résister à la tentation. A tout jamais.

« Il n’y a pas que toi, Lio. Il y a moi aussi. »

Elle baissa les yeux par lâcheté, puis se décida à les relever et à affronter la réalité en face. Lorsque c’était pour le traiter d’idiot elle ne se gênait pas de le regarder, alors à son tour d’assumer un peu.

« Et moi je serai bien incapable de te résister et de rester sage. Et c’est quelque chose que je ne peux pas maitriser. »

Elle soupira et tapa sa main sur le sable.

« Déjà là que tu sois à côté de moi sans que je ne puisse te toucher ça veut dire que je dois réfléchir en continu à toutes les parcelles de mon corps pour les empêcher d’entrer en contact avec ta peau que j’aime tant. »

* Oui bon là, arrête avant que ça ne devienne obscène. Merci. *

« Et le pire, c’est que je sais que ça n’est plus du tout réciproque. »

Cette fois elle baissa les yeux. Elle avait l’impression d’être toute nue devant lui.

* Sauf que quand je suis toute nue devant lui, je me sens nettement mieux que ça d’habitude XD *

Genesia avait toujours été butée. Lionel avait de nombreuses fois par le passé tenté de lui faire entendre raison sur l’un ou l’autre sujet, mais la plupart du temps, elle se contentait de camper sur ses positions et tuer dans l’œuf toutes ses tentatives pour la contredire. Elle était très forte à ce jeu là.

Il y avait un autre domaine dans lequel sa meilleure amie excellait –autre que le s*xe !- c’était dans le manque de confiance qu’elle éprouvait à son égard. Gin était incapable de croire les paroles qu’il lui répétait sans cesse. Il avait beau lui seriner les oreilles pendant des heures, elle n’était pas à même de comprendre qu’il lui disait la vérité, qu’il était réellement attaché à elle et qu’il ne pourrait pas passer le reste de sa vie sans elle. Elle semblait prendre un malin plaisir à se faire du mal.

« Je me fiche de tes impressions ! Crois-moi pour une fois ! »

Il avait l’impression qu’il devait constamment se justifier auprès d’elle, lui prouver qu’il était sincère et même s’il n’était pas le meilleur des meilleurs amis, il trouvait qu’il lui avait tout de même assez prouvé au cours des années qu’il tenait à elle plus que tout.

Lionel n’avait pas envie de perdre Genesia et s’il fallait qu’il réprime ses envies de l’embrasser pour le reste de sa vie, il le ferait. Rien n’était plus fort que son envie de la garder auprès de lui…

*C’est relatif…*

Elle ne serait pas proche de lui au sens propre du terme puisqu’elle vivrait aux Etats-Unis, mais il n’avait pas envie de se priver de son amitié et surtout de ne plus jamais la revoir. C’était tout simplement inconcevable. Tay fronça les sourcils lorsqu’elle parla d’elle… Il ne comprit pas tout de suite. son cœur se mit à battre plus vite lorsqu’elle lui avoua qu’elle serait incapable de lui résister et de rester sage.

« Well, moi je peux le maitriser pour nous deux... »

Il voulut s’étendre sur le sujet et lui expliquer comment il comptait s’y prendre pour minimiser la tentation et faire en sorte qu’ils puissent être amis, mais Gin tapa sa main sur le sable et développa sa pensée.

Son cœur manqua un battement lorsqu’il l’entendit qu’elle devait réfléchir alors qu’il était simplement assis à côté d’elle sans qu’elle ne puisse le toucher. Elle ajouta qu’elle aimait sa peau et Lionel resta tout simplement sans voix. Il ignorait que c’était aussi difficile pour elle. Taylor s’était figuré que c’était lui qui la tentait avec ses gestes, avec ses insinuations, mais pas qu’elle puisse ressentir une telle attirance pour lui, pas maintenant qu’elle était fiancée à monsieur perfection.

Lorsqu’elle ajouta qu’elle savait que ce n’était pas du tout réciproque, il eut l’impression qu’il allait exploser. Son cerveau bouillonnait.

*WARNING ! WARNING !*

« Ça l’est… »

Elle avait baissé les yeux, mais lui, il la regardait et profondément. S’ils voulaient avancer, c’était le moment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

*Je le jure !*

« Réciproque, je veux dire… J’ai constamment envie de toi quand tu es près de moi. C’est presque douloureux. Mais je le supporte, parce que je ne veux pas te perdre. »

Il voulut caresser doucement son épaule et redresser son visage vers lui, mais il craint que ce ne fût trop. Il se contenta donc de laisser son regard balayer l’horizon.

