As you turn, you take your heart and walk away

Jouer les faux couples était sans doute la pire idée que Lionel ait jamais eue. Bien que ça soit déjà la deuxième fois qu’il joue à ce petit jeu. La première fois, ce fut avec Sarah. Il avait en effet demandé à sa colocataire de jouer sa fausse petite amie aux yeux de Ginny, ce qui en soit était totalement ridicule et n’avait strictement servi à rien, sauf à leur créer des ennuis supplémentaires, comme s’ils avaient eu besoin de ça.

La seconde fois, ce fut il y a quelques minutes. Lionel venait en effet de proposer à Genesia de jouer aux faux-couples. La subtilité du jeu échappa à Gin, qui lui demanda à quoi cela pouvait bien servir. Elle n’en avait aucune idée. Etait-ce juste une manière de se déculpabiliser et de s’embrasser dès qu’ils en avaient envie ? Elle n’allait tout de même pas renier ça. Après tout, c’tait sans doute la dernière fois qu’ils passaient des moments aussi intimes à deux. Après, elle serait avec William. Elle refuserait qu’il la laisse repartir seule, juste histoire d’être sure de ne pas flancher à nouveau.

Seule, Ginny se savait bien trop faible que pour résister à la tentation, mais si on l’y aidait un peu, elle savait qu’elle pourrait y arriver. Si Will était à ses côtés, elle serait assez forte que pour ne pas succomber à l’appel des douces lèvres de Lionel, ce qui était loin d’être le cas pour l’instant. Non, en ce moment, c’était plutôt tout du contraire.

Bien qu’elle n’ait pas donné de réponse à Tay’ disant si oui ou non elle acceptait son offre, elle l’avait embrassé, ce qui devait être signe que oui, même si l’idée lui paraissait si saugrenue. A présent, elle se retrouvait dans ses bras et c’était tout ce qui comptait. Le reste n’avait pas d’importance. Lio avait toujours eu le don de lui faire oublier la terre entière lorsqu’il la serrait contre lui. Pourquoi en serait-il différent aujourd’hui ?

Lionel s’excusa, alors qu’il n’avait pas à le faire et Gin lui fit part de son point de vue à ce sujet.

« Bah c’est gentil.... »

Qu’aurait-elle pu répondre d’autre à ça ? Elle dut ensuite bien reconnaître qu’elle était morte de trouille. En fait, elle craignait tout un tas de choses. La main de son ami sur sa joue la rassura un peu, ainsi que sa promesse de l’aider à traverser n’importe quoi. Etait-il sincère ou jouait-il déjà le jeu du petit couple parfait ?

* Oh on s’en fout, là ! *

Elle avait pour l’instant uniquement besoin d’être rassurée. C’était tout ce qui comptait. Elle commença à sentir les nœuds dans ses épaules se desserrer alors qu’elle se relaxait enfin. Ses yeux parcoururent la plage et elle ne manqua pas de remarquer quelques jeunes femmes qui les observaient. Lorsqu’elle était aux States, les fans n’avaient d’yeux que pour Will et ici, c’était pour Lionel. Elle était presque jalouse du succès qu’ils avaient. Se faire une place en tant que fille était beaucoup plus difficile que ce qu’elle ne l’avait imaginé. Elle n’avait été classée que 97ème dans le classement des plus belles femmes de FHM cette année. Elle savait qu’elle ne pourrait jamais monter plus haut tant la concurrence était libre. C’était maintenant qu’elle était jeune qu’elle devait frapper un grand coup, ou alors sa chance s’envolerait.

« C’est la rançon du succès mon grand. »

Fit-elle, amusée, se reculant un peu de lui, tout comme il prit quelque peu ses distances. Il lui annonça que quelques unes de ses groupies étaient mignonnes, mais qu’aucune n’égalait Gin.

* WTF ? *

Elle se retourna vers lui en haussant un sourcil, mais avant qu’elle ait pu dire quoi que ce soit, il se moqua lui-même de sa réplique. Elle lui donna une petite tape dans l’épaule.

« a-fond-les-ballons »

Compléta-t-elle. C’était ring’ à mort. Elle détestait les hommes qui disaient ce genre de choses.

* Willou le dit pourtant.
- Avec Will, c’est différent. *

Avec William, tout était différent, quand il frottait son nez contre le sien en lui disant je t’aime, il le pensait vraiment. Lionel faisant ça, c’était vraiment une pâle copie. Il avait peut-être finalement raison. Etre en couple, eux deux, ça ne le ferait pas.

« Moi aussi mon cornichon à la barbe à papa, je t’aime. »

Ajouta-t-elle en se reculant un peu.