« On est magnétique, tu le sais. Tu es mon âme sœur. Mais je suis certain qu’on peut se résister, tu peux me résister. Contrairement à la croyance populaire, je ne suis pas si irrésistible. »

Ajouta-t-il avec humour, bien qu’il ne fût pas certain que Gin en rigole.

Genesia avait toujours eu du mal à croire Lionel. Pas parce qu’il lui arrivait de lui mentir, mais parce qu’elle ne comprenait pas qu’il puisse l’aimer autant qu’il le disait. Ses actes n’étaient pas en concordance avec ses paroles.

Il lui disait qu’il l’aimait, qu’il était prêt à l’épouser il y a quatre ans, mais il l’avait laissée en cure sans nouvelle, enfin officiellement. Il était vrai qu’officieusement il lui avait parlé par des moyens détournés, mais jamais il ne lui avait parlé de ses projets. Il ne s’était jamais réellement battu pour elle, et c’était sans doute ça qui menait à chaque fois à l’échec cuisant de leur relation.

Il disait qu’il l’aimait beaucoup, mais il la repoussait, chose qu’il n’avait jamais faite par le passé. Déjà pour un mec se faire rejeter ça devait avoir quelque chose de frustrant, mais s’était-il mit quelques secondes à sa place ? Pensait-il aux milliards de questions qui, à présent, lui traversaient l’esprit ? Il n’en avait certes aucune idée, mais il aurait du y réfléchir à deux fois avant de jouer avec le feu, et de l’éteindre ensuite aussi brusquement.

Tay demanda à l’actrice de le croire et elle ne répondit rien. Elle restait avec ses doutes, mais il était inutile qu’elle en rajoute, parce que de toute façon, ils n’étaient pas d’accord sur certains points.

L’américain expliqua ensuite qu’il pourrait tenter de lutter contre ses pulsions. La seule chose qui semblait lui avoir échappé, c’était le fait que Gin en ait elle aussi. Il croyait quoi qu’elle était une nympho et couchait juste pour avoir du s*xe ? Bien sur que non. Elle était attirée comme un aimant par lui, et se serait plus d’une fois passée de cette mortelle défaillance.

« Oui, ça j’ai déjà pu le remarquer. »

Lui accorda-t-elle, alors qu’il lui annonça qu’il pourrait prendre les décisions pour eux d’eux, à savoir éviter tout rapprochement.

« Bref, tu comprends que je me pose un million de questions alors que je dois me marier avec Will. Un milliard même. Je me demande pourquoi j’arrive pas à me tenir ? Pourquoi même si je l’aime je n’arrive pas à m’éloigner de toi et pourquoi j’ai toujours envie de me rapprocher de toi. »

Elle soupira.

« Envie n’est pas le bon mot. Besoin serait plus approprié. »

De toute façon, il était clair pour elle à présent qu’il n’en allait pas de même du côté du garçon, et elle le lui fit d’ailleurs bien comprendre.

« Ma seule question est dès lors la suivante. »

Annonça-t-elle alors qu’il lui dit qu’il était toujours autant attiré par elle.

« Si on est si magnétiques, pourquoi lutte-t-on ? »

Après tout, oui, pourquoi? C'était une question qui tournait sans cesse dans sa tête. S'ils étaient faits l'un pour l'autre, pourquoi s'enquiquinaient-ils à tester les choses ailleurs, puisqu'elles étaient toujours meilleures quand ils étaient ensemble. Pourquoi ne se contentaient-ils pas de succomber à la tentation. Après tout, c'est bien ce sage d'Oscar Wilde qui a dit que le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder.

Il était impératif que Gin commence à croire Lionel lorsqu’il lui disait qu’elle était indispensable à sa vie, tout simplement parce que c’était la pure vérité. Il n’en revenait pas de voir qu’elle avait toujours des doutes. Il laissa cependant passer l’affaire. Il savait qu’insister ne servirait de rien. Il réussirait bien à lui prouver au fil des années qu’il était là pour elle, et qu’elle comptait plus que tout.