« C’est ce que je dirais si on était en couple. »

Elle fit mine de réfléchir un instant.

« Non, je ne dirais pas ça du tout parce que c’est juste trop idiot, infondé et nunuche. »

Elle se tenait à présent sagement installée aux côtés de Lionel, légèrement penchée en arrière, en appui sur ses coudes, sa chevelure touchant le sable selon ses mouvements. C’était détestable d’avoir Lio à ses côtés qui jouait la comédie de façon si... naturelle ? Elle espérait que non, sinon elle s’était trompée sur toute la ligne.

« En tout cas, si t’essayes de me dégouter de toi comme ça, t’as gagné. Deux petites phrases et mes doutes s’évaporent. »

Ajouta-t-elle, avant de préciser.

« Oh, et au cas où tu te poserais la question,ça je le dis alors qu’on est en couple ou qu’on ne l’est pas, peu importe. Dans les deux cas ça convient. »

Ironisa-t-elle. Elle avait toujours eu beaucoup de caractère, et du mal à cacher ce qu'elle ressentait. C'était dans sa nature. Pourquoi avait-il fallu qu'il précise à chacune de ses phrases qu'il jouait la comédie? Soit on fait le truc, soit on ne le fait pas, mais pas à moitié. Du moins, l'américaine ne concevait pas les choses comme ça.

La seule raison pour laquelle Lionel avait proposé à Gin de jouer les faux-couple, c’était pour voir ce qu’ils donneraient tous les deux. D’ailleurs, il avait du mal à considérer qu’ils jouaient les faux-couple. Il préférait dire qu’ils étaient en couple pour une durée déterminée…

*ça fait très boulot, tout ça*

C’était un peu cela : c’était comme un contrat. Il n’était en rien question de la déculpabiliser ou de se donner une bonne raison pour s’embrasser lorsque l’envie les prenait. D’ailleurs, jusqu’ici, ils ne s’étaient pas privés pour s’adonner à ce genre d’activité. Et pourtant, tout leur interdisait… enfin, surtout Gin et son futur mariage et son fiancé qui l’attendait de l’autre côté de l’océan, seul dans la chambre de leur appartement…

*A faire mumuse avec les photos de MAXIM*

Il rit intérieurement à cette pensée. Il n’aurait pas aimé être à la place de William. Il n’aurait pas aimé être à la place de n’importe lequel des hommes que Gin avait fréquenté puisque pour la plupart, si pas pour tous, ils avaient été trompés. Finalement, être en couple avec Genesia n’était pas une idée si charmante que cela. Mais avec lui, ce serait différent, non ? Puisque c’était à cause de lui que tous ces garçons avaient été cocus. Cela signifiait peut-être qu’ils étaient justement faits pour être ensemble.

Les gens commençaient tout doucement garder leurs yeux rivés sur les deux jeunes gens. Il s’agissait majoritairement de filles. Le public de Lionel était presque exclusivement féminin, et pour les garçons qui appréciaient son travail, ils étaient souvent gays. C’était flatteur pour le jeune garçon, mais cela n’arrangeait en rien ses affaires.

Gin appela ce phénomène la rançon du succès. Et bien c’était peu cher payé pour tout ce qu’il avait en retour. Il faisait ce qu’il aimait –ou presque, il aurait bien sorti un album aussi- il avait la belle vie, un bel appartement, une belle voiture. Il avait tout ce qu’il pouvait avoir de plus beau… ou si ce n’était pas beau, ça lui plaisait. L’album, ça n’était qu’une question de temps. Si les gamines de Disney Channel genre Demi Lovato arrivait à sortir des disques, il pouvait bien y arriver aussi et sans trop de difficultés.

« J’accepte ma condition… »

Il était esclave de son public, mais il devait avouer qu’il aimait ça. Être adulé, c’était déjà une passion pour le jeune Taylor lorsqu’il allait encore au lycée. Il aimait qu’on le regarde et ce n’était pas Gin qui allait dire le contraire. Elle approuverait même plutôt deux fois qu’une.

Lorsque Gin lui donna une petite tape sur l’épaule, il fronça les sourcils. Soit elle ne jouait pas le jeu, soit il plaignait soudain le pauvre William de vivre avec son super pote « Genesio Weastler… » Elle était réellement comme ça en couple ?

*Pas étonnant qu’elle n’ait jamais gardé personne avant William…*

D’ailleurs, il se mit à songer que le pauvre garçon était sans doute gay, mais qu’il le refoulait et qu’il avait trouvé refuge auprès de Genesia, qui sous ses airs féminins, cachait un large côté masculin.

Lionel eut même l’impression qu’elle se moquait de lui. il venait de lui dire qu’il l’aimait et elle riait ? Il se sentit un rien vexé, mais au moins, cela répondait à ses questions à lui. Genesia et lui ne feraient définitivement pas un couple bien assortis, que du contraire. Il était comme ça lorsqu’il était en couple, gentil, attentionné et s’il devait sortir avec Genesia, elle devait s’attendre à entendre ce genre de parole.

*Tu envisageais de… sortir avec elle ?
- Ben… si y avait plus William…*

L’idée lui avait trotté dans la tête. Il n’aurait jamais cru qu’elle envisagerait de quitter William, mais il l’avait espéré à un moment, lorsqu’ils s’étaient embrassés. À présent, il était très clair qu’il s’était encore fait des films.

« Ça t’amuse huh… »

Dit-il dans un sourire un rien forcé. Il n’arrivait pas à croire qu’il avait pu être assez bête pour penser que Genesia jouerait le jeu à fond et qu’elle s’ouvrirait à lui… ou plutôt, il la remerciait de lui avoir montrer qu’il n’était pas du tout le garçon qu’elle recherchait. Lorsqu’il la voyait se moquer de lui de la sorte, il songeait de plus en plus à Sarah. Jamais Sarah ne se serait montrée si blessante. Taylor avait voulu faire avancer la situation, la débloquer et c’était tout ce qu’il en recevait : des reproches.

« Figure-toi que j’aime les trucs un peu nunuches… parce que je ne suis définitivement pas doué pour m’exprimer et que les clichés, c’est tout ce que je connais ! »

Il était vraiment vexé par la désinvolture de Genesia. Cependant, il était ravi. Elle lui avait ouvert les yeux. Il avait suffi de deux secondes pour qu’il se rende compte qu’ils ne formeraient jamais un couple heureux. Il avait voulu lui donné un aperçu de sa vie si elle avait été sa petite amie, mais non. Lionel se sentait comme un moins que rien. Lorsqu’il l’entendit dire qu’il avait fait s’évaporer tous ses doutes et qu’elle le disait que ce soit dans leur jeu ou non, il se leva.

« Yeah, right ! Au moins c’est clair maintenant qu’on aurait rien donné tous les deux… »

Fit-il en agrippant sa guitare et en marchant vers la digue. Il ne savait pas où il comptait aller ni même si Gin allait le suivre ou non, et il s’en fichait. Il se sentait vraiment stupide.

« Have fun at your wedding ! »

Alors qu’ils commencèrent à être physiquement proches, Genesia n’avait pu s’empêcher de remarquer que quelques demoiselles ne les quittaient pas des yeux. Elle se rappela rapidement qu’elle était sur la plage de Manly et pas dans sa bulle seule au monde avec Lionel. Il fallait qu’elle se méfie car les rumeurs pouvaient coûter très cher.

* Au sens propre comme au figuré *

Eliott lui avait fait quelques fois débourser des sommes impensables pour racheter quelques infos et le silence d’un paparazzi. Ce dernier avait appris, sans qu’on sache vraiment comment que Genesia était tombée enceinte de son meilleur ami et avait perdu le bébé dans un accident de la route. Il avait un document l’attestant, qui avait été brûlé dans la cheminée du bureau d’Eliott.

Lionel fit un peu le fier parce qu’elle devait se rendre à l’évidence qu’il avait des fans et qu’il était reconnu dans la rue. Elle ne se sentit pas dévalorisée au point de lui raconter qu’elle aussi avait déjà provoqué des ruades. Elle était allée à une convention à Chicago où elle était restée trois heures de plus que prévu, juste pour signer un autographe à chaque personne qui avait fait le déplacement, refusant de faire sa diva et loupant le début de sa soirée caritative où elle devait accompagner son chéri.

Elle évita donc de lui faire une remarque désobligeante, préférant profiter de l’instant et jouer le jeu qu’il lui demanda, à savoir faire comme s’ils étaient en couple... alors qu’ils ne l’étaient pas. Elle ne dit à nouveau rien et se contenta d’entrer dans le rôle. Son partenaire par contre ne se donnait qu’à moitié cette peine, ne se dérangeant pas pour lui dire à chaque fin de phrase qu’il disait ça juste pour être dans le rôle, ce qu’elle trouva plutôt désobligeant.

Une nouvelle fois, il sembla tout comprendre de travers. Il lui demanda si ça l’amusait, et le visage de Gin se referma. Bien sur que non ça ne l’amusait pas. En rien du tout même. C’était lui qui voulait cette mascarade, mais il n’était pas capable de la jouer jusqu’au bout. Il prétendait vouloir qu’ils partent en bons termes et ses paroles allaient dans le sens contraire de ses actes, enfin, selon la demoiselle.