*si elle m’en laisse l’occasion*

Genesia semblait presque déterminée à mettre un terme à leur amitié et Tay avait du mal à se faire à cette idée. Bien sûr qu’ils étaient constamment attirés l’un par l’autre, mais tout problème avait sa solution, et celui-là aussi. Il n’était pas bon pour eux de céder sans cesse à leurs pulsions. Il fallait qu’ils se maitrisent. Dans le fond, Lionel se fichait un peu de se contrôler. Il n’avait personne dans sa vie et faisait ce qu’il voulait, mais pour Gin, il ferait des efforts. Il ne pouvait s’empêcher de se répéter qu’elle était fiancée, et qu’elle était heureuse avant qu’elle ne vienne le voir en Australie. Il avait encore réussi à gâcher sa vie.

*stupid, stupid !*

Si seulement il avait pu mettre ses hormones au placard pour quelques jours. Mais était-ce seulement ses hormones ? N’y avait-il pas autre chose derrière ? Lionel ne voulait même pas l’envisager. Il avait déjà mis assez de désordre dans la vie de son amie.

Tay fronça les sourcils. Elle se posait vraiment trente six millions de questions et non, il ne comprenait pas pourquoi. Leur attirance était simple à expliquer. Elle appartenait au passé, à des résidus de sentiments qu’ils avaient un jour éprouvés l’un pour l’autre. Si elle n’arrivait pas à tenir, c’était parce qu’ils n’avaient jamais été au bout de leur relation. Ils n’avaient jamais franchi le pas.

« On ne sait juste pas ce que ça aurait donné toi et moi, en couple… ça te taraude sans doute… »

Il fronça les sourcils une nouvelle fois. il aimait l’idée qu’elle puisse avoir envie de lui tout le temps. Besoin, cela avait un côté moins…

*sexuel…
-Fatalement*

Mais un côté plus… sentimental. Cette idée lui fit peur. Il releva la tête vers elle lorsqu’elle s’apprêta à lui poser une question qui semblait importante… Pourquoi luttaient-ils alors qu’ils étaient magnétiques ?

*Excellente question…*

Il éprouva l’envie de se pencher vers elle pour l’embrasser et lui souffler à l’oreille qu’il n’avait plus envie de résister et qu’il ne voulait qu’elle, mais il ne pouvait pas.

« On résiste parce que c’est ce qui est juste. Parce que même si j’ai envie de me pencher vers toi pour t’embrasser, je ne le ferai pas. On a nos vies à présent… Tu as ta vie… et tout envoyer balader serait… ce serait de la folie ! »

D’autant qu’ils n’étaient même pas certains qu’ils fonctionneraient en tant que couple. Ils passaient leur temps à se disputer. Qui leur disait qu’ils ne se détruiraient pas plus qu’autre chose ?

Lorsqu’elle était près de lui, Lionel ne se sentait plus. Genesia avait le don de réveiller en lui des sensations qu’il croyait mortes. Elle était comme sa dose personnelle de drogue. Lorsqu’elle était là, il n’avait besoin de rien d’autre. Mais une fois que les effets se dissiperaient, se sentirait-il toujours le même ? C’était une question qu’il ne s’était en réalité jamais posée.

Il n’avait jamais eu l’occasion de se demander ce que lui et Gin donneraient en tant que couple. Il était terrifié à l’idée que cela ne fonctionne pas, mais également à l’idée que cela fonctionne trop bien et qu’il en vienne à oublier la réalité. Être avec Gin, c’était comme être défoncé. Il était dans un tout autre monde. C’était peut-être bon, extrêmement bon, même, sur le moment, mais sur le long terme ? Lionel ne savait plus comment réagir face à Genesia.

Il avait essayé de ne pas se poser de questions. Après tout, elle était fiancée et lorsqu’elle aurait retrouvé ses esprits, elle se rendrait bien compte qu’ils n’étaient pas faits pour être ensemble et elle retournerait dans les bras de son cher et tendre Willychou !

Genesia soulevait un point intéressant. Ils n’auraient jamais l’occasion de voir ce qu’ils donneraient en couple, alors comment était-elle supposée faire disparaitre ce… besoin… de lui…

« Moi aussi je voudrais que ça disparaisse… »

Leurs vies respectives seraient tellement plus simples s’ils pouvaient tout simplement passer à autre chose, se rendre compte qu’ils n’avaient aucun avenir en tant que couple.

D’un autre côté, Lionel n’avait pas tellement envie non plus que cette sensation cesse. Il n’y avait rien de comparable à ce qu’il ressentait près de Gin, sauf peut-être ce qu’il avait ressentir un matin aux côtés de Sarah, mais avec Gin, c’était une sensation non-stop.