Lorsque Lionel précisa qu’il ne pouvait parler qu’en clichés, parce qu’il ne connaissait que ça, Genesia n’eut pas le temps de riposter. Il s’emballait tout seul et ne lui laissait même pas l’occasion de s’exprimer. Elle se tut donc, se contentant de le regarder et de le laisser l’engueuler. Après tout, il devait faire ça pour évacuer la frustration [cadeau].

Ginny essaya quand même de placer que s’il avait essayé de la dégoûter ça avait marché et elle avait dû le blesser car à son tour, il lui balança des mots plutôt durs. Il se leva et rassembla ses affaires. Elle resta quelques instants la bouche entre-ouverte de surprise et ne su trop que faire. C’était l’occasion rêvée pour le laisser partir fâché et qu’il ne vienne pas à son mariage. Il lui avait lui-même tendu la perche et lui donnait le feu vert pour partir et faire sa vie loin de lui.

* Bien... *

Elle respira un grand coup avant de se lever doucement, de frotter ses mains l’une contre l’autre pour se débarrasser du sable, puis de tout envoyer en l’air pour courir après Lionel. Elle le rattrapa après quelques foulées.

« J’ai un droit de réponse ou tu comptes de casser comme un voleur ? »

Lui demanda-t-elle, ne sachant pas si ses mots suffiraient à l’arrêter. Du coup, elle glissa sa main dans la sienne pour le retenir et l’obliger à lui faire face.

« Une fois de plus tu n’as rien compris Lionel Taylor. »

Dit-elle en se radoucissant. Elle laissa sa main glisser hors de celle du garçon pour ne pas l’obliger à avoir un contact physique avec elle, s’il n’en avait pas envie. Après tout, il venait de la jeter, à nouveau.

« Si j’étais en couple avec toi, j’aurais pas besoin de clichés. »

Elle secoua la tête, comment pouvait elle lui traduire ce que lui dictait son cœur. Elle releva les yeux vers lui un instant, cherchant clairement les mots justes.

« Je t’aime quand tu es toi, Lionel Taylor. »

Fit-elle en lui caressant doucement la joue.

« J’aime tout ce que tu es, j’aime tous les moments qu’on partage ensemble, sans exception, parce que ces moments qu’ils soient bons ou mauvais, je les passe avec toi. »

Pour ponctuer son « toi », elle posa sa main à plat sur le torse du garçon, à plat, au niveau de son cœur.

« J’ai pas besoin que tu joues un rôle bon sang ! J’en veux pas des clichés, moi je veux nos fous-rires, nos bêtises, nos disputes – mais surtout pour les réconciliations. »

Elle se permit de sourire, même si elle se sentait nerveuse de lui dire tout cela, sur la digue qui plus est.

« Et je veux aussi encore plein de chansons que je t’inspire et puis nos déclarations enflammées, tout ça j’en ai besoin. »

Elle le regarda tendrement.

« Mais tous les blablas, les chichis, les phrases qu’on dit sans en penser un mot, ce n’est pas nous, Tay. Nous on est bien plus que ça. »

Si Lionel tenait tant à jouer cette comédie du couple, c’était pour être fixé une bonne fois pour toute sur les chances qu’ils avaient de former un jour un couple qui pouvait marcher. Cela faisait des années que Tay se figurait qu’être officiellement avec Genesia serait pour lui la plus grande des libérations et même si ce n’était qu’un jeu, il avait eu envie de lui jouer, de lui montrer qu’il pouvait être la bonne personne pour elle, qu’il pouvait être celui qui prendrait soin d’elle.

Il ne savait plus du tout où il en était. C’était la même chose à chaque fois qu’elle refaisait surface, qu’elle se pointait dans sa vie. Certes, il aimait cela. Il aimait leurs moments à deux, ces petits instants particuliers qu’ils partageaient avec complicité. Mais ce n’était plus ce qu’il voulait… Il ne pouvait plus se permettre d’être faible à chaque fois qu’elle le regardait avec ses yeux magnifiques.

Elle était fiancée. Ça ne lui aurait pas posé tant de problème si elle avait été célibataire. Il n’aurait même pas hésité une seule seconde. Il aurait donné une chance à une éventuelle relation. Tay ne savait pas s’il éprouvait pour elle des sentiments amoureux. Il savait juste qu’il était bien avec elle et qu’il aurait pu passer le reste de ses jours dans ses bras. Il était perdu, parce qu’il y avait Sarah aussi.

*Ah oui ?*

Il ne pouvait pas en parler à Ginny, parce que la situation ne s’y prêtait pas ; mais la nuit qu’il avait passée avec sa colocataire l’avait fortement perturbée. Ce qu’il souhaitait maintenant, et pour la première fois de sa vie, c’était se poser, être dans une relation stable qu’il ne foutrait pas en l’air. Il avait entrevu avec cela avec sa colocataire. Il se sentait bien avec elle. il n’avait pas voulu y penser parce qu’il savait que de son côté, elle n’éprouverait sans doute jamais la même chose, mais les faits étaient là.

Cette situation commençait à lui taper sur le système, d’autant que Gin venait de prendre un malin plaisir à se moquer de lui et de sa tentative pour y voir plus clair. C’était évident pour lui qu’elle avait fait son choix. Elle avait choisi William. Et même s’il était blessé, il devait admettre que ça lui simplifiait les choses. il pouvait se remettre en quête d’une fille bien… peut-être même en toucher un mot à Sarah… ou pas. Il risquait de ruiner leur colocation.

Lassé des commentaires de Gin, il se redressa, prit ses affaires et se dirigea vers la digue. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle le laisse partir sans rien dire. il la voyait déjà s’énerver et l’insulter. Après tout, s’ils se disputaient, ce serait d’autant plus facile de se dire au revoir.

*Me casser comme un voleur me parait bien !*

Gin glissa sa main dans la sienne après avoir fait quelques pas pour le rattraper. Il la laissa s’exprimer. Il lui devait bien cela. Il rit sans joie lorsqu’elle lui souffla qu’il n’avait rien compris. Elle prononça même son nom en entier.

« Pour pas changer ! »

Grommela-t-il. Elle cessa de le toucher. C’était devenu comme ça entre eux. Ils ne pouvaient même plus se toucher de peur de ce qu’il pourrait arriver s’ils le faisaient. Gin lui confia que si elle était en couple avec lui, elle n’aurait pas besoin de cliché.

*Moi j’en aurais besoin !*

Elle ne comprenait pas qu’il n’était pas à l’aise à l’idée d’avoir une véritable relation et que se rattacher à des clichés, aussi ringard cela soit, ça le rassurait. Elle l’aimait quand il était lui.

« Tu m’aimes quand je suis moi… mais tu ne connais que la version amicale de moi. »

Il ne savait pas comment il était quand il était en couple. Il pouvait se montrer adorable. Il retenait les dates d’anniversaire. Pour ses un mois avec Rachel, il avait même préparé un pique-nique.

*Ridicule*

Elle n’aimerait sans doute pas cette version de lui. Elle ne connaissait que l’intrépide Lionel, celui qui n’avait peur de rien ou presque. Elle caressa sa joue et dans un mouvement presque instinctif, il détourna le regard. Bien sûr qu’elle aimait les moments qu’ils passaient à deux, et ils les aimaient aussi. Elle posa sa main sur son torse et il plongea ses yeux dans les siens. Il rit doucement lorsqu’il parla des réconciliations.

*Elles finissent souvent au lit celles-là…
-FinissAIENT !*

« Bien sûr qu’on est plus que ça… et tu crois que si je te balance des clichés, ça veut dire que je ne les pense pas ? »

Lionel ne savait même plus quel était le but de cette conversation. Il avait presque l’impression que Genesia était en train de le convaincre qu’ils pourraient former un couple, un vrai couple, sans obstacle comme à chaque fois. Pourtant l’obstacle était présent, et il était de taille.

*Willyyyychouuu !*

« Tout ce que tu décris… c’est déjà ce qu’on est Gin… C’est nous en tant qu’amis… être en couple c’est… Je serais différent, le même mais… pas le même. Tu vois ce que je veux dire ? »

Il espérait que ce soit le cas, mais il n’avait vraiment aucune idée de comment formuler sa pensée. Elle avait décrit tout ce qui faisait d’eux des amis. Être en couple changerait quoi ? Pas grand-chose. Ils pourraient juste céder à leurs pulsions quand bon leur semblait. C’était ça que Gin voulait ? Voulait-elle gâcher sa relation avec William pour risquer d’être malheureuse avec un gars qui lui sortirait toute une panoplie de cliché en tentant de la rendre heureuse.

« Je t’écrirai toujours des chansons. Tu es ma muse. Je t’aimerai toujours, tu es immuable dans mon cœur. Et comme tu vois, je te ferai toujours des déclarations enflammées… être en couple, ça nous apporterait quoi de plus ? »

[Tue-moi !]

Lionel aurait-il finalement raison ? Genesia voulait-elle autre chose que leur amitié ? Les mots du garçon eurent pour effet de lui faire se poser encore pas mal de questions. Selon lui, elle ne désirait que d’être amie avec lui et de sans doute légitimer leurs coucheries, bien que pour elle, ça n’eut jamais été vraiment ça. Elle s’était donnée à chaque fois avec beaucoup d’amour (et plus ou moins d’alcool dans le sang).