Tay mourait d’envie d’embrasser Gin, de la toucher, mais il ne pouvait pas. Elle était fiancée que diable, et à William. Lionel le connaissait. Il ne pouvait pas prendre le risque d’être celui qui gâcherait la vie de la jeune fille. S’ils tentaient le coup et que ça ne fonctionnait pas, elle lui en voudrait à vie d’avoir gâché son mariage….

Il frissonna lorsqu’elle passa ses doigts sur sa peau. Il la reconnaissait bien là. Elle essayait de le faire craquer et cela fonctionnait admirablement bien. Taylor laissa sa main glisser sur le bras de Gin puis vint la placer dans son cou. Il caressa sa joue avec son pouce tout en plongeant son regard dans le sien. Il dut se concentrer pendant quelques secondes pour ne pas succomber et bien parler.

« Quelques heures… C’est tout ce qui nous reste avant que tu partes… On cède à la folie pendant ces quelques heures… »

Il se pencha doucement vers elle et prit ses lèvres entre les siennes un court instant. Il avait une idée bien étrange en tête, mais c’était le maximum qu’il pouvait assumer. Il ne pouvait pas accepter de céder entièrement à la folie… il avait trop peur pour cela.

« Toi, moi… en couple… pendant quelques heures… Pour y voir plus clair… »

C’était presque aussi fou, si pas plus fou que de céder bêtement à la tentation. Il proposait à Gin de passer leurs dernières heures ensemble comme s’ils étaient un couple, comme pour avoir une idée de ce que cela donnerait. Elle n’accepterait jamais. Elle avait William.

*Elle t’a déjà proposé de céder tout court…*

Il sourit doucement avant de venir embrasser Gin une fois de plus.

« C’est… tout ce que je peux accepter de faire… »

S’ils n’avaient jamais été amoureusement sur la même longueur d’onde, Ginny et Lionel étaient par contre parfaitement d’accord sur le fait qu’ils désiraient que leur attirance disparaisse à tout jamais et qu’ils puissent enfin passer à autre chose. C’était ce qui était le mieux pour eux.

Enfin du moins, c’était ce qui était le mieux pour elle. A présent, elle devait être fidèle et sérieuse. Un écart pouvait être expliqué et pardonné à la seule condition que ça soit un accident et donc que ça ne se reproduise plus. Or, elle savait très bien que si elle fréquentait Lionel, elle serait amenée à recraquer pour lui, parce qu’ils étaient comme deux aimants.

Ginny ne s’était pas amusée à toucher Lionel pour le torturer. Ou peut-être bien que si. Elle ne savait pas trop. Elle avait besoin d’avoir la sensation que ce qu’il disait était vrai, à savoir qu’il devait résister autant qu’elle. Et puis lui toucher la main c’était plutôt innocent. C’était même relativement innocent par rapport à ce qu’il allait lui proposer quelques secondes plus tard.

Elle frissonna alors qu’il glissa sa main le long de son bras et vint atterrir dans son cou.

* Mayde Mayde ! *

Son cœur tambourinait dans sa poitrine alors que les doigts de Lionel lui caressaient la joue. Ils se regardèrent dans le blanc des yeux et Ginny se mit à craindre, et à espérer ce qu’il pourrait à présent se passer. Elle s’attendait à beaucoup de choses, mais pas à ça.

Elle ferma brièvement les yeux alors que leurs lèvres se rencontrèrent, à nouveau, les replongeant dans le pêché.

* Te replongeant dans le péché. *

Elle ne comprenait pas très bien à quoi jouait Lionel. Il l’avait repoussée il y a quelques jours, allait-il de nouveau faire de même ? Non, cette fois, ils voulaient qu’ils jouent la comédie, pendant quelques heures.

« Tu crois vraiment que ça pourrait changer quelque chose ? »

Demanda-t-elle en posant son front contre celui du garçon. Elle ne comprenait pas bien à quoi cela pourrait servir, mais s’il voulait jouer au petit couple pour la seule fois de leur existence, bah où était-le problème.

* A Los Angeles, dans un appartement, en train de t’attendre. *

Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau et Ginny se retint de gémir alors qu’il se sépara à nouveau d’elle. Dieu était-elle censée le repousser encore cette fois-ci ? En aurait-elle la force ? Il le fallait.

« C’est... »

Elle déglutit un instant, avant de reprendre ses esprits.

« C’est déjà trop. »

Annonça-t-elle en se reculant. Ca y est, elle était décidée. Elle ne pouvait pas faire ça à William. Mais alors qu’elle s’apprêtait à se lever, elle commit l’erreur ultime de baisser son regard vers les lèvres de Lionel et se rapprocha de lui en un instant, posant sa main dans la nuque du garçon, caressant la base de ses cheveux, tout en se penchant, prenant cette fois elle seule l’initiative de leur baiser.

Une fois de plus, Gin ne savait pas quoi faire. Elle excellait dans cette discipline. Elle n’était pas balance pourtant. Juste ascendant . Et cela avait toujours beaucoup influencé la jeune femme ou plutôt... perturbé. Certes, elle était toujours très impulsive et suivant son instinct. Balance du premier décan en plein, étant donné que son anniversaire se fête le 24 mars. Comme quoi, on peut croire ou non à l’astrologie, mais en tout cas, personne ne pouvait renier que Ginny n’était pas la définition même de ce que prétendent les astrologues. Elle obtenait quasiment toujours ce qu'elle voulait et quand ça n'arrivait pas, c'est que l'obstacle était vraiment infranchissable car elle mettait vraiment tout en oeuvre pour arriver à ses fins. Pour l'instant, c'était un peu plus compliqué car la jeune femme ignorait totalement ce qu'elle désirait. Son esprit était totalement embrouillé, elle ne savait plus que faire, que dire, comment réagir face à Lionel.

Quoi qu’il en soit, Genesia avait hésité, puis finalement embrassé Lionel à son tour, avant d’avouer être complètement perdue et désorientée. Il s’en excusa, même si elle ne voyait pas trop bien en quoi il se sentait coupable. C’était elle qui craignait.

« Je ne vois pas en quoi tu dois être désolé, il faut être deux pour danser le tango. »

Et là actuellement, ils étaient même trois. Enfin selon Genesia. Il y avait Lionel bien sur. Elle aussi. Et son fiancé. Elle trouvait la situation bien trop compliquée que pour être viable. Elle ne pourrait jamais faire sa vie avec un garçon et en désirer un autre, c’était juste impensable. Elle était certes comédienne, mais jouer avec les sentiments des gens ça n’était pas son truc. Il fallait qu’elle obtienne des réponses à ses questions et c’est ce que Taylor semblait vouloir également étant donné qu’il avait proposé un petit jeu qui semblait bien étrange à l’actrice.

De quoi Genesia avait-elle peur ? Telle était la question. Il aurait été plus facile de répondre à « de quoi n’as-tu pas peur ». La liste était nettement plus courte. Elle avait peur de perdre Lionel. Elle avait peur de son attirance. Elle avait peur de perdre Willaim. Elle avait peur du mariage. Et ça n’était que le début de sa liste !

« De tout. »

Avoua-t-elle, contre le corps qu’elle avait tant désiré depuis quelques jours. Elle se sentait en sécurité, là, blottie contre son meilleur ami qui était pour l’instant soi-disant en couple avec elle, mais seulement pour voir. Il joua son rôle à merveille. Il se révéla rassurant en posant un baiser sur le front de Ginny et en lui annonçant qu’ils traverseraient ces épreuves ensemble.

Genesia se demanda l’espace d’un instant quelle était la différence entre la manière dont ils se sont toujours comportés et celle dont ils se comportaient maintenant. Si ce n’est les baisers sur les lèvres, quoi que, ils étaient tout de même présents dans leur passé.

Elle ferma les yeux un instant, avant de remarquer quelques personnes qui les dévisageait. Elle avait presque oublié que Lionel était célèbre ici. Elle se voyait mal faire la une des tabloïds australiens le lendemain matin, embrassant à pleine bouche son soi-disant meilleur ami. William apprécierait sans doute.

« Dire qu’il y a quelques années on se sautait dessus dans le parc et y a que Thalia qui s’en préoccupait – ou presque – et là, on est juste dans les bras l’un de l’autre et on nous regarde. »

Souffla-t-elle en souriant, contente qu’un peu de légèreté arrive dans leur conversation. La tension précédemment installée était lourde à supporter.