Avait-elle été amoureuse de l’amitié ? Parce que oui, au fond d’elle-même elle avait toujours été et pensait toujours être un peu amoureuse de Lionel, après tout c’était son premier amour et elle considérait cela comme un fantasme qui n’aboutirait jamais. Aujourd’hui elle en venait à s’interroger sur ce qu’elle s’était imaginée depuis des années. Tout partait-il de son esprit ? Avait-il raison ?

Il disait qu’elle ne connaissait que le Lionel qu’il était en tant qu’ami. Que le Tay amoureux agirait autrement. Bien sur, elle n’avait jamais eu l’occasion de voir ce qu’ils pourraient donner en tant que couple, mais apparemment le léger aperçu aurait été suffisant.

Genesia avait très naïvement cru que si Lionel et elle se mettaient ensemble, ils resteraient eux-mêmes dans la plupart des cas. Il fallait aussi que le garçon comprenne qu’elle avait besoin de temps pour assimiler le fait que son ami pouvait être romantique ou pouvait utiliser des phrases toutes faites. Pour elle, il s’agissait de chichis, pour lui ça faisait partie intégrante du programme « être en couple avec quelqu’un ».

L’américaine n’avait jamais été du genre à dire des mots doux ou à être nunuche. Elle devait cependant bien admettre qu’avec William il en était différent. Elle disait des choses parce qu’elle le ressentait et qu’elle le pensait. Jamais elle n’avait utilisé de clichés pour justifier ses actes ou pour lui faire plaisir.

Il faut aussi bien reconnaître que le mannequin est tellement adorable qu’elle pourrait difficilement être difficile avec lui et passer son temps à le faire enrager. Il était quasi impossible de se disputer avec William tant il était conciliant et savait y faire avec le tempérament de feu de son actrice de fiancée. Au fil des mois, il avait appris à bien la connaître et à déjouer chacune de ses combines de casse-pieds née ^^.

Il avait depuis le début été du genre plutôt romantique. Il venait la voir quasi quotidiennement en cure et avait toujours des mots doux ou des attentions. Il lui amenait des bouquins, lui faisait découvrir ses passages préférés –oui, à elle qui n’avait jamais été studieuse et ne lisait que pour l’école ! Parfois c’était des fleurs ou des chocolats. Et puis il y avait eu le jour de son départ de cure. Son père et Courtney étaient en train de signer les papiers et Will était venu, avec un somptueux bouquet. Il lui avait annoncé que lorsqu’il s’était enfoui d’Australie, c’était parce qu’il avait eu peur d’affronter ses sentiments naissant. Quelques secondes après, leurs lèvres se rencontrèrent pour la première fois sur le sol Américain.

« Je ne sais pas. Tu... »

Elle se réveilla soudain. Ca faisait des années qu’elle était en présence de Lionel et jamais elle n’avait eu l’impression de sortir de la bulle qui faisait qu’ils étaient coupés du reste du monde. Elle recommença à faire attention aux bruits extérieurs et repéra à nouveau les fans de Lionel. Elle se recula de lui.

« Tu as raison. »

Quelque chose s’était brisé en elle, mais elle n’était pas triste. Au contraire, elle était totalement sereine et était prête à affronter son mariage, car c’était la bonne chose à faire. Elle sourit, puis se mit à rigoler.

« Qu’on est c*ns ! Comment on a pu croire que nous deux on pourrait sortir ensemble. »

C’était plus nerveux qu’autre chose, car elle avait du dire adieu à la chose en laquelle elle avait le plus cru jusqu’à présent : le fait que les âmes sœurs existent et qu’au bout du chemin, on finira forcément avec. Après tout, dans tous les romans d’amour, les héros ne se retrouvent ensemble qu’à la page finale.

« Je suis désolée, si j’avais su que ça serait si facile à comprendre... Je crois que c’est ma peur de l’engagement qui m’a poussée dans tes bras à chaque fois, comme pour me convaincre que je ne suis pas faite pour ça. »

Elle sourit et remit une mèche de ses cheveux que le vent venait de déranger.

« Bon, je crois que je vais aller retrouver mon fiancé à présent, si tu le veux bien. Aaron vient me chercher pour me conduire à l’aéroport. »

Elle n’avait pas encore eu l’occasion de lui expliquer comment elle était tombé sur son ex-petit ami, encore un que Tay n’avait pas porté dans son cœur, ça serait pour une prochaine fois.

« Merci pour tout en tout cas, c’était... »

Elle allait dire super, mais ne l’aurait pas pensé.

« Très instructif. »

Elle lui sourit et s’imagina dire à Lindsay, crier à Lindsay, hurler à Lindsay que ça y était, elle était définitivement guérie. Elle n’était pas amoureuse de Taylor et ne l’avait sans doute jamais été. Elle s’était juste fantasmé une relation inexistante et impossible, histoire de rendre sa vie plus passionnante.

[Voilà, comme ça je t’ai bien tuée non ? XD]

Il n’était pas certain d’avoir raison…

*C’est une première !*

Lionel Taylor doutait des propos qu’il tenait à sa meilleure amie. Il raisonnait en sa présence sans pour autant être convaincu du bien fondé de ses dires. Il ne faisait que déblatérer quelques pensées volontiers loufoques. Il y avait beaucoup songé et certes les deux jeunes gens étaient des amis, les meilleurs amis même, mais cela voulait-il dire qu’ils ne formeraient pas une bon couple ?

Taylor se mit à douter de lui-même, ce qui était extrêmement rare. Cependant, il parla sans discontinuer. Il expliqua à Gin ce qu’il pensait de leur relation. Ils avaient longtemps été amis et être en couple changerait certains paramètres… il ne serait pas le même. Elle ne l’aimerait plus s’ils étaient en couple. Ça Lionel en était persuadé. Ginny n’aurait jamais aimé un Tay casé, elle le préférait lorsqu’il était fougueux… lorsqu’il était son amant tout simplement.

Peut-être que ce qui les rendait si attirants l’un pour l’autre était justement qu’ils représentaient l’interdit. Lionel avait souvent eu des petites amis, ce qui avait attiser le désir de Genesia et vice et versa. Genesia était fiancée, ce qui la rendait inaccessible, ce qui donnait envie à Lionel de l’avoir. Ce qu’il se passait entre eux, c’était mécanique, ce n’était pas de l’amour, ou même un quelconque signe du destin pour leur dire qu’ils étaient faits pour être ensemble.

*Are you sure about that ?*

Cependant, la question ne se posait plus. Le flot de paroles de Taylor semblait avoir atteint Gin. Il espérait ne pas l’avoir blessé ou avoir heurté sa sensibilité. Mais visiblement, sa meilleure amie semblait totalement soutenir son point de vue.

*Ah oui ?*

Il était étonnant de voir Gin acquiescer d’autant plus qu’elle venait de se battre pour lui faire comprendre qu’ils pourraient donner quelque chose d’extraordinaire tous les deux. Enfin, c’était comme ça que Lionel l’avait interprété. Il savait qu’elle aurait été déçue au final. Il était heureux qu’elle se range à son avis. Elle serait bien plus heureuse avec William qu’elle ne l’aurait été avec lui.

Il rit presque sans joie lorsqu’elle lui affirma qu’ils avaient été stupide de penser qu’ils auraient pu sortir ensemble. Lionel enfouit ses mains dans ses poches et détourna le regard. Il ne supportait plus de la regarder droit dans les yeux, c’était devenu trop douloureux.

« Stupides, hein ? J’sais pas comment on a pu croire ça… »

*Tu l’as cru parce que tu l’aimais…
-Je sais, oui…*

Mais cet amour, il n’était plus présent aujourd’hui… ou s’il l’était, Lionel avait réussi à l’enfouir tout au fond de son être. Ils allaient pouvoir enfin vivre tous les deux heureux.

*Est-ce que je ne viens pas de faire une grooosse boulette…*

Lionel fronça les sourcils. Il se connaissait. Il faisait toujours le crétin et réalisait après et tentait d’arrange les bidules sans grand succès. Cette fois-ci, il décida d’éloigner la question de son esprit. Gin allait enfin sortir de sa vie… pas Gin son amie, mais Gin la femme fatale, Gin la tentatrice, celle dont les lèvres l’attiraient même encore en ce moment même.

Il détourna les yeux une fois de plus. Le cœur de Tay se serra lorsqu’elle lui souffla que ce fût sa peur de l’engagement qui l’avait poussé dans ses bras. Devait-elle vraiment hacher son cœur en mille morceaux pour le piétiner ensuite tout en demeurant sereine et souriante ?

Il voulut la regarder, mais s’en empêcha lorsqu’elle remit une mèche de ses cheveux en place.

« T’as toujours eu peur de l’engagement, huh… tu comprends ce que je voulais dire maintenant ? »

Fit-il en riant doucement. Elle adoptait sa théorie. Gin et Tay, c’était bien fini. Ils seraient amis, bien entendu, mais plus jamais les amants qu’ils avaient été autrefois. Tay esquissa un fin sourire. Oui, il fallait qu’elle aille retrouver son fiancé, c’était la meilleure des idées qu’elle avait eu depuis longtemps. Tay fronça les sourcils lorsqu’elle mentionna Aaron.