Lionel ne savait pas pourquoi il était désolé. Sans doute parce qu’il n’avait jamais voulu que les choses dérapent à ce point. Parce que lorsque Gin lui avait annoncé qu’elle était fiancée et qu’elle allait débarquer en Australie, il n’aurait jamais pensé une seule seconde qu’elle pourrait encore craquer. Pour lui, les choses étaient claires. Elle allait se marier et rien ne pouvait dorénavant se passer entre eux. Il avait d’ailleurs tellement voulu lui prouver ce fait, qu’il avait demandé à sa colocataire de se faire passer pour sa petite amie le temps de son séjour. À présent, le mensonge n’avait plus lieu d’être. Genesia savait tout. Et lorsqu’il voyait l’état dans lequel elle était, il lui arrivait de se dire qu’il aurait mieux faire de ne jamais lui avouer la vérité. Peut-être que si elle avait cru qu’il était en couple, lui aussi, elle n’aurait jamais craqué.

*Tu parles de ça comme si tout était de sa faute*

Bien sûr, ce n’était pas le cas. Il avait sa part de responsabilité. Ce n’était pas comme s’il l’avait repoussée ou comme s’il n’avait pas « besoin » d’elle lui aussi. C’était même tout le contraire. Lionel éprouvait une envie constante et irrésistible d’être proche de sa meilleure amie. il était intimement convaincu qu’elle faisait ressortir en lui celui qu’il était dans le passé, le garçon qui l’aimait plus que tout et qui avait longtemps voulu faire d’elle sa femme. En outre, il avait parlé à Sarah de son envie, de son besoin d’être en couple. Mais Gin n’était définitivement pas le bon choix. Il ne voulait pas prendre quelqu’un qui s’était déjà engagé auprès d’un autre homme.

« Je ne sais pas pourquoi… mais je le suis quand même. »

Certes, il fallait être deux pour danser le tango –et quel tango ils dansaient toujours tous les deux !- mais une petite voix en Taylor lui disait qu’il était majoritairement responsable de ce qu’il se passait. Il aurait pu se contenter de continuer à lui mentir au moins jusqu’à ce qu’elle se marie. Il aurait pu éviter de lui avouer qu’il avait eu envie de l’épouser, et qu’il avait toujours été là pour elle. le choix de Gin aurait été beaucoup plus simple si elle n’avait pas eu toutes les cartes en main.

Lorsqu’elle Genesia lui avoua qu’elle avait peur de tout, Tay passa le revers de sa main sur la joue de la jeune fille. il ne voulait pas imaginer toutes les questions qui passaient dans sa tête à ce moment précis. Il avait quand même la vie simple. Gin était loin de chez elle, loin de sa famille, et surtout, elle était fiancée. Lionel était chez lui, et il n’avait personne à décevoir.

Il lui promit d’être toujours là pour elle peu importe les épreuves par lesquelles ils allaient encore passés. Et selon lui, elles seraient encore nombreuses. Gin et Tay n’avaient jamais pu faire dans la simplicité.

Gin réussit à rendre la conversation plus légère alors que Taylor remarqua les regards qui se faisaient de plus en plus insistants sur eux. Lionel en aurait presque oublié qu’il avait son petit succès ici. C’était l’effet Gin. À ses côtés, il oubliait tout.

« J’ai des fans, qu’est-ce que tu veux ! »

Plaisanta-t-il avant de desserrer son étreinte. Il n’avait pas tellement envie que cette étreinte face la une des tabloïds et probablement que Genesia ne le souhaitait pas non plus… mais s’il voulait accomplir leur plan anti-frustration… Gin pourrait toujours prétendre –au cas où la nouvelle s’éventerait !- qu’elle aidait Lionel à faire bavasser la presse australienne.

« Des groupies plutôt… certaines sont mignonnes… mais aucune ne l’est plus que toi ! »

C’était sans doute ce qu’il lui aurait dit s’ils avaient été ensemble.

« C’est ringard hein ? »

Il s’approcha d’elle et frotta doucement son nez contre le sien. Autant qu’il commence à jouer la comédie. Si cela gênait Gin, elle n’aurait qu’à l’arrêter.

« J’y peux rien… je t’aime… »

*wow… weird !*

Son cœur manqua un battement. Ce « je t’aime » avait été tellement plus intense pour lui que tous les précédents. Sans doute parce qu’ils voulaient dire tellement plus.

« C’est ce que je te dirais si on était ensemble… »

Fit-il en baissant les yeux comme pour se justifier.