« Aaron, huh… »

Si c’était celui auquel il pensait, il ne l’avait jamais aimé celui-là. Et il l’aurait encore moins aimé s’il avait su que c’était le patron tyrannique de Sarah.

Lionel tint sa respiration en suspens lorsque Gin chercha l’adjectif qui allait décrire les journées qu’elle venait de passer avec lui, en Australie… Trépidant, revigorant… aurait été un bien meilleur choix pour Tay que… instructif. Il eut l’impression que Genesia lui en voulait. Il laissa passer l’affaire. Elle allait se marier. C’était tout ce qui comptait.

« Instructif… ouais ! »

Il ne releva pas plus que ça. Il se pencha ensuite vers elle pour l’enlacer tendrement. Après tout, ils étaient toujours amis. Il avait bien le droit de faire ça.

« Fais bon voyage, Gin… »

Il ne savait pas s’il était toujours le bienvenu à son mariage mais il supposa que ce n’était pas le cas. Même si elle s’était rendu compte qu’elle aimait William, elle n’aurait certainement pas envie de voir le visage de Lionel non loin de lui.

« Forrrever… »

Lui souffla-t-il avant qu’elle ne parte. Et en la regardant s’éloigner, il sentit son cœur se serrer comme s’il venait de laisser s’envoler une partie de sa vie. Pourtant, Genesia était son amie, et elle le resterait pour toujours… quelle était cette désagréable sensation qui l’envahissait. Ce furent ses pensées qui lui fournirent la réponse.

*Je t’aime, Gin…*

Lionel et Genesia ensemble ? La blague. Trois minutes de fiction à peine et hop ils étaient aussi bien d’accord l’un et l’autre. Ils n’étaient pas faits pour être ensemble. Ca ne marcherait jamais. Comment avaient-ils pu fantasmer une relation pendant si longtemps sans se rendre compte que c’était totalement ridicule ? Et puis quelle perte de temps ! Si seulement ils avaient ouverts les yeux plus tôt, ils se seraient évités pas mal d’ennuis.

« Moi non plus... C’est... »

Elle prit une grande respiration, lentement, et secoua doucement la tête, haussant légèrement les épaules.

« Dingue. J’en reviens pas. J’ai toujours cru qu’on était faits l’un pour l’autre et qu’on terminerait ensemble, no matter what. »

Elle sourit à sa puérilité. A son age, croire encore au prince charmant, c’est débile hein. Elle expliqua sa bêtise par le fait qu’elle avait toujours eu une peur bleue de l’engagement. Il confirma sa pensée.

« Je comprends pas comment j’ai pu être bête à ce point, comment j’ai pu a chaque fois compromettre mon avenir juste parce que j’ai la frousse. »

Elle était lâche, elle qui était la première à souligner ce défaut chez son ami.

« J’aurais dû t’écouter plus tôt, et surtout m’en rendre compte avant, désolée. »

Elle ne regrettait pas ce qui s’était passé entre eux, pas du tout, mais plutôt elle s’en voulait de ne pas avoir toujours bien agi. Tiens, comme avec Aaron par exemple. D’ailleurs, pensant à lui, Ginny expliqua à Lionel qu’elle allait y aller et qu’il viendrait la chercher. Elle ne manqua pas de remarquer son air lorsqu’il répéta le prénom du garçon et se permit un léger sourire.

« Yep. Tu sais, mon ex, le grand chatain canon, sur de lui, il est connu dans le coin je crois (a). ‘fin soit ^^ »

L’américaine résuma son voyage en Australie à un terme, comme pour clore le chapitre entamer leurs adieux. D’ailleurs Taylor la prit dans ses bras et Ginny soupira de bonheur en se rendant compte qu’elle n’avait pas envie de lui. C’était... parti. Comme c’était venu. La première fois qu’elle l’avait vu, elle en avait été dingue et à présent c’était comme s’il était enfin devenu son grand frère. Forever.

« Merci. »

Souffla-t-elle en le serrant fort, parce qu’il allait tout de même lui manquer énormément.

« Merci pour tout, merci de m’avoir sauvé la vie. »

Fit-elle en se reculant et en le regardant, souriant de bien-être à présent. Elle posa un bisou sur sa joue et fit quelques pas en arrière.

« A bientôt. »

Elle se retourna et l’entendit lui souffler « forever ». Elle sourit, le regarda une dernière fois, en lui faisant un petit signe de la main et partit à la recherche de ses bagages.



FIN DE LA SCENE (et fin de la passion Linny </3)